Fraternité Matin du 12/06/2024 , magazine presse
32
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Français
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2024
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Rhdp Bouaké Les jeunes investissent PREMIER QUOTIDIEN IVOIRIEN D’INFORMATIONS GÉNÉRALESle terrain Mercredi 12 juin 2024 / N° 17 835 www.fratmat.infoPrix: 300 Fcfa Cedeao : 450 Fcfa France: 1,70 € P. 5 Hadj 2024 / Refoulement de pèlerins
La Côte d’Ivoire n’est pas concernéeP. 9
Dossier /Érosion côtière
Lahou-Kpanda, disparition programmée si... Pp. 2-3
Le cordon sableux de Grand-Lahou et le programme Waca, le grand espoir
Éliminatoires du Mondial 2026 (Kenya-Côte d’Ivoire : 0-0)
Les Éléphants freinésP. 20 par les Harambee Stars
Semaine africaine de l’Unesco / Ramata Bakayoko-Ly :
« Notre pays
s’est forgé une
réputation » P. 6
PHOTO : JOSÉPHINE KOUADIO
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D ossier
Érosion côtière
Mercredi 12 juin 2024
Lahou-Kpanda, disparition programmée si...
Ce village côtier de la commune de Grand-Lahou, dont la superficie se réduit comme peau de chagrin, au fil des années, sous l’effet
de l’érosion de ses terres, place désormais son espoir dans des travaux d’envergure lancés par le gouvernement et ses partenaires.
ymbole du « tragique » de l’érosion cô-tière en Côte d’Ivoire, Lahou-Kpanda, bour-10S000 habitants, à une quin-gade de plus de zaine de kilomètres de Grand-Lahou, apparaît aujourd’hui comme l’épicentre de la lutte des autorités nationales contre ce fléau. Les cris de détresse et les complaintes des populations, éprouvés par plus de cinq décennies d’isolement et de raréfaction de ressources vitales, ont fi-nalement été entendus. Dans tout au plus un an, un ouvrage de stabilisation du cordon sableux verra le jour sur les côtes de Lahou-Kpan-da. Il sera construit par une entreprise belge dans le cadre du Projet d’investisse-ment pour la résilience des zones côtières ouest-afri-caines (Waca-ResIp). L’in-frastructure va coûter environ 28 milliards de F Cfa, dont un apport de près de 21 milliards de la République d’Espagne. Ce montant fait partie de l’en-veloppe de 35 milliards de F Cfa allouée au Programme Waca Côte d’Ivoire, exécuté en partenariat avec la Banque mondiale (Bm). Le chantier a été officiellement lancé, le 6 juin, par le Premier ministre Robert Beugré Mambé. En présence de Marie-Chantal Uwanyiligira, directrice des opérations de la Banque mondiale, et de Rafael Soria-no Ortiz, ambassadeur d’Es-pagne en Côte d’Ivoire. Le plus heureux de cette si-tuation est sûrement le chef
Les effets de l’érosion, comme on le voit ici, ne seront bientôt qu’un lointain souvenir à Lahou-Kpanda.
de Lahou-Kpanda, Ledjou Yahou, figure de proue du combat pour la survie du vil-lage. C’est à juste titre que son premier notable, Fidèle Akadjé, a rappelé, au lancement des travaux, la longue bataille et la force de résilience du chef et de ses administrés. « Le bout du tunnel n’est plus loin », s’est-il réjoui. Il raconte, avec un brin de tris-tesse, que le calvaire du vil-lage a débuté en 1961 quand les premiers effets de l’ensa-blement de l’embouchure na-
turelle du fleuve Bandama se sont fait ressentir. Celle-ci qui était à environ 5 kilomètres du village a com-mencé à se rétrécir à cause de l’épaississement du cor-don sableux. Cela a provoqué la migration des eaux. Qui, dans leur quête d’une nou-velle porte d’entrée dans la mer, ont isolé Lahou-Kpanda de Braffédon (deux villages voisins qu’on pouvait rallier à pied). Le débarcadère qui permettait de traverser la la-gune a également disparu sous les eaux. Le bac a donc
été délocalisé. Les premières grandes vic-times de l’érosion ont été les bâtiments de l’ancien site encore appelé « Vieille ville », puis le cimetière du village actuel. Les vagues en furie ont détruit plusieurs tombes, emportant ossements et cer-cueils. La dernière demeure d’André Abadi Boga, ancien chef du village décédé en mars 2010, en a fait les frais. Les tombes des géniteurs du premier maire de Grand-Lahou, Arsène Usher As-souan, par ailleurs ex-ministre
Beugré Mambé s’est imprégné des caractéristiques de l’ouvrage.(PHOTO : SÉBASTIEN KOUASSI)
des Affaires étrangères et compagnon de lutte du Pré-sident Félix Houphouët-Boi-gny, ont également subi le même sort. Face au drame, les popu-lations ont tenté un désen-sablement manuel de l’em-bouchure en 1999, avec des pioches, des pelles, des racleuses... Cette opération de sauve-tage désespérée a échoué. « Aujourd’hui, l’eau est à cin-quante mètres de l’Église ca-tholique. Un édifice, construit de 1920 à 1931 et qui a une forte valeur symbolique pour Lahou-Kpanda. Le bâtiment risque de partir à tout moment », alerte Fidèle Akadjé. En effet, sous l’effet de l’éro-sion, les eaux avancent de 170 mètres tous les ans de-puis 2019. Le village risque donc de disparaître la pro-chaine décennie, si rien n’est fait. « Nous attendons beau-coup du projet Waca. Nous souhaitons surtout qu’il nous offre à nouveau l’opportunité de pêcher. Depuis que l’embouchure est ensablée, les pêcheurs font beaucoup d’accidents. Les pirogues cognent les bancs de sable. Les gros poissons n’entrent plus dans la lagune. La pêche est par conséquent maigre », relève-t-il avec amertume. Lahou-Kpanda n’a pas tou-jours été sinistré. La localité, construite entre la mer et la lagune, réceptacle des eaux
du fleuve Bandama, a été la capitale du Cercle de Lahou. On n’y accédait que par pi-rogue ou autres engins de transport fluvial. Le site ori-ginel abritait la résidence du commandant de Cercle, les bâtiments de l’administration coloniale et des commerces. C’est en réponse à la menace de l’érosion que le Président Félix Houphouët-Boigny a décidé, au début des années 1970, de relocaliser l’admi-nistration sur le site actuel de Grand-Lahou. Aujourd’hui, le village semble avoir achevé son chemin de croix, avec le chantier de l’ouvrage de stabilisation du cordon sableux. Michel Ségui, le président de la Fé-dération nationale des ac-teurs de la pêche artisanale, par ailleurs fils et notable de Braffédon, en est convaincu. « Nous disons merci au Pré-sident Alassane Ouattara et PaHuxOTpOa:rtJeOnaSirÉePsHIdNeElKaOCUôAteDIO d’Ivoire, pour ce grand projet (...). Notre première source de revenu est la pêche. Ce-pendant, cette activité est de plus en plus difficile, à cause de la raréfaction du poisson. Tout est bloqué. L’embou-chure est ensablée et la na-vigation est pénible. Tout ceci ne sera bientôt qu’un lointain souvenir », est persuadé le notable Avikam. Pour Beugré Grah Jean, chef du village de Braffédon, la perche tendue par le gou-vernement à travers le projet Waca est salutaire. « Ce projet qui a démarré en 2019, avec l’ouverture de l’embouchure et le désensa-blement de la lagune, est un soulagement », souligne-t-il. Il assure qu’une fois terminé, des promoteurs immobiliers projettent de s’y installer. Le parc d’Azagny qui n’est pas loin en tirera aussi profit. Avec l’afflux de visiteurs et le regain de vitalité de l’activité touristique. Jeannette Attawa, native de Lahou-Kpanda, soutient quant à elle que la mise en œuvre du projet dissipe sa crainte de voir son village disparaître. « Dieu a exaucé mes prières », lâche-t-elle. Marina Kobehi ajoute que l’initiative mettra fin à l’oisi-veté des jeunes dans les vil-lages impactés. « Ici, il n’y a pas à manger et pas de tra-vail. J’espère que ce projet changera nos vies et que les jeunes auront du travail », souhaite-t-elle
GERMAIN GABO
Mercredi 12 juin 2024
e Programme de ges-tion du littoral ouest-afri-cain, communément L appelé Waca (pour sa dénomination anglaise : West Africa Coastal Areas Program) est mis en œuvre dans 29 communes du lit-toral ivoirien, long de 566 kilomètres. Le gros du fi-nancement de ce projet est affecté au département de Grand-Lahou, notamment au village de Lahou-Kpanda. Où sera construit, dans les mois à venir, un ouvrage de stabili-sation du cordon sableux. Ce projet suscite donc un grand espoir pour les habitants de cette localité, particulière-ment affectés par les ravages de l’érosion. L’espoir est tout aussi grand pour les villages voisins de Braffédon, Likpi-liassé et Groguida. Le programme Waca est né en réponse à la demande des pays ouest-africains souhaitant une assistance de la Banque mondiale dans la gestion de leurs zones côtières, particulièrement
D ossier
• Waca, le grand espoir... des problèmes d’érosion cô-tière et d’inondation. Le pro-gramme a été présenté lors de la Cop21 en 2015 à Paris, et fait partie de l’enveloppe de 16 milliards de dollars (envi-ron 8000 milliards de FCfa) destinée à l’Africa Climate Business Plan. Cet engage-ment a été renforcé lors de la Cop22 en 2016 à Marrakech. L’initiative est mise en œuvre depuis 2018 en Côte d’Ivoire. Elle est pilotée par une unité
La chefferie de Lahou-Kpanda est reconnaissante au gouvernement et à ses partenaires.
• Des activités socio-économiques pour soutenir la résilience locale n plus de sa mission de lutte contre les effets de l’érosion côtière et de WEaca a aussi vocation à sou-stabilisation du cordon sableux, le programme tenir la résilience des popu-lations locales. Ce, à travers des activités socio-écono-miques au profit des commu-nautés impactées. C’est dans cet objectif que la mairie de Grand-Lahou a abrité, le 13 avril dernier, une cérémonie de remise de ma-tériels à des porteurs de pro-jets générateurs de revenus des villages de Lahou-Kpan-Les communautés locales reçoivent déjà un accompagnement du programme Waca da, Likpiliassié, Groguida et pour des activités génératrices de revenus.(PHOTOS : DR) Braffédon. 1 219 personnes à savoir 517 hommes et 702 appui leur permettra de dé-silience des communautés et de la Banque mondiale. Ce, femmes ont reçu des équipe-velopper leurs activités donten raison de ses impacts endes zones ciblées de la côte -ments d’un montant global de le maraîcher, la pêche, laouest-africaine contre l’éro-vironnementaux et sociaux 605 885 129 F Cfa. 259 Ac-transformation et la vente desion côtière, les inondations potentiels et de la sensibilité tivités génératrices de reve-l’attiéké, ainsi que la coiffure.de son milieu d’accueil », et pollutions. « Sur les plans ex-nus (Agr) individuels et 149 Le coordonnateur du Waca, environnemental et social, plique-t-il. collectives ont été retenues Jean-Baptiste Kassi, souligne le projet Waca-ResIp a étéLe programme vise égale-pour bénéficier du finance-que l’objectif principal du classé en catégorie A selonment, grâce à la construction ment susmentionné. Cet projet est de renforcer la ré-les politiques de sauvegardede l’ouvrage de stabilisation du cordon sableux, à pré-server 1 711 ménages des zones côtières des risques d’érosion. Par ailleurs, 14 hectares de mangrove seront restaurés et 5 autres de forêts com-munautaires créés. Pour le projet mangrove, 50 000 plants de pépinière ont déjà été réalisés. Le Waca accompagne aussi le Réseau des communes littorales de Côte d’Ivoire (Recol-CI). Ainsi, il lui a re-mis du matériel informatique et bureautique Les populations de Lahou-Kpanda, qui attendent beaucoup du projet Waca, rallient leur village en pirogue.(PHOTOS : SÉBASTIEN KOUASSI) G. GABO
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de coordination chapeautée par Jean-Baptiste Kassi. Le programme Waca a été structuré comme un outil de financement pour la mise en œuvre des activités d’amé-lioration de la résilience de la zone côtière. Il est mis en œuvre dans six pays (Bénin, Côte d’Ivoire, Mauritanie, São Tomé et Príncipe, Séné-gal et Togo).
GERMAIN GABO
• Un chantier de 12 mois en 9 phases a structure de stabilisa-gune et de la nouvelle passe tion du cordon sableux côté océan et du transfert de de Grand-Lahou, dont sable sur la largeur de plage. laLi de 11 à 12 mois, a pour passe depuis la lagune et le les travaux devraient Il y aura ensuite le dragage prendre fin dans un dé-et l’ouverture de la nouvelle maître d’ouvrage le minis-fermecordon (terrestre), la -tère de l’Environnement, du ture de la passe actuelle et le Développement durable et dragage du delta de jusant. de la Transition écologique Les phases 8 et 9 vont don-(Meddte) et pour maître ner lieu au dragage du chenal d’ouvrage délégué, l’Unité de Lahou-Kpanda, au rechar-de coordination du Projet gement du cordon et à l’amé-d’investissement pour la ré-nagement des protections silience des zones côtières hautes de la plage. ouest-africaines (Waca À la fin des travaux, la zone Reslp). Le projet est, quant verra, en termes de retom-à lui, exécuté par Dredging bées économiques, le retour International, une entreprise des ressources halieutiques belge. et le regain des activités de La maîtrise d’œuvre est as-pêche. Cet ouvrage permet-surée par le consortium Cid/ tra d’améliorer l’accostage du Cid Afrique/ Geciexpert. matériel naviguant et le dé-Les travaux seront effectués barquement des produits de en 9 phases. Il s’agit, entre pêche. Il facilitera, en outre, autres, le passage des bateaux de la du dragage du chenal de mer à la lagune et vice versa. Braffédon, de la partie d’ac-Ainsi, la région retrouvera ses cès à la passe et de la souille attraits touristiques. Sur le de l’ouvrage de protection plan social, il sera désormais côté lagune, de la réali-facile de naviguer sur le plan sation du quai de service d’eau lagunaire et de rallier de Lahou-Kpanda, de la tous les villages voisins. construction des ouvrages de protection du côté de la la-G. G.
Le schéma de l’ouvrage à la phase 9.
