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Publié par
Nombre de lectures
4
EAN13
9782490630165
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
6 Mo
Bienvenue à Menel Ara, la cité aux deux étages, rongée par les complots et les luttes de pouvoir, une abomination architecturale au carrefour de son Histoire.
Quelque part dans la Basse-Ville, un homme essaie de rassembler ses idées. C’est une journée particulière. Et pas dans le bon sens du terme.
Lorsqu’il lève les yeux, il voit la Haute-Ville, ce deuxième étage où les Grandes Familles ont élu résidence et d’où elles gouvernent la cité selon leurs propres intérêts. Il a toujours connu Menel Ara sous cette forme et il la méprise pour cela. Son frère, lui, y a plutôt vu une opportunité.
Deux hommes le bousculent sans lui prêter attention. Ils parlent de quelqu’un qu’ils appellent F. Il connaît ce nom. Mais, comme beaucoup de ses concitoyens, il préfère ne pas y penser et s’en tenir éloigné.
Un peu plus loin, il croise deux femmes habillées de robes. D’un coup d’œil, il remarque qu’elles arborent le même tatouage. Un triangle vert, au niveau du poignet. Ce sont des Putras, des disciples de Suryena. Décidément, cette cité n’a rien d’ordinaire.
Mais l’homme n’a pas le temps d’y penser. Il est pressé. Aujourd’hui, il enterre son père.
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4
EAN13
9782490630165
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Français
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Né dans les années 80, Vincent Dionisio s’adonne dès la jeunesse à l’écriture de nouvelles. L’âge avançant, il se diversifie avec des scénarios, des pièces de théâtre et, inévitablement, des romans, jonglant avec les supports suivant l’inspiration du moment.
Passionné de cinéma de longue date, de chefs d’œuvres prétentieux comme de navets à 150 millions, il ambitionne, un jour, d’écrire, de réaliser et de jouer dans une saga d’anticipation définitive. Une fois rattrapé par la réalité, il se remet au boulot et se contente de raconter des histoires. Parce que c’est ce qu’il préfère, finalement.
Vincent DIONISIO
MENEL ARA
Tome 1
INCEPTIO ÉDITIONS
Dépôt légal : Mai 2019
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
Couverture réalisée par 2LI
www.2li.fr
© Inceptio Éditions, 2019
ISBN : 978-2490630-16-5
Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU
www.inceptioeditions.com
Partie 1 LE DOUBLE MONDE
Avant-Propos
La barbe est vieillie,
La chevelure blanchie,
Il voit de face son reflet,
Et regrette le temps écoulé.
D’un coup de poing rageur,
Déterminé, il se ressaisit,
Laissant derrière cette peur,
Il reprend le chemin du lit.
Là, agonisant, un homme délire,
Sous l’effet des drogues ingérées,
Oracle, il sait que l’attend, bientôt, le pire,
Mais son message doit être délivré.
— Oracle, dit le vieil homme,
Connais-tu notre sauveur ?
— Non, répond l’autre sans frayeur,
Mais c’est tout comme…
Je vois le temps qui passe et qui s’arrête,
Je vois les hommes devenir des bêtes,
Je vois l’équilibre des forces rompu,
Je vois la chute du pouvoir connu.
Derrière sa barbe, l’ancien sourit,
Face à la prophétie tant attendue.
Longtemps, il l’a espérée avec dépit,
Et la voilà, de lui connue.
Mais, alors que, satisfait, il repart,
Le souffrant le rappelle,
Et reprend son récit de plus belle,
Puisant ses délires de nulle part.
— Le carré trouvera son juste milieu,
Et c’est lui qui décidera,
Qui trouvera grâce à ses yeux,
Quel sera le destin de Menel Ara.
L’homme barbu, soudain tremblant,
S’approche du séquestré, le saisit,
Et le secoue, les yeux gorgés de sang,
Lui demandant : « Qui ? Qui ? »
Mais, déjà, l’oracle s’éteint,
Victime de ses stimulants,
Et dans la mort emportant,
Le secret qui était le sien.
Le vieil homme, rongé, frustré,
Jure de faire tout ce qu’il peut,
Pour trouver, avant d’expirer,
Qui est ce fameux « juste milieu »…
1
Sa sœur sanglotait sur son épaule, ses convulsions le secouaient, mais lui resta impassible lorsque le cercueil de son père se referma. Balthazar Dubuisson n’était plus, emporté par la maladie. Sa force, son charisme et sa vigoureuse neutralité avaient totalement disparu, ne laissant qu’une dépouille blanchâtre. « Repose en paix », pensa Gaël, tout en laissant échapper une larme.
À sa droite, Victor, son frère aîné, ne montrait pas d’émotion. Comme d’habitude, il s’efforçait de paraître à son avantage, mais, en de telles circonstances, son expression dure s’apparentait presque à de la grossièreté. Chacun ressent le décès de son père comme il l’entend, mais Gaël ne put s’empêcher d’éprouver une certaine révolte face au contraste entre sa sœur et son frère.
Lili avait fondu en larmes dès l’annonce de la nouvelle, et ses yeux ne s’étaient plus asséchés depuis lors. Des trois, c’était elle qui était restée la plus proche de son père. Plusieurs fois par semaine, elle passait la soirée avec lui. Le rituel était toujours le même : elle lui demandait de ses nouvelles, il éludait la question, préparait le gratin de courgettes dont il était si fier et qu’il était le seul à aimer, puis ils se livraient à une de leurs sempiternelles parties d’échecs. L’ancien maître international qu’il avait été n’avait jamais perdu contre sa fille, mais il se plaisait à la voir progresser. Depuis quelque temps, il avait même éprouvé des difficultés à la battre.
Gaël regarda sa jeune sœur effondrée et se sentit attristé pour elle. Lui-même n’avait plus énormément de contacts avec son père et, évidemment, il avait fallu attendre le tragique évènement pour qu’il se prenne à le regretter. Ce vieil homme si digne, si fier, n’avait jamais exigé la moindre visite depuis la mort de son épouse, six ans auparavant. Il avait continué à vivre seul après les départs successifs de ses trois enfants et n’avait jamais souhaité quitter sa maison de toujours, pourtant coincée entre les Territoires Pauvres et la zone d’influence des Martyrs. Il répétait sans cesse que quand on ne cherche pas les embrouilles, on ne les trouve pas. Néanmoins, il fut plus souvent qu’à son tour réveillé en pleine nuit par des cris, des explosions ou des coups de feu. « Ce monde l’a tué », pensa sincèrement Gaël. Il le lui avait prédit lors de sa dernière visite, quelques semaines plus tôt. Son père avait énigmatiquement souri. Oui, ce monde nouveau tuait plus que de raison. Voilà des années que la cité ne tournait plus rond. Quelque chose était mort en Balthazar Dubuisson depuis la fondation de Menel Ara. Aujourd’hui, il avait définitivement disparu.
Gaël sentit une main se poser sur son épaule, le tirant en sursaut de ses pensées.
« Allons-y, Gaël. C’est fini. »
Il reconnut la voix grave de Moussa et se sentit immédiatement mieux. D’un regard, il constata que la cérémonie s’était achevée sans qu’il ne s’en rende compte. Une terrible vague de détresse s’empara de lui. Submergé par le chagrin et le remord, il fondit en larmes.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était chez lui, allongé sur son canapé. Il se sentait extrêmement las et eut toutes les peines du monde à se redresser.
— Enfin réveillé ? Ce n’est pas trop tôt.
Le ton de Moussa était taquin plus que virulent. Il était trop bien élevé pour s’emporter un tel jour, et il connaissait trop bien Gaël pour savoir quand il fallait ou non prendre des gants.
— Où est Lili ? demanda-t-il, se remémorant la détresse de sa sœur.
— Ne t’inquiète pas, répondit son ami d’enfance. Elle est en train de dormir. Après l’enterrement, elle tenait plus debout alors on vous a ramenés avec David et Maria.
— Ils sont partis ?
— Ouais, ils avaient à faire. Mais ne t’en fais pas, moi je suis là. Repose-toi un peu si tu veux.
Gaël se rallongea lentement, rassuré de se savoir en de bonnes mains. Moussa avait toujours su être là au bon moment. D’ailleurs, aussi loin qu’il se souvienne, l’immense pêcheur, colosse noir de près de deux mètres et 120 kilos, n’avait jamais commis le moindre impair en tant qu’ami. Ce n’était peut-être pas le plus drôle ni même le plus bavard, mais au moins était-il fidèle, attentionné et de bon conseil. « Un truc que t’apprends quand tu vas pêcher », répétait-il à envi. Moussa aimait son métier plus que tout. Il aurait pu prétendre à une condition plus noble, mais jamais il n’aurait renoncé à ses journées en mer. Gaël l’admirait, pour ça comme pour le reste.
Il rouvrit les yeux à l’angoisse pensée de sa sœur. Elle semblait tellement abattue depuis la mort de leur père. Il en venait à douter qu’elle redevienne la jeune femme extravertie et épanouie qu’elle avait toujours été. Il aimait vivre avec Lili, sa présence le rassurait et l’amusait. C’est pour ça qu’il souhaitait, en tant que frère et en tant que colocataire, qu’elle se relève de cette disparition. Il le souhaitait plus que tout.
— Moussa ?
— Oui ?
— Tu crois que Lili va