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Publié par
Nombre de lectures
2
EAN13
9782889301300
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
« Dans l’horlogerie suisse, la tradition, c’est le savoir-faire », m’avait fait remarquer un horloger sur un stand de la Foire professionnelle de Bâle. « Seulement, avait-il poursuivi, ce savoir est secret. C’est notre arme la plus efficace pour nous différencier des concurrents. Vous, l’anthropologue, vous n’y aurez pas accès ! »
J’ai eu beau multiplier les prises de contact et les tentatives de rencontre avec les acteurs de la branche, il est vrai que, partout, je me suis cogné au secret et à ses multiples manifestations : silences, rétention d’informations, clauses de confidentialité, propriété intellectuelle, restriction d’accès, exclusivité... À force de persévérance, je suis finalement parvenu à mener un travail d’immersion de quatre années dans ce monde.
Situé à la croisée de l’anthropologie des savoirs, des techniques et du patrimoine, le présent ouvrage propose une analyse complète de l’industrie horlogère helvétique en restituant le point de vue des gens qui la vivent au quotidien et en faisant apparaître une des tensions qui l’anime actuellement. Alors qu’il n’a jamais autant été question de transmission du savoir-faire et de patrimoine, nombreux sont les horlogers qui s’inquiètent pour la passation de leur métier et de ses spécificités dont ils craignent la perte inéluctable. Posant un regard sur l’actualité et l’histoire récente de cette industrie, ce livre est une invitation à comprendre ce qui a progressivement façonné un tel état de fait.
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EAN13
9782889301300
Langue
Français
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3 Mo
Couverture
4e de couverture
C OLLECTION HISTOIRE ET HORLOGERIE
La collection Histoire & Horlogerie a pour but de développer la recherche en histoire de l’horlogerie et d’en diffuser les résultats.
Elle vise à une meilleure connaissance des processus sociaux, économiques, techniques et culturels qui touchen t les personnes et institutions qui participent à l’industrie horlogère. La collection est dirigée par Pierre-Yves Donzé.
D ANS LA MÊME COLLECTION
1. D ONZÉ Pierre-Yves, Les patrons horlogers de La Chaux-de-Fonds. Dynamique sociale d’une élite industrielle (1840-1920).
2. L INDER Patrick, De l’atelier à l’usine : l’horlogerie à Saint-Imier (1865-1918). Histoire d’un district industriel. Organisation et technologie : un système en mutation.
3. B URKI Aline et E BEL Léana, « À l’heure des petites mains … ». L’embauche d’ouvrières italiennes : enjeux d’une politique d’emploi sexuée dans l’horlogerie, 1946-1962.
4. D ONZÉ Pierre-Yves, Histoire de l’industrie horlogère suisse, de Jacques David à Nicolas Hayek (1850-2000) .
5. D ONZÉ Pierre-Yves, « Rattraper et dépasser la Suisse ». Histoire de l’industrie horlogère japonaise de 1850 à nos jours.
6. L ACHAT Stéphanie, Les pionnières du temps. Vies professionnelles et familiales des ouvrières de l’industrie horlogère suisse (1870-1970).
Titre
H ERVÉ M UNZ
L A TRANSMISSION EN JEU
A PPRENDRE, PRATIQUER, PATRIMONIALISER L’HORLOGERIE EN S UISSE
C OLLECTION HISTOIRE ET HORLOGERIE É DITIONS A LPHIL -P RESSES UNIVERSITAIRES SUISSES
Copyright
Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2016 Case postale 5 2002 Neuchâtel 2 Suisse
www.alphil.ch
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
ISBN EPUB : 978-2-88930-130-0
Ce livre a été publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scienti fique dans le cadre du projet OAPEN-CH.
Illustration de couverture : Carl Labrosse, sur la base d’un dessin de rouage conçu par l’illustratrice/calligraphe Florence Gendre.
Photo d’auteur : Yago Portal, Common Raccoon .
Responsable d’édition : Sandra Lena
À Manfred et Françoise Munz
R EMERCIEMENTS
I l serait illusoire de vouloir mentionner tous les gens qui, par l’aide et le soutien qu’ils m’ont apportés, devraient être remerciés. Quelques noms sont succinctement évoqués ici. J’éprouve un sentiment de reconnaissance à l’égard d’Ellen Hertz, ma codirectrice de thèse, pour sa confiance et son accompagnement. Elle a su me rappeler, en temps opportun, qu’il n’ y avait pas de « bonnes » thèses mais que des thèses finies. À mon codirecteur de thèse, Philippe Geslin, je formule ma gratitude pour son rôle dans ma découverte de l’ univers des objets en mouvement. Par leur pertinence et leur accessibilité, les trois professeurs membres de mon jury de thèse ont nourri ma réflexion au cours d’échanges stimulants. Que Regina Bendix, Trevor Marchand et Laurent Tissot se voient cordialement remerciés pour leur implication dans mon travail.
Mon estime va à des centaines de personnes dans le monde horloger. Je me limiterai toutefois à citer quelques-unes d’entre elles : Jürg pour la générosité de ses accueils dans son atelier au cours de quatre années d’échange ; Dave pour sa chaleureuse compagnie, son ouverture d’esprit et sa patience. Je suis fier d’avoir terminé cette recherche en ayant gagné un ami ; les enseignantes et enseignants, apprenties et apprentis et directeurs des écoles d’horlogerie du Locle, de Porrentruy ainsi que de Genève et de la Vallée de Joux : merci en particulier à P-A. Hartmann, Sylvain V., Pascal L., Yves A., Valentin J., Cédric A. et Cie, J. Theurillat, Camille C. et Cie, L. Bachelard et P. Amstutz ; les horlogers Marc R., Samuel L., Vincent C. et Ricky L. ; les équipes ancienne et nouvelle du Musée international d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds ainsi que les représentant(e) s de la Convention patronale de l’industrie horlogère .
Je ne saurais oublier de rendre hommage à mes collègues et ami(e)s de l’Institut d’ ethnologie de l’Université de Neuchâtel, du Musée d’ethnographie de Neuchâtel et du projet Midas : Julie, Clara, Alice, Julien, Marie-Cécile, Maude, Agniezska, Andrea, Yann, Grégoire, Silke, Miriam, Patricia, Valérie et Raymonde. Un clin d’œil complice adressé à Jérémie V., Laurier T., Jean-François B., Salvatore B., Joël J. et Mokhtar M. sans oublier Alain Cortat et Sandra Lena, des Éditions Alphil. Une pensée sincère à l’intention de Rocio, de ses parents Modesta et Evaristo et de Suzanne Strauss.
Merci au pluriel : à José qui a été un inestimable référent dans ma trajectoire de vie ; à mes ami(e)s de cœur anciens et récents que sont Lydie R., Stéphanie N., Christine M. et Jean-Pierre V- E. ; à Étienne H., pour avoir contribué à me donner le goût de l’ethnologie. La présence de Caro R. a été un inestimable soutien et un plaisir au cours de ces dernières années. Je lui suis redevable d’une multitude d’échanges dont l’écho a transformé mon horizon d’attente et m’a aidé à parvenir au terme de cette aventure doctorale et éditoriale avec un sentiment de joie et de satisfaction.
À tous les membres de ma famille, et en particulier à mes sœurs Anne-Christine et Carole, je transmets de vifs et chaleureux remerciements pour m’ avoir encouragé tout au long de mon parcours et avoir été de précieux relais dans mes travaux de maturation personnelle et professionnelle. Une accolade toute particulière à Tim, mon neveu préféré, pour son affectueux compagnonnage, son écoute et son tact. Ma profonde reconnaissance à l’adresse de mes relectrices et relecteurs pour la rapidité et la qualité de leur travail : Françoise M., Carole V., Julie P., Julien V., Delphine G., Raymonde W., Carolina F., José T., Nora M. et José C.
J’adresse enfin une attention toute particulière à mes parents, Manfred et Françoise. Leur respect et leur soutien inconditionnels dans mes choix de carrière ont été de merveilleuses preuves d’amour. Cet ouvrage leur est dédié en témoignage de ma tendresse, que rien ne saura effacer, pas même les facéties soudaines de la vie.
N OTES PRÉLIMINAIRES
L e présent ouvrage est une version condensée de ma thèse de doctorat 1 intitulée Les chair(e)s de transmission : apprendre, pratiquer, patrimonialiser l ’horlogerie en Suisse (Munz 2015c), défendue le 31 mars 2015 à l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel . Fruit d’une enquête ethnographique de quatre années (2009-2013) dans le monde de l’horlogerie en Suisse, ce travail de thèse a été mené dans le cadre de deux projets de recherche interdisciplinaires financés par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNRS) et coordonnés par l’Institut d’ethnologie de l’Université de Neuchâtel. Ces projets se sont déroulés sur des périodes de trente-six et dix- huit mois et ont été respectivement nommés « Intangible Cultural Heritage : The Midas Touch ? » (FNCRSI11-127570/1, professeure requérante Ellen Hertz) et « Intangible Cultural Heritage in Switzerland : Whispered Words » FNCRSI11-141927/1, professeure requérante Ellen Hertz). Ils ont réuni des anthropologues, des sociologues, des muséologues et des linguistes issus de diverses universités et hautes écoles suisses pour questionner la mise en place de la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (PCI) de l ’UNESCO (ci-après la Convention) dans le contexte helvétique et les différentes listes d’inventaire qui en ont émané.
Cet ouvrage a été rédigé avec le souci d’adopter une perspective épicène, raison pour laquelle l’usage du masculin universel devrait en principe être révoqué au profit de la mention systématique des deux genres. Je me résous toutefois à l ’employer afin de rendre la lecture de l’ouvrage plus aisée tout en demandant instamment aux lecteurs de bien vouloir lui attribuer une valeur épicène. Lorsque les descriptions proposées ne vaudront pas invariablement pour les deux genres, j’en ferai une mention explicite.
Au fil du texte, un double système de guillemets est utilisé à partir du modèle rédactionnel de la revue Ethnographiques.org 2 . Les guillemets français, « ... », indiquent les citations d’auteurs ainsi que les discours et expressions des personnes rencontrées. Les guillemets anglais, “...”, accompagnent les citations insérées dans les phrases du discours direct annoncées par deux points et l’ouverture des guillemets français ou signalent une prise de distance par rapport au mot, à l’expression sur lesquels ils portent. À ce propos, mon travail n’a pas consisté à définir ce qui relevait du « patrimoine », de la « tradition » ou du « savoir-faire » dans l’horlogerie en Suisse mais à rapporter le point de vue des acteurs sociaux qui les employaient. Je ne me suis donc jamais autorisé à voir du « patrimoine » ou de la « tradition » dans ce qui n’était pas explicitement désigné comme tel par un individu ou un groupe d’individus. Si, dans la suite du texte, je suis conduit à ne pas systématiquement joindre des guillemets à ces termes, je prie les lecteurs de bien vouloir en munir chacune de leurs occurrences afin de marquer leur statut de citations.
Les matériaux collectés lors des temps d’observation et d’entretiens menés en privé ne m’enjoignent pas de citer nommément les gens ou les organisations rencontrés. Afin de protéger mes informateurs, je leur garantis l’anonymat et fais usage de leurs propos en les rapportant à des noms fictifs. Lorsqu’il s’agit de gens avec qui j’ai eu un échange personnel, j’ ai joint la plupart du temps à leurs noms d’ emprunt quelques informations à caractère sociologique telles que leur âge et leur profession. Je ne cite les marques et les groupes horlogers, leurs collaborateurs ainsi que les artisans indépendants ‒ formule que je définis plus loin ‒ par leur nom que lorsque j’analyse les documents que ces organisations ou ces personnes ont versés dans l’espace public (sites internet, supports de communication visuelle, prospectus publicita