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Cet ouvrage évoque en dix-sept chapitres les auteurs qui, à des titres et dans des contextes divers, ont participé à lémergence de la comptabilité moderne.
Chacun de ces « grands » auteurs est situé dans son époque et sa contribution à la théorie, à la pratique ou à l’enseignement de la comptabilité est interprétée par référence au contexte culturel, économique et social de cette époque.
Plus qu’une galerie de portraits d’auteurs, plus ou moins connus, cet ouvrage se veut un retour aux sources et l’esquisse d’une histoire de la pensée comptable qui va de l’illustre florentin Luca Pacioli jusqu’aux grands chercheurs contemporains, anglo-saxons.
Les étudiants, les chercheurs et les praticiens y trouveront les origines de concepts et de méthodes encore souvent débattus. Peut-être seront-ils par exemple surpris d’apprendre, que dès la fin du XIXe siècle, le concept de « juste valeur » ou de valeur de marché avait, comme aujourd’hui, ses farouches détracteurs et ses fervents défenseurs.
Comme souvent, ainsi que le lecteur le découvrira au fil des pages de cet ouvrage, l’histoire de la pensée peut éclairer et relativiser les débats du présent.
Les grands auteurs en comptabilité
Bernard COLASSE
Le logo qui figure sur la couverture de ce livre mérite une explication. Son objet est d’alerter le lecteur sur la menace que représente pour l’avenir de l’écrit, tout particulièrement dans le domaine du droit, d’économie et de gestion, le développement massif du photocopillage. Le Code de la propriété intellectuelle du 1 er juillet 1992 interdit en effet expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants droit. Or, cette pratique s’est généralisée dans les établissements d’enseignement supérieur, provoquant une baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité même pour les auteurs de créer des œuvres nouvelles et de les faire éditer correctement est aujourd’hui menacée.
© Éditions EMS, 2005
Nous rappelons donc qu’il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement sur quelque support que ce soit le présent ouvrage sans autorisation de l’auteur, de son éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC), 3, rue Hautefeuille, 75006 Paris (Code de la propriété intellectuelle, articles L. 122-4, L. 122-5 et L. 335-2).
9782847690330
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Introduction : - éléments pour une histoire de la pensée comptable I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII Les auteurs
Introduction :
éléments pour une histoire de la pensée comptable
Qui nierait que l’illustre moine franciscain Luca Pacioli (1447-1517), dont Pierre Jouanique évoque la figure dans cet ouvrage, ne soit un grand auteur comptable ? Et pourtant… Il était incontestablement plus mathématicien (ou « arithméticien ») que comptable et, somme toute, il s’est borné à transcrire dans un chapitre de sa célèbre Summa de Arithmetica, Geometria, Proportioni & Proportionalita (1494) la comptabilité de son temps, qu’il a su observer très finement pendant son séjour dans une famille de marchands vénitiens mais n’a jamais pratiquée. Ajoutons à cela qu’à la différence d’un Benedetto Cotrugli Raugeo, dont l’ouvrage de 1458 n’a été publié qu’en 1573, il a eu la chance que son ouvrage soit le premier du genre à être imprimé. Ajoutons encore qu’après 1514, sa trace comptable se perd jusqu’à ce que, deuxième chance, il soit redécouvert en 1869 par un professeur italien de comptabilité 1 . On en vient donc à relativiser la notion de « grand auteur en comptabilité ».
Et nous avons sans aucun doute établi la liste des dix-sept auteurs ou couple d’auteurs (il est des inséparables) dans la littérature comptable présentés dans cet ouvrage d’une façon qui pourra paraître très subjective et quelque peu arbitraire, en fonction de notre connaissance (lacunaire) de la littérature comptable mondiale, une littérature dont la Bibliographie Méthodique de Reymondin (1908) relative aux seuls ouvrages de langue française publiés de 1543 à 1908, montre l’importance quantitative, en fonction également des discussions que nous avons eues sur le sujet avec des collègues français et étrangers.
Pour les auteurs de la fin du XX e siècle, nous aurions certes pu nous appuyer sur les études bibliométriques existantes mais, comme on le sait, de nombreux biais affectent ces études et le moindre d’entre eux n’est pas le fait que ces études ne retiennent que les seules recherches en langue anglaise. Écrire dans une autre langue que l’anglais condamnerait donc à ne pas être un grand auteur comptable. Nous avons voulu remédier à cette lacune et à cette injustice en introduisant dans notre liste des auteurs qui n’ont pas écrit en anglais mais qui sont reconnus dans leurs pays respectifs, voire hors de leur pays, comme de grands auteurs, tels les Allemands Simon, Schmalenbach et Schmidt, le Néerlandais Limperg, l’Italien Zappa, le Japonais Kurosawa et quelques auteurs français…
Bien sûr, nous avons sans aucun doute oublié de nombreux « grands auteurs » ; espérons seulement que ceux que nous avons retenus ne sont pas « les moins grands ».
Nous avons en définitive tenté de suivre à travers quelques auteurs, et dans l’ordre chronologique de leur naissance, le cheminement de la pensée comptable sur cinq siècles, en commençant par Pacioli lui-même, et sur les différents continents, sans nous limiter à l’Amérique du Nord. En ce sens, cet ouvrage pose, de façon à la fois modeste et très ambitieuse, quelques jalons pour une histoire mondiale de la pensée comptable.
Les vulgarisateurs de la partie double
Nous parcourons allègrement les XVI e , XVII e et XVIII e siècles qui voient de nombreux auteurs diffuser la partie double à travers toute l’Europe. Quatre auteurs que l’on peut réunir avec Vlaemminck dans une « École française de la comptabilité » 2 participent activement à cette diffusion et ont retenu notre attention : Matthieu de la Porte, Jacques Savary et les Degrange, père et fils.
Selon Yannick Lemarchand, La science des négociants et teneurs de livres (1704), le livre de Matthieu de La Porte est le premier manuel moderne de comptabilité édité en France : « On y trouve notamment l’une des toutes premières classifications des comptes, classification que reprendront, sans en connaître les origines, de brillants théoriciens comptables français de la première moitié du XX e siècle ».
Dans le même chapitre du présent ouvrage, Yannick Lemarchand présente Jacques Savary (1622-1690), l’auteur du Parfait négociant (1675) et l’inspirateur de la célèbre Ordonnance de Colbert (1673). Certes, il n’est pas à vraiment parler un « grand auteur en comptabilité » (à nouveau, qu’est-ce qu’un « grand auteur » ?) mais ses prescriptions en matière d’évaluation à l’inventaire lui vaudront une très large audience, en France et dans les pays limitrophes, notamment en Allemagne. Et son ouvrage, comme celui de Matthieu de la Porte, sera réédité tout au long du XVIII e siècle et contribuera à la diffusion du savoir comptable et, on peut en faire l’hypothèse, à l’amélioration des pratiques.
Edmond Degrange Père (1763-1818) est, selon Marc Nikitin, plus qu’un vulgarisateur efficace de la comptabilité en parties doubles. Il montre que celle-ci, mise au point pour et par des négociants peut également s’adapter aux besoins d’information des industriels, des receveurs généraux, des agents de changes… Son fils, après sa mort en 1818, poursuit son œuvre et lui ajoute un complément en étendant la partie double à la comptabilité agricole.
Les premiers « théoriciens » de la comptabilité
Comme l’expression « grand auteur », celle de « théoricien » de la comptabilité est sujette à caution. Disons que nous l’employons pour désigner ces auteurs qui, à partir du XIX e siècle accorde un peu moins d’attention à la comptabilité en tant qu’instrument d’enregistrement et davantage à elle en tant qu’instrument de modélisation, posant donc des problèmes de représentation et d’évaluation.
Eugène Léautey (1845- ?) et Adolphe Guilbaut (1819-1996) appartiennent à cette catégorie d’auteurs. Leur ouvrage commun, La science des comptes mise à la portée de tous. Traité théorique et pratique de comptabilité domestique, commerciale, financière et agricole , publié pour la première en 1889 a été réédité une trentaine de fois ! Avec une ambition quelque peu scientiste qui transparaît dans le titre même de leur ouvrage, ils s’efforcent de préciser et d’uniformiser le langage comptable, et de « mathématiser » le raisonnement comptable. Ils proposeront également des « modèles » de bilan et de compte de résultat qui anticipent la normalisation des états financiers.
Les trois grands de la pensée comptable allemande de la fin du XIX e et du début du XX e siècle, Herman Veit Simon (1856-1914), Eugen Schmalenbach (1873-1955) et Fritz Schmidt (1882-1950), vont poser, comme le montre Jacques Richard, les termes d’un débat doctrinal qui se poursuit encore aujourd’hui à l’heure de la fair value et n’est pas prêt de s’éteindre. Ce débat oppose les tenants d’une comptabilité dite statique, orientée par l’élaboration du bilan, à ceux d’une comptabilité dite dynamique, orientée par l’élaboration du compte de résultat. La comptabilité en fair value qui est aujourd’hui proposée par l’IASB peut être considérée comme une comptabilité statique.
L’apport de Jean Dumarchey (1874-1946) est plus pédagogique mais il marque encore aujourd’hui l’enseignement de la comptabilité. Dans sa Théorie positive de la comptabilité (1914), il fait du bilan le point focal de la démarche comptable et fournit une interprétation de la mécanique de la partie