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EAN13
9782889300693
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Comment en vient-on à aimer les meubles et les objets que l’on expose dans son salon ? Comment juge-t-on les goûts en matière d’habitat des autres ? Comment, dans un couple qui emménage ensemble pour la première fois, se négocie le choix du mobilier et de la décoration ? Lequel des deux partenaires parvient à s’imposer ? Quels arguments sont avancés pour parvenir à ses fins ? Telles sont les principales questions qui sont à la base de cet ouvrage. En mobilisant les théories « post-bourdieusiennes » relatives aux styles de vie, la présente recherche vise à comprendre comment les codes esthétiques mobiliers se constituent et comment ils se matérialisent dans le salon des individus. Le logement est donc ici appréhendé comme un territoire où s’expriment les goûts et les dégoûts de chacun. Mais il peut également devenir un espace de débats et de négociations à partir du moment où le couple décide de cohabiter. Outre une analyse de ce modus operandi conjugal, l’intention est de mesurer l’influence de l’appartenance sociale et de l’appartenance genrée dans la manière d’investir à deux un appartement. Cette étude cerne donc les différents mécanismes à l’oeuvre dans la mise en ménage du couple d’une part, et la manière dont les partenaires construisent à deux un univers domestique d’autre part. Ce faisant, l’auteur nous convie à un voyage au coeur du « chez-soi » des trente personnes qu’il a rencontrées dans le cadre de son travail.
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EAN13
9782889300693
Langue
Français
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3 Mo
Couverture
4e de couverture
Titre
P ATRICK I SCHER
L ES COUPLES FACE À LEUR LOGEMENT : GOÛTS ET DÉGOÛTS EN MATIÈRE D’HABITAT
C ONSTRUCTIONS , DÉFINITIONS , REPRÉSENTATIONS ET NÉGOCIATIONS DES CODES ESTHÉTIQUES MOBILIERS
É DITIONS A LPHIL -P RESSES UNIVERSITAIRES SUISSES
Copyright
© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2015 Case postale 5 2002 Neuchâtel 2 Suisse
www.alphil.ch
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
ISBN 978-2-88930-069-3
Ce livre a été publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique dans le cadre du projet pilote OAPEN-CH.
Illustration de couverture : @ Hervé Stadelmann, 2015.
Responsable d’édition : Sandra Lena
R EMERCIEMENTS
C ette thèse de doctorat n’aurait pu être aboutie sans le concours de plusieurs personnes. Je tiens ici à leur faire part de ma plus profonde gratitude.
Tout d’abord, je souhaite exprimer mes remerciements les plus sincères au professeur François Hainard. Outre le fait qu’il m’ait transmis sa passion pour la sociologie en tant qu’enseignant, la confiance qu’il m’a témoignée alors que j’étais son assistant m’aura permis d’évoluer sereinement dans l’univers de la recherche. En tant que directeur de thèse il a su m’accorder suffisamment de liberté sans jamais relâcher un encadrement qui s’est avéré bienvenu. Grâce à cette combinaison, j’ai pu avancer en toute quiétude sur un des chemins de la connaissance sociologique en me sentant constamment encouragé dans mes démarches.
Ensuite, je sais gré à la professor assistant Viràg Molnàr pour l’accueil convivial et bienveillant qu’elle m’a réservé lors de mon séjour boursier à The New School for Social Research (New York City). Son soutien m’aura été des plus bénéfiques et nos échanges m’auront donné l’opportunité d’aller au-delà des doutes auxquels j’ai pu ponctuellement être confronté. Mes remerciements vont aussi à Francesca Poglia Mileti (professeur associée de l’Université de Fribourg) qui a largement contribué à m’enseigner les ficelles du métier de sociologue avec une énergie toujours pétillante.
Un grand merci à Jérôme Heim, Gaël Curty, Amaranta Cecchini et Hughes Jeannerat de l’Institut de sociologie de l’Université de Neuchâtel. Si les conseils qu’ils ont promulgués au cours de nos interminables discussions m’ont été d’une grande utilité, c’est surtout l’amitié que nous avons su développer au fil de ces échanges qui m’a intensément marqué.
Je suis particulièrement reconnaissant à mes amis Nicolas Bellégo, Claude Bezençon, Estelle Moser, Alain Straubhaar pour leur précieuse relecture, ainsi qu’à Félicie Meier-Taillard pour l’intérêt qu’elle a porté à mon projet. Le soutien que m’ont offert Benjamin « Tenko » Taillard, Frédéric Gros-Gaudenier, Olivier « Lolli » Laesser, Sandro Romano et Marie Voisard doit également être souligné.
Je remercie chaleureusement mes parents Marie et Denis, ma sœur Stéphanie, mon beau-frère Alex et leurs enfants Lina, Elio et Zélie qui ont su, chacun à leur manière, admirablement reconnaître mes efforts, quand bien même mon travail leur paraissait souvent abscons.
Je tiens à exprimer ma plus vive gratitude à Corinna Weiss. Si j’ai mesuré les difficultés inhérentes à la cohabitation conjugale dans le cadre de mon étude, vivre avec elle m’a surtout donné la possibilité d’en saisir le caractère fabuleux. La manière qu’elle a de conjuguer vivacité d’esprit et humour n’a d’égal que l’énergie inépuisable qu’elle insuffle dans ce qu’elle entreprend. Ce qui s’est largement avéré à travers le temps qu’elle a consacré à la relecture de mon travail et la pertinence de ses commentaires.
Je désire finalement remercier sincèrement les personnes qui ont aimablement accepté de s’entretenir avec moi et d’endosser ainsi le rôle d’informateur. Leur sincérité et leur honnêteté m’ont permis de récolter un matériau fiable et l’abondance de détails qu’ils ont énoncés a clairement été indispensable pour mener à bien cette recherche. Malgré la relative longueur de nos entretiens, tous se sont livrés au jeu sans jamais faire preuve d’une quelconque lassitude.
A VERTISSEMENT
L a sociologie a cela de déstabilisant qu’elle confronte le chercheur aux mécanismes du monde social. Mettant la lumière dans les pièces sombres de notre inconscient collectif, le sociologue tente de bousculer certaines idées reçues et certains a priori à travers un processus de déconstruction. Ce dernier peut s’avérer être dérangeant pour celui qui ne veut pas questionner quelques-unes de ses certitudes, c’est pourquoi il nous paraît important d’avertir le lecteur que les éléments mentionnés dans ce travail sont susceptibles de le mettre quelque peu mal à l’aise et de le prévenir quant à la dimension potentiellement violente du discours scientifique. En ce sens, puisque nous traitons d’objets particulièrement sensibles – les goûts et l’intimité conjugale – et que notre but n’est bien entendu pas de heurter les individus et de perturber la paix des ménages, nous avons pris le parti de priver le lecteur de quelques fragments de nos analyses. Il est en effet des confidences qui ne méritent pas d’être explicitement exposées dans un travail de ce type et nous préférons donc les passer sous silence afin de ne pas avoir l’impression de trahir les personnes qui ont eu l’amabilité de s’entretenir avec nous. Cependant, cette manière de faire n’épargnera peut-être pas nos informateurs d’un sentiment d’amertume. Certains chercheurs ont d’ailleurs fait les frais du désenchantement causé par la publication de leur étude. Dans le dessein d’avertir le lecteur – et particulièrement les personnes que nous avons rencontrées – du caractère parfois troublant de la recherche sociologique, nous nous appuyons sur une remarque de Florence Bouillon qui résume parfaitement le décalage qui peut se révéler entre la situation d’entretien et les analyses qui en découlent : « [...] si l’empathie est au cœur de la relation d’enquête, l’écriture est une mise à distance de l’Autre. La froideur de l’analyse contraste avec la chaleur des échanges et des moments partagés et leur dissemblance recèle une forme de brutalité. » (B ouillon , 2005, p. 91) Nous espérons, par ce bref avertissement, minimiser autant que faire se peut la brutalité qui peut émaner de notre exposé.
I NTRODUCTION GÉNÉRALE
L e thème du goût occupe une place privilégiée dans le champ des sciences sociales et nombreux sont les chercheurs qui se sont emparés de ce sujet dans le dessein de saisir sa dimension socio-culturelle (par opposition à son caractère prétendument inné et naturel). Comprises comme un indicateur particulièrement pertinent des manifestations de goût et de dégoût, les pratiques culturelles ont fait l’objet de maintes analyses et plusieurs spécialistes sont parvenus à rendre compte des liens étroits qui existent entre une position occupée dans l’espace social et des goûts particuliers. Or, comme le souligne Véronique Nahoum-Grappe, « si la question de la beauté se pose techniquement dans le vaste domaine de l’art, [...] le champ bien plus vaste de la vie en dehors de l’art est aussi sans cesse interrogé sous l’angle du jugement de qualité » (N AHOUM -G RAPPE , 2004, p. 5). C’est notamment le cas de l’habitat et de l’habiter. Car outre le fait que l’on retrouve, selon Monique Eleb (1996), tous les éléments qualifiant la vie privée au sein de l’espace domestique (des plus sociaux aux plus psychologiques), ce dernier est également ce « lieu d’investissement privilégié qui permet à chacun de concrétiser son style de vie ». ( R ÉMY , 1994, p. 69) En ce sens il constitue, comme le dit Pierre Bourdieu, un territoire favorable à l’expression du goût de ses occupants :
« L’effet du mode d’acquisition n’est jamais aussi marqué que dans les choix les plus ordinaires de l’existence quotidienne, comme le mobilier, le vêtement ou la cuisine, qui sont particulièrement révélateurs des dispositions profondes et anciennes parce que situés hors du champ d’intervention de l’institution scolaire, ils doivent être affrontés, si l’on peut dire, par le goût nu, en dehors de toute prescription ou proscription expresses [...]. »
(B OURDIEU , 1979a, p. 84-85)
Se pose dès lors la question de savoir comment les individus s’approprient leur logement et avec quels éléments ils le décorent et le meublent. S’inspirant des annuaires anglais Decorati