161
pages
Français
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2011
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Publié par
Date de parution
25 novembre 2011
Nombre de lectures
0
EAN13
9782760531871
Langue
Français
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Date de parution
25 novembre 2011
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0
EAN13
9782760531871
Langue
Français
Presses de l’Université du Québec
Le Delta I, 2875, boulevard Laurier, bureau 450, Québec (Québec) G1V 2M2
Téléphone: 418 657-4399 − Télécopieur: 418 657-2096
Courriel: puq@puq.ca − Internet: www.puq.ca
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Vedette principale au titre:
Les langues autochtones du Québec: un patrimoine en danger
Comprend des réf. bibliogr.
ISBN 978-2-7605-3185-7 ISBNEPUB 978-2-7605-3187-1
1. Indiens d’Amérique - Québec (Province) - Langues. 2. Indiens d’Amérique - Québec (Province) - Conditions sociales. 3. Langues indiennes d’Amérique - Québec (Province). I. Drapeau, Lynn, 1948- .
PM351. L362011 306.44’089970714 C2011-941199-7
Les Presses de l’Université du Québec reconnaissent l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et du Conseil des Arts du Canada pour leurs activités d’édition.
Elles remercient également la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) pour son soutien financier.
Mise en pages: I NFO 1000 MOTS
Couverture: MICHÈLE B LONDEAU
2011-1.1 – Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés
© 2011 Presses de l’Université du Québec
Dépôt légal – 4 e trimestre 2011
Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Bibliothèque et Archives Canada
Avant-propos
LYNN DRAPEAU
Le présent ouvrage a comme point d’ancrage les effets du contact avec les langues et la culture majoritaires sur les langues autochtones. Il constitue un complément à l’ouvrage Les langues autochtones du Québec , publié il y a vingt ans par le Conseil de la langue française, sous la direction de Jacques Maurais (1992). Depuis ce temps, aucun autre ouvrage n'a réellement fait le point sur la situation des langues autochtones au Québec, si bien qu’elles en sont venues en quelque sorte à disparaître de l’écran radar. Cette publication vient rappeler qu’il existe chez nous un patrimoine linguistique précieux et menacé de disparition rapide.
Couvrant des éléments variés, ce livre illustre les progrès et la vitalité de la recherche sur les questions reliées à la langue et au répertoire oral en milieu autochtone. Les études de cas reflètent la diversité des situations et la complexité des enjeux auxquels les communautés autochtones sont confrontées. Alors que les problématiques sont diverses et abordées sous une multiplicité d’angles, le portrait composite qui s’en dégage permet d’avoir une vue d’ensemble nuancée et équilibrée. De plus, une bonne part des articles est issue de partenariats entre des chercheurs universitaires et des représentants de l’une ou l’autre des Premières Nations. Mis de l’avant par le Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH) du Canada, ces partenariats de recherche université-communauté autochtone permettent de garantir une plus grande participation des Autochtones à la recherche poursuivie dans leur milieu et visent à assurer une meilleure diffusion des retombées de ladite recherche auprès des principaux intéressés. Il y a lieu de se réjouir de compter plusieurs chercheurs autochtones parmi nos auteurs.
Ce livre réunit des articles issus du colloque «Les langues autochtones du Québec: un patrimoine menacé», tenu à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) le 3 décembre 2010. Je remercie d’ailleurs les participants du colloque pour leurs commentaires et leurs suggestions ainsi que l’UQAM pour son appui financier à la tenue de cet événement qui a rendu le présent recueil possible. En terminant, ma gratitude va à Magali Lachapelle, Renée Brasseur et Fanny York pour leur apport à l’élaboration du manuscrit.
PARTIE 1
À patrimoine linguistique menacé, riposte organisée
CHAPITRE 1
Portrait d’un patrimoine en danger
LYNN DRAPEAU
RÉSUMÉ
Le but de ce chapitre est de fournir l’information nécessaire à la compréhension du contexte dans lequel évoluent les langues autochtones à l’heure actuelle. Il permet également de préciser les principaux enjeux auxquels sont confrontés les chercheurs désirant étudier la situation de ces langues, qu’ils soient Autochtones ou non. Il illustre par la même occasion la grave menace qui pèse sur les langues de faible diffusion à l’ère de la mondialisation.
INTRODUCTION 1
Alors que le Québec pouvait s’enorgueillir de la présence d’environ une dizaine de langues autochtones sur son territoire, quelques-unes d’entre elles, comme le huron et le malécite, en sont aujourd’hui disparues, et celles qui ont survécu sont gravement menacées. Cette situation n’est pas inédite puisque plusieurs organisations internationales, dont l’UNESCO, prédisent à court terme la disparition d’un grand nombre de langues à travers le monde. La situation est très préoccupante: elle mérite d’emblée analyse et réflexion, mais sans exclure, comme on le verra plus loin, la nécessité de mettre sur pied des plans d’action réalistes et fondés sur un examen de la dynamique sociolinguistique à laquelle les communautés sont confrontées.
1. LA FILIATION LINGUISTIQUE
La diversité du patrimoine linguistique autochtone du Québec s’articule en une dizaine de langues regroupées en trois familles linguistiques distinctes. Une famille linguistique regroupe un nombre de langues ou de groupes de langues remontant à un ancêtre commun, pris le plus souvent sur une échelle de quelques milliers d’années. Les trois familles en question sont: les langues iroquoiennes, les langues algonquiennes et les langues de la famille esquimau-aléoute (ou eskaléoute ). Au Québec, les langues iroquoiennes sont représentées par le mohawk et le huron-wendat, tandis que les langues algonquiennes sont l’atikamekw 2 , l’algonquin, l’abénaquis, le cri, l’innu 3 , le micmac, le naskapi et, jadis, le malécite. Quant à la famille esquimau-aléoute, elle est incarnée au Québec par l’inuktitut 4 .
Cependant, l’aire de dispersion de chacune de ces trois familles linguistiques dépasse les limites du Québec. La famille esquimau-aléoute couvre la région arctique du Canada nordique, de même que le Groenland et l’Alaska, et elle s’étend jusqu’à la pointe nord-est de la Sibérie (voir Dorais, 2010). Quant à la langue inuite comme telle, Dorais rapporte (2010, p. 27) qu’elle comptait 100 775 locuteurs au tournant des années 2000. Répartis entre le nord de l’Alaska, l’Arctique canadien et le Groenland, ces locuteurs partagent une langue commune et, toujours selon Dorais, peuvent se comprendre en dépit des différences dialectales. La famille linguistique iroquoienne comporte une douzaine de langues réparties de la région des Grands Lacs jusqu’en Caroline du Nord. Pour ce qui est de la famille linguistique algonquienne, elle se répartit de l’Atlantique aux Rocheuses et couvre le centre du territoire québécois, le nord-est des États-Unis et s’étend jusqu’au Kentucky et dans les Carolines, de même que dans la région des Grands Lacs.
2. DES CARACTÉRISTIQUES LINGUISTIQUES COMMUNES
Les langues autochtones présentent un ensemble de traits linguistiques communs. Au chapitre des propriétés linguistiques, comme la plupart des autres langues autochtones d’Amérique du Nord, les langues autochtones du Québec sont polysynthétiques. Cette expression renvoie à l’organisation de base de la langue qui est de pouvoir exprimer au moyen d’un seul verbe ce qui nécessite une phrase complète dans les langues indo-européennes (comme le français et l’anglais). Dans les langues polysynthétiques, la marque qui sert à exprimer la personne et le nombre dans la conjugaison verbale tient lieu de pronom, si bien que le verbe peut s’utiliser sans aucune autre forme externe de sujet ou de complément d’objet. Cela est illustré par l’exemple suivant, tiré de l’innu, lequel constitue une phrase complète ne comportant qu’un seul verbe.
De plus, ces langues ont la propriété de pouvoir composer des verbes presque à l’infini en assemblant en un seul mot un ensemble de pièces de base selon des patrons préétablis