Je n'écris pas pour ceux qui viennent après moi. Ce n'est pas à eux que je pense. Cela m'étonne, mais c'est ainsi. C'est une chose curieuse et qui me surprend moi-même. Ceux auxquels je pense en écrivant sont soit des disparus soit mes aînés. De plus en plus des premiers et de moins en moins des seconds. Est-ce que j'éprouve le besoin de me justifier, de me racheter à leurs yeux? Ce pourrait être alors inconscient, et je ne puis en parler en connaissance de cause. Quoi qu'il en soit, avec le temps qui passe, je m'adresse de plus en plus à des mânes immatériels. Au-delà de cette affirmation, n'est-ce pas aussi pour les vivants, les contemporains, qu'écrit R. Collas? Il y a en effet dans ce second volume des "Pensées graves et burlesques" des accents moralistes indéniables. Moralistes, non au sens de donneurs de leçons... mais selon l'acceptation philosophique du terme, qui réfère à l'analyse de nos moeurs et comportements, obsessions et attentes. Société, politique, religion, histoire, relations hommes/femmes... ces grands sujets forment ainsi le matériau que pense et repense l'auteur dans un ouvrage composé cette fois-ci dans une prose ample et fluide, qui privilégie le déroulement, tout en souplesse, légèreté et amusement, des réflexions.
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