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Publié par
Publié le
01 septembre 1998
Nombre de lectures
22
Licence :
Langue
Français
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01 septembre 1998
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MonsieurleProfesseur,
Danslerapportqu'ilvientde me remettre surleslangueset culturesrgionales,
M.Bernard POIGNANT,MairedeQuimper, estimeque"la Francedoitseprparersigner,
puisratifierla des languescharte europennergionales ouminoritairesdu Conseilde
l'Europe .
"
Ilsuggrequ'aupralableuneexpertisejuridiquesoit menesurla compatibilit
de ce texte avecnotredroit.
Jesouhaite vous confier cettemission.Ils'agirade stipulationsprciser les
susceptiblesd'êtreprisesencomptepar laFrance dans cette charteauregard de nos rgleset
principesvaleur constitutionnelle.
Deux incombentsries d'obligationschaquepartie :ilimported'unepart
d'appliquerune sried'objectifsetdeprincipeset,d'autrepart, des'engagersurunimumminde
35 paragraphes oualinassur les 94que comportece texte.
Jevousdemandedeme fairedespropositions sur les choixopreretsurles
modalitsd'intgrationdecesdispositions dansnotre ordrejuridique.
J'attacherais du prixce quevouspuissiezmefairepart de vos conclusions
pourle31aoûtprochain.
Je vouspriede croire, MonsieurleProfesseur, enl'expressionde mes
sentimentslesmeilleurs.
Amicalement,
La documentation Française : Etude sur la compatibilit entre la Charte europenne des langues rgionales ou minoritaires et l aConstitution
1 .
Le
1er juillet
1998, Monsieur Bernard Poignant, Maire
de
Quimper, a remis Monsieur le Premier Ministreunrapport sur
"Langues etculturesrgionales".
Danscelui-ciestvoque,parmid'autresmesures, la signature, par
la France, de la Charte europenne des langues rgionales o u
minoritaires, adopte parleConseilde l'Europe le 1992.5 novembre
2 .Dans cemêmeRapport,l'auteurindique toutefois que, interrog
par le prcdent Gouvernement, le Conseil d'État a rendu, le 24
septembre 1996, un avis exprimant plus que des doutes sur la
compatibilit entre certaines dispositions de laCharteetla Constitution.
Toutefois, M. Poignant a observ que la Haute Assemblen'avait
pastsollicitedeprocderunexamendtailldutexteet,dfeaitc,e
n'avaitpas t conduitelefaire.
En consquence, il suggrait qu'une expertise juridique
circonstancie fût demande, afin de dterminer si un"ajustement
constitutionnel" non, avantla ratification ventuelle.serait ncessaire, ou
La documentation Française : Etude sur la compatibilit entre la Charte europenne des langues rgionales ou minoritaires et la Constitution
3 .C'est en date dudans ces conditions que, par lettre10juillet
1998, MonsieurlePremier Ministre fait a soussign aul'honneurde lui
confier cette mission, dontl'objetestdfiniainsi :
"Ils'agira d'être susceptiblesde prciser les stipulations
prisesen Francecompte par ladans cette charteauregardde
nosrgles etprincipesvaleur.eloitulennoncitst
"Deux sriesd'obligations incombent chaque partie :
il imported'unepartd'appliquerune srie d'objectifs et de
principeset,d'autrepart, des'engager surunminimumde35
paragraphes ou alinassur les94quecomportece texte.
"Jevousdemande deme fairedes propositionssur les
choix oprer et sur les modalits d'intgration de ces
dispositions dans notre ordre juridique".
4 .Ainsidfinie, cette tâchenesaurait amener celui quil'accomplit
opiner sur l'opportunit de la signature et de la ratification, sur
lesquellesiln'ad'ailleurs aucun titre particulier se prononcer.Ellen'a
d'objet juridique,que strictementetprioritairement constitutionnel, de
sorte quel'on et desne saurait dduire de l'analyse qui va suivre,
argumentations quiyseront dveloppes,nisympathieniantipathie
l'gardde la cause qui en est le sujet.
Ceci tant prcisi,l faireapparaît indispensable de quelques
observations prliminaires sur l'esprit (I) etlemcanisme (II) de la
Charte, de rappeler ensuite les principes constitutionnels pertinents (III),
afin de les confronter au dtail desdispositions de la Charte (IV) avant
d'envenir aux d'intgration notreordre et d'adhsion modalits
juridique (V), puis de conclure (VI).
La documentation Française : Etude sur la compatibilit entre la Charte europenne des langues rgionales ou minoritaires et la Constitution
I - Remarques sur l'esprit de la Charte
5 .Élabore parleConseil del'Europe,elles'efforcede rechercher
un dnominateur susceptibled'être 40 nations qui lecommun aux
composent.Ils'agit l'videnced'unegageure, tant sont diverses les
situations nationales concernes.
Tantôt, en effet, la questionlinguistique dimensionsa pris lesd'une
querelle, parfois trs vive, voire violente, tantôt, aucontraire, elle sepose
dansuncontexte paisible. Tantôt chacunneparle que sa langue et refuse
celle de l'autre, tantôt, au contraire, l'existenced'une touslangue de
s'accommode du droit de chacund'en sonutiliser une autre si tel est
choix. Enfin, des pays dont la languen'apas de statut constitutionnel
coexistent avec d'autres qui ont faitle tandis que, parmichoix inverse, ces
derniers, certains ont consacr leplurilinguismeet d'autresnon.
C'estassez dire la difficultqu'ily avait concevoiruntexte qui
pûtrpondrecettediversit,contribueraplanirlesproblmesquand
ils en crer quand ilsexistent, sansn'existentpas.
Pour y parvenir, les rdacteurs delaCharte ont fait deux choix.
6 .Lepremier, fondamental et judicieux, a t celui de sesoucier
des langues plutôt que de ceux qui les parlent.
L'ensembledes dispositions, effet, est en parfaite cohrenceavec en
le premier principe consacr, ds le a du paragraphe 1 del'article7, celui
de
La documentation Française : Etude sur la compatibilit entre la Charte europenne des langues rgionales ou minoritaires et la Constitution
"lareconnaissancedes langues rgionalesou minoritairesen
tant qu'expressionde la richesse culturelle".
De cela, tout le reste se dduit, qui consiste organiser
concrtement la protection de ces langues, bien davantagequ'consacrer
des droits nouveaux au profit de leurs locuteurs(infra,69).De ce fait,
mêmelorsque, occasionnellement, cela peut conduire ceci,il n'estpas
indiffrentquelasource,lefaitgnrateur,soitavanttoutlaprotection
de nonla langue, richesse culturelle, etledroit de celui quil'emploie.O n
verra d'ailleurs que cet lmentn'est porte auregard dupas sans droit
français(infra,61).
7 .La pour de la Charte, prise par les rdacteursseconde option
tenir effectivement compte de la diversit des situations relles, est
d'ouvrir trs frquemment desalternatives aux États signataires, que
marque l'utilisation simultane des deux conjonctions de coordination
"et/ou". bnvolentspourront-ils Ainsi les plus la fois faciliteret
encourager, permettreetencourager, tandis que les autres, ayantlechoix
defaciliterouencourager, permettreouencourager, peuvent se borner
faciliter, permettre, sansqu'il devoirleur soit jamais impos de
encourager,s'ilsy sont rticents.
De ce fait, la souplesse est dj prsentedans la conception
d'ensemble de la Charte, avant même d'apparaître dans sesmcanismes
(infra,16).Et, conjuguant ses effets avec ceux dupartipris de protger
les langues elles-mêmes, elle atteste d'une volont d'adaptation
pratiquement toutes les ralits nationales.
La documentation Française : Etude sur la compatibilit entre la Charte europenne des langues rgionales ou minoritaires et la Constitution
8 . la dnomination sont revanche,Sans doute plus discutables, en
même de languesrgionalesetl'ideselon laquelle celles-ci seraient
attaches desaires gographiques prcisment dtermines. La
conception qui veutqu'unelangue soit forcment lie unsol etnesoit
liequ'lui, peut être juge lfaois errone etdangereuse.
Errone commele du français, parl, crit,prouve l'exemple
enseign, titre de langueofficielle, sur les cinq continents, mais comme
leprouve galement, avec ici plus de pertinence l'exemple des encore,
crolescaribens,quicomptentpeut-êtreaujourd'huiautantouplusde
locuteurs en rgion parisienne qu'aux A ntilles. La même remarque
vaudrait galement pour la langue corse, dont les locuteurs sont
nombreux sur le continent.
Enfait,la localisationseule vritabled'unelangue,c'estlecerveau
de quiconque la connaît, et elle bouge donc autant quelui. Or les Français
ont beaucoup boug en France, etleferont sans doute encore.
Ilne s'agitnaturellement pas de contester quel'ona plus de chance
d'entendre parler alsacien, par exemple, en Alsacequ'enProvence, mais
simplement de souligner que l'Alsacen'estpas plus propritaire de cette
languequ'elle nel'estde ceux qui la pratiquent.
9 .S'ilparaît utile, cestade,d'insistersur cet aspect,c'estparce
qu'il n'est quepas sans lien avec les problmes constitutionnelsl'onva
rencontrer. Car cette conception, celled'unelocalisation rgionaled'une
langue, est galement dangereuse en ceciqu'ellesuggrequ'ily auraitune
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unit,bientôtuneidentit,entrecestroinsotionsquidoiventdemeurer
trs distinctes, quesontun langueterroir, uneet unpeuple.
Ds lors, en effet, quel'onadmettrait, pour prendreunautre
exemple, quelebreton est