La transmission des savoirs en Afrique Savoirs locaux et langues locales pour l’enseignement , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2011

EAN13

9782811105617

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Henry Tourneux avec la collaboration de Boubakary Abdoulaye et Hadidja Konaï
L a transmission des savoirs en Afrique
Savoirs locaux et langues locales pour l’enseignement
KARTHALA
LA TRANSMISSION DES SAVOIRS EN AFRIQUE
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Couverture : Décor de mur d’une concession « mousgoum » entre Dargala et Hoéannde (Cliché Henry Tourneux, 2011).
Éditions KARTHALA, 2011 ISBN : 978-2-8111-0561-7
Henry Tourneux avec la collaboration de Boubakary Abdoulaye et Hadidja Konaï
La transmission des savoirs en Afrique
Savoirs locaux et langues locales pour l’enseignement
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Les planches botaniques dessinées par M. Kamga sont tirées de Le Bourgeois et Merlier 1995.
Les photographies ont été prises par Henry Tourneux, sauf indications contraires.
Cet ouvrage est accompagné d’un DVD qui contient les documentaires suivants (en français et en fulfulde) : 1. Le sorgho de saison sèche au Cameroun 2. La boule de sorgho.
Avant-propos
En Afrique subsaharienne, on constate le faible niveau des acqui-sitions scolaires (telles qu’elles ont été évaluées par le programme 1 2 PASECde laCONFEMEN) tant en mathématiques qu’en français ; il a été établi que l’usage exclusif du français dans les premiers apprentissages de l’école primaire pénalise les enfants dont les parents ne sont pas locuteurs francophones. Ce facteur de la langue contribuerait en partie aux redoublements massifs et aux abandons scolaires (Djité 2008, p. 70). Il est clair que l’enseignement est plus facile et meilleur lorsque la langue d’enseignement est connue à la fois du maître et de l’élève (Djité 2008, p. 75-76). Un processus en cours étend l’usage de langues africaines dans le cadre d’un enseignement de base bilingue ou multilingue (cf.Mali, Burkina Faso, Niger) qui offre une efficacité pédagogique accrue pour les ruraux et recueille une adhésion croissante des familles et des pédagogues. On trouvera un très bon compte rendu de ce qui se passe au Burkina Faso dans Nikièma 2008. Dans ce pays, on a la chance d’avoir quatre langues qui, à elles seules, couvrent 68 % de la population, ce qui n’est pas un mince avantage. Une première tentative de réforme de l’éducation (1979-1984) au cours de laquelle on a voulu utiliser trois langues nationales comme langues d’enseignement dans le système éducatif formel, a déchaîné les passions et rencontré une forte résistance de la part des parents. Depuis 1994, une nouvelle expérience est en cours, qui associe, comme langues d’enseignement, à la fois la langue nationale du milieu et le français. La réception de cette nouvelle méthode semble être très favorable et ouvre des perspectives promet-teuses en termes de gain de temps de scolarité et de bonne intégration de l’école dans le milieu. L’usage de langues nationales occupe donc une place accrue dans les politiques éducatives actuelles et dans les nouveaux curricula de l’ensei-gnement de base (enseignement primaire, alphabétisation des adultes et éducation non formelle des jeunes). On doit pourtant garder à l’esprit que le choix des langues d’enseignement n’est pas le tout de l’ensei-
1. 2.
Programme d’analyse des systèmes éducatifs de laCONFEMEN. Conférence des ministres de l’Éducation nationale des pays ayant en partage la langue française.
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LA TRANSMISSION DES SAVOIRS ENAFRIQUE
gnement (Djité 2008, p. 81-82). Le facteur enseignant, le contenu des enseignements et la disponibilité de matériels didactiques adéquats sont tout aussi importants. D’autre part, ces langues africaines à l’école ne peuvent absolument pas se contenter d’être le réceptacle de la traduction de programmes scolaires conçus en français ou en anglais. Elles deviennent un enjeu pour le système éducatif si elles servent à valoriser les savoirs locaux (connaissance du milieu naturel et de sa transformation, techniques artisanales, histoire locale et fonctionnement de la société, littérature orale, etc.). Dans ce cas, elles sont un outil de connaissance et d’interaction avec le milieu et la société. Celles des langues africaines qui ont une large diffusion, dépassant les frontières ethniques, occupentde factoune place importante dans la vie économique et sociale, mais, sous leur forme véhiculaire, elles ne sont généralement pas encore très valorisées et sont réputées pauvres d’un point de vue culturel. Rien n’empêche pourtant de les charger de valeur. Les savoirs locaux sont relativement peu documentés et surtout peu investis dans les pratiques éducatives des pays francophones d’Afrique subsaharienne. Tout au plus les curricula de certains pays, comme ceux du Cameroun, prévoient-ils une ouverture sur le milieu (étude du milieu, activités pratiques et pédagogiques), qui permet en théorie de déboucher sur les savoirs locaux) ; mais faute de méthode, de formation et de ressources, cette activité est souvent tombée en désuétude, d’autant que cette matière n’est pas évaluée lors des compositions de fin d’année et des examens de fin de cycle. Notre travail s’intègre dans un ensemble plus vaste d’études et de recherches sur l’amélioration de la qualité de l’éducation, qui est deve-nue un enjeu principal des programmes sectoriels pour la décennie 2010-2020 (fonctionnement de l’école, formation des enseignants, ré-formes curriculaires, langues de scolarisation dans l’enseignement pri-maire). Nous n’avons pas pour ambition de régler une fois pour toute l’épineuse question des langues africaines à l’école. Notre propos est à la fois plus limité et plus concret. Il s’agira de montrer comment on peut enrichir les contenus de l’enseignement de base (mais aussi, pourquoi pas, ceux de l’enseignement secondaire, voire supérieur) en allant chercher méthodiquement dans l’inépuisable réservoir des savoirs locaux. Nous laisserons délibérément de côté les savoirs mathématiques, qui outrepassent largement nos compétences, d’une part, et qui, surtout, font actuellement l’objet d’une étude parallèle de la part notre collègue Dominique Vellard (voir ci-dessous en bibliographie générale).
AVANT-PROPOS
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En 1992, notre vénéré maître Alfa Ibrahima Sow [Alfaa Ibraahiima Soo], à qui nous souhaitons ici rendre un hommage ému, publiait à Paris un gros ouvrage en langue peule, intituléMaanditorde annde e pine pulpule hiirnaange Afrik, que l’on pourrait traduire par « Mémorial des sciences et des savoirs peuls de l’Afrique de l’Ouest ». En près de six cents pages, il donnait une anthologie de textes portant sur les activités traditionnelles telles que l’agriculture, l’élevage, l’artisanat, etc. L’objectif de l’auteur était à la fois de produire une sorte d’encyclopédie en langue peule et d’illustrer la diversité de ses dialectes. Il était d’avis, lui aussi, que, plutôt que de courir derrière une utopique unification artificielle des parlers peuls, dont on rêve des berges du fleuve Sénégal à celles de l’Hudson et de la Seine, il valait mieux apprendre à chacun à comprendre les dialectes des autres. Nous partageons donc avec Alfa Sow le désir de mettre à disposition le savoir véhiculé par la langue peule. Cependant, notre entreprise se singularise par plusieurs points. D’abord, nous plaidons pour une pré-sentation bilingue des résultats de notre recherche, afin qu’ils soient accessibles au-delà de la communauté qui parle le peul (natifs et non-natifs) ; ensuite, nous visons explicitement, dans un premier temps, les élèves de l’enseignement de base (niveaux II et III de l’école came-rounaise) ; pour finir, nous oserons même utiliser la langue peule pour transporter des connaissances de provenances diverses et non exclu-sivement peules. De cette façon, nous espérons œuvrer positivement à la fois pour la promotion des langues africaines et pour celle des savoirs africains. En présentant nos leçons aussi bien enfulfuldequ’en français, nous souhai-tons pouvoir combler la brèche qui sépare le milieu rural du milieu urbain : les savoirs locaux ne doivent pas être réservés aux élèves des villages. L’utilisation complémentaire de la vidéo devrait encore en faciliter la diffusion générale. Pour pouvoir entrer en vigueur, notre projet nécessiterait une vaste programmation en termes de formation de formateurs. Cela ne va évi-demment pas sans coûts financiers. Il faudrait aussi prévoir une plani-fication pédagogique (quels sujets aborder à quel niveau, quelle quantité de matière pour une leçon, etc.). Tous ces sujets, pour cruciaux qu’ils soient, dépassent les objectifs plus modestes que nous nous sommes fixé. Nous nous limiterons donc à proposer des contenus dans une forme bilingue, selon une procédure clairement explicitée.
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LA TRANSMISSION DES SAVOIRS ENAFRIQUE
Remerciements
La mise au point de ce petit ouvrage aura pris environ un an et demi, mais en fait, il vient de beaucoup plus loin. Je ne puis oublier, au temps de mon enfance, les leçons d’observation que ma mère me donnait dans le jardin familial, en Bretagne, ni les promenades à travers champs que j’ai pu faire là-bas avec le Père Jean Bérhaut, le grand botaniste du Sénégal. Par la suite, j’ai tiré profit de mes voyages avec mon ami Christian Seignobos, le géographe, tant au Tchad qu’au Cameroun.
Je remercierai
au Cameroun
!Mme Youssouf Hadidja Alim, Ministre de l’Éducation de Base, qui a prêté une attention bienveillante à notre projet et qui nous a organisé une longue séance de travail avec ses collaborateurs ; !Mme Haoua Mamoudou, Déléguée régionale de l’éducation de Base à l’Extrême-Nord, qui a bien voulu nous autoriser à faire des expé-riences pédagogiques dans les écoles de notre choix ; !le Professeur Saïbou Issa, Directeur de l’École normale supérieure de Maroua qui a souhaité voir son institution associée à notre entreprise ; !M. Ibrahim Joël Mahamat, Délégué départemental de l’Éducation de Base du Diamaré qui a manifesté son enthousiasme pour notre projet ; !M. Didier Mbouda, Chargé de la Promotion des langues nationales au Ministère de l’Éducation de Base qui a vu dans notre projet une occasion supplémentaire de promouvoir des langues nationales ; !l’IRAD(Institut de recherche agricole pour le développement) au sein duquel j’ai trouvé une niche écologique extrêmement favorable ; j’y suis redevable au Dr Noé Woïn, Directeur général adjoint de l’insti-tution, au Dr Venasius Lendzemo W., Chef de centre par intérim à Maroua, au Dr Mama Ntoupka, Chef de la section Forêts, et à tous les membres de cette section, notamment M. Tapsou ; à André Djonnéwa, spécialiste des sorghos, Chef de la stationIRADde Yagoua ; !lePRASAC(Pôle régional de recherche appliquée au développement des systèmes agricoles d’Afrique centrale), son directeur général le Dr Seïny-Boukar Lamine et son coordinateur scientifique M. Philippe Boumard, grâce à qui je reste en prise directe avec ce qui se fait dans la région en matière d’agriculture ;
AVANT-PROPOS
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!l’IRD(Institut de recherche pour le développement) et son Repré-sentant le Dr Xavier Garde, qui me soutiennent lors de tous mes séjours sur le terrain ; !MM. Abdoulaye Melgui, Directeur de l’école publique de Hodandé Dargala et Sali Ahmadou, enseignant d’appui ; ils ont accueilli notre petite équipe dans leur établissement avec beaucoup d’amitié et ils se sont pleinement investis dans l’expérience que nous avons menée avec eux ;
en France
!M. Jacques Marchand (AFD, Paris) qui a accepté de dégager le financement grâce auquel j’ai pu rester sur le terrain pendant plusieurs mois ; !Mme Dominique Vellard, avec qui je partage la même passion pour les savoirs d’Afrique, et qui m’a convaincu de l’importance qu’il y avait à montrer ce qu’un linguiste pouvait apporter à la réforme des curricula africains en termes de contenants et de contenus ; !mon laboratoire, l’UMR8135CNRS-INALCO« Langage, langues et cultures d’Afrique noire » dont la directrice Mme Martine Vanhove a toujours soutenu les activités que je mène dans l’équipe « Langue et pragmatique », de Mme Ursula Baumgardt, et plus spécifiquement dans l’opération de recherche « Dynamique de l’appropriation de l’écrit » que dirige Mme Sylvie Grand’Eury Buron.
Le plus fort de ma gratitude
!va à Boubakary Abdoulaye et Hadidja Konaï, qui collaborent patiemment avec moi depuis si longtemps. Sans eux, je n’aurais pas pu disposer de toutes ces excellentes enquêtes ni de toutes ces discussions sur les données recueillies. Ils s’associent à moi pour remercier toutes les personnes qui ont accepté de passer du temps pour nous expliquer leur travail ou leurs connaissances.
!Je remercie enfin ma fille Assia qui, pendant mes longues absences sur le terrain, m’assure un relais efficace en France, ainsi que mon épouse Fadimatou qui, souvent, intervient en dernier recours dans les cas d’interprétation difficile et avec qui j’ai fait, tout au long des années, de nombreuses observations dans la nature au pied de la montagne de Tchéré [Cere].
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