97
pages
Français
Ebooks
2012
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Publié par
Date de parution
30 novembre 2012
Nombre de lectures
9
EAN13
9782764418208
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
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30 novembre 2012
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9
EAN13
9782764418208
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Français
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1 Mo
Cantin et Isaya tome 1
Cantin et Isaya tome 1
Mathieu Foucher
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Foucher, Mathieu La Clef de voûte (Titan jeunesse)
ISBN 9782764418208
I. Titre. II. Collection.
PS8611.O834C53 2006 jC843'.6 C2006-940783-5
PS9611.O834C53 2006
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.
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Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Dépôt légal : 3 e trimestre 2006
Bibliothèque nationale du Québec
Bibliothèque nationale du Canada
Révision linguistique : Diane Martin
Mise en pages : Andréa Joseph [PageXpress]
Illustration de la carte : Carl Pelletier
Conception graphique : Karine Raymond
Conversion au format ePub : Studio C1C4
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© 2006 Éditions Québec Amérique inc.
www.quebec-amerique.com
À grand-papa et grand-maman, avec amour, pour tout le vôtre.
I C antin de T y rtel
Quatre glaçons pendaient sous la gouttière de la vieille cabane de bois. Cantin déposa à ses pieds les lièvres qu’il venait de retirer de ses collets et commença à confectionner quelques boules de neige. Une fois ses projectiles préparés, il regarda les glaçons d’un air de défi. Saisissant une première balle, il évalua la distance — une bonne dizaine de mètres — et la lança. Puis une autre, et une autre, et encore une. Coup sur coup, chacune de ses cibles, heurtée à sa base, vint se fracasser sur le petit promontoire de pierre qui s’étendait devant le bâtiment. Cantin sourit. Il était un excellent chasseur, très habile pour ses quatorze ans. Il était déjà parvenu à assommer un jeune cerf d’un seul jet de pierre pour démontrer son adresse à ses copains qui n’utilisaient que leurs arcs.
L’adolescent attrapa la courroie à laquelle était attaché son gibier et avança vers la porte de la cabane en sifflotant. Cette porte était beaucoup trop grande, et même disproportionnée par rapport à ce qu’on aurait pu croire nécessaire pour une simple cabane construite à flanc de falaise — une falaise par ailleurs immense, haute de plus d’une centaine de mètres. Les dimensions du portail ne constituaient toutefois pas l’unique détail étrange. En effet, la porte ne possédait ni poignée ni serrure qui permît de l’ouvrir et les fenêtres, elles, étaient condamnées. Le bois dont était fait le bâtiment, bien qu’il pût sembler décrépit au premier abord, était quant à lui lisse et sans nœuds. Il avait même, sous les rayons du soleil matinal, des reflets argentés qui lui conféraient un aspect métallique assez insolite.
Cantin retira un de ses gants et porta la main à son cou. Il sortit de son manteau de fourrure une chaîne en or à l’extrémité de laquelle on pouvait apercevoir un pendentif étrange. Cet objet, d’un rouge vif et incurvé en forme de « U », il le porta à sa bouche et le mordit. Tout de suite, un déclic se fit entendre. Le bruit se répercuta en écho contre la falaise et perturba le silence de la plaine gelée, apeurant quelques oiseaux qui s’envolèrent en criant.
La porte s’ouvrit lentement, en émettant un grondement sourd et régulier. Cantin replaça son pendentif dans son manteau, gravit les quatre marches qui le séparaient de l’embrasure, puis entra dans la cabane. Celle-ci ne comptait qu’une grande pièce et, si on excluait les rongeurs et les araignées — il y avait des squelettes de rats sur le sol et des toiles d’araignée dans tous les coins —, elle était absolument vide. On remarquait bien, dans le mur ouest, un foyer en pierre, mais il était grillagé et ne paraissait pas avoir été utilisé depuis des lustres. Le seul indice d’activité résidait dans la poussière qui recouvrait le sol : des traces de pas formaient une sorte de sentier qui rejoignait une ouverture pratiquée dans la paroi rocheuse contre laquelle était érigée la cabane.
Cantin se dirigea vers cette ouverture et pénétra dans une galerie creusée à même le roc. Derrière lui, le mécanisme de la porte se fit entendre, menaçant de l’enfermer dans l’obscurité. Sans paraître troublé, l’adolescent avança de quelques pas et saisit, dans une cavité, une tige ronde faite d’un métal cuivré et de la longueur de son avant-bras. Il la cogna contre le mur — deux coups rapides, puis un autre — et elle s’illumina, baignant le tunnel d’une lumière blanche. Cantin se mit alors à marcher, sifflotant toujours, malgré l’atmosphère glauque et humide du souterrain. Au bout d’une dizaine de minutes, et après quelques fourches, de nombreux coudes et plusieurs portails, tous déjà ouverts, le tunnel fit place à un escalier en colimaçon qu’il gravit.
S’étant amusé à les compter quelques mois auparavant, il savait qu’il y avait mille huit cent quatre-vingt-six marches à monter. Arrivé en haut, Cantin, essoufflé, buta contre une porte en bois massif renforcée de plaques d’acier. Il sortit une longue clef de sa poche. Dotée d’une dentelure fine et complexe, elle avait visiblement été conçue pour rendre toute copie très ardue. L’adolescent déverrouilla la serrure, ouvrit la lourde porte et, écartant d’un ou deux centimètres une tenture, constata que la pièce était vide. Il entra alors dans sa chambre et tourna le verrou derrière lui.
Lorsque, l’année précédente, Cantin avait réclamé cet appartement à sa mère, celle-ci avait d’abord refusé, décrétant qu’occuper une pièce dans laquelle donnait un des anciens passages secrets de la forteresse était trop dangereux. Pour sa part, il avait su qu’il ne s’agissait là que d’un prétexte. Après tout, le royaume était en paix depuis près de cent ans et il y avait peu de criminalité. Cantin avait compris qu’elle voulait simplement être en mesure de surveiller ses allées et venues, et cela l’avait fait bouillir de colère. Il allait s’emporter quand son père, qui se trouvait dans la pièce attenante, était entré et lui avait adressé un clin d’œil que sa mère n’avait pu voir. Cela l’avait calmé et il s’était retenu, sachant qu’il venait de gagner un allié inattendu.
De toute manière, s’il avait laissé éclater son irritation, il ne serait arrivé à rien, à part peut-être se soulager un peu et récolter une autre punition ennuyeuse, comme plumer la volaille aux cuisines. Quoiqu’il dût avouer que, ces derniers temps, les choses s’étaient améliorées : sa mère, qui avait détesté cette corvée dans sa jeunesse, s’était mis en tête que l’envoyer travailler aux écuries était le pire des châtiments. Cela le faisait bien rigoler car, lui, adorait s’occuper des chevaux et, en particulier, d’Achmas, son jeune étalon.
Toujours est-il que, le soir même, son père était venu lui porter les clefs de la chambre et du passage, lui faisant promettre de ne l’utiliser que pour lui seul et de ne jamais en révéler l’emplacement à qui que ce soit. Selon les règles de sécurité qui dataient de la Sixième Guerre, au siècle passé, seuls les membres de la famille de Tyrtel pouvaient être mis au courant de ces dispositifs de sécurité. Devant l’air dubitatif de Cantin — de vieux règlements arriérés et inutiles, qu’est-ce que cela pouvait bien faire ? —, son père lui avait expliqué qu’il comprenait son envie d’entrer et de sortir incognito de la forteresse : il vieillissait, c’était de son âge, mais justement il devait aussi se montrer plus responsable et respecter cette précaution. L’adolescent avait hoché la tête en guise d’assentiment et, à ce jour, n’avait pas trahi la confiance de son père. Cela, même s’il eût été tellement moins long pour lui et ses copains de passer par là pour aller dans la prairie, à la rivière ou à la ville de Briand…
Cantin déposa ses lièvres sur une table basse. Sa chambre, sans être immense, était grande et méticuleusement ordonnée, ce qui n’était pas son fait, mais plutôt celui de Joan, son valet, qui rangeait tout derrière lui, ignorant ainsi les récriminations de son protégé qui enviait le capharnaüm de ses cop