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1991
Écrit par
Patrick Mear Pierre Merle
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REVUE_FRANCAISE_DE_SOCIOLOGIE
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Publié le
01 janvier 1991
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Patrick Mear
Monsieur Pierre Merle
Problèmes de modélisation prévisionnelle : l'exemple de la
croissance du taux de bacheliers
In: Revue française de sociologie. 1991, 32-2. pp. 241-261.
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Mear Patrick, Merle Pierre. Problèmes de modélisation prévisionnelle : l'exemple de la croissance du taux de bacheliers. In:
Revue française de sociologie. 1991, 32-2. pp. 241-261.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsoc_0035-2969_1991_num_32_2_4041Résumé
La validité de la prévision d'un fait social est subordonnée à la pertinence des hypothèses, en partie
implicites, de la modélisation des comportements observés. Les études prévisionnelles du taux de
bacheliers par génération se sont révélées, dans le passé, d'autant plus défaillantes qu'une vision
quelque peu déterministe a prévalu sur la prise en compte du contexte spatio-temporel, que celui-ci soit
appréhendé à un niveau institutionnel à partir des politiques éducatives ou au niveau de la rationalité
coûts-bénéfices des demandeurs de formation. Le présent article montre, d'une part, l'indétermination
mathématique de la prévision du taux de bacheliers par génération ; d'autre part, la pertinence limitée
des hypothèses relatives à une modélisation logistique de ce taux. D'autres modélisations sont
envisageables, sans que des justifications plus solides rendent ces prévisions plus fiables à long terme.
Abstract
Patrick Mear, Pierre Merle : Problems with estimative modelization : as an example, the increasing
percentage of French graduates at "Вас" level.
The validity of the estimate made for a social act is subject to the pertinence of the hypotheses, which
are partly implicit, used to modelize observed behaviour. Estimative studies of graduate rates for each
generation have, in the past, revealed themselves to be more untrustworthy as a some what less
deterministic vision has prevailed over the realization of the spatiotemporal context, whether the latter is
apprehended at an institutional level by means of educational policies or at the level of cost-benefit
rationalness of those requesting training. This article shows, on the one hand, the mathematical
indétermination of the estimate for the percentage of graduates per generation ; and on the other, the
limited pertinence of hypothesis related to a logistic modelization of this percentage. Other
modelizations can be envisaged without the more consistent justification making these estimates any
more reliable in the long term.
Zusammenfassung
Patrick Mear, Pierre Merle : Probleme der Prognosemodellisierung : das Beispiel der Steigerung der
Abiturientenrate.
Die Gültigkeit der Prognose eines sozialen Tatbestands (fait social) unterliegt der Richtigkeit der
Hypothesen, zum Teil implizit, zur Modellisierung der beobachteten Verhaltensweisen. Die
Prognoseuntersuchungen der Abiturientenrate pro Generation waren in der Vergangenheit um so
erfolgsloser als dazu eine etwas deterministische Betrachtungsweise vorherrschend war gegenuber der
Berücksichtigung des raumzeitlichen Kontexts, ob dieser Kontext auf der institutionellen Ebene
ausgehend von Erziehungspolitiken erfasst wurde, oder auf der Ebene der Rationalität Aufwand-
Gewinn der Ausbildungsanwärter. Der vorliegende Aufsatz zeigt einerseits die mathematische
Unbestimmtheit der Prognose der Abiturientenrate pro Generation und andererseits, die bedingte
Richtigkeit der Hypothesen zur logistischen Modellisierung dieser Rate. Weitere Modellisierungen
können ins Auge gefasst werden, ohne dass jedoch tiefgehendere Begründungen diese Prognosen
langzeitig verlässlicher machen würden.
Resumen
Patrick Mear, Pierre Merle : Problemas de modelización preventiva : el ejemplo de crecimiento del
porcentaje de bachilleres.
La validez de la previsión de un hecho social esta subordinada a la pertinencia de las hipótesis, en
parte implicitas, de la modelización de los comportamientos observados. Los estudios preventivos del
indice de bachilleres por generación se han revelado en el pasado tanto más desfallecientes cuanto
que una vision un poco determinista a prevalecido sobre la toma en cuenta del contexto espacio-
temporal, que este sea considerado a nivel institucional a partir de unas politicas educativas о a nivel
de la racionalidad costo-beneficio de los solicitadores de formación. El presente artículo demuestra de
una parte la indeterminación matemática de la previsión del porcentaje de bachilleres por generación;
por otra parte la pertinencia limitada de las hipótesis relativas a una modelización logística de esteporcentaje. Otras modalizaciones son posibles sin que unas justificaciones más solidas hagan estas
previsiones más fiables a largo plazo.R. franc, sociol., XXXII, 1991,241-261
Patrick MEAR, Pierre MERLE
Problèmes de modélisation prévisionnelle :
l'exemple de la croissance du taux de bacheliers
Résumé
La validité de la prévision d'un fait social est subordonnée à la pertinence des
hypothèses, en partie implicites, de la modélisation des comportements observés. Les
études prévisionnelles du taux de bacheliers par génération se sont révélées, dans le
passé, d'autant plus défaillantes qu'une vision quelque peu déterministe a prévalu sur
la prise en compte du contexte spatio-temporel, que celui-ci soit appréhendé à un
niveau institutionnel à partir des politiques éducatives ou au niveau de la rationalité
coûts-bénéfices des demandeurs de formation. Le présent article montre, d'une part,
l'indétermination mathématique de la prévision du taux de bacheliers par génération ;
d'autre part, la pertinence limitée des hypothèses relatives à une modélisation
logistique de ce taux. D'autres modélisations sont envisageables, sans que des justif
ications plus solides rendent ces prévisions plus fiables à long terme.
Plusieurs auteurs ont, dans un passé relativement récent, réalisé des
études prospectives sur le nombre ou le taux de bacheliers par génération.
Les méthodes mises en œuvre diffèrent souvent sensiblement et les résultats
sont généralement assez rapidement périmés. Les données statistiques
actuellement connues ne permettraient-elles donc pas une prévision fiable
de la croissance du taux de bacheliers par génération ?
La question posée, qui vaut autant pour la statistique sociale que pour
la prospective économique (Jeanneney, 1989), est celle de la validité de la
modélisation et de la prévision. Indirectement, il s'agit, à partir de l'étude
des prévisions du taux de bacheliers par génération, de s'interroger sur la
façon dont il faut, pour reprendre l'expression de Durkheim, « traiter les
faits sociaux scientifiquement» (Durkheim, éd. 1986, p. vu).
Chercher à modéliser mathématiquement un fait social, en établissant
les caractéristiques de la loi statistique qui peut en rendre compte et le
prévoir, constitue une démarche sociologique spécifique sous-tendue par
un certain nombre d'hypothèses généralement implicites (1). La présente
étude cherche à expliciter ces hypothèses et à les discuter.
(1) Sur «l'intervention de l'implicite» dans l'élaboration des idées fausses, cf. Boudon
(1990).
241 Revue française de sociologie
I. — Aléas de la prévision et prévision de l'aléa
Les aléas de la prévision
L'incertitude de la prévision est révélée par les erreurs des prévisions
passées et par l'existence de divergences quant au choix du modèle de
prévision à utiliser.
Prenons deux études relatives à la prévision du taux ou du nombre de
bacheliers par génération (2). P. Maes, sur un horizon de près de 25 ans
— de 1961 à 1985 — , avait fortement sous-estimé le taux de bacheliers :
le taux de 25 % qui n'aurait été atteint qu'en 1985 fut pratiquement celui
de 1974 (Maes, 1962) ! De même, en 1985, M. Cherkaoui considère
qu'« un chiffre voisin de 28 % ou 30 % constitue un seuil empirique vers
lequel tend le nombre d'élèves en terminale » (Cherkaoui, 1986, p. 24).
Cinq ans après, le taux de bacheliers par génération est supérieur au seuil
envisagé de plus de 10 points.
Le désaccord des auteurs concerne également le choix des modèles à
utiliser, même lorsque les études parviennent à des prévisions semblables.
Citons deux résultats qui laissent envisager co