Une ethnographie à l’échelle de la ville Urbanité, histoire et reconnaissance à Koudougou (Burkina Faso) , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

EAN13

9782811100780

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

4 Mo

Mathieu Hilgers
Une ethnographie à l’échelle de la ville
Urbanité, histoire et reconnaissance à Koudougou (Burkina Faso)
Publié avec l’aide financière du Fonds de la recherche scientifique - FNRS
KARTHALA
UNE ETHNOGRAPHIE
À L’ÉCHELLE DE LA VILLE
Publié avec l’aide financière du Fonds de la Recherche Scientifique – FNRS, Belgique
KARTHALAsur internetf: http://www.karthala.com (paiement sécurisé)
Couverture : Une rue de la ville de Koudougou. Photo François Goffin.
© Éditions Karthala, 2009 ISBN : 978-2-8111-0078-0
Mathieu Hilgers
Une ethnographie à l’échelle de la ville
Urbanité, histoire et reconnaissance à Koudougou (Burkina Faso)
Préface de Pierre-Joseph Laurent
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Remerciements
Partant de la reconnaissance de la dimension nécessairement collective de la production du savoir, il semble difficile de remercier toutes les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à l’entreprise dont cet ouvrage résulte. Néanmoins la contribution de certains s’est avérée décisive et je souhaite leur adresser mes plus vifs remerciements pour le temps et les efforts qu’ils ont accepté de me consacrer (parfois à leur corps défendant). Tout d’abord Géraldine André, présente à chaque étape de ce travail : sur le terrain, dans l’analyse, dans l’écriture et dans la relecture. Son soutien, notre vie et passion communes ont été des éléments essentiels tout au long des trois ans et demi nécessaires pour réaliser cette recherche. Ensuite, ceux qui m’ont accompagné sur le chemin de la ville de Kou-dougou : Lazare Zoma, Pascal Kafando, Dieudonné Belem Tougri, Victor Yameogo, Laurent Yameogo, Joey, Erwan Pouhaire, Étienne, la famille Zoma, Koulbi, Ousmane, Bouba, Sa Majesté le Laallé naaba Sanem, les nombreux membres de la famille Kaboré et tout particulièrement Gabriel et Jean-Christophe, Viviane et Roland. Que soient également remerciés aussi tous ceux qui ont accepté de répondre et de participer aux enquêtes ainsi que mes amis ouagalais, tout particulièrement J-B, Aimé, Évelyne, Ousseni, Félicité et Romuald. Sur le plan scientifique, je témoigne toute ma reconnaissance à Pierre-Joseph Laurent qui n’a jamais ménagé son enthousiasme, ses compétences et son talent d’activateur d’énergie pour permettre l’aboutissement de ce projet. Que soient remerciés également, Raphaël Gély, Sten Hagberg et Olivier Servais. Chacun d’eux a mis, à de multiples reprises, ses connais-sances au service de l’amélioration de ce travail. Merci aussi à Michel Agier, Mariane Ferme et Michel Izard, pour avoir accepté de lire et de commenter le manuscrit de l’ouvrage. Je souhaite également remercier d’autres chercheurs qui, d’une manière ou d’une autre, ont accepté de dialoguer à propos de l’un ou l’autre aspect de ce travail : Richard Banégas, David Berliner, Benoît Beucher, Thomas Bier-schenk, Giorgio Blundo, Jacky Bouju, Louis Carré, Jean De Munck, Felice Dassetto, Bernard Fusulier, Vincent Foucher, Laurent Fourchard, Marc-Éric Gruénais, Jean-Pierre Jacob, Pascale Jamoulle, Alain Loute, Christian Lund, Georges Madiéga, Jacinthe Mazzocchetti, Éric Mangez, Jacques Nanema, Claude Sissao, Jan Ovesen, Jean-François Oriane, Jean Rémy, Samuel Salo, Bruno Schoumaker, Jean-Pierre Olivier de Sardan, Pierre Petit. Tout ce travail n’aurait pas été possible sans l’assistance patiente et infa-tigable de mes parents, Édith et Paul, lecteurs inlassables, transcripteurs zélés, correcteurs tenaces.
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UNE ETHNOGRAPHIE À L’ÉCHELLE DE LA VILLE
Je témoigne toute ma gratitude aux relecteurs et aux personnes qui m’ont aidé sur le terrain : Alexandre Chaidron, Laurent Delcourt, Edwige Goffin, Julie Hilgers, Louis Carré, François Polet. Merci à François Goffin d’éclairer ce travail par son talent de photographe. Différents aspects de ce travail ont été présentés à l’occasion de colloques, conférences et ateliers en Europe, aux États-Unis et en Afrique ; merci à tous les participants et une mention particulière à l’école doctorale de l’APAD. Certaines parties de ce texte ont fait l’objet de publication ailleurs, on trouvera les références dans la bibliographie générale. Un dernier mot pour marquer toute ma reconnaissance au personnel de l’Université Catholique de Louvain et plus particulièrement de l’unité d’an-thropologie et de sociologie. Merci aussi à toute l’équipe du Laboratoire d’anthropologie prospective. Merci enfin au Fonds national de la recherche scientifique sans lequel ce travail n’aurait pas été possible.
Préface
L’Afrique s’urbanise rapidement et l’émergence des « villes moyennes » est devenue depuis quelque temps déjà un enjeu majeur. Qu’est-ce qu’étu-dier une ville dans l’Afrique d’aujourd’hui et comment le faire ? Ce très bel ouvrage, novateur à tous égards, apporte une réponse originale à ces questions. Il renouvelle le genre par une autre ethnographie des pratiques et des représentations urbaines qui intègre le local et le global, le rural et l’ur-bain, le village et la ville, le singulier et le collectif, l’histoire et le présent. La portée théorique de ce travail dépasse largement la spécificité d’un terrain. L’anthropologue Mathieu Hilgers éclaire des processus plus géné-raux qui détaillent les conditions pour construire uneethnologie de la ville moyenne. L’objet du livre est Koudougou ; avec ses 80 000 habitants, cette ville est la troisième du Burkina Faso. Située à l’Ouest des royaumes moose et à proximité des peuplements gurunse, l’agglomération est composée de groupes hétérogènes. Si ce travail constitue une contribution importante à la connaissance de la périphérie des royaumes moose, en choisissant Kou-dougou comme objet d’enquête, Mathieu Hilgers va au-delà car, pour en rendre compte, il a associé les perspectives de recherche propre, à l’his-toire, à l’anthropologie et à la sociologie dans une démarche originale fondée sur l’interdisciplinarité. Qu’est-ce que l’urbanité et quelles sont les conditions pour une ethno-logie urbaine ? Cette double question est le fil rouge de l’ouvrage. Le lecteur est invité à suivre la formation progressive d’une identité collective. Elle s’institue à travers des représentations sociales partagées par les habitants de Koudougou comme autant d’enjeux identitaires et normatifs singulière-ment associés à la ville. Ces principes de « l’identité urbaine partagée », une fois identifiés, invitent à une seconde analyse. Ils indiquent de quelle façon l’urbanité, l’autochtonie et la réputation accordée de l’extérieur à l’ag-glomération fonctionnent comme des éléments qui forcent chaque habitant ou chaque groupe d’habitants à se positionner sur la scène urbaine. C’est par ce mécanisme que les groupes de populations qui composent la ville l’in-tègrent. On le comprend, ce livre constitue non seulement une contribution importante aux recherches consacrées à la ville, à Koudougou et de façon plus générale au Burkina Faso, mais il pose aussi de façon nouvelle la possi-bilité plus générale d’une anthropologie urbaine et plus spécifiquement des villes moyennes. Attentif à suivre le parcours classique de l’ethnologue, Mathieu Hilgers n’a pas emporté avec lui un objet d’étude préétabli. Il a alors dû se mettre
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UNE ETHNOGRAPHIE À L’ÉCHELLE DE LA VILLE
en quête de son terrain. Il a ainsi pu apercevoir que Koudougou n’avait pas encore fait l’objet d’études scientifiques de grandes ampleurs. Le défi qu’il s’assigne est d’emblée important. A ce titre, la réflexion méthodologique est omniprésente. Elle porte sur la manière de décrire la ville, comme d’une ethnologie à l’échelle d’une ville moyenne. Il établit une articulation, méthodologique et théorique, entre une observation qui ne cède rien à la qualité empirique ni à la priorité accordée aux informateurs et une démarche qui lui permet, en même temps, de s’extraire du phénoménal pour traiter de l’urbanité comme de l’identité partagée. Par l’insertion « d’encadrés », au fil des pages, nous sommes conviés à nous familiariser avec les propos d’un religieux, d’un politicien, d’un féticheur patron des camionneurs, d’un insti-tuteur, d’un mécanicien, d’un artisan, d’un fonctionnaire ou d’un assistant technique. Cette longue familiarité devient synonyme d’un local perçu. Il est le point de départ des itinéraires qui conduisent à la ville. Le phénomène urbain est saisi à partir de formules, de discours, d’images ; ce qui nous est envoyé comme signalétique de l’objet « ville » est au plus haut point multiple. Cet ouvrage remue les habitudes disciplinaires lorsque Mathieu Hilgers démontre qu’une ethnographie à l’échelle de la ville est possible. Elle est décrite comme un opérateur qui, sans gommer les différences, articule au contraire dynamiquement de multiples identités intermédiaires sous une appartenance commune. La question de la ville devient celle de la descrip-tion de l’urbanité comme mode d’emploi pratique d’un espace particulier à habiter, à disposition de chacun ou de chaque groupe. La ville produit des représentations sociales vis-à-vis desquelles s’affrontent différents niveaux d’interactions, différents niveaux d’identités, différentes modalités du rapport à l’espace et à l’histoire. La richesse des données empiriques fait ici jeu égal avec la richesse des ressources théoriques. L’inspiration est double et la référence à Pierre Bour-dieu comme à une pierre angulaire que constitue sa théorie deschampsest implicite dans l’attention accordée aux principes structurants. D’un côté donc, la production des données est servie par l’analyse situationnelle et l’extended case methodqui fut celle de l’école de sociologie urbaine de Chicago, formée autour de Parks, Sennet et d’autres et inspirée par les théo-ries sociologiques de Tönnies, par exemple. Et de l’autre, la connaissance de l’anthropologie urbaine du Rhodes Livingstone Institute de Manchester avec ses études de l’Afrique urbaine et industrialisée, telles celles de Glu-ckman, Epstein et Mitchell. Par une lecture inspirée de la confrontation des données du terrain, le lecteur découvrira une analyse renouvelées de ces écoles majeures ; Mathieu Hilgers y met en œuvre son anthropologiedela ville. L’ethnographie est ici intégrative puisqu’elle se construit à l’échelle de la ville. Si elle repose sur un profond travail de terrain acquis sur une longue période de vie à Koudougou, cette approche est complétée par celle de l’his-torien, dans les archives et sur un ensemble de documents récoltés ; ceci accorde une épaisseur remarquable à cette étude. L’attention toujours portée
PRÉFACE
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à l’analyse conceptuelle du matériel empirique donne à cet ouvrage une voix dans des débats comparatifs plus vastes sur l’anthropologie urbaine, politique, et des pratiques et représentations identitaires dans le monde contemporain. L’anthropologie de Kougoudou produite par Mathieu Hilgers conduit à s’interroger sur ce qui fait la communauté urbaine dans les espaces contem-porains où nous vivons. Pour en rendre compte, l’auteur est particulière-ment attentif à deux dimensions : la référence aux communautés d’origine est plutôt présentée comme une production imaginaire plus qu’une réalité sociale, tandis que son ethnographie des situations urbaines montre que la citadinité ne se peut se réduire à l’individualisation. Les éléments qui carac-térisent lecollectif d’appartenancecomme l’identité urbaine partagée de Koudougou, l’ethnologue les repère à partir de son implication dans la vie citadine. Il relèvera trois axes principaux. Ils campent les contours de l’ap-partenance identitaire à cette ville. Ils représentent surtout les principales problématiquesémiquesqui participent à l’existence de la ville comme d’un tout ; ce qui guide l’établissement de ces axes, ce sont les discours et les pratiques des habitants autours des enjeux qui font sens pour eux. Les axes identifiés sont ceux de l’urbanité, de l’autochtonie et de la réputation de la ville de Koudougou comme celle d’une « ville rebelle » du Burkina Faso depuis la période coloniale française. Le premier axe est l’injonction à l’urbanité. Il décrit un « style urbain » qui prend forme dans la petite ville de Koudougou comme l’affirmation d’une nouvelle identité personnelle. Ainsi par exemple, la culture de la « sape » apparaît comme une culture urbaine ; un statut au moindre coût, un trompe-l’œil, une fiction. Dans les bars, la nuit, l’ostentation, la dérision de soi et des autres forment une certaine manière d’être urbain. Chaque per-sonne qui aborde la ville doit d’abord l’incorporer comme une injonction à l’urbanité ; la ville équivaut aussi à une manière d’être urbain qui nécessite une nouvelle domestication du corps. Le second axe concerne les débats autour de l’autochtonie comme du rapport des koudougoulais à l’histoire urbaine. Cette analyse constitue le cœur de l’ouvrage. La thèse explicite les relations conflictuelles entre le Moogho naaba, les chefs autochtones et le Laalle naaba. Les éléments ethnographiques produits montrent les rapports à l’autochtonie sous l’angle de l’affrontement de différents registres de vérités qui complexifient singu-lièrement l’administration de la preuve et réduit d’autant les chances de la production d’un accord partagé. La démonstration est servie par l’histoire destengsés(autels de la terre), comme ressources cultuelles, qui circulent entre quartiers, familles, voire plus récemment entre partis politiques en compétitions pour le pouvoir communal. Intimement intriqués dans les débats constitutifs des formes de l’au-tochtonie, se tissent les enjeux relatifs aux questions foncières. L’étude des lotissements urbains révèle le rapport des citadins à la ville à partir des poli-tiques urbaines. L’analyse des enjeux fonciers, via les parcelles cadastrées, débouche sur la description d’une sorte de « coutume foncière urbaine » en
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