OFFERT AVEC CE NUMÉROLE GUIDE DE LA SAISON CULTURELLE
L’éditorial DE GUILLAUME LAMY, RÉDACTEUR EN CHEF
Le mur du réel
Dès leur ascension au pouvoir,il y a quatre ans, les écologistes ont dû composer avec une frange, conservatrice jugeront certains, de Lyonnais qui n’avait pas digéré l’alternance verte et traquait inlassablement le faux pas de la majorité. Quatre ans plus tard, la contestation a grossiet s’est élargie à d’autres couches de la population, dépassant copieusement la bordure. Les Lyonnais (mais pas seulement) sont au bord de la crise de nerfs. Les travaux à marche forcée de la Ville et de la Métropole ont fini d’achever l’attaque nerveuse. Le diagnostic est posé.Les caillots dans les veines ont migré dans les artères plus profondes. La thrombose superficielle s’est compliquée en phlébite. Le risque est aujourd’hui celui d’une embolie. Consciente que Lyon frise l’overdose,la majorité écologiste a donné un coup de patin, rongeant dans le même temps son frein en coulisses. Bruno Bernard (les grandes décisions se prennent à la Métropole) n’avait pourtant pas l’intention de ralentir, ayant même invité le BTP à ne pas traîner (un euphémisme), insistant pour une livraison des travaux à l’automne 2025. L’édile a choisi de faire baisser la pression,la cocotteminute promettant d’exploser, et d’apaiser – pour reprendre l’ADN linguistique écologiste – les tensions. Des chantiers ont été reportéssine die, principalement des voies cyclables et des Voies lyonnaises, ces autoroutes à vélos, pennon ostensible et particule salutaire de l’écologie. Les écologistes sont confrontés à la dure réalité du pouvoiret se heurtent aux limites de son exercice. À savoir le peuple. Et il ne s’agit plus simplement d’“une poignée d’excités qui (refusent) le dialogue”,dixitJeanCharles Kohlhaas, le VP aux déplacements de la Métropole.
L’échéance électorale 2026(Lyon et Métropole) a rattrapé le président de la Métropole. Qui jure ses grands dieux ne pas s’attarder sur ces questions politiciennes et être audessus de la mêlée.“Il y a la question financière qui fait que l’on est dans une instabilité sur nos recettes”,défendil. Reconnaissant toutefois que“c’est (aussi)simplement une question de bonne gestion des mobilités”. “C’est effectivement un temps qui approche de l’élection municipale 2026”,admet toutefois Gautier Chapuis, adjoint au maire de Lyon et coprésident des élus écologistes à la Ville de Lyon. Qui relativise toutefois :“C’était dans notre projet de majorité dès 2020 de faire avec les Lyonnais et les Lyonnaises, donc on a à cœur de les écouter et d’ajuster les projets.”Place de la Comédie, le maire de Lyona, lui aussi, et ce n’est pas un poisson d’avril anticipé, mis son poing dans sa poche et fait sonmea culpasur les caméras de vidéosurveillance, au sujet desquelles, dans la droite ligne du dogme écologiste, il a toujours refusé de donner suite. Allant même jusqu’à braquer sa majorité de gauche, LFI fustigeant une“rupture avec ses engagements”. Du“pragmatisme”, rectifie Grégory Doucet. Faut-il voir dans ces volte-face doctrinales du maire de Lyon et du président de la Métropole un “coup” électoral, une tactique politique à quinze mois des élections ?Larealpolitik, c’est avant tout de la diplomatie pragmatique, davantage portée sur les réalités et les rapports de force qu’elle fait naître. Un exercice public hautement politicien en année préélectorale.
51 avenue Maréchal Foch 69006 LYON Tél. 04 72 98 05 00DIRECTEUR DE LA PUBLICATIONJean-Claude Carquillat DIRECTEUR EXÉCUTIFPhilippe Vives philippe.vives@lyoncapitale.fr DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Chiêu An Thai mathieu.thai@lyoncapitale.fr RÉDACTEUR EN CHEF Guillaume Lamy guillaume.lamy@lyoncapitale.fr RÉDACTION Paul Terra (Politique) paul.terra@lyoncapitale.fr Éloi Thiboud eloi.thiboud@lyoncapitale.fr PUBLICITÉPascale Laplace : 04 72 98 05 03 pascale.laplace@lyoncapitale.fr COMMUNICATION / DIFFUSION Agnès Vézirian, Directrice de la Communication et de la Diffusion 04 72 98 04 93 agnes.vezirian@lyoncapitale.fr COMPTABILITÉcompta@lyoncapitale.fr ASSISTANTE DE DIRECTION ACCUEIL ET ABONNEMENTS Josiane Merolle j.merolle@lyoncapitale.fr abonnement@lyoncapitale.fr 04 72 98 05 05 Imprimerie : Fot (Pusignan - 69) Distribution : Oyé Distribution N° de Commission paritaire : 0326 D 86862 N° ISSN : 1259-573 X (Édition imprimée) N° ISSN : 2402-6891 (Édition digitale) Lyon Capitale SAS au capital de 1 000 000 euros. RCS Lyon : 489 069 856 Siège social : 41, rue du Capitaine Guynemer - 92400 Courbevoie. Actionnaire : FIDUCIAL MEDIAS SAS au capital d’un million d’euros. Siège social : 41, rue du Capitaine Guynemer - 92400 Courbevoie.
LYON CAPITALE // JANVIER 2025 // N°850 -3
Ont participé à ce numéro :- Photos : Antoine Merlet et William PhamCorrections : Hélène Martin-Teillard
Mobilités 40. La ZFE de Lyon rentre dans le dur 44 : Vélos : comment cohabiter en sécurité avec les autres usagers par Paul Terra Enseignement 46. Parcoursup : le parcours du combattant des lycéens par Guillaume Lamy, Paul Terra et Éloi Thiboud Société 52. Que mangerons-nous demain ? par Guillaume Lamy Immobilier 54. Le plan pluriannuel de travaux : une obligation pour tous à partir de 2025 par Éloi Thiboud Société 60. Le minutieux travail des professionnels de l’adoption par Éloi Thiboud
JANVIER 2025IN° 850
Offert avec ce numéroLe guide de la saison culturelle 2025
90 Escapades Savoie : ressourçant massif des Bauges
Bulletin d’abonnement p. 17
84. Sélection livres par Caïn Marchenoir MAGAZINEDans les archives de Lyon 86. Lyon, capitale de… la gastronomie par Guillaume Lamy Gastronomie 88. La table du mois :Brasserie Roseauxpar Guillaume Lamy Escapades 90. Savoie : ressourçant massif des Bauges par Nadège Druzkowski Éducation 94. Les jeunes et l’argent : trouver le bon équilibre par Céline Rapinat 96. Shopping d’hiver 98. Quoi de neuf ? par Céline Rapinat
SOMMAIRE
44 Mobilités Vélos : comment cohabiter en sécurité avec les autres usagers
76 Opéra Madame Butterfly : minute, papillon !
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ACTUALITÉ 6. L’essentiel de l’actualité par la rédaction La grande gueule18. Entretien avec Juliette Murtin, porte-parole de Jamais Sans Toit : “Cet hiver, trente-neuf enfants de moins de trois ans dorment dehors dans la métropole de Lyon” par Éloi Thiboud Urbanisme 22. Ils ont rêvé la place Bellecour par Guillaume Lamy Politique 34. À un an des municipales, ils vont dynamiter la vie politique lyonnaise par Paul Terra Grand entretien 36. Hélène Geoffroy : “Personne ne peut me donner un brevet de gauche” par Paul Terra
52 Société Que mangerons-nous demain ?
46 Enseignement Parcoursup : le parcours du combattant des lycéens
Grandes sagas d’entreprises 64. Cambrillat en met plein la vue par Guillaume Lamy Débats & opinions 68. Entretien avec Jean-Michel Décugis, grand reporter :“Sur Telegram, un clan proposait un contrat de 35 000 euros pour éliminer… cinq personnes” par Guillaume Lamy CULTURE 72. Théâtre : Joël Pommerat, “réunifié” et incontournablepar Caïn Marchenoir 76. Classique : minute, papillon ! par Guillaume Médioni 78. Danses et musiques baroques d’aujourd’hui par Martine Pullara 80. Musique : Sheriff, fais-moi punk ! par Kevin Muscat 82. Expos : saint François d’Assise, une icône intemporelle par Martine Pullara
L’ESSENTIELDEL’ACTUALITÉ ILS ONTOSÉLE DIRE ! PETITES PHRASES ET GRANDES DÉCLARATIONS d’Epmoumracnoune“intépprliasrueqieulotiMacrlLemon.adjoint de Grégory Doucet chargé des “Emmanuel Macron a nommé “C’est un but contre son camp “Avec l’OL, on n’est plus une un soutien d’Emmanuel Macron du collectif”famille”estime, piquant,Valentin Lungenstrass,L’Asvel, le club de basket de Villeurbanne, et l’OL, c’est fini, acteTony Parker.Le espaces publics, à propos du collectif des club lyonnais reste néanmoins perpétuel”,à hauteur de 25 %,Défenseurs de Lyon, toujours acerbe envers actionnaire de l’Asvel, ironise la députée écologiste les élus malgré le consensus sur la réussite dernier vestige de l’époque où, avec Marie-Charlotte Garinaprès la nomination de la transformation de la rue Émile-Zola Jean-Michel Aulas, les deux clubs se de François Bayrou à Matignon. e (Lyon 2 ). projetaient ensemble dans l’avenir.
“La sécurité n’est ni de droite ni de gauche. À un moment donné, il faut arrêter de débattre, il faut faire”Cédric Van Styvendael,maire (PS) de Villeurbanne, sur le plateau de l’émission de télévision deLyon Capitale, “6 minutes chrono”.
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“Ces réactions ont été indignes, à vomir. C’est d’un niveau qui n’honore pas la droite lyonnaise qui autrefois était humaniste, avait des valeurs mais les a perdues.”Bruno Bernard,le président écologiste de la Métropole de Lyon, a répondu aux attaques de la droite pointant du doigt sa responsabilité dans l’incendie d’un squat près de Lyon où une femme a perdu la vie.
“Sensinterdix, une idefix de Fabianus Velobus Bagnus” Les opposants au sens unique dans la Grande-Rue d’Oullins-Pierre-Bénitecaricaturent le vice-président délégué à la voirie, Fabien Bagnon, aux côtés de Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole chargé des déplacements, transformé en“Sensunix. Vox populi, vox nulli, JC Kohlaasus”.
ENIMAGES
Confluences La revanche d’un musée longtemps maudite musée des Confluences a fêté ses dix ans sans strass ni paillettes. Après avoir été gaLbegie financière, il pourrait savourer sa longtemps décrié à Lyon, qualifié de revanche. En une décennie, il s’est hissé au rang de premier musée de France en province avec 6,5 millions de visiteurs depuis son ouverture. De ces dix années, Cédric Lesec, directeur des relations extérieures et de la diffusion de l’établissement, veut retenir“le formidable attachement du public à ce musée qui est devenu son musée, son musée de cœur, un musée de proximité, un musée où on vient en famille et qui est devenu presque une évidence. Un musée où on a des rituels et l’image que j’en ai, c’est un enfant qui est né en 2014 à la fin de l’année où on a ouvert et qui aujourd’hui a dix ans et pour lequel c’est un formidable endroit pour s’apprendre et apprendre”. Le musée des Confluences a longtemps été maudit. Le projet avait été lancé en 2001 avec légèreté par Michel Mercier qui était alors candidat aux élections municipales à Lyon. La complexité du bâtiment imaginé par les architectes a été sousestimée. Le coût du chantier a, lui, été largement sousévalué. Le Département du Rhône avait initialement budgété 60 millions d’euros. Le musée des Confluences coûtera finalement plus de 300 millions d’euros. Une addition qui se corse en rajoutant les coûts indirects liés à son financement par des emprunts toxiques contractés par le Département. Lors de la création de la Métropole, un an avant l’ouverture du musée, celleci a hérité de l’ouvrage. Un cadeau que beaucoup imaginaient empoisonné à l’époque. Les frais de fonctionnement du musée semblaient très élevés et l’affluence imaginée surévaluée. Le succès populaire de l’ancien musée Guimet a rendu l’addition annuelle tout à fait convenable. ///P. T.
Remplacé.La RATP prend le contrôle du métro er À partir du 1 janvier 2025, la RATP prendra en charge l’exploitation du métro et des trams lyonnais, mettant fin au monopole de Keolis après trente ans. Cette décision, motivée par les écologistes du Sytral, vise à réduire l’influence de Keolis et à favoriser la concurrence. Le marché sera scindé en deux : Keolis gardera la gestion des bus, tandis que RATP Dev s’occupera des modes lourds. JeanCharles Kohlhaas, viceprésident du Sytral, l’assure :“La concurrence a permis d’éviter de faire exploser les coûts comme la dernière fois.”Les autorités garantissent une transition en douceur, en protégeant les conditions sociales des employés. La RATP devrait aussi exploiter les futures navettes fluviales du réseau TCL qui doivent être mises en service d’ici juin 2025.
LELYONNAISDUMOIS
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L’émission quotidienne Chaque matin, dès 7 h, la rédaction de Lyon Capitalevous propose une émission, “6 minutes chrono”, avec une personnalité de la place lyonnaise. Pour tout connaître d’un sujet en seulement quelques minutes, retrouvez nos vidéos sur Lyoncapitale.fr, le site référence de l’actualité lyonnaise.
L’ESSENTIELDEL’ACTUALITÉ
RETROUVEZ NOS INVITÉS SUR
S’IL NE FALLAIT RETENIR QU’UN SEULCHIFFRE712 378 euros Le couperet est tombé et brutalement. Philippe Cochet a été condamné le 11 décembre à une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire malgré l’appel qu’il a interjeté. Il a donc démissionné de ses mandats de maire de CaluireetCuire et de président de l’opposition au conseil métropolitain. La justice l’a aussi condamné à rembourser les salaires indûment perçus par sa femme qu’il avait embauchée comme assistante parlementaire. Le couple doit rendre 712 378 euros à l’Assemblée nationale, l’équivalent de trentetrois années au Smic, au titre des salaires perçus et 97 941 euros à France Travail.
Renommée.La rue Bugeaud e Après la place AbbéPierre (dans le 9 arrondissement), c’est la rue Bugeaud e (6 ) qui pourrait prochainement être débaptisée. C’est, en tout cas, le souhait du maire de Lyon, Grégory Doucet (Les Verts). ThomasRobert Bugeaud a été maréchal de France, gouverneur militaire de Lyon (18431849), figure de la colonisation de l’Algérie. Son nom avait été attribué à une rue en conseil municipal le 4 août 1854. En octobre dernier, l’avenue Bugeaud, e dans le XVI arrondissement de Paris, avait été rebaptisée avenue Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération mort en 2021, le maréchal ayant“joué un rôle éminemment néfaste”durant la colonisation de l’Algérie, dans les années 18301840, selon Anne Hidalgo (PS).
Olivier Ginon, dieu du stade Le patron de GL Events doit se frotter les mains. 2024 aura été une année faste pour le leader mondial de l’évènementiel. Après les bons chiffres à l’international en plus des JO de Paris (360 millions d’euros de chiffre d’affaires), le groupe lyonnais est à deux doigts de s’offrir le stade de France. Dans le détail, l’État a engagé des négociations exclusives avec GL Events pour l’exploitation du stade dès 2025, pour une durée de trente ans, écartantde factole consortium Vinci/Bouygues, pourtant gestionnaire depuis 1995 et malgré une promesse de travaux de 400 millions d’euros. Selon les dernières informations, si GL Events annonce moins d’investissements que ceux envisagés par le candidat déchu, le groupe aurait prévu un plan convaincant pour les commerces aux portes du stade. Côté chiffres, la marque lyonnaise a enregistré une progression de +18 % de son chiffre d’affaires au troisième trimestre, atteignant les 384 millions d’euros. Résultat, le groupe lyonnais anticipe une croissance de +10 % du CA par rapport à l’année dernière, déjà à 1,427 milliard d’euros en 2023. ///É. T.