117
pages
Français
Ebooks
2011
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Publié par
Date de parution
01 septembre 2011
Nombre de lectures
365
EAN13
9782296348097
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
01 septembre 2011
EAN13
9782296348097
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Ouvrage publié sous la direction éditoriale de Jacqueline Farmer
Les éditeursremercient toutparticulièrementMarc
Bonnel,lesmembres del’associationAvicenneFrance,Frantz
Grenet,Libby,JulienetCharlieGrenet,DjallaletMamoura
Djamalov,YuryKarev,JohannUhres,UzbekistanAirways,
AliéAkimova,KhaetNemat,PhilippeBabo,RemyDoret
CatherinePoujol.
Éditions duSandre
57,rueduDocteurBlanche
75016Paris
ANTHOLOGIE DE LAPOÉSIE
D’OUZBÉKISTAN
TomeII
Établie,traduite et présentée par Hamid Ismaïlov et Jean-PierreBalpe
avec l’aide dePahlavonTurgunov, AzamObidovet SirojiddinTolibov.
Éditions du Sandre
E ,
N GUISE DEPRÉFACE
’O
TRAITÉ SURLAPOÉSIE CONTEMPORAINE DUZBÉKISTAN
ParHamidIsmailov
1.Sinous acceptons l’idéequel’instrument principalde
la poésieouzbèquemoderne estla langueouzbèque,alors
ilfaut d’abordl’examinerentantquelangueagglutinante
dontlastructure est sujet-objet-verbe.
2.La natureagglutinante del’ouzbek semanifestepar
l’ajout de sufixesàun radical: so’z, so’zdagi, so’zdagilar,
so’zdagilarning,etc. (mot, danslemot, cequi est danslemot,
ceuxquisont danslemot, deceuxquisont danslemot)
3.Il n’ya nilexionsnimutations danslesmotsquise
développent de façonévolutive etnon révolutionnaire:la
baseixe, trèsancienne,estenrichiedevariables différentes.
4.Dans uncontextedonné, un motestcompletquand tous
les sufixespossibles convenantàcemotontétéajoutés.
5.Lastructure sujet-objet-verbereprend cette
complétude :le sens dela phrasen’estni clair ni completavantque
le verbenelatermine.
6.Cemodèle delangue traduit unementalité équivalente,
ilestmêmelemodèle dela mentalitéouzbèque.
5
7.Aussila poésiemoderned’Ouzbékistancontinueà
maintenir lesbasesdela poésieouzbèque classique etmême
del’anciennepoésie turque, comme sonextension linéaire,
évolutive. Cela peut-être comparéà lacroissance d’un arbre
quipousse et s’étend sans cesse.
8.L’ouzbek est unelangue turque et cettenotion
d’extension permanente dela poésie estperceptible dansles
épopées kirghizesoualtaïquesqui s’étendent sansin;par
exemple«Manas»qui comporteplus d’un millionde vers.
En Ouzbékistan,ontrouve demême despoèmes épiques
deplusieursmilliers de vers.
9.Cettenaturelittéraire — donc celleaussi dela poésie
moderne d’Ouzbékistan—ne constituepas une faiblesse
mais une spéciicité.Cettementalité, trèsrégulière et
méthodique, traversetousles thèmes,aspectsetnuances.Si
l’onconsidèrel’ensembledela poésied’Ouzbékistanilest
presque impossibledetrouverunsujetnondéjàtraité.Ilest
presque impossiblede surprendre un poèteouzbek cultivé
paruneigurerhétorique, unetechniquepoétiqueou un
thème inconnu.
10.Au sens strict,àcausedececontinuum,il n’ya
pas depoésiemoderned’Ouzbékistan,lespoèmes de
e e
Navoïou Mashrab(XVetXVIsiècles) nourrissent
davantageles chansons contemporainesquelespoèmes
despoètes contemporainds ;eplus, techniquement, ces
«vieux »poèmes,qui utilisent desapproches surréaliste et
déconstructivistes,paraissent souventplusmodernes.Une
des chansonslespluspopulaires des cinquante dernières
années entémoigne, c’est «Qaroko’zum» d’AlisherNavoï.
6
En voiciunextrait:
Regardnoir,pénètremoi, deviens prunelle
commeleshommesinstalle-toi dans lenoirdemes yeux.
Delaleurdeton visage, comme en unjardinleuri,ordonne
leparterreducœur.
Dela tigedetoncorpsde femme, comme en unjardin sauvage,
celui del'âme.
Sur lajambe detoncheval,mets le henné demoncœur
sanglant
à tonchien,tristement,lachaînedes tendonsde ma vie.
Si dans les montagnesdel'éloignement,tu peux, comme dans
leurs montagnes,les argiliers,
trouver l'argile d'oùjeviens,ôciel,pétris la pâte.
Situ veux quelescœurs soient au rendez-vousqueixeton
visage
faisque, delatêteauxpieds, tes cheveux tombententresses
serrées
carsi, dansletoit du jardin le jardinierfait des crochetsavec
des épines,
l'armée des feuillagesmortsn'en a rien àfaire.
Amis,voyantlasueursur leurface, jemeurs :
lavez-moi del'eau desleurs, cousezmon linceuldansleurs
feuilles.
Et sidansles transports del'âme, Navoïtuatteinsl'harmonie,
fais detalammela pennedesalèche.
7
11. Cettecomparaisondela poésieouzbèqueà la
croissance d’un arbrequipousse et s’étend sans cesse
autoriseàconsidèrer la poésiemoderne d’Ouzbékistan à la
fois sur leplan du contenu et surcelui delaforme. Ence
qui concerne Alisher Navoï,la poésie classiqueouzbèque
utilise et canoniselemodèle universelde cinq poèmes
épiquesnommés «Khamsa»ou «Cinq poèmes» dont chacun
est gouvernéparune des valeurs humaines de base :le bien,
le beau,lavérité,lasanté etle bonheur.Suivant cemodèle,
la poésieaété développée entantquepoésie éthique,
esthétique,philosophique,pragmatique et hédoniste. Il
est facile de classer la poésiemoderne d’Ouzbékistandans
une de ces catégories,parfois en ne changeantqu’undétail
ou un mot –par les sufixes, tandisquelabasedemeure
la même.Ainsi,parexempleletypepragmatiquedela
poésiemoderned’Ouzbékistan a rapidement changé
durantles derniers douzeans del’indépendancepassant
du« glorieux communisme »au «caractère fascinant dela
nation ouzbèqde «ue »,l’immortelLénine »à«l’éternel
Tammerlan», du «grandGorbatchov »aTu «rès grand
PrésidentKarimov ».
12.Un principepoétique fondamentalestappelé
«nazira» dontle sens estproche de «mimésis», imitation.Ce
principemultipliela poésiemoderne d’Ouzbékistanentous
sens.Cette «nazira»peutportersur le «ma’no»(le sens) ou
sur le «lafz»(l’expression).Ces deuxapproches sontplutôt
conservatricespuisqu’elles supposentquel’originalsoitresté
vivantàtraversles siècles. Ilest doncpresque impossible
de trouverdesaspectsmatériels, des éléments signalantla
modernité, et cemême dans un poèmeouzbekmoderne.
Les conceptsque génèrent ces cinqvaleursprévalent et il
8
n’y a pas de type de poème, sinon« engagé », pragmatique,
quipermettededéterminer quandil aété écrit.
Jesuis venu là où tu m’as oublié
J’attends,et
situ t’en souviens, unerivière coule entrenous…
Il y adel’herbevertesur laquellenous avons
étendu nos poitrines,
Naturellement,ellealeuri encoreune fois
et peut-être enlevénos poitrines avecsesleurs
«quellequantitéd’eau acoulé » —dis-tu,jesais
mais tu nesais pas,quel’eau necouleplus,
Parcequela rivière estigéedans son lit.
Lesépoques nebougent pas,letemps nepassepas,
levent nesouflepas,l’arbrenepoussepas,
les oiseaux nevolent pas,lebonheur neseposepas
Depuis quetu m’as laissé et oublié.
Lecorps nesent rien,l’esprit nerêvepas
Jesuis venu… etjeresteparalysé.
PahlavonTurgunov
13.Pourévitercepiège,et toutendemeurant ouzbek,
jepeuxproposerun autresymboledela«modernité
modérémentrécente »dela langueouzbèque en la
comparantàunRubikcube,qui, toutensubissant de
multiples transformations desurface,fonctionnesurun
axecentralimmuable,etpeutparvenir àuneperfection
achevée.Danslacontinuitédela poésiemoderne
d’Ouzbékistan (sinousappelonsainsicelledu vingtième
9
siècle) on peut prendren’importelequeldes qualiiantset,
surcettebase,proposer une histoiredela poésie.J’aiainsi
sélectionnéunjourdes poèmes—sur lethème ducœur
— des principaux poètes ouzbeks de chaque décennie du
vingtième siècle et, comme dans unhologramme, essayé
de voir l’image du développement complet dela poésie
soviétique d’Ouzbékistan.J’ai d’abord établi un paradigme
comparatifpour laformeouzbèque classique du ghazal qui
normalement s’établit surcinqéléments :le sujet(amoureux
oupoète),l’objet(Dieu,lafemmeaimée),leur rela