128
pages
Français
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2015
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Publié par
Date de parution
24 juin 2015
Nombre de lectures
144
EAN13
9791022500678
Langue
Français
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24 juin 2015
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Français
Les Éditions Albouraq
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Tous droits de reproduction, d’adaptation ou de traduction par quelque procédé que ce soit, sont réservés pour tous les pays à l’Éditeur.
1432-2011
ISBN 978-2-84161-519-3 - EAN 9782841615193
Émîr ‘Abd Al-Qâdir Al-Jazâ’irî
Le Livre des Haltes
Kitâb al-Mawâqif
Traduction, introduction et annotation par Max GIRAUD
T OME I
Transcription des lettres arabes
Nous adoptons une transcription simplifiée. Pour les citations nous respectons les transcriptions des auteurs.
« Nous n’avons rien omis dans le Livre » (Cor. 6, 38).
INTRODUCTION
La vie de l’Émîr ‘Abd al-Qâdir al-Jazâ’irî (Abd el-Kader l’Algérien), sous le rapport des faits historiques, est depuis longtemps assez bien connue, quoiqu’elle comporte encore certaines zones d’ombre sur lesquelles les historiens disputent âprement selon leurs préoccupations personnelles, voire leurs préjugés. Par exemple, le point de vue qui tend à enfermer l’Émîr dans un rôle exclusif de résistant à l’occupation française pour le présenter, dans une perspective nationaliste, avant tout comme le fondateur de l’état algérien moderne, comporte de graves limitations, et oblige ceux qui s’y attachent à des distorsions de la réalité par trop flagrantes 1 . D’autres, sans doute gênés par l’engagement de l’Émîr dans le Soufisme, par la hardiesse de ses intuitions et de ses expressions, en sont venus à mettre en cause l’attribution du Kitâb al-Mawâqif à ce Maître 2 .
Du fait de l’abondance des études historiques concernant la vie de l’Émîr, nous ne nous préoccuperons pas ici de cet aspect. Nous indiquerons cependant que la destinée remarquable de l’Émîr − contemplatif engagé dans l’action 3 − mériterait certainement une étude symbolique reliant les événements de son histoire à ceux de la vie du Prophète de l’Islam, qui était son parent et son modèle, ou à la vie de prophètes antérieurs 4 . On y trouverait aussi sûrement des correspondances rattachant sa figure à celles de personnages transhistoriques ou mythiques, expressions d’archétypes éternels.
Notre intérêt pour l’Émîr concerne ce que l’on doit considérer comme l’essentiel, à savoir la doctrine et les implications initiatiques de ses écrits : à travers eux, il apparaît, sans la moindre hésitation, comme l’une des plus hautes autorités, sous le rapport de la réalisation métaphysique 5 . Le présent travail s’inscrit dans un “courant” qui se développe seulement depuis quelques décennies en Europe, et qui se manifeste par un intérêt véritable pour les écrits initiatiques et la doctrine métaphysique de l’Émîr. Cette attention se remarque chez des auteurs dont le rattachement au Soufisme résulte principalement, à un degré ou à un autre, de l’influence exercée sur eux par l’œuvre de René Guénon et, pour certains, de leur contact direct avec Michel Vâlsan.
L’étude du Livre des Haltes permet d’apprécier l’extraordinaire affinité entre les doctrines exposées par l’Émîr et celles provenant de Muhyî al-Dîn Ibn ‘Arabî, appelé aussi Al-Shaykh al-Akbar , “Le plus grand Maître” 6 . Il faut entendre le terme d’“affinité” au sens fort et “technique”, car il ne s’agit pas ici de référence purement mentale, mais bien d’un lien spirituel direct, vivant et vivificateur, entre un “maître” et un “disciple”, fût-ce à travers les siècles. Ce point a été mis en valeur par Michel Chodkiewicz dans l’introduction à sa traduction, ce qui nous dispense d’y revenir 7 .
L’apport d’Ibn ‘Arabî inclut en outre, chez l’Émîr, la référence constante aux écrits laissés par de nombreux maîtres de l’école dite “akbarienne”. Certains sont cités nommément 8 , mais il arrive que des extraits de leurs œuvres soient repris directement, sans référence nominale, et intégrés dans une “Halte”. Dans ce domaine, il faut ajouter aussi que les citations des Mawâqif renvoyant à des passages des œuvres d’Ibn ‘Arabî sont parfois imprécises, et les textes tirés notamment des Futûhât al-Makkiyyah ne coïncident pas tout à fait avec ceux reproduits dans les éditions successives de cet ouvrage et les manuscrits, ce qui s’explique vraisemblablement par les particularités d’un enseignement avant tout oral dont sont nées les Mawâqif .
Chez l’Émîr, comme chez Ibn ‘Arabî où c’est encore plus flagrant, il n’y a pas uniformité absolue dans la présentation doctrinale, et l’on peut être surpris de constater des différences parfois importantes dans le traitement des sujets qui résistent à toute présentation “systématique”. Ainsi, les degrés de la Réalité, ses “autodéterminations”, si l’on veut, ne reçoivent pas toujours le même nom. Il peut arriver aussi qu’un même nom soit donné à des degrés différents. Il est donc nécessaire de rechercher la raison de ces apparentes anomalies ou contradictions. Nous aurons l’occasion d’approfondir ce point dans nos traductions futures.
Il nous faut répéter, après ceux qui en ont déjà fait la remarque, que l’œuvre de l’Émîr est une excellente “préparation” à l’étude d’Ibn ‘Arabî, celle-ci étant plus difficile à comprendre, pour de multiples raisons que nous ne pouvons songer à expliquer ici. Cependant, ‘Abd al-Qâdir ne se contente pas de compiler servilement les textes de son illustre Maître ; il s’exprime incontestablement à partir d’une réalisation spirituelle personnelle assistée intérieurement et formellement par l’“esprit” du Shaykh al-Akbar. Son langage est plus proche du nôtre, et il a, par ailleurs, bénéficié des travaux de synthèse de ses prédécesseurs 9 .
Notre annotation s’appuiera autant que possible sur des références à Ibn ‘Arabî 10 et aux maîtres de son “école”, et l’on peut sans hésitation compter parmi eux Michel Vâlsan, Shaykh Mustafâ ‘Abd al-‘Azîz, premier traducteur et commentateur compétent des œuvres du Shaykh al-Akbar en langue occidentale 11 , qui bénéficia, comme l’Émîr, d’une véritable affinité et d’un lien spirituel direct avec “le plus grand Maître” : lors d’un “événement” spirituel, il est resté trois jours et trois nuits “cœur à cœur” avec le Shaykh al-Akbar 12 . Il sut, grâce à sa position de confluence entre l’œuvre d’Ibn ‘Arabî et celle de René Guénon, faire ressortir de l’imposant corpus akbarien, entre autres, les thèmes cruciaux indispensables à la connaissance doctrinale couplée au cheminement initiatique, pour le plus grand profit de ceux qui, à un degré ou un autre, ont reconnu sa fonction dans ces deux ordres. Ce fait, à lui seul, et au vu de l’immensité de l’océan des sciences délivrées par le Shaykh al-Akbar, révèle l’inspiration dont bénéficiait Michel Vâlsan.
Michel Chodkiewicz, dans son introduction aux Écrits spirituels de l’Émîr, a fait ressortir le thème de « l’“universalité” akbarienne » présente aussi chez ‘Abd al-Qâdir. Charles-André Gilis, à la fin de son introduction aux Poèmes métaphysiques , est revenu sur le sujet en insistant sur la fonction “abrahamique” de l’Émîr et sa relation avec la fonction de René Guénon. Ahmed Bouyerdene, dans son ouvrage précité