Les Familles qui ont la tête à l'envers , livre ebook

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2005

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Comment se libérer du passé quand il pèse trop lourd ? Comment se reconstruire après un drame, petit ou grand ? Comment retrouver le goût de vivre lorsque, dans sa famille, un événement plus ou moins ancien, connu ou méconnu, mais souvent sous-estimé, empêche d’aller de l’avant et d’exister pleinement ? Spécialiste de la famille, Robert Neuburger nous montre ici comment la culpabilité peut se transmettre de génération en génération et amener enfants et petits-enfants à refuser aussi bien l’amour que le bonheur. Pour toutes ces familles blessées, il propose, à partir de son expérience professionnelle, une approche thérapeutique originale, alliant la reconnaissance des faits et l’introduction de nouveaux mythes et de nouveaux rites. Psychiatre, psychanalyste, Robert Neuburger est l’un des fondateurs du mouvement de thérapie familiale en France. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Nouveaux Couples et Les Territoires de l’intime.
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Publié par

Date de parution

31 août 2005

Nombre de lectures

1

EAN13

9782738188076

Langue

Français

Robert Neuburger
LES FAMILLES QUI ONT LA TÊTE À L’ENVERS
Revivre après un traumatisme familial
 
© Odile Jacob, septembre 2005 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8807-6
www.odilejacob.fr
Table

Préface
Première partie. LES FAMILLES BLESSÉES
CHAPITRE PREMIER. Aux origines d’un traumatisme
Une violence qui laisse des traces
De l’individu à la famille : le passage
la source du drame
De génération en génération
Crise, catastrophe, trauma : comment distinguer ?
CHAPITRE 2. Quand on a la tête à l’envers
Un rapport inversé au temps
Les morts plutôt que les vivants
Le gel des sentiments
Le sacrifice de soi
La terreur du silence
Jouer à mourir
les autres symptômes
CHAPITRE 3. La transmission familiale
Le mythe et la mémoire
La culpabilité comme « prothèse » mythique
Le poids de la faute
Comment être heureux ?
Le prix de la culpabilité
Seconde partie. RETOUR À LA VIE
CHAPITRE 4. Re-connaître
La reconnaissance sociale
La reconnaissance par les pairs
La reconnaissance par le thérapeute : les deux neutralités
Oser y croire soi-même
CHAPITRE 5. Re-mythifier
Greffe mythique contre prothèse mythique
Les bienfaits du mythe
Trois familles en quête de mythe
CHAPITRE 6. Re-ritualiser
Le besoin de rituel dans les familles traumatisées
Entre frères et sœurs : un rituel de rencontre
Des coups aux fleurs : la place du père
Guérir par soi-même ?
ÉPILOGUE. La trace d’un certain passé
Notes
Références bibliographiques
DU MÊME AUTEUR
« Dénouer un peu le lien de ce qui est passé, de ce qui s’est passé, de ce qui passe, telle est la simple tâche. Dénouer un peu le lien. »

  Pascal Q UIGNARD , Abîmes
 
Préface
 
Mme Artémise se languissait dans une clinique moyenâgeuse où j’exerçais à temps partiel lors de mes débuts en psychiatrie. Elle était soignée pour une dépression depuis quelques semaines et ne semblait pas faire de progrès significatifs. Avec l’enthousiasme et la curiosité du jeune psychiatre, je pus avoir avec elle quelques entretiens. La patiente me révéla alors, par bribes, et non sans hésitation, retours en arrière, dénégations puis aveux pénibles, son histoire. Son hospitalisation avait fait suite à une longue période de morosité et de tristesse qui, devant l’absence d’explication, avait tout naturellement conduit son médecin généraliste à conclure qu’il s’agissait d’une « dépression » et qu’il convenait d’ordonner un séjour thérapeutique en clinique.
Mme Artémise était une jeune et jolie femme, mariée, n’exerçant aucune profession et sans enfant. Elle ne me révéla que très progressivement, tant elle en avait honte, un secret qui concernait son mari. Les deux époux étant issus de familles bourgeoises aisées, leur mariage fut célébré avec faste. La relation du jeune couple était heureuse, mais la venue d’un enfant souhaité par tous, en particulier par la mère du mari, tardait. Bien entendu, des examens avaient été ordonnés qui ne montrèrent chez madame aucune difficulté particulière. En revanche, la surprise vint du côté du mari qui présentait une azoospermie complète, c’est-à-dire une absence totale de spermatozoïdes ! La cause en était une orchite ourlienne, une atteinte des testicules, complication des oreillons, survenue dans son enfance.
À leur grande surprise, les deux époux découvrirent que la mère de monsieur était parfaitement informée de cette complication et de ses conséquences : cette femme avait laissé les fiançailles, puis le mariage se dérouler sans en informer ni son fils ni, bien sûr, sa future bru ! Mme Artémise commença alors sa « dépression », incapable qu’elle était de s’en ouvrir à sa propre famille ou d’en vouloir à son mari, tout aussi victime qu’elle. Ensemble, nous avons alors pu travailler les deux questions de la culpabilité et de la loyauté. Le statut de malade de Mme Artémise avait certes un coût, mais il permettait d’éviter d’expliquer pourquoi elle n’avait pas d’enfant et protégeait ainsi les deux familles d’un scandale qui aurait probablement entraîné la rupture du couple. La suite a été simple : après quelques séances, le couple s’est resserré et a pu « procréer » – écrire et publier un livre à deux.
J’ai une gratitude considérable envers Mme Artémise qui m’a appris la méfiance à l’égard du diagnostic de maladie mentale qui ne peut être effectué que si les praticiens sont aveuglés par la vision parcellaire des situations rencontrées. Il est souvent opposé que ce cas n’est justement pas une « vraie » dépression. Cet argument évoque les difficultés que rencontrait Freud quand il affirmait l’importance de la vie sexuelle infantile dans les névroses ultérieures. Certains psychiatres de l’époque, voulant mettre à l’épreuve sa théorie, demandaient tout de go à leurs patients ce qu’il en était de leur masturbation infantile ! Dans la situation de Mme Artémise, c’est le contexte familial qui importe et, en particulier, le traumatisme familial provoqué par la stérilité de monsieur, qui était porteur de tous les espoirs de transmission familiale en raison de son statut d’enfant unique. C’est d’ailleurs probablement cet aspect traumatique qui a poussé la mère de monsieur à adopter cette attitude de dénégation dont Mme Artémise a été victime.
Mais, pour une Mme Artémise, combien de « patients » sont soignés sans avoir jamais eu la possibilité de « contextualiser » leurs symptômes ? Il s’agit toujours de questions extrêmement privées et qui ne se révèlent que lorsqu’une relation de confiance s’est instaurée entre le praticien et son patient. Parfois, comme l’expérience l’a montré, le patient ne dispose pas des informations qui, pourtant, le concernent de près. C’est souvent dans le cadre de thérapies familiales ou de couple qu’émergent des informations sur le véritable enjeu d’une symptomatologie dont l’expression paraît individuelle et énigmatique.
Nous faisons ici l’hypothèse que certains symptômes peuvent être dus comme étant la conséquence à distance de traumas familiaux, connus ou méconnus.
Le scénario-catastrophe qui a mené Mme Artémise en clinique psychiatrique suggère que l’origine de bien des troubles mentaux, certains graves, d’autres mineurs, est moins mystérieuse qu’il n’y paraît. Il n’y a pas plus de génération spontanée des troubles psychiques que de génération spontanée des bactéries comme on le croyait encore au XIX e  siècle. Curieusement, certains psychiatres en sont restés à cette vision obscurantiste et allèguent, sans preuve, de vagues facteurs génétiques. Les généticiens sont plus que réservés sur ce sujet. L’un des plus grands, le professeur Arnold Munnich, écrit : « Il n’y a pas – il n’y aura pas – un gène de l’homosexualité, un gène de la violence, un gène de la schizophrénie, un gène de l’autisme… La personne humaine ne peut être réduite à son génome, et nous sommes heureusement loin d’être déterminés par nos seuls gènes 1 . » Pour autant qu’on les cherche, les causes efficientes des maladies mentales ne manquent pas, que ce soit l’isolement, les traumatismes individuels, mais aussi, et plus fréquemment qu’on ne l’imagine, les traumatismes familiaux.
On ne saurait relier une pathologie à une origine unique. Le principe systémique d’équifinalité admet que des troubles différents peuvent avoir une origine commune, alors que certains symptômes semblables ont des origines très différentes. De là découle le peu d’intérêt, voire la dangerosité, des approches classificatrices en matière de maladie mentale. Ainsi inclure « les déprimés » ou « les psychotiques » dans le même ensemble et proposer des traitements liés à l’inclusion de tel ou tel individu dans un groupe diagnostique précis. Sous les mêmes étiquettes diagnostiques se cachent des souffrances très variées, car une des capacités de l’homme est de se faire souffrir ou de souffrir pour des raisons très différentes tout en exprimant cette souffrance sous des formes similaires : il y a moins de façons d’exprimer ses souffrances que de raisons de souffrir. Parmi les motifs de souffrance, les suites de traumatismes familiaux sont bien plus fréquentes qu’on ne le reconnaît actuellement.
Comment certaines pathologies peuvent-elles être reliées à des situations de traumatismes et, en particulier, de traumatismes familiaux ? Et comment sortir de ce qui semble être un destin ? L’objet de ce livre est de préciser la notion de traumatisme, d’introduire et d’expliquer ce que peut être un traumatisme familial et de montrer comment un trauma peut engendrer des troubles sur plusieurs générations. Mais son ambition la plus importante est de montrer, par le récit de certaines histoires, toutes authentiques, l’espoir que peut constituer la psychothérapie familiale pour rompre le sort au moyen de techniques qui sont proches de ce dont sont capables les familles et les individus qui s’en sont sortis.
Le but de cet ouvrage est donc de proposer une définition du traumatisme et, plus précisément, du concept de traumatisme familial, puis de montrer que la transmission du traumatisme n’a rien de mystérieux et utilise une voie particulièrement efficace : la transmission d’un sentiment de culpabilité dans les générations successives. Ces deux points, essentiels, permettent la mise en place d’hypothèses thérapeutiques pour favoriser le retour à la vie de certaines familles prisonnières de leur passé, celles que j’ai appelées « les familles qui ont la tête à l’envers ». Une partie importante de l’ouvrage sera donc consacrée au traitement de ces familles qui se présentaient pour des symptômes très différents – problèmes de couple, problèmes existentiels, comportements à risque, pathologies organisées comme la dépression, la psychose ou l’anorexie –, mais ont toutes su relier ces difficultés à des traumas familiaux, connus ou méconnus, et souvent sous-estimés. Les traumas familiaux peuvent être provoqués par des événements dramatiques comme des violences racistes, mais, parfois, il s’agit d’événements moins extrêmes, comme des divorces, mais qui

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