Quand la révolution, aux Amériques, était nègre... Caraïbes noirs, negros franceses et autres « oubliés » de l’Histoire , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866240

Langue

Français

Nicolas Rey
Quand la révolution, aux Amériques, était nègre...
Caraïbes noirs,negros franceses et autres « oubliés » de l’Histoire
Préface d’Elikia M’Bokolo
KARTHALA
QUAND LA RÉVOLUTION, AUX AMÉRIQUES,
ÉTAIT NÈGRE...
KARTHALA sur Internet : http ://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :An ba la kay(sous le temple vodou), Haïti, 2003, cliché Fred Mogin.
© Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-624-0
Nicolas Rey
Quand la révolution, aux Amériques, était nègre...
Caraïbes noirs,negros franceses, et autres « oubliés » de l’Histoire
Préface d’Elikia M’Bokolo
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Je remercie de tout mon cœur
Elikia M’Bokolo, directeur d’Etudes à l’EHESS, qui me soutient avec force et détermination, pour des raisons scientifiques mais aussi person-nelles communes ; Maxime Haubert, professeur à La Sorbonne (IEDES), qui a offert sa confiance en dirigeant ma thèse, son sérieux et sa gentillesse ayant été de vrais gages d’encouragement ; Jean Copans, Robert Ageneau et les Éditions Karthala, qui ont donné la dernière touche aux diverses « épreuves »...
Mon « satané pote d’infortune » Fred Mogin, qui m’accompagne boî-tier à l’œil dans l’aventure, jusqu’en Haïti, sous le temple vodou (An Ba La Kay) ; Mon bientôt « ami de trente ans » Blaise Chabanis, qui n’hésite jamais à corriger mes travaux pour en améliorer l’écriture et se cultiver en retour (sic!), ainsi que Alain Gonnard toujours prêt à aider les pauvres hères piégés par l’industrie informatique de masse (merci pour la couv.) ; Le Centro de Antropologia de La Habana qui m’a permis d’accéder à l’archivo nacional ; Mes amis du Guatemala et « néanmoins collègues » Jorge Murga, Maria Antonieta, Julio Taracena, Alfonso Arrivillaga, et bien d’autres encore, qui m’ont fait aimer leur pays ; La communauté garifuna de Livingston – des vivants aux ancêtres – et tout particulièrement la ONEGUA, BUDURU, « Goyo » Baltazar, Marcelina Bernardez et Don Beto Mejia, sentinelles et gardiens du temple ; Et ma famille, « à cheval » entre Marie-Galante, la Guadeloupe, l’Algérie et Paris.
Honneur enfin à ces personnages hors du commun, descendants d’Africains aux Amériques, qui luttèrent contre les esclavagistes, et arra-chèrent leur liberté. La Liberté, universelle.
A José et Joseph
Préface
Comme s’y engage son auteur, Nicolas Rey, ce livre passionnant ramène à la surface de la mémoire et porte à notre connaissance des figures individuelles et collectives autant que des phases fondamentales de l’histoire du monde jusqu’ici très largement oubliées. Et, disons-le, trop injustement oubliées. Un oubli dont les effets ne se limitent pas aux Caraïbes et aux Amériques. Car, ce dont il s’agit ici, ce n’est pas seule-ment de réparer une injustice, aussi cruelle et aussi pesante soit-elle. C’est aussi, grâce à un travail d’érudition singulièrement réussi et constamment rendu accessible, la mise en œuvre d’une démarche qui donne à voir une histoire complète et équilibrée, dont se trouvent entièrement restitués les différents acteurs, les multiples enjeux, les complexes rebondissements et dont apparaissent plus que suggérées les connexions évidentes, dissimu-lées ou tortueuses, avec les combats d’aujourd’hui. La tentation a été en effet et reste encore grande de ne relever de ce passé, long de quelques siècles, que certains de ses aspects, pour la pire des causes ou avec les meilleures intentions. Ainsi, avec tout ce qu’ils ont heureusement apporté à la prise de conscience renouvelée, dans les socié-tés issues de l’esclavage et dans les régions affectées par la traite esclava-giste, des injustices passées et de leurs prolongements dans les formes actuelles de domination, les débats sur les réparations destinées à com-penser, si l’on peut dire, la traite et l’esclavage des Africains comportent des risques inhérents à une approche qui resterait partielle d’un phénomène terriblement ample. Il ne fait évidemment aucun doute que ces deux systèmes, le système marchand, mais aussi politique et idéologique, de la traite et le système social, économique et politique de l’esclavage, aient été des « crimes contre l’humanité ». Le dire aujourd’hui, exiger la reconnaissance de ce fait de la part des États modernes, ci-devant négriers et bénéficiaires de ces systèmes, réclamer en conséquence des dispositifs de tous ordres, éduca-tifs, culturels, symboliques, institutionnels ou économiques, pour en éviter l’oubli et le retour, relève d’un devoir à la fois moral, intellectuel et poli-
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QUAND LA RÉVOLUTION, AUX AMÉRIQUES, ÉTAIT NÈGRE...
tique. A ceux qui osent crier à l’anachronisme, au prétexte que de telles démarches reviendraient à analyser et à juger un passé lointain avec des catégories juridiques et des concepts d’aujourd’hui, il suffirait de rappeler que, dès les premiers jours de la traite comme de l’esclavage, il y eut des voix fortes et éminentes pour les condamner sans réserve avec les argu-ments de ces temps-là. Et que les valeurs d’aujourd’hui, qui les font condamner avec les conséquences que beaucoup redoutent, sont les héri-tières directes de ces arguments-là. Par ailleurs, si le crime d’esclavage n’a pas payé, puisque la liberté a fini par l’emporter, il se trouve régulièrement des courants de pensée et des individus issus des milieux divers et se parant, parfois, de la respectabilité des institutions académiques et reli-gieuses, pour chercher à en nier la singularité, à en atténuer l’ampleur, à en obscurcir les responsabilités, à en banaliser les significations et les portées. On sait bien aujourd’hui que l’Afrique, les Caraïbes, les Amériques, n’ont pas été le seul théâtre de pratiques aussi abominables et que partout, des actes de cette nature (massacres de masse, génocides, crimes de guerre, épurations ethniques, racismes d’État...) ne cessent de susciter, malgré l’évidence et l’immensité des dégâts qu’ils ont directement provoqués, les formes les plus variées de révisionnisme et de négationnisme, des plus insidieuses aux plus provocatrices et aux plus cyniques. Pour toutes ces raisons, on est donc fondé à réitérer la dénonciation et la condamnation. Mais, du même coup, le risque est considérable de réduire ceux sur lesquels ces pratiques criminelles se sont abattues à l’état de victimes, quitte à leur reconnaître, ce qui n’est pas toujours le cas, un certain poten-tiel de révolte, donc une partie, mais une partie seulement, de cette vigou-reuse humanité dont l’absence aurait malgré tout contribué à leur propre asservissement. Ici, en France, la République, en tant que régime, a été assez habile pour récupérer les profits des régimes précédents, tout en se défaussant de la responsabilité de systèmes dont l’inscription, au cœur de la longue gestation de la nation, continuait évidemment de produire des effets sous le régime républicain lui-même. D’aucuns disent : « La République n’a-t-elle pas aboli l’esclavage ? » Il est clair que oui : mais ce fut pour lui substituer aussitôt la colonisation, le travail forcé et l’indi-génat. D’autres insistent : « N’a-t-elle pas finalement décolonisé, après avoir aboli et le travail forcé et l’indigénat ? » Il est évident que oui, même si elle s’est empressée de mettre en place et s’est ingéniée à conso-lider les réseaux du néocolonialisme. Il y a encore ceux qui, imaginant qu’on peut, de l’extérieur d’un espace politique, en façonner les struc-tures et en organiser le jeu, spéculent : « N’a-t-elle pas pressé ses anciennes possessions dans la voie de la démocratie ? » Ces envolées discursives obéissent à de multiples stratégies. L’une d’elles, dont les conséquences historiographiques et mémorielles sont les plus lourdes, est la réitération indéfinie de la même affirmation : quelles
PRÉFACE
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qu’aient été les causes du trafic négrier et de l’esclavage des Noirs, quelles qu’aient été les responsabilités imputables à tel ou tel maillon de la longue chaîne de leurs artisans, quelles que soient leurs séquelles dans les sociétés actuelles, il reste, nous assure-t-on, que les initiatives et les actions déci-sives qui les ont atténués et qui y ont mis un terme seraient à mettre princi-palement ou exclusivement au crédit des États occidentaux. Cette manie de distribuer de manière très inégale les rôles des différentes aires culturelles et géopolitiques dans la production du monde moderne et, en particulier, ce déni d’initiative frappant les Africains sur leur continent et en dehors de celui-ci participent pleinement des mécanismes de domination qui structu-rent le monde d’aujourd’hui. C’est ainsi que, par exemple, Haïti, le premier et le seul État issu d’un combat victorieux des esclaves contre leurs maîtres, devient « la France noire ». Belle formule certes, confortée par l’autorité scientifique et républicaine de Jules Michelet. Mais formule inexacte, trom-peuse et dangereuse, qui transforme l’esclave insurgé et victorieux en dis-ciple appliqué, soumis et docile de ceux-là mêmes qui, non contents de l’avoir asservi, ont tout mis en œuvre pour le ramener à l’esclavage et, ayant de nouveau échoué, pour compromettre sa jeune souveraineté. Nicolas Rey fait remarquablement justice de ces laborieux échafau-dages, dont il met en morceaux les innombrables combinaisons. Il faut le lire pour voir se déployer les instruments les mieux assurés de l’historio-graphie actuelle. Traqueur inlassable des archives, il les a cherchées dans l’ensemble des Caraïbes et de l’Amérique centrale, déterminé à franchir les cloisonnements des territoires coloniaux et dénichant partout les élé-ments d’une histoire commune : c’est sous la main même des négriers et des esclavagistes qu’il trouve les pièces habilement croisées de son argu-mentaire. Cette construction intellectuelle ne relève pas seulement de la maîtrise d’une technicité. Elle est aussi le terme solidement établi d’une démarche caractérisée par la sympathie étroite avec le terrain étudié. Disons-le, une démarche marquée par l’engagement de l’auteur. Venu à l’histoire à partir de la sociologie et de l’anthropologie, ce chercheur, attentif à tous les langages circulant dans les sociétés où il a travaillé, a su tracer les routes conduisant à des témoins privilégiés. Car, nous savons que les témoins ne tombent pas du ciel, pas plus qu’ils ne se positionnent en quelque endroit visible, dans l’attente patiente du chercheur assoiffé d’informations : c’est le travail de l’enquête qui peut conduire à eux. L’unité de l’espace caraïbe, fondée sur la géographie et l’histoire, a été pressentie et proclamée par plusieurs chercheurs et activistes. Les chemi-nements précis de cette histoire restaient à écrire, dès lors qu’on ne se contentait plus de raconter, en quelque sorte par en haut et à partir de fer-ments exogènes, l’histoire des agressions dont les peuples caraïbes ont été les victimes et celle de l’esclavage des Noirs qui a façonné le monde cari-béen, mais qu’on cherchait à repérer et à rassembler les maillons des
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