Fraternité Matin du 05/12/2024 , magazine presse
40
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Français
Presse
2024
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Publié par
Date de parution
05 décembre 2024
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
8 Mo
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Jeudi 5 décembre 2024 / N° 17 980 www.fratmat.infoPrix: 300 Fcfa Cedeao : 450 Fcfa France: 1,70 € PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALES
Reportage / Dans l’univers des ex-détenus Difficile réinsertion Pp. 3 à 5
Partenariat Côte d’Ivoire-Union européenne
priorités ivoiriennes PHOMTO : JUaLIEN MOmNSANbé affiche lesP. 2
4e session du Comité de dialogue social Anne Ouloto invite les syndicats à la retenue P. 9
Promotion des personnes handicapées
Appel à une meilleure organisation P. 10
PatrimoineFrançoise Remarck obtient l’inscription de l’attiéké à l’Unesco P. 13
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Nation
Partenariat Côte d’Ivoire-Union européenne
Jeudi 5 décembre 2024
Beugré Mambé affiche les priorités du gouvernement
Le Premier ministre, ministre des Sports et du Cadre de vie a présidé, hier, mercredi 4 décembre, la cérémonie d’ouverture de la 8e session du Dialogue de partenariat entre la Côte d’Ivoire et l’Union européenne. a 8e session du Dia- 10 ans, les importations euro-logue de partenariatpéennes en Côte d’Ivoire ont entre la Côte d’Ivoire doublé. Et les exportations et l’Union européenne ivoiriennes vers l’Europe ont diL4 novembre, à l’auditorium le volume des échanges a at-s’est tenue hier, mercre- augmenté de 70%. En 2023, de la Primature, au Plateau. teint 9,2 milliards d’euros », La rencontre a réuni des a-t-elle noté. Elle a annoncé membres du gouvernementque l’Union européenne a et des ambassadeurs euro- l’ambition d’approfondir les péens accrédités en Côte relations économiques avec d’Ivoire, avec à leur tête,le gouvernement ivoirien, en Francesca Di Mauro, am- allant vers un accord de fa-bassadeur de l’Union euro-cilitation des investissements péenne en Côte d’Ivoire. Audurables qui rendra la Côte menu de cette session, plu- d’Ivoire encore plus attractive Plusieurs membres du gouvernement et ambassadeurs européens accrédités en Côte d’Ivoire ont pris part à la 8e session du Dia-sieurs questions essentielles. vis-à-vis des investisseurs logue de partenariat Côte d’Ivoire-Union européenne.(PHOTO : JULIEN MONSAN) Notamment la politique et laeuropéens. « Au titre du pro-sécurité, le climat des affairess globaux tels que le terro- catif de ces réformes. Sur politiques publiques, qu’il péenne gramme «Europe Globale»d’œuvrer, ensemble, et le développement durable, risme, appelle à une réponsede l’UE et à la suite de l’ab-d’économie, s’agisse les questions pour une coopération dy- de la gestion de nos le commerce, l’investisse- concertée et responsable. de commerce et du dévelop-ressources naturelles, de lanamique, fructueuse et mu-sorption complète des fonds ment.« Sur les plans national et pement durable, il a indiqué transition énergétique ou detuellement bénéque, dans déjà alloués à la Côte d’Ivoire La cérémonie d’ouverture sous-régional, notre priorité que la Côte d’Ivoire offre au-une approche égalitaire etla lutte contre le changement pour la période 2021-2024 a été présidée par le Pre- demeure la lutte contre le ter- jourd’hui un environnement climatique », a-t-il ajouté. concertée », a-t-il soutenu. (228 M€), je suis heureuse mier ministre, ministre des rorisme, le renforcement dedes affaires attrayant et dy- Dans le même sens, le mi- Il a indiqué que les résultats de pouvoir annoncer au-Sports et du Cadre de vie,la sécurité intérieure et le dé- namique. Le gouvernement nistre des Affaires étran-de ce dialogue contribuerontjourd’hui que la Côte d’Ivoire Robert Beugré Mambé. Ilveloppement de mécanismesbénéciera d’une nouvelleà rehausser davantage, le ni- gères, de l’Intégration afri- ivoirien, a-t-il expliqué, œuvre a donné la position de sonpour prévenir les conflits »,chaque jour à créer un climatcaine et des Ivoiriens de veau de notre coopération.allocation, pour la période gouvernement sur chaquea-t-il souligné. Il a invité, pour l’extérieur, Kacou Houadja des affaires propice au déve- 2025-2027. Celle-ci se chiffreFrancesca Di Mauro, am- point à l’ordre du jour. Sur ce faire, l’Union européenneloppement du secteur privé,bassadrice de l’Union euro- à 153 M€ (100 milliards deLéon, a souligné que cette les questions politiques et à accompagner les efforts avec des réformes visant à8e session est l’expression péenne en Côte d’Ivoire a, F Cfa) et nous permettra de sécuritaires, il a rappelé que du gouvernement par une améliorer la transparence,d’une coopération entre deux pour sa part, exprimé sa satis-poursuivre notre action dans le contexte international ac- assistance accrue et des pro- la gouvernance et l’efcacitépartenaires qui se parlent enfaction par rapport aux avan-les différents domaines déjà tuel, marqué par des tensions grammes de renforcementdes institutions publiques. « permanence. « Elle témoignecées réalisées dans la misecités », a-t-elle lancé. géopolitiques, des conflits des capacités, an de garan-de la volonté commune desNotre ambition est de mettre en œuvre de cet accord de armés et une montée des dé- tir un impact durable et signi- la durabilité au cœur de nos Parties ivoirienne et euro- partenariat économique. « EnCASIMIR DJEZOU Sénat / Budget 2025 Sécurité et stabilité :Vagondo Diomandé Terrorisme :Téné Birahima Ouattara s’engage à doter la Côte d’Ivoire d’outil de défenseinstruit les sénateurs sur ses initiatives e ministre de l’Intérieur 153,932 milliards par rapport vec un budget estimé des besoins sécuritaires, et de la Sécurité, le gé- à 2024. à 441,598 milliards connaît une hausse de néral Vagondo Dioman- Aux sénateurs, le représen-L de F Cfa en 2025, 10,6% par rapport à celui de dé, obtient plus de 836 tant du gouvernement a ex-TéAné Birahima Ouattara, esttien de la stabilité. Au titremembres de la Caef n’ont de maintenir la stabilité de la le ministre d’État, mi- 2024. En raison de la perti-pliqué que cette dotation visemilliards de F Cfa pour nistre de la Défense, nence de ces priorités, lesaccroître les efforts de main-à accroître les efforts en vue résolu à mettre un accent pas hésité à donner à Ténéde la gestion 2025, il a sol- Côte d’Ivoire, gage de paix et particulier sur la gestionBirahima Ouattara leur qui-licité et obtenu un budget dede développement. 836,771 milliards de F Cfa Mais aussi à prendre en des systèmes d’information tus à l’unanimité. qui enregistre une hausse de compte les nombreux et et de communication pourNDRI CÉLESTINanticiper avec efcacité les nouvelles formes de me-Justice :Priorité accordée à l’amélioration naces sécuritaires en Côte d’Ivoire. Le programme des conditions de détention Défense gure également au nombre de ses grandes ansan Kambilé Jeantions de détention et de priorités, avec en ligne de importants besoins des col-s’est résolument en-réinsertion des détenus et mire, la coordination des lectivités locales, des dis-gagé, devant les sé- œuvrer au renforcement activités des armées et des tricts autonomes et du corps S nateurs, à relever le de la promotion et de la forces spéciales ainsi que préfectoral. Notamment en de défense sufsammentdé de l’améliorationprotection des droits de la participation à la sécurité matière de dotation en véhi-fort pour contrer toute me-de l’administration des l’homme. régionale et internationale. cules de commandement, de nace, eu égard à la montéeservices de justice, à ren- Pour le ministre de la Ce sont donc 182,889 mil-construction, de rénovation du terrorisme et à l’instabi-forcer un accès équitableJustice, il s’agit d’afrmer liards de F Cfa, soit 41,42%et d’équipements des bu-lité politique dans les États du budget, qu’il s’engage àaux services d’une justiceavec force la qualité dereaux et des résidences du frontaliers. Mais aussi de ra-consacrer à ce programmede qualité pour tous.pays de droit dont jouit lacorps préfectoral. jeunir les effectifs à travers et 115 autres milliards des-Avec une allocation bud- Côte d’Ivoire. ConscientsConcernant la sécurité, de nouveaux recrutements, tinés au volet Sécurité. Agétaire de 122,499 mil-des enjeux, les sénateurs,il s’agit également de la tout en poursuivant l’amélio- construction de l’école de quelque 10 mois seulement liards sollicitée pour 2025,à travers un vote à l’unani-ration des conditions de tra- police de Korhogo et de la de l’élection présidentielle le Garde des Sceauxmité de son budget, lui ont vail et de vie des militaires etmise en œuvre de la loi de d’octobre 2025. Pour le mi-entend également pour-donné les moyens dont il des gendarmes. Le budgetprogrammation de sécurité nistre d’État, il s’agit de do-suivre ses efforts visant àa besoin. intérieure. Sansan Kambilé Jean,ministre de la de 2025, pour tenir compte ter la Côte d’Ivoire d’un outil l’amélioration des condi-N. CELESTIN Justice et les Droits de l’homme. N. CÉLESTIN
Jeudi 5 décembre 2024
R eportage
Dans l’univers des ex-détenus Après leur sortie de prison, difficile réinsertion
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Les ex-détenus, encore appelés dans l’argot ivoirien Gnimi-Kaba ou ‘’Macanaki’’ (Ndlr : personne ayant séjourné à la Maison d’arrêt et de correction d’Abi-
djan / Actuel Pôle pénitentiaire d’Abidjan ou Ppa ), éprouvent beaucoup de difficultés à retrouver une vie normale, malgré leur volonté de tirer un trait sur
le passé. Une incursion dans l’univers des anciens détenus permet de mieux appréhender la réalité à laquelle ils sont confrontés.
Amon Djidji, Coulibaly Adama et Félicien Agoussou, toujours en quête d’une bonne réinsertion, trouvent péniblement leur chemin dans les petits métiers. (PHOTOS : DR) près avoir purgé ma comparution devant leponné violeur’’. « J’ai vouluFaisant face aux stigmatesla société. Malgré tout, je travail par ici. Après deux sa peine pour abusjuge, j’ai écopé de deuxreprendre la maçonnerie années passées en prison,suis bien décidé à changerde la société, le maçon sexuel sur mineur,ans de prison ferme. Pour-après ma libération, mais cette étiquette pour le bienje reprends tout à zéro. Je envisage une reconver-Félicien Agoussouc’est difficile de trouver dutant, ma culpabilité n’a pas suis pointé du doigt par de ma famille ». sion dans la quincaillerie. deAla vie, après celle vécuedifficile pour moi qui venais à se réinsérer dans la so-fait face à la réalitéété prouvée. C’était trèsMalgré sa détermination derrière les barreaux où ild’entrer en ‘’Kaba’’ (Ndlrciété, il est bien conscient a séjourné pendant deux : prison). Dans ce nouvelque la tâche ne sera pas bonnes années. Hasard environnement, il fallait aisée pour tous ceux qui ou caprice du temps, cecohabiter avec d’autresont connu le même sort jour du 27 octobre 2017, le prisonniers, des gens qui que lui. soleil s’était mis en berne à m’étaient inconnus, mais En effet, la route de la re-sa sortie de prison.avec qui j’étais contraintconversion est jalonnée de Rencontré le 10 octobre de partager le quotidien. multiples obstacles pour 2024 à Abidjan, bien qu’en- Nous étions plus d’une cin- ces ex-détenus. En plus du tourée de sa femme et de quantaine de détenus par casier judiciaire désormais ses trois enfants, l’hommecellule.marqué du sceau indélé-était visiblement affligé.Vivre dans cet endroit étaitbile d’ex-détenu, s’ajoutent Triste et songeur. La qua- un enfer. C’est là que j’ailes dédommagements à rantaine révolue, il affirme su combien de fois la li- payer aussi bien aux vic-avoir entamé depuis 6 ans,times qu’à l’État. Et ceberté est précieuse. J’ex- non sans difficulté, une horte mes jeunes frères à n’est pas tout. Concernant nouvelle vie après sa dé-bien se comporter dans lasa famille, sa longue ab-tention. La gêne qu’éprou-société, car la prison est sence du cocon familial a vait Félicien Agoussouun tout autre univers », ra-perturbé la scolarité de ses réside dans la gravité deconte, l’air affligé, Félicienenfants. Conséquence, l’acte qui l’avait conduit en qui ne pouvait retenir, mal- deux d’entre eux ont aban-2015 derrière les barreaux gré sa forte corpulence,donné l’école. Pour ap-pour deux ans de prison ses larmes. porter un peu de joie aux ferme. L’ex-prisonnier quienfants, une Ong leur offre continue de clamer son in-Retour à la case départquelques cadeaux pen-nocence confie qu’il avaitdant les fêtes. été accusé à tort d’abusLe séjour carcéral lui ayantKassoum Ouattara, 36 sexuel sur une mineure deans, est aussi un ex-dé-fait perdre tous ses chan- 15 ans.tiers, ce maçon est au-tenu du Pôle pénitentiaire C’est avec beaucoup de jourd’hui au pied du mur : d’Abidjan. Accusé d’avoir peine qu’il relate ses 24Il doit se débrouiller pourkidnappé une jeune fille mois passés dans l’enferde 14 ans, il a purgé sanourrir sa femme et ses de l’univers carcéral. Un trois enfants. Ce qui n’est peine. Six années de pri-épisode de sa vie qu’il ne pas facile pour un ex-déte-Après plusieurs demandes d’emploi, Tapé Franck, ex-détenu, a finalement réussi sa réintégrationson. Après sa libération, veut plus revivre. « Aprèsnu qui plus est, est ‘’tam-dans la société, grâce à la fabrication de sandales.il est banni par les siens.
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Isolé de tous, y compris de sa propre famille dont il est sans nouvelles, Kassoum a trouvé son salut et un refuge dans l’agriculture. A quelques encablures de la ville d’Abidjan où nous l’avons rencontré, il cultive du manioc sur un lopin de terre acquis il y a seule-ment un an. Tout comme Félicien, il ne cache pas que sa recon-version n’a pas du tout été facile. Il a dû s’armer de courage pour démarrer sa nouvelle activité. Son rêve, s’offrir un toit et retrouver enfin la dignité qu’il a per-due ces dernières années. Tout comme son compa-gnon de la maison d’arrêt d’Abidjan, la dureté de la vie carcérale lui a enlevé toute envie de récidiver. C’est avec émotion qu’il évoque, à son tour, sa vie en incarcération. En plus d’avoir été coupé du monde extérieur, il déplore le manque notoire d’hy-giène dans cette prison où règnent de vives tensions. « De 7h30 à 16h 30, nous étions autorisés à nous promener dans la cour. Nous dormions à trois sur une natte. N’ayant pas de téléphone portable, j’étais sans nouvelles de ma fa-mille, surtout de mes deux enfants de 16 et 9 ans. C’est une Ong qui venait, de temps en temps, nous offrir des vêtements et des vivres. La vie en ‘’Kaba’’ (Ndlr : prison) est infernale », avoue l’ex-détenu.
Des modèles de réinsertion
Si la réinsertion est diffi-cile pour certains ex-déte-nus, elle l’est moins pour d’autres. Ce constat a été fait au centre Remar-CI de Yopougon-Selmer, un éta-blissement spécialisé dans la réinsertion des ex-déte-nus. A. K. est un exemple de réussite en termes de réinsertion. Cet ancien braqueur, qui a séjourné à deux reprises en prison, est aujourd’hui un paisible vendeur qui gagne bien sa vie. Il exerce dans un maga-sin appartenant au centre Remar-CI où l’on vend des meubles d’intérieur. Il raconte son passé tumul-tueux et sa reconversion. « J’ai été en prison à plu-sieurs reprises. J’ai com-mis tous types de délits, sauf le meurtre. J’étais membre d’un gang très puissant à Yopougon, mais tout cela est aujourd’hui
derrière moi. Grâce à ce centre que j’ai découvert en prison, j’ai définitive-ment changé. Aujourd’hui, j’ai un toit et mieux, j’ap-prends à gérer un maga-sin», se réjouit A.K. Hamadou K. était, quant à lui, dealeur de drogue et un braqueur futé. Ce caïd reconverti est aujourd’hui un véritable cordon bleu au centre où il exerce comme chef cuisinier. Le jeune homme qui a intégré le centre en 2019 affirme avoir exercé auparavant à la marine nationale. Son souhait : reprendre son activité d’antan, la mécanique. Hamadou K. dit regretter son passé dans une petite confes-sion : « Quand j’ai connu la drogue, précisément la co-caïne, j’ai quitté ma famille dont je n’ai plus de nou-velles. La rue était ‘’mon champ’’. Je le regrette amèrement. Aujourd’hui, je rends grâce Dieu ». Il ne cache pas le bonheur que lui procure son nouveau métier de cuisinier au ser-vice des pensionnaires du centre de réinsertion. A.M. est également un ancien ‘’tolard’’ incarcéré en 2003. Mais depuis sa sortie, il s’occupe du pro-gramme de sensibilisation de l’Ong Remar-CI à la Maca. Il sensibilise désor-mais les détenus en vue de leur réinsertion dans le tissu social. C’est avec beaucoup de tristesse qu’il raconte sa vie passée. « Je dormais dans la rue devant un magasin à Koumassi vers le marché Djê Konan. J’ai été jugé et condamné à un an de prison pour dé-tention de drogue. Rejeté par ma famille, c’est grâce à des amis que j’ai connu le bureau de Remar-CI à la Maca. Les responsables de cette Ong m’ont rendu visite en prison réguliè-rement. Je dormais à la belle étoile. Aujourd’hui, je mange bien et je suis bien logé. C’est très im-portant de le dire. Dans ce centre, on enseigne la pa-role de Dieu et les bonnes pratiques de vie. Les pri-sonniers ont la possibilité d’apprendre un métier. Les dirigeants m’ont fait confiance et m’ont chargé de l’entretien du bureau Remar-CI de la Maca. Je visite mes frères prison-niers depuis 2007, tout en les invitant au changement de comportement à travers la parole de Dieu », dit-il vi-siblement heureux.
ANGE MARTIAL EHOURADE
R eportage
Jeudi 5 décembre 2024
Plaidoyer pour un fonds conséquent dédié à la réinsertion enceslas Assohou,son budget consacré à la ré-membre de la Fé-insertion. S’il y a un budget, il dération internatio-est assez maigre parce qu’on nale de l’Acat-CI,ne voit pas d’actions réelles susWde prise en charge.Autre plaidoyer, il demande explique le proces-de réinsertion sur le terrain ». Cette Organisation non gou-une réactivation du champ pé-vernementale opère dansnal de Saliakro. « Nous avons la prise en charge des per-six détenus dans ce centre sonnes vulnérables et en si-pour leur apprentissage et tuation difficile (ex-détenus,pourquoi pas, construire enfants de la rue qui sontd’autres champs pénaux. dans la précarité). Il plaideconstruireAussi, l’Etat doit pour que l’Etat accompagnedes ateliers de formation davantage l’Ong pour amé-dans chaque prison. Il faut liorer la qualité de ses presta-spécialiser chaque prison en tions. « Nous allons vers eux,un atelier spécifique en fonc-en prison. Nous avons mêmetion des besoins de la ville. Au un bureau à la Maca où nouspôle pénitentiaire d’Abidjan avons aidé des prisonniers(ex- Maca), par exemple, le en situation de précarité. Plusgrand bâtiment de l’atelier ne Wenceslas Assohou de la Fiacat et plusieurs autres organisa-d’une centaine de détenus».fonctionne pas. tions invitent à une revalorisation du budget rattaché à la réin-sont dans les registres desertion des ex-détenus.L’Acat travaille depuis sept l’Ong. Depuis plus de 20 ans,ans dans les prisons pour des partenaires en faveurtâche qui n’est pas facile », nous travaillons sur le sort de porter secours aux personnes de son organisation. « Nous conclut la fondatrice de Lean cette catégorie d’ex-détenus.vulnérables, notamment les aidons les enfants des ex-dé-On Me. Nous les aidons à se réinsé-jeunes et les femmes. D’ail-tenus et œuvrons pour queKouadio Paul, président de rer dans le domaine social à leurs, elle entend former et ceux qui sortent de prisonl’Acat, estime qu’avant la ré-travers des emplois.», a-t-ilaccompagner les détenus à soient acceptés par la socié-insertion sociale il faut une expliqué. l’entrepreneuriat, afin qu’ils té qui se méfie souvent d’eux.resocialisation. Par ailleurs, il Il précise que les valeurs soient des personnes utiles à Ils ont besoin de se réinsérerplaide pour un fonds consé-et le comportement fondésla société. dans la société en vue d’ai-quent de réinsertion en fa-sur la doctrine chrétienneEn 2020, l’Acat a été la meil-der leurs familles. Nous lesveur des ex-détenus. «Nous constituent la base de l’or-leure Ong de Côte d’Ivoire assistons pendant qu’ils sontdemandons une politique de ganisation. « Lean On Me »et en 2024, elle a glané un en prison. Nous faisons desréinsertion, car la réinsertion est une autre organisationprix panafricain ‘’Med Kag-dons aux enfants; nous leurne se limite pas seulement à qui s’occupe de la réinsertion gwa’’ de la meilleure Ong des organisons des arbres dela prison. Après sa libération, des ex-détenus. Mais en plus droits de l’homme décerné Noël. Les épouses des déte-l’ex- détenu doit être occupé de cette tâche, elle étend sespar la Commission africaine nus ne sont pas non plus dé-et formé. Quand la réinsertion actions aux familles des pri-des droits de l’homme et des laissées. Nous œuvrons pourn’est pas faite, on arrive à une sonniers. Sa présidente fon-peuples. les maintenir dans la chaleurstigmatisation des détenus datrice, Sylvie Lago, plaide familiale. Nous sollicitonsqui sont rejetés par la socié-A. MARTIAL EHOURADE pour un soutien plus accru le soutien des partenairesté. Nous demandons à l’Etat des autorités ivoiriennes et et des autorités dans cettede Côte d’Ivoire d’augmenter
Kouadio Paul, président de l’Acat :« Plus de 200 détenus ont été réinsérés depuis 2018 »
ouadio Paul, pré-sident de Action des chrétiens pour l’abo-K lition de la torture (Acat), dresse le bi-lan de la réinsertion des détenus. Selon lui, grâce au soutien de l’ambas-sade d’Allemagne en Côte d’Ivoire, des actions de réinsertion ont été posées dans six prisons en Côte d’Ivoire. « Nous avons formé des détenus à la pâtisserie, à la cordonnerie, à la coif-fure hommes et dames, au slam, au théâtre... Nous leur offrons, en fin de for-mation, des kits d’insertion. Nous souhaitons que l’on nous aide à dynamiser le volet réinsertion des ex-dé-tenus. Dans nos ateliers destinés à leur formation, il y a un manque criant de matériel. Ils ne doivent pas être marginalisés au risque
de devenir de potentiels dangers pour la société.
C’est pourquoi, nous sol-licitons un appui pour une
équité et une justice so-ciale », a-t-il indiqué. Cette action, l’Ong la mène depuis 2018, avec la fon-dation Osiwa. La tâche n’est pas aisée, car cer-tains détenus ne se sentent pas concernés. Après leur sortie de prison, se pose la difficulté de l’accompagne-ment. « Nos moyens ne suffisent pas toujours à leur trouver un local. Quelques-uns ventilent les kits. Mal-heureusement, en Côte d’Ivoire, nous n’avons pas de chiffres sur les récidives. Avec notre expérience de réinsertion, nous estimons que l’apprentissage pour la réinsertion professionnelle est un gage réel pour éviter la récidive. Le suivi à l’exté-rieur des détentions, n’est pas toujours évident », a-t-il souligné.
A. M. EHOURADE
