La recherche féministe francophone Langue, identités et enjeux , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2009

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811102777

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

5 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Fatou Sow
La recherche féministe francophone
Langue, identités et enjeux
KARTHALA
LA RECHERCHE FÉMINISTE FRANCOPHONE
LANGUE,IDENTITÉS ET ENJEUX
Publié avec le concours du laboratoireSEDET de lCUniversitéParis-Diderot
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Mise en page : Sophie RÉNAUD,AME, Paris Illustration de la couverture : Anta-Germaine GAYE, Dakar Maquette de la couverture : Ousmane Victor SOW,ARTESOFT, Dakar
Éditions KARTHALA, 2009 ISBN : 978-2-8111-0277-7
SOUS LA DIRECTION DE Fatou Sow
La recherche féministe francophone
Langue, identités et enjeux
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
À mon père, Alioune Sow Dembel Pater, pour ses enfants, ses amis et sa famille
Avant-propos
Le premier débat du colloque surLa recherche féministe dans la francophone plurielle, tenu à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar du 17 au 22 mai 1999, a porté sur l’affiche d’annonce. Anta Germaine Gaye, artiste plasticienne sénégalaise de talent, avait très généreusement offert un fixé (peinture sous-verre) représentant une élégante Africaine. Arborant un mouchoir noué avec grâce autour de la tête, l’étole négligemment jetée sur l’épaule, collier doré au cou et bracelets massifs aux poignets et chevilles, le pied teint au henné dépassant sous le boubou, celle-ci symbolisait l’essence même de l’élégance féminine saint-1 louisienne . Une fois passée l’émotion devant un si beau fixé, quelques-uns des membres du comité d’organisation restèrent perplexes. Une telle peinture pouvait-elle symboliser la conscience féministe que l’on s’apprêtait à célébrer durant une semaine, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar ? Pouvait-on associer le féminisme à cette « féminité sous-verre » ? Finalement, malgré les protestations d’Anna Bathily, elle-même élégante et non moins féministe, la solution fut adoptée de conserver, sur l’affiche, la tête de notre Saint-louisienne pour représenter un éternel féminin, comme pour tenter de signifier, qu’au-delà des apparences et des différences sociales et culturelles, les femmes pouvaient se retrouver derrière une bannière commune de réflexion et de défense de leurs droits humains. 2 À ce second forum de chercheures et d’activistes ayant le français comme « langue de production et de diffusion des connaissances », les échanges furent poursuivis sur les questions d’importance pour la recherche féministe : comprendre et transformer les multiples situations des femmes et les rapports d’inégalité entre les sexes. La rencontre de Dakar avait pour souci de conforter le caractère pluriel de la francophonie en rassemblant, hors de l’espace occidental, un nombre plus large des voix qui avaient contribué à lui donner corps et esprit, avec leurs diverses expériences historiques, politiques et socioculturelles.
1 Saint-Louis, ancienne capitale de la colonie du Sénégal, avait une réputation d’élégance de son élite locale. 2 Le premier colloque s’est tenu, à l’Université Laval, Québec, Canada, du 24 au 28 septembre 1996. Les actes ont été publiés sous la direction d’Huguette Dagenais, sous le titre :La recherche féministe dans la francophonie. Pluralité et convergences, Les Éditions du remue-ménage, Montréal, 1999.
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LA RECHERCHE FÉMINISTE FRANCOPHONE:LANGUE,IDENTITÉS ET ENJEUX
Tenir ce débat féministe pluraliste, dans une université africaine de l’espace francophone, était une gageure. C’est généralement l’inverse qui se produit. Certes, les Africaines se réunissent de plus en plus entre elles, sur le continent, depuis plus de deux décennies maintenant. Mais ces échanges qui associent collègues du Sud et du Nord sont le plus souvent tenus dans les institutions du Nord, à moins qu’ils ne soient instaurés dans le Sud, à l’initiative (et avec le financement) du Nord. Si quelques Africaines ont pu faire le voyage et rejoint les Sénégalaises pour constituer une petite « masse critique », les rêves d’acheminer des collègues de l’Océan indien, des mers de Chine ou des Caraïbes vers la côte ouest-africaine, se sont brisés, face à la maigreur des ressources. La rencontre, avec la présence « en chair et en os » de féministes de divers horizons, a eu un effet pédagogique certain dans le milieu de l’université : convaincre que l’on pouvait enseigner le droit, l’économie, la philosophie, la science politique ou la médecine, avec un regard critique féministe et… scientifique. Car, si les débats sur les femmes et le genre sont aujourd’hui acceptés, c’est souvent plus par convention que par conviction. Les conceptions multiples et la pertinence de la critique féministe comme outil d’analyse scientifique et politique, de ses concepts et méthodes, face aux problématiques majeures auxquelles sont confrontées les femmes dans le monde contemporain, restent des enjeux majeurs que cette série de colloques sur la recherche féministe francophone convie à discuter. Malgré les difficultés financières qui expliquent, en partie seulement, le temps mis à publier ces actes, le colloque a été un moment extraordinaire d’échanges à la fois scientifiques et politiques, comme le 3 montre le compte-rendu publié en 1999 par Joëlle Vitiello, Catherine Slawy-Sutton et Ginette Adamson et restitué à la fin de cet ouvrage. Pour avoir permis que ces assises se tiennent à Dakar et se déroulent dans les meilleures conditions, je tiens à exprimer mes très sincères remerciements aux personnes et aux institutions suivantes : La direction, les collègues et le secrétariat du LaboratoireSociété en développement dans l’espace et le temps(SEDET), Centre national de la recherche scientifique / Université Paris Diderot, qui en a soutenu le projet et la publication. J’exprime toute ma reconnaissance à Catherine Coquery-Vidrovitch, directrice du laboratoire, pour son accueil, en 1993. Le Centre de recherche pour le développement international (CRDI) du Canada et son représentant régional à Dakar, Sibry Tapsoba, pour leur confiance et leur soutien précieux au projet. Sans l’appui
3 Rapport de la conférence « La recherche féministe dans la francophonie plurielle, Dakar, 17-21 mai 1999 », Joëlle Vitiello et Catherine Slawy-Sutton avec la collaboration de Ginette ADAMSON,Women in French Newsletter, Volume 13, N° 2, FALL1999, p. 21-28.
LA RECHERCHE FÉMINISTE FRANCOPHONE:LANGUE,IDENTITÉS ET ENJEUX
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financier du CRDI, ce colloque international n’aurait jamais pu se tenir à Dakar. Moustapha Sourang, recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui a accepté d’abriter cette rencontre et l’équipe administrative et financière du rectorat qui en a facilité le déroulement, avec efficacité. Le Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), Dakar, et son Secrétaire exécutif, Achille Mbembe, pour le coup de pouce bénéfique aux frais d’organisation. Huguette Dagenais, titulaire de la Chaire d’étude sur la condition des femmes de l’Université Laval, Québec, Canada, pour m’avoir très tôt associée à ce projet de colloques féministes francophones. Toutes les participantes et tous les participants, originaires de plusieurs régions de l’espace francophone et d’ailleurs : Algérie, Belgique, Bénin, Brésil, Burkina Faso, Cameroun, Canada, Côte d’Ivoire, Espagne, États-Unis, France, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, République démocratique du Congo, République du Congo, Sénégal, Suisse, Togo et Tunisie. Leur formidable présence et leur participation toute en intelligence, finesse et enthousiasme ont énormément contribué au succès, à la richesse et à la vérité des échanges. Nous avons profondément regretté l’absence de collègues d’Haïti, de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion, de Madagascar, et du Vietnam que notre budget ne nous a malheureusement pas permis d’amener à Dakar. Les collègues de l’UCAD, pour leur participation effective. Anta-Germaine Gaye, artiste plasticienne qui a offert le portrait, pour son talent et sa générosité. Rokhaya Cissé, sociologue, et Aminata Diaw, enseignante au département de Philosophie de l’Université Cheikh Anta Diop et qui ont été les piliers du comité d’organisation. Anna Bathily dont la présence et la complicité m’étaient si précieuses lors de ce colloque et dans la vie. Pathé Diagne, Centre d’études et de politologie africaine et de prospective (CEPAP), et Codou Bop, ma collègue du Groupe de recherche sur les femmes et les lois au Sénégal (GREFELS), pour leur appui scientifique, logistique et moral. Arlette Cissé, ma très fidèle collaboratrice et amie durant de longues années à l’Université Cheikh Anta Diop et Oumou Cathy Bèye pour leur soutien inestimable à l’édition du manuscrit. Ousmane Victor Sow, qui a généreusement offert la maquette de la couverture. Je ne peux achever ces remerciements sans dire l’inestimable soutien matériel, affectif et moral de ma tante Mame Dorine Diallo à qui nous sommes tant redevables d’avoir renoué le fil interrompu, avec patience, générosité et amour.
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LA RECHERCHE FÉMINISTE FRANCOPHONE:LANGUE,IDENTITÉS ET ENJEUX
Merci à mes sœurs Aminata et Salimata Sow pour leur main mise à la pâte, à tous les membres de la famille et tous les amis qui ont partagé avec moi ces moments mémorables.
Fatou SOW Laboratoire SEDET/CNRS Université Paris Diderot Paris, juin 2008
Langue, identités et enjeux de la recherche féministe francophone
Fatou Sow Centre national de la recherche scientifique Université Paris 7 Denis Diderot, France
Sur la scène fondatrice du féminisme comme discipline naissante, s’ouvrait, il y a quelques décennies, un exercice qui n’était pas banal et ne l’est toujours pas si l’on en juge par l’abondante littérature contemporaine en la matière. Sous la pression de communautés féminines devenant, à travers le monde, une opinion et une force électorale, il investissait l’académie, le monde politique, la société civile activiste et intellectuelle de tous horizons. Il conviait à l’étude et l’analyse, sansa priori, de faits de sociétés porteurs d’inégalités et de revendications dont on ne pouvait, ni effacer l’universalité, ni nier les spécificités tributaires d’une histoire humaine partagée avec ses diverses facettes. Cette opposition classique entre universalité et spécificité « coinçait », à travers l’histoire de sociétés plus ou moins inégalitaires, les femmes entre les deux systèmes que con-ceptualisent et théorisent les notions de matriarcat et de patriarcat, avec les nuances et les lectures qui les accompagnent. Face à cette variable de l’histoire sociale, certains chercheurs comme Cheikh Anta Diop (1959) en avaient fait un argument d’opposition entre valeurs de civilisations, avant que le féminisme avec le genre comme mode de rapports sociaux, culturels, économiques ou politiques entre sexes ne s’en emparent pour dessiner ces trajectoires inédites. La situation et l’avenir des femmes n’ont pas manqué d’être, lors de ces décennies cruciales, un enjeu central. Ils l’auront été pour les associations de la société civile et les mandataires des États aux conférences mondiales des femmes de Mexico, de Nairobi ou de Beijing, entre 1975 et 1995. Les femmes sont au cœur des débats actuels de la modernité ou de la laïcité. Il y a une histoire des femmes, comme il y a une histoire des fé-minismes. Elles se côtoient, se croisent et interfèrent à l’instar des théo-ries que nous construisons ou déconstruisons aujourd’hui dans divers domaines. Les notions devenues familières de genre et de rôles sociaux des sexes, pour caractériser les rapports de vie entre homme et femme et celle de féminisme, érigé en discipline, voire en doctrine et stratégie poli-tiques, soulèvent diverses interrogations. Leur formulation, leur interpré-tation et leur portée comme références conceptuelles à des valeurs socia-les, juridiques ou politiques, spirituelles comme religieuses n’ont jamais cessé d’osciller entre création, remise en cause et (ré)appropriation autour
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