58
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
07 octobre 2020
Nombre de lectures
0
EAN13
9782896997497
Langue
Français
Publié par
Date de parution
07 octobre 2020
Nombre de lectures
0
EAN13
9782896997497
Langue
Français
Copeaux
De la même autrice
Chez le même éditeur
Havre , théâtre, Ottawa, 2018, 148 pages. Coll. « Fugues ». Prix littéraire du Gouverneur général 2019. Finaliste, prix Michel-Tremblay 2019, Prix du CALQ – Œuvre de l’année en Outaouais 2019. [Création à la Troupe du Jour de Saskatoon en septembre 2018.]
Cinéma , théâtre, Ottawa, 2016, 168 pages. Coll. « Fugues/Paroles ». [Coproduction du Théâtre la Catapulte et du Théâtre Belvédère en avril 2015.]
Mishka Lavigne
Copeaux
Théâtre
2020
Fugues
L’Interligne
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Titre: Copeaux / Mishka Lavigne.
Noms: Lavigne, Mishka, 1984- auteure.
Collections: Collection Fugues.
Description: Mention de collection: Fugues
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20200288822 | Canadiana (livre numérique) 20200288857 |
ISBN 9782896997473 (couverture souple) | ISBN 9782896997480 (PDF) | ISBN 9782896997497 (EPUB)
Vedettes-matière: RVMGF: Théâtre.
Classification: LCC PS8623.A835355 C67 2020 | CDD C842/.6—dc23
L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (Ontario) K1K 4X5
613 748-0850
communication@interligne.ca
interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue
ISBN 978-2-89699-749-7
© Mishka Lavigne 2020
© Les Éditions L’Interligne 2020 pour la publication
Dépôt légal : 4 e trimestre de 2020
Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés pour tous pays
L’écriture et le développement de ce texte ont été rendus possibles grâce au soutien de la Fondation pour l’avancement du théâtre francophone au Canada (ATFC) avec son Prix d’excellence 2015, des chantiers/constructions artistiques du Carrefour international de théâtre de Québec 2016, du Conseil des arts et des lettres du Québec, du Centre des auteurs dramatiques (CEAD), du Théâtre du Trillium via sa résidence de création au Centre de production DAÏMÔN et du Conseil des arts du Canada.
Production
Texte et cocréation : Mishka Lavigne
Mise en scène et cocréation : Éric Perron
Conseiller dramaturgique et artistique : Antoine Côté Legault
Distribution : Marc-André Charette et Frédérique Thérien
Régie : Anne Parent
Direction de production : Ariane Carrière
Scénographie : John Doucet
Environnement sonore : Simon Labelle, assisté de Jean-Christophe Yelle
Costumes : Andrée-Ève Archambault
Éclairages : Paul Auclair, assisté de Tristan-Olivier Breiding
C’est une forêt et ce n’est pas une forêt.
Ils sont jeunes et vieux, à la fois.
Ils se parlent et ne se parlent pas, à la fois.
Ils sont ensemble et seuls, à la fois.
Un
Noir.
Puis eux.
Elle. Lui.
Ils ne se regardent pas.
ELLE
ce qui se défait
ce qui se désagrège
ce qui tombe en pièces
LUI
ce qui se fissure
ce qui se fendille
ELLE
ce qui s’effrite
LUI
parle-moi de ce qui s’effrite
ELLE
qu’est-ce que tu veux savoir ?
LUI
ce qu’il y avait avant
est-ce que je l’ai imaginé ?
ELLE
avant
on était dans une forêt
toi et moi
on était dans une forêt
LUI
une forêt millénaire
au cœur des choses
ELLE
au centre du monde
il y avait toi et moi
LUI
je me souviens
c’était comme un rêve
ELLE
il y avait un ciel sans fin
un horizon infini
LUI
et après ?
ELLE
la neige
Repentir / Palimpseste I
ELLE
À côté de ton nom, il y a un petit point vert. Le petit point vert de ta présence virtuelle. Un petit point vert qui me dit que tu es là, comme moi, devant un écran, là, quelque part. Je voulais pas entendre ta voix. Je voulais pas lire tes messages. Je voulais pas voir les mots qui me ramènent vers toi. Je voulais pas penser à toi. Sentir que tu m’attendais. Sentir que je te manquais. Je voulais être toute seule. Je voulais être complètement toute seule avec moi-même pour me convaincre que j’étais encore capable. Pour me convaincre que je suis encore moi loin de toi.
Je t’ai pas écrit, pas appelé, cette fois-là.
Tu m’as pas écrit, pas appelé, cette fois-là.
C’est vrai.
On s’est manqués. On s’est croisés sans se voir. On est passés tout droit, sans même s’effleurer. On était deux points verts en même temps et on n’a rien fait avec ça.
Deux
Ils ne se regardent pas.
ELLE
Je marche dans un couloir complètement blanc.
Les murs sont vides et blancs.
Je marche vers une porte au bout du couloir.
J’avance vers la porte.
J’arrive devant la porte.
De la lumière filtre par les craques autour des charnières.
La porte bat comme un cœur.
Le couloir est une artère.
La porte respire.
Et moi je me tiens debout devant.
Je tends le bras.
Je tourne la poignée.
J’ouvre grand.
Et une vague d’insectes s’échappe par la porte ouverte.
Ils coulent en amas des murs.
Ils tombent en grappes sur le plancher.
J’entends le bruit de leurs pattes sur le linoléum blanc.
Ils recouvrent mes pieds.
Ils montent le long de mes jambes.
Je baisse les yeux.
Je me regarde, moi.
Je suis couverte d’insectes
des petits des gros des noirs des ailes des
pattes des exosquelettes
Je suis couverte d’insectes
mes jambes mon ventre ma poitrine mes
bras mon cou mon visage
Je grouille de partout.
Je sens les insectes marcher sur moi.
Toutes les parcelles de ma peau.
Chaque centimètre carré de moi.
Recouvert.
Une carapace.
Je suis au centre de leur multitude.
Je suis au centre de leurs milliards de battements de cœur.
( Un temps .)
je me réveille
complètement seule
t’es pas là
t’as pas été là depuis longtemps
Elle expire.
Il expire.
Ils ne se regardent pas.