La Colombie écartelée Le difficile chemin de la paix , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866645

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

La Colombie écartelée
Le difficile chemin de la paix
^
Maribel Wolf
- TERRE DES HOMMES FRANCE
LA COLOMBIE ÉCARTELÉE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture : Hommage aux victimes du massacre du 16 mai 1998 à Barrancabermeja.Photo archive Francisco Bustamante.
¤Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-664-X
Maribel Wolf Avec la collaboration de Ivan Cepeda-Castro et Claudia Giron-Ortiz, Federico Andreu-Guzman, Camilo Castellanos
La Colombie écartelée
Le difficile chemin vers la paix
Préface de Maurice Lemoine
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
TERRE DESHOMMESFRANCE 4, rue Franklin 93200 Saint-Denis
Dessin du chapeau vide tiré deLe Petit Princed’Antoine de Saint-Exupéry
Au Petit Prince qui a compris qu’on ne voit bien qu’avec le cœur.
À mes enfants, Frédéric et Philippe, qui ont appris ce sentiment de vie qui ne trompe pas.
À Violeta Anahiqui porte l’espoir dans les étoiles de ses yeux.
À tous les disparus, assassinés, martyrisés de Colombie pour qu’ils reviennent au printemps.
Remerciements
Aux auteurs des articles qui complètent mon témoignage : Ivan Cepeda-Castro et Claudia Giron-Ortiz, Federico Andreu-Guzman, Camilo Castellanos. À Cécile Legrix pour sa recherche et pour les synthèses des documents d’archives de Terre des Hommes France. À Lourdes Castro pour les compléments d’information apportés ainsi que pour sa compétence dans la révision des textes. À Rosario Saavedra pour ses précieux commentaires. À Alain Bivel et Francisco Bustamante pour leurs photos et les informations complémentaires. Et surtout, je n’oublie pas Jacqueline Dartois pour son aide efficace dans la correction des textes.
PRÉFACE
Plongée au cœur de l’incompréhensible
* Maurice LEMOINE
Imagine-t-il seulement la tragédie dans laquelle il va plonger la Colombie, l’homme maigre aux yeux fous, mal vêtu qui, le 9 avril 1948, à Bogota, appuie quatre fois sur la gâchette de son revolver calibre 32 et assassine Jorge Eliécer Gaítan ? Non, assurément non. Dans ce pays où les puissants sont alors aussi blancs que l’étaient lesconquistadores en prenant pied sur la côte caraïbe, et où ils considèrent les Métis, les Noirs et les Indiens comme le pays « paria et imbécile », Gaítan, probable futur vainqueur des élections présidentielles, réclamait des réformes sociales. En appelant à lachusmahéroïque (la racaille héroïque), il proclamait que le peuple est supérieur à ses dirigeants. John Wiley, ambassadeur des États-Unis à Bogota, en déduit quelques faits précis. Le 22 avril de l’année précédant le meurtre, il a rédigé un dossier confidentiel intitulé en latin Cave Gaitanu« Attention à Gaítan ». Il lui prête des tendances dictatoriales, l’accuse de manipuler les masses et d’être lui-
* Rédacteur en chef adjoint auMonde diplomatique, spécialiste de l’Amérique latine.
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LACOLOMBIE ÉCARTELÉE
même manipulé par les communistes... Pour qui travaille l’homme qui, le 9 avril, assassine le « tribun du peuple » ? On 1 ne le saura jamais . Il est lynché par la foule, sur-le-champ. La mort de Gaítan provoque une insurrection généralisée. Pis, une guerre civile éclate entre conservateurs et libéraux, la Violencia(1948-1957),dont le bilan s’élèvera à près de 300 000 morts lorsqu’elle s’achèvera. C’est l’époque où le cri de guerre officiel devient « Vive le Christ Roi... Que meurent les cachiporros» (communistes et libéraux). C’est le temps où, dans les campagnes, commencent des expropriations massives de terres et l’expulsion des paysans libéraux. En quelques mois, des individus sans scrupules se bâtissent des fortunes en usurpant les terres descampesinoscontraints à fuir ou égorgés. La Violencia finira par s’éteindre progressivement – pas la violence – cédant la place au banditisme, mais surtout, vers 1960, à la guérilla. Gouvernant depuis le Jockey Club, deux partis – le libéral et le conservateur – se partagent le pays sur des centaines de milliers de cadavres à peine refroidis. Mais, plus que deux partis, en Colombie, il y a surtout deux classes : ceux qui possèdent tout et ceux qui n’ont rien. Sur ces terres aux villages peuplés de veuves noires qui hantent les églises, les terratenientescroient toujours au temps de la colonie. Sur se leurs transistors, lespeonespeuvent écouter Radio Habana. Pourtant, le président états-unien John F. Kennedy lui-même n’a-t-il pas prédit que ceux qui refusent la révolution pacifique rendront inévitable la révolution violente ? Pourtant, le 10 août 1965, à Medellin, le prêtre Camilo Torres n’a-t-il pas averti : « Évidemment, le moyen le mieux indiqué est la révolution pacifique. Cependant, je pense qu’il n’appartient pas aux pauvres, aux exploités de décider des voies que prendra la révolution. Je crois que c’est plutôt aux dirigeants actuels que nous devrions demander de quelle façon ils ont l’intention de remettre le pouvoir entre les mains de la majorité de la
1. La CIA possède des informations sur la mort de Jorge Eliécer Gaítan et refuse de les révéler. Un chercheur américain, Paul Wolf, a demandé le 9 septembre 2000 à consulter les archives. Sa demande a été refusée, 52 ans après les faits, sous prétexte de « sécurité nationale ».
PRÉFACE
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population : choisiront-ils les moyens pacifiques ou les moyens violents ? » Sa voix prophétique ne sera pas écoutée. Lui-même tombera bientôt au combat, dans les rangs de l’Armée de libération nationale (ELN) qu’il a rejoints. Entre-temps, le 27 mai 1964, sous la présidence du conser-vateur Guillermo Léon Valencia, le napalm a jailli – énorme boule de feu, soleil couleur de corail – sur les pentes ver-doyantes de Marquetalia. Pour venir à bout d’une guérilla de paysans insoumis qu’on disait « moscovites », survivants de La Violencia, le pouvoir jette dans la bataille 16 000 soldats. L’offensive se déroule sous les auspices du Plan Latin American Security Operation (LASO) dessiné par le Pentagone et l’ambassade US, qui le financent avec 300 millions de dollars. Trente-cinq ans plus tard, le même type d’intervention s’appellera Plan Colombie, mais coûtera 1,6 milliard de dollars au Trésor américain. Terrible décalage entre une façade démocratique et la réalité sociale... Le manque d’espace pour une quelconque opposition ne laisse le champ, de fait, qu’à la dissidence armée. La Colombie se délite sous les coups d’un État qui exclut la majorité de la population par la force et la violation de tous les droits citoyens. C’est la Colombie profonde, celle qui jamais n’a fait l’actualité. Ses histoires de terre arrachée au terme de luttes inégales et sanglantes. Quelqu’un meurt, criblé de balles, dans une rue pleine de gens, personne n’a rien vu. On enterre ses proches en silence. Une désarticulation systématique du mouvement social par le meurtre ou l’exil... Dans un pays où la probabilité de recevoir une balle est plus grande que celle de gagner à la loterie, on s’habitue peu à peu à la routine d’une guerre que le citoyen n’a pas voulue, mais que le pouvoir a été incapable d’éviter. Les guérillas connaissent des succès, des échecs, mais elles vont de l’avant. Lorsque appa-raissent narcotrafic et paramilitaires, le pays plonge dans un guêpier inextricable, une orgie de sang et d’atrocités. La corruption à large échelle que financent les barons de la drogue contamine, comme un monstrueux cancer, le gouver-nement, la justice, la police et l’armée, depuis les plus hauts
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