125
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
02 juin 2020
Nombre de lectures
8
EAN13
9782760641648
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
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02 juin 2020
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EAN13
9782760641648
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Victor A. Béliveau
La Maison-Blanche face à des dictatures amies en péril
Les Presses de l’Université de Montréal
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: La Maison-Blanche face à des dictatures amies en péril / Victor Béliveau. Noms: Béliveau, Victor, 1985- auteur. Collections: Politique mondiale (Presses de l’Université de Montréal) Description: Mention de collection: Politique mondiale | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190035803 | Canadiana (livre numérique) 20190035811 | ISBN 9782760641624 | ISBN 9782760641631 (PDF) | ISBN 9782760641648 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: États-Unis—Relations extérieures—1945-1989. | RVM: États-Unis—Relations extérieures—1989- | RVM: Dictature—Études de cas. Classification: LCC E840.B45 2020 | CDD 327.73009/045—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 2 e trimestre 2020 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2020 www.pum.umontreal.ca Cet ouvrage a été publié grâce à une subvention de la Fédération des sciences humaines de concert avec le Prix d’auteurs pour l’édition savante, dont les fonds proviennent du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
À mon père Jacques qui m’a transmis son amour des mots.
Préface
On attribue souvent à Franklin D. Roosevelt la remarque suivante à propos du dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza Garcia: « He may be a son of a bitch, but he’s our son of a bitch ». Cette remarque, aussi brutale que vulgaire, est révélatrice des calculs politiques qui s’opèrent à la Maison-Blanche: il est préférable d’appuyer un tyran dont les intérêts coïncident avec les nôtres, plutôt que de chercher à le remplacer au risque d’une perte d’influence dans le pays, voire dans la région.
La proposition théorique que développe Victor Béliveau dans cet ouvrage s’inscrit parfaitement dans la logique de FDR puisqu’elle met en avant l’idée selon laquelle la recherche de la conservation de l’influence acquise a guidé les rapports que les présidents américains, de Dwight Eisenhower à Barack Obama, ont entretenu avec des dictateurs amis. Non seulement l’ouvrage de Béliveau explique-t-il pourquoi Washington a choisi de consommer ces nombreux «mariages de convenance», mais il nous propose également un voyage analytique fascinant à travers plusieurs des moments charnières au cours desquels la Maison-Blanche a dû trancher quant au sort de ces dictateurs. En détaillant les processus de prises de décision de la Maison-Blanche, Béliveau explique de manière convaincante les calculs froids par lesquels les présidents américains en viennent à abandonner certains dictateurs aux prises avec des crises politiques internes. Sa démarche contribue grandement à notre compréhension de ces relations politiques, qui semblent à première vue contradictoires puisqu’elles lient le «leader du monde libre» à des tyrans.
Cet ouvrage tombe à point puisque nous assistons aujourd’hui à une résurgence de l’autoritarisme dans le monde. De nombreux dirigeants autoritaires ont actuellement le vent en poupe et contribuent à ce qu’il est maintenant convenu d’appeler une récession démocratique. Cet ouvrage nous offre un guide pour expliquer et anticiper le comportement des présidents américains à l’égard des autocrates. D’ailleurs, le président Donald Trump semble affectionner plusieurs de ces dirigeants. N’en déplaise toutefois à ses détracteurs, Trump ne s’inscrit pas en rupture, mais bien en continuité d’une longue tradition diplomatique qui consiste à mettre parfois en veilleuse les valeurs démocratiques de la république au profit de gains stratégiques et matériels. Là où Trump marque une rupture cependant, c’est dans la fascination et l’envie qu’il montre à l’égard des pouvoirs qu’exercent sur leurs populations certains de ces dirigeants.
En somme, le travail de Béliveau est en droite ligne avec les œuvres de Jeane Kirkpatrick et de David Schmitz sur les relations qu’entretient Washington avec des régimes autoritaires. Sans doute l’ouvrage de langue française le plus abouti sur la question.
Jonathan Paquin Professeur titulaire Université Laval
Avant-propos
Depuis leur fondation, les États-Unis entretiennent des relations privilégiées avec des dictateurs. Si à leur origine ces rapprochements diplomatiques semblent aller de soi en vertu des avantages mutuels qu’ils confèrent aux deux parties concernées, lorsqu’une insurrection secoue un «dictateur ami» dans son régime, la décision de la Maison-Blanche d’opérer une rupture ou d’opter pour le prolongement de cette relation est beaucoup moins évidente. De la guerre froide au Printemps arabe, Washington a – à plusieurs reprises – tantôt continué d’appuyer des dictateurs amis en péril, tantôt choisi d’en abandonner d’autres, pourtant confrontés à des circonstances analogues. Comment expliquer cette dichotomie décisionnelle dans la politique étrangère de la Maison-Blanche dans ce type de crise? Notre hypothèse est que ces décisions sont avant tout fondées sur un calcul lié à la recherche constante de la conservation maximale de l’influence acquise (CMIA), permettant de décrypter cette apparente contradiction. Pour soumettre cette théorie à l’épreuve des faits, nous avons réalisé six études de cas portant sur Fulgencio Batista à La Havane en 1959, Mohammad Reza Pahlavi à Téhéran en 1979, Mobutu Sese Seko à Kinshasa en 1991, Suharto à Jakarta en 1998, Ilham Aliyev à Bakou en 2005 et Hosni Moubarak au Caire en 2011.
Cet échantillon de six cas est tiré d’une recension de 45 occasions où, de 1948 à 2012, une dictature proche de la Maison-Blanche a dû faire face à une vague de contestation interne. La sélection de ces six cas empiriques reflétait notre ambition de tester une théorie selon laquelle la Maison-Blanche réagit toujours d’après le même calcul dans ce type de crise, et ce, quels que soient les transformations conjoncturelles du système international, la région touchée ou les changements de garde possibles au Bureau ovale. Pour ce faire, dans chacune des trois conjonctures historiques observées (guerre froide 1948-1989, nouvel ordre mondial 1989-2001 et post-11 septembre 2001 jusqu’aux lendemains du Printemps arabe de 2012), deux crises régionales différentes ont été retenues pour que puissent être comparés deux types de décision de Washington vis-à-vis d’un dictateur ami contesté en interne, soit l’abandon ou la poursuite du soutien. Plus concrètement, pour chacune des trois périodes historiques, la théorie est confrontée à une crise interne qui mena à l’abandon d’un dictateur (Batista en 1959, Suharto en 1998 et Moubarak en 2011) et à une autre où on préconisa la décision inverse (Pahlavi en 1979, Mobutu en 1990-1991 et Aliyev en 2005). De plus, ces six crises, comportant autant de révoltes bridées que de révolutions abouties, ont amené à prendre position trois administrations républicaines (Eisenhower en 1959, George H. W. Bush en 1991 et George W. en 2005) et trois administrations démocrates (Carter en 1979, Clinton en 1998 et Obama en 2011).
Remerciements
Je tiens à remercier le Centre sur la sécurité internationale (CSI) de l’École supérieure d’études internationales (ESEI) de l’Université Laval, où je suis chercheur depuis 2015. Je suis également reconnaissant envers le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture (FQRSC) et la Fédération des sciences humaines du Canada qui ont respectivement, par une bourse de recherche et le Prix d’auteurs pour l’édition savante (PAES), financé ce livre. Je suis aussi redevable aux experts qui m’ont aidé en amont ou en aval de la réalisation de cette recherche. Ce faisant, celle-ci a bénéficié des précieux conseils de plusieurs spécialistes de l’étude des relations internationales: Jonathan Paquin (Université Laval), Érick Duchesne (Université Laval), Anessa Kimball (Université Laval) et Dario Battistella (IEP Bordeaux). Il faut aussi saluer l’intérêt et la confiance des deux directeurs de la collection Politique mondiale, Stéphane Paquin (ENAP) et Stéphane Roussel (ENAP), de même que l’aide indispensable des Presses de l’Université de Montréal, notamment de Nadine Tremblay, sans qui cet ouvrage n’aurait assurément pas vu le jour. Enfin, sur un plan plus personnel, je dois remercier mon épouse Hsiang-Chih Chen pour son soutien indéfectible.
Chapitre 1
L’abandon des dictateurs proches de Washington
La disgrâce du général Suharto s’inscrit dans une tradition désormais familière: Mobutu Sese Seko, Saddam Hussein, Ferdinand Marcos, Anastasio Somoza, la famille Duvalier. Les raisons qui expliquent le lâchage américain sont en général la désobéissance ou la perte de contrôle. Dans le cas de M. Suharto, ces deux explications ont convergé: d’abord, son refus d’obéir aux ordres du FMI imposant une nouvelle punition à la population; ensuite, son incapacité à contenir la révolte populaire. Le dictateur avait tout simplement cessé d’être utile.
Noam Chomsky, Le Monde diplomatique , juin 1998
Cette lecture des volte-face diplomatiques de Washington soulève une problématique fondamentale: pourquoi les États-Unis en viennent-ils à abandonner des dictateurs amis? Cette interrogation suggère qu’un point de bascule survient parfois dans la politique étrangère américaine qui provoque l’interruption abrupte d’une de ses relations amicales avec des tyrans. Jusque-là pourtant, la Maison-Blanche n’avait cure d’entretenir des liens diplomatiques privilégiés avec un dirigeant illégitime contrevenant en tous points aux vertus universelles de la démocratie et du gouvernement tripartite dont ell