Théologiens et théologiennes dans l’Afrique d’aujourd’hui , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2010

EAN13

9782811103835

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Maurice Cheza Gérard van’t Spijker (dir.) Association francophone œcuménique de missiologie
Théologiens et théologiennes dans l’Afrique d’aujourd’hui
KARTHALA - CLÉ
THÉOLOGIENS ET THÉOLOGIENNES
DANS L’AFRIQUE D’AUJOURD’HUI
Ce livre est publié avec le concours de lInstitut de Missiologie dAix-la-Chapelle
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com
e Couverture : Monogramme du Christ sur un sarcophage duIIsiècle. Musée du Latran, Rome.
© Éditions KARTHALA, 2010 ISBN : 978-2-8111-0383-5
Maurice Cheza Gérardvant Spijker (dir.)
Association francophoneœcuménique de missiologie
Théologiens et théologiennes dans lAfrique daujourdhui
Éditions Karthala 22-24, bd Arago 75013 Paris
e 2 édition
Éditions Clé B.P. 1501 Yaoundé
L’Association FrancophoneŒcuménique de Missiologie (AFOM)
Fondée en 1994, son action vise à promouvoir : la recherche théologique sur la mission en lien avec lex-périence ; la formation missiologique au plan universitaire et ecclé-sial, pastoral et laïc ; la production de travaux allant dans ce sens et leur diffu-sion. une contribution spéciique du monde francophone à la missiologie chrétienne dans une démarcheœcuménique.
Secrétariat : 102 boulevard Arago, 75014 PARIS.
PRÉFACE
Théologies africaines : Lheure est venue !
1 Tharcisse GATWA
Nombre de propos théologiques sur lAfrique, dans les quatre dernières décennies, ont eu pour constantes : létude des fonde-ments d; si tant est que cetteune théologie africaine propre théologie existe, quelles en seraient les sources ? ; le rapport entre la religion traditionnelle et le christianisme ; le choc des civilisations :«(occidentale), islamique et africaines chrétienne » ; le panafricanisme comme source de la pensée politique, philo-sophique voire théologique ; lidentité de la théologie et de l’Église chrétienne ; linculturation ou, selon les tendances, la contextualisation ; le moratoire ; lémancipation des jeunes Églises par rapport auxÉglises dites«mères » ; le témoignage
1. Tharcisse Gatwa, journaliste rwandais, a obtenu son doctorat en théo-logie à lUniversité dEdimbourg (1998) et a été visiteur à cette même univer-sité (1999-2002). Il enseigne la missiologie à Butare (visiteur depuis 2000). Il a été directeur desÉditions CLÉà Yaoundé de 1999 à2006. Il a publié entre autres :Rwanda. Les Églises : victimes ou coupables. Les Églises et lidéologie ethnique au Rwanda, 1900-1994;, Haho, Lomé et Clé, Yaoundé, 2001 The Churches and ethnicIdeology in the rwandan Crises 1900-1994, Oxford, UK, Milestone Keynes, USA and Delhi, 2005 ;Les autreschrétiens rwandais, Présence protestante, 1990 ;Dictionnaire des personnalités célèbres du monde négro-africain, CLÉ;, Yaoundé, 2004 «Contribution desÉglises non catho-liques dans le développement du christianisme en Afrique », dans Jean Paré, Cent ans du christianisme en Afrique,Éditions des Missionnaires de la Conso-lata, Montréal, 2001, p. 145-195.
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THÉOLOGIES AFRICAINES AUJOURDHUI
de l’Église dans un contexte historique marqué par une déshu-manisation. En Afrique, lesÉglises ont souvent manqué au ren-dez-vous historique mais, avec lain de la guerre froide, elles sont confrontées à de nouveaux enjeux, y compris la mondiali-sation, la déchristianisation de lEurope, sans oublier la pan-démie du VIH/SIDA. Eboussi Boulaga avait posé le problème de la révélation comme savoir absolu ; il avait soulevé celui de loccupation des espaces de dialogue des cultures et des religions ainsi que le discours missionnaire en rapport avec la résistance africaine au «» (christianisme bourgeois Christianisme sans fétiche, 1981). Selon lui, dans la mesure où le modèle christique, en fait l’œuvre de Jésus, est symbole de perméabilité, de dépouille-ment, de rabaissement en vue de lélévation, une nouvelle orien-tation de la communauté de foi passant à de nouvelles règles de conversion et des schèmes daction simposent. Les cris qui sont poussés dans le présent ouvrage prolongent cette interpellation vis-à-vis des hiérarchies ecclésiales, dans la voie qui devrait passer par un dialogue franc et par la réconci-liation ain que l’Église puisse retrouver son image et lunité du corps du Christ. En étudiant les royautés sacrées de lOuest du Cameroun et du Ghana, Fossouo a montré que les rois étaient investis par leur peuple pour des monarchies fondées sur un système de croyances religieuses, morales, politiques et spiri-tuelles. Le roi cherchait dabord la volonté et la sanction de Dieu dans toute décision, action, ambition, preuve de la pré-sence du Verbe qui sème, dans leur institution, le pouvoir. Même si lauteur a fait léconomie de lanalyse qui aurait pu montrer que lHomme y était assujetti à la tradition, la question de lain de son étude, la possibilité de trouver des saints dans ces royautés, prolonge largument de Henry Sawyer, Bolaji Idowu et, dans une certaine mesure, de John Mbiti et Kwame Bediako qui, prenant le contre-pied de la Conférence d’Édim-bourg (1910), ont montré que les traditions africaines sont, comme toutes les autres du monde, un terrain fertile à lévan-gile. Dès lors, lon convient avec Bède Ukwuije que la mission du théologien consiste à rendre compte ou rendre raison de la foi dans une communauté chrétienne dune société donnée, à montrer le besoin dinterdépendance de sa mission avec les expériences vécues par les communautés et à prouver que lex-périence religieuse nest pas seulement une des conditions
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daccès à la révélation mais fait partie du processus de la révéla-tion. Bè: nde ajoute une mise en garde importante arrachons pas Dieu à lemprise des idéologies occidentales pour lenfermer dans les cultures et civilisations africaines. Ces dernières sont, elles aussi, victimes de crises didentité et dexclusions de toute sorte. LAfrique mondialisée, selon Vibila, est devenue le conti-nent desêtres superlus, dont la vie et la dignité ne comptent pas. Puisque lAfrique na pas su élever la solidarité en valeur universelle, elle se retrouve ainsi sans projet ; Vibila rejoint Hélène Yinda qui se préoccupe du fait que lAfrique reste victime dun Occident qui a évacué Dieu et le christianisme des domaines éthique et moral. Or l’Église est loin d’être capable de jouer la médiation. En perpétuant la théologie patriarcale et hiérarchisée que Paul a repris de la culture juive, l’Église africaine est devenue un maillon important dans le système dinfériorisation de la femme (Togboga) et des peuples dorigine non occidentale. Une nou-velle ecclésiologie viviiante, attentive et non savante, devra considérer les notions de la paternité et de la maternité, non en termes de domination masculine et de reproduction mais en référence à lAncien Testament qui attribue le sens de roc, tendresse ou amour ainsi quen rapport au Nouveau Testament (Église comme Vierge, Jeune épouse, Mère). Cest donc dire quelle est appelée à promouvoir les valeurs de simplicité, de joie évangélique, de fraîcheur, dapprentissage continu, dépa-nouissement et de protection des faibles (Ngalula). Lhorizon-talisme de la non-croyance en la souveraineté de Dieu, dans le monde occidental, ne peut plusêtre un dénominateur commun pour un humanisme qui protège les droits de tous, observe Quenum. Si lon cherche à garder ou à réhabiliter lharmonie sociale et éthique, alors il conviendra dobserver la loi dans le sens dune nouvelle alliance de correction fraternelle et de pardon (Mt., 18,16). Quenum rappelle donc judicieusement la nécessité pour l’Église de réexaminer ses rapports avec le pou-voir. Lexercice du pouvoir du«pè» qui nre de la nation hésite pas à assassiner sesils etilles, ou du«père de famille », bour-reau ou invisible en famille, doit céder la place à lexercice du pouvoir considéré comme délégation des droits dun Dieu, Père. Cest à une réforme en profondeur de lecclésiologie quil faut procéder pour arriver à une« Église-fraternité », chère à feu le
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THÉOLOGIES AFRICAINES AUJOURDHUI
cardinal Malula, dont le cheminement est restitué par Ndongala Maduku. En prenant connaissance de la substance du présent livre qui invite l’Église à la solidarité et à lécoute des sans-voix, à l’œcuménisme, à la promotion humaine et au bien-être de lhumanité, nous prenons conscience dautres enjeux de la théologie africaine : les conditions démergence, lurgence des théologies de réconciliation.
L’: une affaire démergence des théologies écoles ou denga-gement ?
Quelles que soient la solidité et la qualité de la formation dispensée dans nos milieux denseignement, aucune théologie ne peut prendre essor dans un contexte où nexistent pas décoles de pensée ni doutils de vulgarisation, en loccurrence, les mai-sons dédition, les revues et journaux scientiiques. Lon peut raisonnablement postuler que, dans le monde catholique, Kins-hasa, Yaoundé, Bénin, Port-Harcourt et Kampala-Nairobi, ont été des pôles de rélexion des quatre dernières décennies et que lexistence des maisons dédition et des revues y a été pour beaucoup. Les racines plongent jusquau début du siècle dernier qui a vu le renforcement du panafricanisme par des pionniers comme W.E. Du Bois ou Marcus Garvey avec sa«Déclaration des peuples nègres du monde», suivi, quelques années plus tard, par le mouvement de la négritude. Certains missionnaires ont emboîté le pas y compris F. Aupiais, missionnaire au Dahomey (Bénin), qui publiela Renaissance africaineen 1925 et, deux décennies après, le franciscain Tempels, missionnaire au Congo, qui publieLa philosophie bantouc (1949). Les tra-vaux des premières générations des théologiens africains comme Alexis Kagame, Vincent Mulago doivent beaucoup à cette phi-losophie de Tempels. En fait, la théologie chrétienne, en tant que«discours élaboré, à prétention scientiia toujoursque », emprunté terminologies et concepts à la philosophie, comme le rappelle E. Messi Metogo. Lécole de Kinshasa, dans leffort dinculturer le christia-nisme, a joué un rôle fondamental dans lémergence dune pensée théologique africaine, comme en témoigne le propos que lillustre
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et le plus entreprenant dentre eux, le cardinal Malula, a pro-noncé lors du synode des évê:ques à Rome en 1974 «Les missionnaires ont christianisé lAfrique ; maintenant, cest au tour des Africains dafricaniser le christianisme ». Aujourdhui, linculturation nest complète que quand elle tient compte des is socio-économiques et politiques, ce qui enracine lévan-gile dans la vie des peuples. La théologie doitêtre créative et inventive par opposition à la théologie en chambre. En 1955, à Bandoeng, les peuples colonisés auront scellé leur unité dans leur revendication de liberté. Cette même année, sur le plan théologique, le prêtre rwandais, Alexis Kagame, défendait sa thèse de doctorat,La philosophie bantu rwandaise de l’être.Recoupant les langues bantu et utilisant les catégories aristotéliciennes, Kagame démontre, de manière irréfutable, la cohérence de la philosophie bantu. Cest la même année que le savant sénégalais Cheik Anta Diop commence à exposer ses thèses qui vont révolutionner la pensée universelle avec, notam-ment,Culture africaine. Civilisation ou barbarie.1956 simpo-sera comme le début de la conscience théologique en Afrique, suite à la publication de louvrage :Des prêtres noirs sinterro-gent, dans lequel les contributeurs posent les fondements dune théologie de linculturation du christianisme sans oublier dap-puyer lévolution politique de leur pays vers lindépendance. De la recherche de lidentité à linculturation, les théologies africaines sarticulent, ces dernières années, autour de lidée de la reconstruction physique, morale, spirituelle, culturelle, poli-tique et économique de lAfrique. Cette graduelle assurance fait aujourdhui face au phénomène de la mondialisation qui, comme le dirait KäMana,«; à laimbécillise » les chrétiens africains pandémie du VIH/SIDA ; à la paupérisation continue de lAfrique. Le fait que lOccident, qui nest plus la référence des valeurs morales, reste tout de même la puissanceinancière, ne va pas sans poser un dilemme à certains chrétiens dAfrique. Les jeunes théologiens, pour avoir la chance de servir uneÉglise, «vierge »,«épouse » et«mère », doivent simposer une grande rigueur dans la recherche méthodologique propre, poursuivre et innover sur celle de leurs aînés, militer pour des théologiens en phase avec les aspirations de leurs peuples.
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