141
pages
Français
Ebooks
2019
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Publié par
Date de parution
13 novembre 2019
Nombre de lectures
0
EAN13
9782896996766
Langue
Français
Publié par
Date de parution
13 novembre 2019
Nombre de lectures
0
EAN13
9782896996766
Langue
Français
AmericanDream.ca
Du même auteur
Chez le même éditeur
AmericanDream.ca , théâtre, Ottawa, 2016, 272 p. Lauréat, Prix littéraire Christine-Dumitriu-van-Saanen 2017 et Prix professionnel Jeanne Sabourin 2018 ; finaliste, Prix littéraire Marcel-Dubé 2017
Comment on dit ça, « t’es mort », en anglais ? , récit poétique, Ottawa, 2012, 104 p. Lauréat, Prix littéraire Émile-Ollivier 2013 ; finaliste, Prix littéraire Trillium 2013
Requiem pour un trompettiste , théâtre, 2010, 160 p.
Chez un autre éditeur
La Passagère , théâtre, Sudbury, Prise de parole, 2012 (2002), 106 p.
L’Égoïste , théâtre, Sudbury, Prise de parole, 2012 (1999), 88 p. Finaliste, Prix littéraire Trillium 2002
Claude Guilmain
AmericanDream.ca
L’intégrale
Théâtre
Collection Fugues
L’Interligne
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Titre: AmericanDream.ca : L’intégrale : théâtre / Claude Guilmain.
Noms: Guilmain, Claude, 1958- auteur.
Description: Mention de collection: Collection Fugues
Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190171448 | Canadiana (livre numérique) 20190171499 |
ISBN 9782896996742 (couverture souple) | ISBN 9782896996759 (PDF) | ISBN 9782896996766 (EPUB)
Classification: LCC PS8563.U547 A68 2019 | CDD C842/.54—dc23
L’Interligne
435, rue Donald, bureau 337
Ottawa (Ontario) K1K 4X5
613 748-0850
communication@interligne.ca
interligne.ca
Distribution : Diffusion Prologue
ISBN 978-2-89699-676-6
© Claude Guilmain 2019
© Les Éditions L’Interligne 2019 pour la publication
Dépôt légal : 4 e trimestre de 2019
Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés pour tous pays
« En novembre 1963, je regardais les funérailles du président Kennedy à la télé. Je ne comprenais pas ce qui s’était passé, mais j’avais le pressentiment que c’était important. »
- Claude Guilmain
Illustration de Claude Guilmain
Préface
Les gens de ma génération se souvien nent bien de ce qu’ils faisaient le 11 septembre 2001. Il arrive, surtout lors des moments de commémoration, que cela bâtisse des conversations. Et toi, alors? Moi j’étais à un séminaire de maîtrise en relations internationales. Le professeur, déconnecté, a refusé de lever le cours pour nous permettre d’aller assister en direct au vacillement de notre discipline. Nous savions bien que cet événement allait changer pas mal de considérations géopolitiques. J’ai quitté la classe contre son avis, rejoint des collègues chercheurs, regardé l’histoire se (dé)faire. Le lendemain ou le surlendemain, je changeais de sujet de maîtrise. J’étudierais finalement l’image de l’Islam dans les médias new-yorkais dans les mois suivant l’événement.
C’est la première scène d’ AmericanDream.ca : une jeune étudiante dont le parcours bascule en début de session 2001, devant son écran de télévision. Je ne connaissais pas assez Claude Guilmain pour que ma propre histoire ait pu lui inspirer quoi que ce soit du personnage de Brigitte Cardinal. Mais lors de la première mouture de la pièce à laquelle j’ai assisté au Festival Zones Théâtrales en 2015, c’est ce qui m’a frappée : Brigitte, c’est un peu moi. Et dans la salle, je me savais entour ée de Maude, d’Alain, de Pat…
Chacun des personnages de la famille Cardinal voit sa vie bouger sur son socle dans la première partie de la pièce. La maladie, le couple, le fonctionnariat, la fratrie, l’engagement sont parmi les thèmes abordés. Chacun des personnages nous dit quelque chose : dans le texte très riche, mais aussi par leur familiarité, comme s’ils étaient de vagues connaissances dont nous aurions perdu la trace. Chacun de leurs récits s’inscrit d’abord dans une fresque familiale avant de rejoindre la plus grande histoire.
AmericanDream.ca réussit particulièrement bien ce pari : tisser ensemble les destins individuels et l’histoire collective. Par empathie, nous adhérons aux destins individuels qui nous sont présentés et, devant le destin collectif que nous partageons tous, nous sommes forcés de reconnaître la force des liens qui nous tiennent ensemble comme famille, comme société.
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Bien sûr, le 11 septembre n’est pas le seul événement qui a marqué ainsi les mémoires. L’un des fils conducteurs de la pièce est l’assassinat de John F. Kennedy. Le texte de Claude Guilmain évoque aussi le premier pas sur la Lune dont nous fêtions le 50 e anniversaire en 2019. Ces événements , ayant marqué les mémoires individuelles et collectives, ont tous eu lieu dans l’ombre de l’aigle américain. AmericanDream.ca nous rappelle aussi que le chemin de notre francophonie est américain et que l’impact de notre géant voisin se fait continuellement sentir dans nos imaginaires.
L’insertion, tout au long de la pièce, d’extraits de discours célèbres, de scènes d’archives, de reconstitutions historiques contribue à renforcer ce lien entre les petites fins du monde individuelles et le destin collectif. Déjà à l’époque de mes études , on répétait que l’hégémonie américaine était en perte de vitesse, oubliant que depuis déjà deux bonnes décennies, cette hypothèse faisait son chemin. Bien sûr, sur le plan économique l’hégémonie américaine n’est plus ce qu’elle était, mais personne ne semble même près de pouvoir la détrôner dans le domaine culturel et du point de vue symbolique. La culture de masse mais aussi les imaginaires politiques américains ont encore plus de poids que ceux de tout autre pays.
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Quand j’ai vu AmericanDream.ca la première fois, le spectacle n’était pas terminé. Les années s’étant écoulées, j’en gardais une impression générale de grande acuité : le regard posé sur le monde, mais aussi sur les détails du quotidien, s’avère extrêmement juste. La scène de repas familial entrera sans doute dans les annales du théâtre franco-ontarien. Et bien sûr, comme je l’ai déjà évoqué, je gardais un souvenir très vif du personnage de Brigitte Cardinal. Je revoyais en elle des traces de la jeune fille ambitieuse que j’ai été, y compris sa façon de mêler vie universitaire et vie sexuelle, sans même se priver de quelques flirts avec ses étudiants, flirts qui s’apparentent davantage à des power trips qu’à des espaces de séduction. Tout ça me semblait si familier, si commun.
Nous étions en 2015. C’était après l’émergence des mots-clics #BeenRapedNeverReported et #AgressionsNonDénoncées, mais avant le phénomène #MeToo et #MoiAussi. Une importante vague de prises de parole commençait à émerger, vague qui serait soutenue entre 2015 et 2019 par l’éclosion d’une série de scandales, y compris des révélations troublantes quant à l’occurrence de la violence sexuelle sur les campus universitaires. En 2015, l’audace de Brigitte Cardinal m’a fait sourire et il me semblait encore à peu près dans l’ordre des choses qu’entre adultes consentants, dans le cadre universitaire, il se passe toute sorte de choses plus ou moins répréhensibles. Je fais encore partie d’une génération o ù les noms de professeurs dont on devait se méfier circulaient à voix basse, quelque part entre les secrets non avouables et les rumeurs malintentionnées. C’était ainsi, ça arrivait, peu de gens pensaient même à porter plainte . Et Brigitte a quelque chose de libéré, de puissant dans sa façon d’installer le lien entre intelligence et sexualité, une approche délurée qui rappelle certaines scènes du Déclin de l’empire américain de Denys Arcand .
Assise devant l’intégrale d’ AmericanDream.ca présentée au Centre national des Arts d’Ottawa en 2019, je ne m’identifiais plus à Brigitte. Quel malaise quand elle raconte ce défi lancé à son étudiant