Follement écrivaines , livre ebook

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Follement écrivaines est un essai qui pose des questions incontournables sur l’égalité des artistes hommes et femmes, sur le respect des uns et des autres, sur la possibilité de chacun et chacune de s’émanciper, de se définir et de choisir son destin en toute liberté.
L’essai FOLLEMENT ÉCRIVAINES est né d’une révolte face à la place marginale accordée aux femmes dans la littérature. Via le prisme des œuvres de Sylvia, Marina et Virginia, l’autrice s’interroge sur l’évolution des conditions propres aux écrivaines, conditions autant matérielles, qu’intellectuelles et spirituelles. Le mariage, la maternité, l’argent, la capacité à avoir un espace physique et mental constituent encore des entraves au geste d’écriture. Dans ce texte, Xavière Hardy réfléchit aux difficultés inhérentes au métier d’écrivaine, dans l’espoir de redonner aux femmes leur juste place dans la littérature.
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Date de parution

16 septembre 2024

Nombre de lectures

0

EAN13

9782924936658

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

La CollectionNoticationsest dirigée par Mirella Tarmure Vadean
F o l l e m e n t é c r i v a i n e s
Éditrice : Mariana Ionescu Conception graphique et montage : Daniel Ursache Maquette et illustration de la couverture : Daniel Ursache Révision et correction : Ginette Bédard Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre : Follement écrivaines / Xavière Hardy. Noms : Hardy, Xavière, 1982- auteur. Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20240004981 | Canadiana (livre numérique) 20240005007 | ISBN 9782924936641 (couverture souple) | ISBN 9782924936658 (PDF) Vedettes-matière : RVM : Écrits de emmes — Histoire et critique. | RVM : Femmes et littérature. | RVM : Plath, Sylvia — Critique et interprétation. | RVM : Tsvetaïeva, Marina Ivanovna, 1892-1941 — Critique et interprétation. | RVM : Wool, Virginia, 1882-1941 — Critique et interprétation. | RVM : Hardy, Xavière, 1982– | e RVM : Écrivaines — 21 siècle — Récits personnels. Classification : LCC PN472.H37 2024 | CDD 809/.89287 — dc23 Les Éditions Hashtag 2018 remercient le Conseil des arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour leur soutien financier. L’autrice remercie l’UNEQ pour le parrainage et le Conseil des arts du Canada pour l’appui financier ©2024 Éditions Hashtag 2018 Inc. et Xavière Hardy Tous droits réservés. Toute reproduction de cette œuvre en totalité ou en partie, par quelque moyen que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur. Dépôt légal : Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2024 ISBN : 978-2-924936-64-1 Difusion pour le Canada : Difusion Dimedia 539 Bd Lebeau, Saint-Laurent, QC H4N 1S2 Difusion du ormat numérique : De Marque www.entrepotnumerique.com Éditions Hashtag 2018 inc., Montréal www.editionshashtag.com
Xavière Hardy Follement écrivaines
E S S A I
Direction éditoriale Mariana Ionescu
CHAPITRE 1 :DE LA DÉPRESSION ET DU SUICIDE
«Il y a cent ans vivait une jeuneIlle comme moi je vis aujourd’hui. Et elle est morte. Moi je suis le présent mais je sais que je passerai aussi. Les grands moments, les éclairs brûlants passent comme ils viennent, dans d’incessants sables mouvants. Et moi je ne veux pas mourir».Sylvia Plath EN1941, VIRGINIAWOOLF, résolue à mourir, entre dans l’Ouse, les poches de son manteau lestées de pierres. Son corps s’échoue sur la rive quelques jours plus tard. La même année à Elabouga au Tatarstan, Marina Tsvetaïeva, tombée dans l’indigence, éloignée des siens, se pend. En 1963, lors d’un hiver londonien particulièrement rigoureux,SylviaPlathcalfeutrelesportesdesacuisine,ouvre le gaz, et met la tête dans le four. Elle aura préalablement préparé des biscuits et des verres de lait pour ses enfants. Trois femmes, trois écrivaines, trois suicides. Trois personnes devenues personnages dont la mythologie n’a de cesse d’être racontée, magniIée, vénérée. Une notoriété qui rend accessibles leurs textes, grâce notamment à des traductions
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dans plusieurs langues et à des ouvrages de référence. Cette déiIcation, avec un efet de loupe dilatant la légende, nous éloigne pourtant des corps de chair, et oblitère l’humaine derrière l’artiste. Leurs suicides, décortiqués, sont tombés dans le domaine public. En dépit de la notoriété de leurs écrits, ces femmes, exhibées telles des bêtes de foire, deviennent les monstres d’unfreak showmoderne. Si les déformations physiques ne font plus autant se précipiter les foules, les maladiesmentales,encoreincomprisesdugrandpublic,remplissent maintenant ce rôle. 1 En 2013 le magazineVICE, avec son numéro spécial Women in Fiction,fait scandale. L’espace mode intitulé pour l’occasionLast Wordsmet en scène les derniers instants d’écrivaines célèbres, recréant leur suicide sous couvert artis-tique. Virginia Woolf, en robe d’un blanc virginal et long manteau noir se tient debout dans une rivière, une lourde pierre dans les bras. Sylvia Plath, en imprimé des années 1960, est agenouillée devant un four grand ouvert. Elise Cowen, Iris Chang, Charlotte Perkins, Dorothy Parker et Sanmao, subissent un traitement similaire: corps désarticulé sur le sol, revolver pointé vers le visage, mouchoir imbibé de chloroforme appliqué sur la bouche, poignets lacérés au-des-sus d’un lavabo, bas de soie enroulés autour du cou. Un fashion statementfollementglamour, où les vêtements portés par les mannequins les personniIant bénéIcient d’un encart plus important que celuiinexistantréservé à leurs accomplis-sements. De leurs derniers mots, il n’est pas question. Cette instrumentalisation de leur suicide dans un but mercantile échaufe les esprits.Le retrait de l’article du site Web est assortidexcuses.Troppeu,troptard.Internetsemparedes
1 https://msmagazine.com/2013/07/09/turning-famous-women-writers-who-committed-suicide-into-a-lookbook/
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photos et les répliquead nauseam, ne laissant aucun droit à l’oubli. Cette tendance à cristalliser ces femmes dans leurs derniers instants n’est pas unique, et mon intérêt, concernant leur vie et leurs écrits, pas totalement étranger avec l’évocation systématique des circonstances entourant leur mort. Et, comme Sylvia dans ses journaux, je me demande: «Pourquoi le suicide de Virginia Woolf? Ou de Sara Teasdale, ou d’autres femmes brillantes? Étaient-elles névrosées? […] Si seulement je savais…». Je pourrais ajouter les noms de Nelly Arcan, SarahKane,AlejandraPizarnik,AnneSexton,MireilleSorgue et tant d’autres. J’ai tenté de comprendre par la lec-ture de leurs œuvres ce qui avait pu les inciter à se suicider. À travers leurs lettres, leurs journaux, je m’absorbais dans les Lux et reLux des vagues qui les emportaient dans le bas-fond, toujours plus loin. La dépression m’accompagnera jusqu’à la mort. J’écris cette phrase après des mois d’esquive. Je refusais de m’exposer sur la question. La honte face à la maladie mentale est encore grande, la stigmatisation pernicieuse. J’ai peur que l’étiquette me colle à la peau et me précède ou me suive, qu’elle plane en permanence au-dessus de chaque mot, chaque texte. Que je devienne la maladie, sans nuance, avec pour seule déIni-tion celle de dépressive. Une loupe déformante par laquelle on me regarde dorénavant. Je le vois ce mouvement de recul discret, cette crainte de la contagion. L’évitement, lorsqu’au plus creux de la nuit je m’enfonce dans la noirceur. Je n’en veux pas aux phalènes de rechercher la lumière. Je suis moi-même papillon de nuit. Un papillon aux ailes médicamentées. Sans ces petites pilules, aurais-je connu un destin similaire à ceux de Sylvia Plath, Marina Tsvetaïeva et Virginia Woolf? Les premiers
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antidépresseurs arrivent sur le marché dix ans après les sui-cides de Virginia et Marina. Leur administration en est à ses balbutiements lorsqu’ils sont prescrits à Sylvia peu de temps avant sa mort. Dans les années1950, la perspective d’être enfermée à l’asile psychiatrique, de subir un traitement d’élec-trochocs, terme communément utilisé pour désigner l’électroconvulsivothérapie, en décourageait plus d’une de se faire soigner. C’est ce traitement qu’endure Sylvia à la suite d’une profonde dépression lors de l’été1953. Elle n’a que 20ans. De retour d’un stage au magazine new yorkais Mademoiselle, où elle vécut plusieurs désillusions, et après avoir été refusée à un cours d’écriture à Harvard, sa santé mentale décline rapidement. Elle ne dort plus, n’écrit plus. Le 24août, Sylvia subtilise les somnifères,pourtant gardés sous clef, de sa mère qui assiste à une représentation théâtrale. Elle se munit d’un verre d’eau et d’une couverture avant de se rendre à la cave, déplace méthodiquement des bûches de bois, rampe dans un espace restreint, remet soigneusement en place les bûches, s’emmurant dans ce réduit, et avale quarante cachets. Elle est retrouvée, le 26août, gémissante et couverte de vomissures. À la suite de cette première tentative de suicide, elle est envoyée à l’hôpital psychiatrique où elle reste plusieurs mois, subissant les traitements en vogue: chocs électriques et cure de Sakel qui consiste en des injections d’insuline provoquant une hypoglycémie profonde et un coma. Cette dernière thérapie, controversée, a été abandonnée depuis, n’ayant aucun efet positif prouvé sur la dépression. Ces traitements marquent durablement sa
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Follement écrivaines
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