3:25
Français
Podcasts
2023
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
3:25
Français
Podcasts
2023
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
06 novembre 2023
Nombre de lectures
0
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
En Suède, les services sociaux de l’aide à l’enfance sont la cible d’une campagne de désinformation massive sur les réseaux sociaux, la plus grave dans l’histoire du pays. Ils sont accusés de « kidnapper » des enfants musulmans, sans raison valable, pour les placer dans des foyers ou des familles d'accueil, afin d'effacer leur culture d'origine. Cette théorie complotiste circule depuis deux ans maintenant, refaisant surface régulièrement. Une enquête journalistique publiée la semaine dernière révèle que la figure de proue de cette campagne était effectivement une mère maltraitante.
de notre correspondante en Suède,
Elle s’appelle Zeinab Ltaif et c'est elle qui a en quelque sorte internationalisé la rumeur, puisque (après avoir organisé une première manifestation peu suivie en Suède en 2021), elle a été contactée par un blogueur islamiste influent, et c’est à partir de là que son témoignage consistant à dire que les services sociaux suédois lui avait volé ses enfants sans raison et avaient globalement un comportement islamophobe, a pris une ampleur démesurée sur les réseaux sociaux.
Or l’enquête du quotidien Dagens Nyether publiée la semaine dernière, montre, en premier lieu, que le placement des trois enfants de cette femme, était légitime : l’école avait signalé des soupçons de violences au sein de la famille pendant plusieurs années, jusqu’à ce que l’aîné de 10 ans exprime clairement qu’ils étaient battus ; sa petite sœur avait alors déclaré avoir peur de ses parents : « ils nous frappent pour qu’on dorme plus vite ».
Autre révélation du journal, l’ampleur prise par la campagne, la virulence de la mère qui va publier les noms des assistants sociaux, les menaces qui vont alors être reçues par ces agents… Cette pression inédite va pousser les élus de la commune de Galliväre où se déroulent les faits, à commettre une faute. Contre la décision de la Cour administrative - qui a confirmé la nécessité de placer ces enfants en famille d’accueil -, ils vont être rendus à la mère quelques mois plus tard.
« Nous avons sacrifié des enfants pour faire taire la mère » a admis l’une des élues. Un autre a confirmé : « nous n’avons pas résisté à la pression extérieure, nous avons pris une décision insensée. »
Cette campagne de désinformation a brisé la confiance d’une partie de la population vis-à-vis des services sociaux suédois. Elle a aussi terni l'image de la Suède à l'étranger : le gouvernement a d'ailleurs investi dans un programme spécifique de lutter contre la désinformation...
Des enquêtes ont été menées sur le travail des services sociaux, en particulier sur la question du placement des enfants. Il en ressort que dans l’immense majorité des cas, c’est soit la négligence parentale, soit les maladies mentales ou la violence au sein du foyer qui poussent la justice à ordonner le placement des enfants. C’est toujours une solution de dernier recours, et elle est très rarement appliquée sans le consentement soit des parents, soit des enfants.
En épluchant les compte rendus judiciaires du tribunal de Göteborg, il apparaît aussi que les mots islam, religion, musulman ou culture, n’apparaissent que dans 3 % des cas, souvent dans des histoires d’enfants qui se déclarent homosexuels ou de jeunes filles victimes de mariages forcés.
Les chercheurs expliquent qu’il est possible qu’il y ait parfois des malentendus liés à des différences de culture…rappelons que la Suède a une tolérance zéro pour tout châtiment corporel : la fessée y est interdite depuis 1979, et toute violence verbale ou psychologique vis-à-vis des enfants est également très surveillée.
Publié par
Date de parution
06 novembre 2023
Nombre de lectures
0
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo