139
pages
Français
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2010
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Publié par
Date de parution
16 avril 2010
Nombre de lectures
2
EAN13
9782738196286
Langue
Français
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16 avril 2010
Nombre de lectures
2
EAN13
9782738196286
Langue
Français
© O DILE JACOB, AVRIL 2010 15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
9782738196286
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ouvrage proposé par Aldo Naouri
« Que réclame la petite fille de sa mère ? »
Sigmund F REUD , Sur la sexualité féminine , 1931.
« La femme semble attendre comme femme plus de substance de sa mère que de son père. »
Jacques L ACAN , « L’étourdit », Scilicet , 1972.
Préface d’Aldo Naouri
Je n’ai pas rencontré Malvine Zalcberg par hasard. Elle avait été sollicitée par mon éditeur brésilien pour modérer un certain nombre de débats auxquels je devais participer en septembre 2009 à Rio de Janeiro. Comme cela se passe toujours, nous avons donc entrepris de faire connaissance… autour d’un café. C’est à ce moment-là que j’apprends, non seulement qu’elle est psychanalyste, mais qu’elle a écrit un certain nombre d’ouvrages dont elle me communique les thèmes. J’ai littéralement sursauté en apprenant que l’un d’eux s’intitulait : Qu’est-ce qu’une fille attend de sa mère ? Et je crois que, pendant un instant, j’ai dû m’abstraire totalement de la conversation. J’étais en effet envahi par une joie sourde et indicible à laquelle je ne savais pas si je pouvais croire. Que s’était-il passé ? En 1998, au terme de deux années de travail ardu sur ce lien singulier qui réunit comme aucun les filles à leurs mères comme les mères à leurs filles, j’avais publié Les Filles et leurs mères , dont le succès fut – et continue – d’être tel qu’il n’a pas cessé de m’étonner. Et qu’avais-je fait dans mon propre ouvrage ? Je m’étais penché sur ce lien en ayant délibérément choisi d’en examiner et d’en décrire la teneur, le plus précisément possible, dans le seul sens ascendant. Je m’étais penché sur ce qui se passait entre les filles et leurs mères sans me préoccuper plus que nécessaire sur ce qui se passe entre les mères et leurs filles. Cela n’a jamais pour autant empêché qu’on puisse de façon étrange continuer de me créditer d’une intention contraire. Combien de fois en effet ne suis-je pas encore abordé sur le mode : « Ah, oui, c’est vous qui avez écrit mères-filles ? » J’ai beau corriger, mon propos n’est pas plus pris en considération. Comme si le glissement ne pouvait qu’être là pour témoigner d’une pesanteur contre laquelle une fille a le plus grand mal à se défendre. Depuis mon ouvrage, d’autres sont parus sous différentes signatures pour aborder ce lien dans le sens descendant et en décrire également la teneur comme les impasses. Mais jamais je n’avais eu connaissance jusque-là d’un ouvrage posant aussi directement aux intéressées la question sur le mode d’une interrogation aussi nette. Le mien disait : « Voilà le contenu de ce lien dans le sens ascendant. » Ceux des autres disaient : « Voilà le contenu de ce lien dans le sens descendant. » La description des autres, comme la mienne, faisait évidemment état des impasses inévitables et de leurs causes éventuelles sur lesquelles il serait ou non possible de revenir. Or le livre de Malvine Zalcberg aborde la question tout à fait différemment. S’il se préoccupe évidemment de la structure des rapports qu’il décrit parfaitement, il n’en ouvre pas moins la porte à leur abord prospectif : « Qu’est-ce qu’une fille attend de sa mère ? » J’ai entendu ce titre comme celui d’un livre que j’aurais voulu mais que je n’aurais jamais pu écrire. Pour la simple raison que, même après une psychanalyse, je ne pouvais pas, en tant qu’homme, fils et père, aborder cette problématique avec la sensibilité requise pour l’intégralité de ses dimensions. Malvine Zalcberg a pu le faire, elle. Tout simplement parce qu’elle est femme, fille, mère (aussi de fille) et psychanalyste, et qu’elle a eu le courage – que pour ma part je salue – de poser la question en ce sens. J’ai lu son ouvrage avec la curiosité et le plaisir qu’on imagine. C’est un ouvrage d’un bout à l’autre passionnant. Un ouvrage de psychanalyste – heureusement, car cela en garantit la rigueur ! Mais un ouvrage théorique au langage clair, qui n’hésite pas à exposer des cas cliniques et qui ne laisse ainsi rien dans l’ombre. C’est un véritable bonheur de lecture. Il permet à chaque lectrice de faire, sans même le vouloir, son propre chemin et à chaque lecteur de voir poindre un brin de lumière sur ce fameux « continent noir » qu’il côtoie dans la stupeur quand ce n’est pas dans le découragement ou l’effroi. Ce qui est d’une importance considérable dans la mesure où tout ce qui contribue à alléger ce lien ne peut avoir que des influences salutaires sur le devenir de nos sociétés.
Aldo Naouri
Prologue
« C’est plus fort que moi. J’aime mes enfants avec tendresse, mais je ne peux m’empêcher de les battre avec violence. La scène est toujours la même : je les agresse, et aussitôt je les embrasse, au milieu des pleurs, des repentirs et des demandes de pardon. »
La perplexité, la faute et l’angoisse d’infliger une souffrance à ses enfants, qu’accompagnent des gestes inexplicables, motivent la demande d’analyse de cette jeune mère. Le motif de sa plainte : « C’est plus fort que moi », en viendra en cours d’analyse à révéler son double montage, fondé sur l’inconscient et sur la pulsion, les deux axes autour desquels l’être humain se constitue, en référence constante à un autre.
Chez cette femme, qui jouit d’une solide relation matrimoniale et d’un accomplissement professionnel compétent, le symptôme « c’est plus fort que moi » se loge au cœur de sa relation avec sa mère. L’histoire particulière que chaque fillette écrit avec sa mère au long de son enfance et de son adolescence laisse d’habitude chez la fille – et tel avait bien été le cas ici – une indifférenciation face à sa mère dans les aspects qui touchent à son identification propre comme femme. C’est le corps et le désir de la mère qui se présentent comme « plus forts » que les siens.
De ce fait vécu sur le registre inconscient, elle n’expérimente que les effets : la volonté de rester proche de sa mère, et en même temps la nécessité de s’éloigner d’elle, sans bien savoir pourquoi. Ces efforts de séparation et de rapprochement se déplacent dans sa relation avec ses enfants, et jusque dans la situation de son analyse qu’elle interrompt et reprend maintes fois.
Comment sortir de ce cycle répétitif de séparations et de retours par lequel se manifeste son vif désir de se distinguer de sa mère et d’accéder à une véritable identité féminine qu’elle puisse dire sienne ?
Dans ma recherche pour approfondir, comme une des voies pour aborder ce cas clinique, cette question de la difficulté ressentie par la fillette de se séparer de sa mère, aspect considéré par Freud en ses textes ultimes comme crucial dans le développement de la sexualité de la femme, je suis tombée sur une surprenante constatation. En dépit de l’intérêt indéniable que ce thème pourrait susciter – amplement exploité dans la littérature, au théâtre et au cinéma –, on avait peu publié d’ouvrages de psychanalyse sur la spécificité de la relation mère-fille.
Je revins cependant aux textes de Freud, afin de suivre l’évolution de sa pensée au sujet de la sexualité féminine : après avoir exclusivement attribué à la relation avec le père le développement de la féminité de la fille, il avait été amené à conclure à la fin de son parcours que ce développement dépendait surtout du dédoublement de sa relation avec sa mère. En vérité, constatait-il, la féminité d’une fille se constitue préœdipiennement et œdipiennement « entre mère et père ». Suivre le cheminement des idées de Freud sur la sexualité féminine est, encore et toujours, un parcours enrichissant pour la compréhension de la spécificité de la relation unissant mère et fille, femmes toutes deux.
Je revins ensuite aux textes de Lacan, puisque parmi les analystes postfreudiens il est celui qui s’est le mieux consacré à reprendre, approfondir et enrichir le patrimoine légué par Freud au sujet du processus par lequel il revient à chaque femme de constituer sa féminité possible.
Le premier moment de l’enseignement de Lacan est marqué par le dédoublement des formulations freudiennes au sujet de la sexualité féminine de la fillette qui se développe « entre mère et père », c’est-à-dire dans les relations différenciées qu’elle établit avec l’une et l’autre en fonction de la logique phallique dans laquelle se fonde son complexe d’Œdipe.
La logique phallique à la base de la théorie œdipienne de Freud et de Lacan est fondée sur le fait que le père occupe une place symbolique à partir de laquelle il lui revient de régler les positions que la fillette ou le garçon occuperont dans la famille et la société. Dans l’exercice de cette fonction symbolique, le père doit instituer une première séparation entre la mère et l’enfant, à l’intérieur de la relation fermée qui caractérise les premiers instants de la vie de l’enfant, ce dernier se trouvant initialement complètement soumis aux desseins maternels. Ces prémices fondamentales de la constitution du sujet sont ce que la psychanalyse appelle la castration. Jusqu’à ce moment structural de la castration, l’évolution de l’enfant de l’un et l’autre sexes est la même ; elle ne le sera plus par la suite.
Et ce parce que, bien que le registre institué par l’intervention symbolique du père dans la relation mère-enfant laisse aussi bien chez la fillette que chez le garçon une