L'enfant du siècle se souvient , livre ebook

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L’enfant du siècle se souvient, ce ne sont pas seulement les souvenirs d’un homme de 98 ans servi par une belle mémoire, son attachement très fort au territoire des Vosges et la sauvegarde d’une abondante correspondance. C’est le témoignage d’un homme d’exception issu de cette France rurale, au lendemain de la Première Guerre mondiale, jusqu’au monde d’aujourd’hui. Un récit passionnant, nous faisant traverser des époques si différentes. L’amour y tient une place centrale : l’amour pour son épouse, pour ses élèves, pour son pays, assorti d’une grande passion pour les arts. Les descriptions des personnages, des situations, des paysages sont un bonheur à parcourir et nous plongent comme les dictées de notre enfance dans un monde passionnant. C’est un livre plein d’émotions et d’enseignements où l’enfance, la guerre, les chantiers de jeunesse, la résistance, la déportation à Auschwitz puis les Trente Glorieuses et les révolutions technologiques nous amènent à une réflexion moderne sur l’avenir de notre société, la politique, et à cet appel : « Alors courage, Réinventez l’histoire ! »


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Publié par

Date de parution

16 janvier 2018

Nombre de lectures

23

EAN13

9782317018473

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Mémoires de Marcel Thomas
L'enfant du siècle se souvient
Table des matières
Avant-propos
PREMIÈRE PARTIE - L'ENRACINEMENT VOSGIEN
Chapitre I - Expériences d'enfance
Les Vosges au cœur de ma prime enfance (1919-1926)
En Haute-Saône, au château de M. de la Gabbe (1926-1929)
À Saint-Maurice-sur-Moselle. Le certificat d'études !
Chapitre II - Une studieuse adolescence
La vie au Cours complémentaire du Thillot (1931-1936)
De l'École normale de Mirecourt à la PMS (1936-1939)
DEUXIÈME PARTIE - L'ÂGE ADULTE ET LES ANNÉES DE GUERRE
Chapitre III - Les apprentissages d'une vie d'homme
Gerbépal-Martimpré. Mon premier poste et mon unique amour
Les expériences de l'EOR Thomas
À l'instruction au camp d'Auvours dans l'hiver 1939-1940
Chasseur alpin ! (de mai à septembre 1940)
Chapitre IV - La mission des Chantiers de la Jeunesse Française
L'appel du général de La Porte du Theil
L'installation de mes ‘jeunes de France' au Mont Caroux
Une formation physique et morale de plein vent
Le groupement 25 au camp modèle du Vernazoubre
Le tournant de 1942. Nos camps sur le qui-vive
Repli sur la petite ville de Mauriac (Cantal)
De la fraude au STO à l'engagement aux maquis
Chapitre V - Retour dans les Vosges, résistance armée et déportation (septembre 1943-9 mai 1945)
Les retrouvailles. Mariage avec Janette le 7 février 1944
La résistance armée au maquis de Corcieux
Arrestation (27 octobre 1944) et déportation
TROISIÈME PARTIE - AVEC JANETTE SUR LES CHEMINS DE LA VIE
Chapitre VI - Notre vie professionnelle, de 1945 à 1978
Premiers pas à Martimpré-Corcieux dans l'immédiat après-guerre
Heurs et malheurs du temps de la Reconstruction (1946-1954)
Un nouveau groupe scolaire et cent activités !
Poterie, créations… La céramique vosgienne à l'honneur
La France en ce temps-là, le métier, la famille
Chapitre VII - La continuité dans l'action
Nos fils font leur chemin. Nos découvertes africaines
D'une génération l'autre. Activités diverses et devoir de mémoire
« Il faut cultiver notre jardin », du potager au jardin de la vie !
Conclusion
Comme un vase d'argile…
ANNEXES
La tragédie vécue par deux convois d'une soixantaine de wagons en gare de Přelouč, près de Prague.
Le collège unique « Paul Émile Victor » de sa naissance à nos jours
Journée du souvenir - 28 avril 1999
Notes
Page de copyright
Avant-propos
« Papa, tu devrais écrire tes mémoires. Tu as fait tellement de choses dans ta vie que nous voudrions savoir ».
En mai 2018, je serai à la veille d'être centenaire. Consultant ma mémoire, heureusement encore fidèle, je vais donc faire un retour sur le passé.
Il me faut un fil conducteur. Ce xx e siècle riche de convulsions et de bouleversements, marqué par deux conflits sanglants à vingt-cinq ans d'intervalle, ma vie s'y est intégrée de façon passionnée. Enfant du siècle tout entier, né dans les Vosges au sein d'une société rurale et paternaliste où l'on travaillait dur et où les qualités de sérieux, le sens du devoir et le combat pour la liberté ne se discutaient pas, j'ai connu les évolutions contrastées de ce siècle. J'ai vu ses progrès technologiques inouïs, ses immenses changements sociaux et la prise de conscience des « droits de l'homme ». J'ai vu, après le sang, l'horreur et le sacrifice des années 1939-1945, l'Europe se relever et amorcer une construction nouvelle. Mais je vois aussi, en ce début de xxi e siècle, qu'une certaine expression de la liberté devient un peu anarchique, foulant au passage les principes de base d'une vie en société harmonieuse dans le respect mutuel. La liberté des uns ne s'arrête-t-elle pas à l'expression de la liberté des autres ? Et le respect de la dignité de chacun ? Nous n'avons jamais eu autant de pauvres dans les rues, de nécessiteux dans les centres d'accueil et les restos du cœur, de sans-logis, de sans travail qu'en ce début du xxi e siècle !
Lorsque j'étais enfant, un pauvre venait s'asseoir sur un banc devant la fenêtre de mes parents. Ma mère lui donnait de la soupe, un peu de café, une tartine de munster, parfois un morceau de lard grillé. Il lui prenait les deux mains et demandait :
– Vous n'auriez pas un p'tit « quéq'chose » à faire ?
– Vous voulez casser du bois ?
– Oh oui ! J'aime ça.
Il avait gagné la soupe de midi et repartait la musette garnie vers d'autres lieux. Ils n'étaient pas nombreux, ces bohèmes, ils faisaient partie de la vie du village, dormant dans les granges, rendant quelques services.
Un journaliste déguisé en SDF durant quelques jours vient de confier ses impressions sur France 2. Il note l'indifférence des passants, parfois gênés, les quelques pièces dans la sébile… Il a passé la nuit dans un coin obscur avec des cartons d'emballage pour toute protection. Il était écœuré de la froideur d'une société égoïste qui ne veut ni voir, ni entendre et se replie sur elle-même. De temps en temps, la voilà qui s'émeut. Mais c'est un feu de paille, et la fuite en avant continue, dépassée par la misère humaine physique et morale.
Quant à cette délinquance, plaie sociale, dont l'origine est multiple : crise d'autorité, absence d'emploi, famille désagrégée, règne de l'argent roi, etc., elle semble difficile à maîtriser.
Le vieil homme que je suis ne se résigne pas. J'ai connu dans ma vie trop d'expériences fortes, rencontré trop d'hommes et de femmes de cœur, rompus aux difficultés de la vie quotidienne mais artisans d'idéal, pour m'accommoder de ce renoncement. La France a surmonté des épreuves terribles lors de la dernière guerre. Elle a su résister, puis rayonner de nouveau, grâce à l'amour des siens. À ma modeste place, je peux en témoigner.
Le fil conducteur de mes mémoires, ce sera donc l'amour. Un vocable sous lequel j'associe les éléments de deux devises : amour de la liberté et de la fraternité, amour du travail, de la famille et de la patrie. J'ai été un mari et un père comblé, un instituteur passionné par son métier, un combattant amoureux de la France.
Je dédie ces lignes à mes enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants surtout, car je suis fier du parcours de mes deux garçons, que mon épouse et moi-même avons guidés dans le sens des vertus que je viens d'énoncer.
M.T.
PREMIÈRE PARTIE L'ENRACINEMENT VOSGIEN
Maman et moi – 1922. À Thiéfosse, j'ai trois ans

Mon père Adrien Thomas. En tenue de facteur des postes.


L'Abbé Druaux, curé de 1906 à 1942. Il m'a baptisé dans la chapelle dédiée à saint Antoine, saint protecteur après l'épidémie de peste de 1640.

La chapelle de Thiéfosse érigée par 40 familles du village.
Chapitre I Expériences d'enfance
Les Vosges au cœur de ma prime enfance (1919-1926)
Né à Thiéfosse le 2 mai 1919, à 3 h du matin, je suis un enfant de l'amour d'une jolie ouvrière de filature et d'un sergent du célèbre régiment d'infanterie 15.2, à la poitrine barrée de décorations.
Mon père, Adrien Thomas, était un terrien originaire de Bouvacôte, héros de la guerre de 14-18, rescapé de cette boucherie avec un œil en moins et quelques éclats d'obus dans les cuisses. Ma mère, Léa Perrin, était une modeste ouvrière de filature et tissage aux établissements Victor Perrin à Thiéfosse. Le militaire bleu horizon au képi rouge cabossé avait séduit la petite ouvrière aux portes des tissages du Pont, dirigé par Jean François Victor Perrin depuis 1895. Comme les autres jeunes femmes qui l'entouraient, elle travaillait onze heures par jour, avec un jour de repos le dimanche pour aller à la messe. Dès 6 h du matin, la cloche attachée à la haute cheminée les appelait. Résonnant clair dans le vallon, elle faisait écho à celles de l'église qui sonnaient l'angélus. Toute une volière de gaieté s'engouffrait alors dans les ateliers de filature, tissage, bobinage, confection, le pot de camp du repas de midi à la main, car ces ouvrières, pour la plupart filles ou femmes de paysans, devaient parcourir à pied ou à bicyclette plusieurs kilomètres pour se rendre à

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