Fraternité Matin du 22/06/2024 , magazine presse
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Français
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2024
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Samedi 22 - Dimanche 23 juin 2024 / N° 17 843 www.fratmat.infoPrix: 300 Fcfa • Cedeao : 450 Fcfa • France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Finale de la Coupe nationale
Une affiche P. 16 spectaculaire entre l’Asec et le Racing
Lutte contre les ïstules, transformation agricole, bourses d’études aux ïlles...
La Cedeao lance ses programmes
genre en Côte d’IvoireP. 6
PHOTO : JOSÉPHINE KOUADIO Autonomisation des femmes Beugré Mambé réafIrme l’engagement du gouvernement à poursuivre le développement du genre e 10édition de la foire Personnes portées disparues Dossier touristique de Madagascar Le calvaire de l’attenteP. 11 La Côte d’Ivoire sans fin des proches invitée d’honneur Pp. 2-3
Fonds de P. 10 solidarité africain
Nialé Kaba :‘‘ C’est un véritable outil d’intégration ’’
2
D ossier
Samedi 22 - Dimanche 23 juin 2024
Personnes portées disparues L’attentesansîndesproches Une disparition subite, sans trace ni cause connue. De nombreuses familles vivent, impuissantes, ce type de drame. Faut-il faire le deuil pour remonter la pente ou nourrir l’éternel espoir d’un retour ? e son père JosephJosée B. est, quant à elle, Gnoko Assoukou, Oli-toujours sous le choc de vier Gnoko n’a plus la disparition subite de son qu’un souvenir d’en-aîné Nicodème B. « Le grand Des années, se réduit fance qui, fatalement frère n’était pas bien portant. et au l d Nous l’avons promené dans comme peau de chagrin. La quelques églises. Finalement, quarantaine révolue, ce ges-on a appris qu’un pasteur l’a tionnaire des ressources hu-emmené à Port-Bouët Terre maines n’était qu’un môme rouge. C’était en 2018. De-quand, un soir de l’an 1982, puis ce jour, on n’a plus eu de son géniteur n’est pas rentré nouvelles de lui, ni du fameux à la maison et n’a plus jamais pasteur, que personne ne redonné signe de vie. connaît d’ailleurs en ce lieu », La petite famille ivoirienne explique, au bord des larmes, d’Olivier (ses deux petits l’enseignante. frères, sa mère et son père) Six ans après ce drame fami-vivait dans la commune de Si-lial, Josée B. dit avoir perdu cap Liberté 5, à Dakar. Au Sé-tout espoir de revoir son aîné. négal, Joseph Gnoko travail-« S’il revient, on va rendre lait dans le shipping (transport gloire à Dieu. Mais, avec l’état maritime). « J’étais un petit dans lequel il était, on se dit enfant. Mais, je sais que papa qu’il est décédé. Parfois, j’en était chef du personnel dans parle avec mon époux et ma une entreprise de shipping. Je grande sœur. On pleure sou-me souviens qu’un jour, il m’a vent quand on se retrouve fait visiter les bateaux. Il était en famille (...). Il arrive même dans sa tenue blanche de que, dans la rue, je m’ap-travail. C’est quelque temps proche de personnes qui ont après ça qu’il a disparu », re-une allure de fou et qui errent, late Olivier Gnoko. dans l’espoir de reconnaître Papa Gnoko était en mis-mon frère. Je me dis que sion dans le sud du Sénégal si c’est lui, je récupère ma quand le conit casamançais chose pour aller m’en occuper Les disparitions sont parfois vécues dans des familles comme des décès. On se retrouve pour prendre des décisions. (PHOTOS : DR) s’est déclenché (en 1982 : », avance-t-elle. ndlr). « Nous avons appris Dame Nada, la cinquantaine personne proche et d’être réveille le souvenir de tantie ment, méfait, crime, discorde Pour lui donc, les cas les que des personnes étaient révolue, témoigne que son dans une attente sans n de Juliette. Son nom est associé familiale, etc.), et celles qui plus tristes sont ceux de ces bloquées dans la zone. Papa père lui racontait, quand elle son retour. Il m’arrive souvent aux pleurs. Ses funérailles ne ont disparu sans aucune rai-hommes, femmes et enfants y était. Les responsables de était adolescente, qu’il était de me perdre dans mes pen-son connue, dont on peut dire qui, du jour au lendemain,nissent pas ». l’entreprise et notre mère à la recherche de son grand sées. Il me vient de plus en Hermann Rabé, diplômé en qu’elles ont été victimes du ont cessé de donner signe de Marguerite Gnoko ont mené frère. « Mon papa me parlait plus à l’idée de demander une sociologie, dénit la problé-sort. « Dans les deux premiers vie et dont on n’a jamais su des démarches pour le retrou-toujours de son aîné qui était messe pour le repos de l’âme matique des disparitions sous types, les proches sont certes les raisons, les causes et les ver. Mais ça n’a rien donné », à Abidjan. de Papa. Cela nous aiderait, plusieurs angles. Il suggère dans le désarroi, mais ils dis-circonstances de leur dispari-évoque Olivier. Ce dernier a rencontré une peut-être, à faire le deuil de qu’il faut faire le distinguo posent au moins de pistes tion. Ces disparitions inexpli-A bout d’effort, Marguerite femme ghanéenne qu’il a sui-cette perte », relève Olivier entre les personnes dispa-ou d’indices pour mener leur cables et entourées d’un voile Gnoko, s’appuyant sur les in-vie quand elle voulait rentrer Gnoko. rues en période de guerres recherche. Ils ont aussi des de mystère total sont, de l’avis formations que son époux lui dans son pays. L’histoire date Disparaître sans raison ap-ou de crises, celles disparues éléments sur lesquels s’ap-du diplômé en sociologie, les avait données sur sa famille d’au moins 50 ans. L’oncle parente et ne plus jamais pour des raisons personnelles puyer pour faire leur deuil », plus difciles à oublier. en Côte d’Ivoire, et surtout n’est plus jamais revenu. Mon donner signe de vie. C’est ce et incriminantes (détourne-argumente Hermann Rabé.sur un frère du nom de René père n’a pas revu son grand qui est arrivé à Juliette Séry,Quand l’espoir s’évanouit Tchotcho pouvant l’aider à re-frère jusqu’à son décès. Nousdisparue mystérieusementau ïl des ans trouver les siens, a décidé de non plus », rapporte la quin-un jour de mars 1997. In-rentrer au pays avec les en-souvenir dequagénaire. En trouvable jusqu’à ce jour, la Mystère non résolu, le cas de fants. « Nous sommes reve-cette histoire, poursuit Dame septuagénaire, qui n’a laissé Léon T. en est une parfaite nus à Abidjan, je crois bien en Nada, « J’ai toujours eu le aucune trace, ni indice, conti-illustration. Ce chauffeur de 1987. Maman nous a quittés sentiment d’avoir des parents nue d’être dans l’esprit de ses taxi à Abidjan a disparu un en 2016 sans avoir revu son au Ghana. Je me dis que proches. « La vieille est ve-jour de juillet 1998, laissant mari. Nous ses enfants et les l’oncle a eu des enfants dans nue à Abidjan pour des soins. femme et enfants dans le dé-autres membres de la famille, ce pays. Nous étions à Yopougon. sarroi total. Son aîné, Yves T. espérons, chaque jour qui Et quand je rencontre un Elle est allée, un après-mi-se souvient que cette dispari-passe, que quelqu’un viendra Ghanéen ou une Ghanéenne, di, couper des feuilles juste tion soudaine et inexpliquée nous dire quelque chose de quelque chose me dit qu’il derrière la maison. On ne l’a a créé stupéfaction et émoi Joseph Gnoko. Mais, après ou elle peut être un cousin plus jamais revue. Toutes dans la famille et parmi ses plus de quatre décennies, ou une cousine. Je ne sais les recherches entreprises amis et collègues. « D’autant cette attente qui s’éternise pas, mais ce fait m’a pous-par la famille et la police, y plus que l’homme était, de devient un fardeau sans n sé à avoir un regard différent compris les annonces dans l’avis de tous, sans histoire ». », cone avec dépit Olivier sur les Ghanéens ».Cette les médias, n’ont pas produit L’espoir de la famille et des Gnoko. attitude de Dame Nada est, de résultat », témoigne Rita proches de revoir Léon T. en réalité, celle de la plupart Séry, nièce de la disparue, s’est évanoui au l des ans. « Comme une tache noiredes personnes qui ont perdu étudiante à l’époque. Ce Aujourd’hui, je suis à la retraite un proche, et qui espèrent fait, poursuit-elle, « reste au-sans avoir retrouvé mon petit La disparition de son père, un jour le revoir, ou qui n’ac-jourd’hui une tache noire dans frère. Six ans après sa dispa-qu’il n’a presque pas connu,ceptent pas que ce dernier a l’histoire de notre famille. Les rition, nous avons, conformé-sonne pour le gestionnairequitté le monde sans laisser de enfants, frères et sœurs de ment à notre tradition Akan, des ressources humainestrace. « Tant qu’il y a la vie, il y tantie Juliette n’ont jusque-là organisé des funérailles pour comme le chaînon manquanta de l’espoir », dit l’adage pas encore accepté sa dis-le frère. Mais, nous espérons de sa vie. « Il n’est pas facile parition. Chaque fois qu’il y a toujours un miracle de Dieu », Papa Assoukou Joseph n’a plus été revu par les siens depuis 1982. de vivre sans nouvelles d’une GERMAIN GABO un décès dans la famille, ça relate T. Yves.
