Que vivent les femmes d’Afrique ? , livre ebook

icon

182

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2011

Écrit par

Publié par

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

182

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2011

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Publié par

Date de parution

01 janvier 2011

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811105297

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Que vivent les femmes d’Afrique ?
^ Tanella BONI
QUE VIVENT LES FEMMES D’AFRIQUE ?
Visitez notre nouveau site KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Vendeuse de fruits sur un marché de Lomé. Atlantide Phototravel.
Éditions KARTHALA, 2011 ISBN : 978-2-8111-0529-7
Tanella Boni
Que vivent les femmes d’Afrique ?
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
À la mémoire de ma mère, femme digne de foi
Je remercie l’Institut d’études avancées (IEA) qui m’a donné du temps pour la nouvelle édition de cet ouvrage.
Avant-propos
La plupart des maux dont je parle dans cet essai se retrouvent ailleurs, dans d’autres pays, hors d’Afrique. On pourrait donc se demander si l’univers des femmes que j’explore ici est spéci-fique à une région du monde. Partout, et quelles qu e soient les cultures en présence, il y a des femmes battues, violées, harcelées, dominées. La phallocratie ou l’idéologie construite autour du pouvoir du mâle qui, en conséquence, se donn e tous les droits est loin d’être une invention africaine. L’excision et d’autres formes de mutilations sexuelles féminines dépassent largement les frontières de l’Afrique. Les esclavages modernes ainsi que la prostitution ne sont pas non plus des spécificités africaines. Des femmes trompées, trahie s par leurs époux existent sur les cinq continents et dans les îles. Il y a un problème réel auquel l’on se heurte lorsqu’il s’agit de penser la relation entre femmes et hommes. S’il arrive que des femmes trompent leurs maris ou conjoints partout dans le monde, tout se passe comme si les hommes avaient le droit de circuler librement d’un partenaire sexuel à l’autre, par-delà les engagements personnels et les lois sociales. Cett e liberté de circulation est déniée aux femmes , sauf cas exceptionnels venant corroborer la règle générale. En effet, les représentations collectives n’acceptent pas, d’hier à aujourd’hui, en Afrique ou ailleurs, que les femmes se comportent comme s’il n’y avait ni loi morale, ni codes sociaux. Ainsi, dans aucun pays, les rapports entre le féminin et le masculin ne nous présentent un univers harmonieux.
8
QUE VIVENT LES FEMMES D’AFRIQUE?
Mais comment se manifeste la domination masculin e en Afrique ? Plus elle est forte et visible, plu s les Africaines, loin d’être des victimes passives, apprennent à ouvrir les yeux sur leurs propres maux en mettant en place des stratégies de résistance et de révolte, même si elles ont été éduquées dans le respect des anciens, des pères et mères, des aînés.
En mai 1994, un projet d’écriture me conduisit à Genève. J’avais décidé d’interroger des femmes africaines en situation de migration. Ainsi, je fis la connaissanc e d’une Camerounaise mère de famille nombreuse et fonctionnaire internationale, d’une Rwandaise essayant de refaire sa vie auprès d’un autre homme après avoir quitté son pays en proie à une tragédie sans nom et d’une Érythréenne marquée par ses blessures, ayant traversé difficilement les frontières étatiques pour ses études et rêvant, dans le même temps, d’un mari idéal musulman . Ces femmes me confièrent leurs craintes et frustrations, leurs bonheurs et aspirations. Elles avaient des histoires différentes de la mienne mais nous nous ressemblions toutes les quatre par notre commune appartenance à l’Afrique et à la condition que partagent toutes les femmes du monde. En 1997, je coordonnai un projet de recherche sur les responsabilités assumées et les résistances auxquelles se heurtent les citadines à Abidjan. Cela me permit de comprendre, entre autres, l’impact des religions et le poids des communautés dans la soumission des femmes africaines à leur « destin », au moment où les experts en développement envisageaient plus de « pouvoir » et « d’auto-nomie » pour elles. Le premier lieu d’où je parle ici est constitué de discrimi-nations, de harcèlements, de suspicions, d’humiliations au quotidien. Ce que j’appelle insécurité féminine, en contrepoint de l’idée de sécurité humaine développé e notamment dans le cadre du système des Nations unies. Il s’agit, pour ma part, d’approfondir la question des femmes déj à présente dans mes textes antérieurs et j’écris cet essai parce que je suis une femme d’Afrique assumant ses lieux singuliers sur des territoires appartenant à toutes les femmes du monde.
Introduction
En 1978, quand l’universitaire sénégalaise Awa Thiam publie 1 son essaiLa Parole aux Négresses, tout se passe comme si un voile se déchirait soudain rendant visibles les maux des Africaines. Un lourd silence était rompu. Pourtant, en 1972, s’était tenu à Abidjan un colloque de la Société africaine de culture qui avait débattu de « La Civilisation de la femme dans 2 la tradition africaine . » À en croire les propos des participants, tout allait pour le mieux concernant la femme et l’éducation, les luttes politiques, la médecine traditionnelle et tous les domaines de la vie sociale. Quelques rares contributions, comme cell e de l’anthropologue Harris Memel-Fôté, interrogeaient les rapports sociaux et l’inégalité des sexe s ; Colette Houéto plaçait la femme « au centre de la sagesse africaine. » Elle inscrivait les rapports entre la femme et l’homme dans le registre de la complémentarité. Parce que l’homme en tant qu’individu « n’a jamais rien fait de bon dans la solitude de son sexe », il recherche ardemment sa moitié féminine.
1. 2.
« Il suffit que l’homme se réalise dans une communauté sociale en éprouvant sa liberté et accepte, à l’école de l’initiation, d’assumer son destin dans la responsabilité. Or la conception anthropologique africaine veut que l’homme “tout
Awa Thiam,La Parole aux Négresses, Paris, Denoël-Gonthier, 1978. LaCivilisation de la femme dans la tradition africaine, Paris, Présence Africaine, 1975.
Voir icon more
Alternate Text