L’invention du vêtement national au Sri Lanka Habiller le corps colonisé , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2006

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845867628

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Nira Wickramasinghe
L’invention du vêtement national au Sri Lanka Habiller le corps colonisé
K a r t h a l a - S e p h i s
L’INVENTION DU VÊTEMENT NATIONAL AU SRI LANKA
Histoire des Sudsest une collection du SEPHIS (South-South Exchange Programme for Research on History of Development) dirigée par Mamadou Diouf et Peter Geschiere. Cette collection accueille des essais et des études sur l’histoire comme discipline scientifique et sur l’histoire du concept et des pra-tiques de développement réalisés aussi bien en français que dans d’autres langues. L’ambition de cette collection est de favoriser le débat et la conversation Sud/Sud, sans l’intermédiaire des historiens du Nord. Le SEPHIS est un programme de coopération sur l’histoire et le déve-loppement financé par le ministère néerlandais de la Coopération. Il est dirigé par un Comité scientifique composé de : Michel Baud (Centre for Latin America Research and Documentation, Amsterdam, Pays Bas), Willem Van Schendel (International School of Social History, Amsterdam, Pays Bas), Sabyasachi Bhattacharya (Center for Historical Studies, Jawaharlal Nehru University, New Delhi, Inde), Shamil Jeppie (Department of History, University of Cape Town, Afrique du Sud), Maria Serena I. Diokhno (University of the Philippines, Quezon City, Philippines), Asef Bayat (International Institute for the Study of Modern Islam, Leyde, Pays Bas), Takyiwaa Manuh (Institute for African Studies, University of Ghana, Accra, Ghana).
KARTHALAsur Internet : http ://www.karthala.com Paiement sécurisé
L’original de cet ouvrage a été publié en anglais sous le titre : Dressing the Colonised Body. Politics, Clothing and Identity in Colonial Sri Lanka,©2003, Orient Longman Private Limited, New Delhi.
Couverture : Forgeron ceylanais.
© Éditions KARTHALA2006 ISBN : 2-84586-762-X
L’invention du vêtement national au Sri Lanka
Habiller le corps colonisé
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Repères chronologiques
Entre 800-500 av. notre ère
Entre -250 et -200
Entre -150 et -100
Vers -35
er I siècle de notre ère
276-303
e V siècle
Vers 510
e e VII -IX siècle 993-1055
1153-1186
Entre 1215 et 1236
e XIV siècle
apparition de l’agriculture irriguée et de la métallurgie du fer introduction du bouddhisme, usage de l’écriture, essor de la cité royale d’Anuradhapura, règne de Tissa début de centralisation au Rajarata, règne de Dutthagamani, construction de monastères rédaction du Tripitaka (textes fondamentaux du Théravada) dynastie Lambakanna, naissance de la grande hydraulique règne de Mahasena, essor de la grande hydrau-lique, développement du bouddhisme Mahayana dynastie Moriya, essor du grand commerce avec er l’Occident et l’Orient, règne de Kassapa 1 à Sigiriya début de la rédaction du Mahavamsa (chronique de l’île) guerre civile puis interférences sud-indiennes conquête du nord de l’île par l’empire tamoul des Chola, essor des cultes shivaites réunification de l’île sous le règne de er Parakramabahu 1 abandon progressif du Rajarata, déplacement des capitales vers le sud essor du royaume de Jaffna dans le nord et de Gampola dans le centre, développement de l’islam
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L’INVENTION DU VÊTEMENT NATIONAL AU SRI LANKA
e XV siècle
1505-1658
1635-1782 1658-1796
1796
1815 1840-1870
1880-1900
1890-1915
Apres 1931 1948 1948-1952 1956-1959 1960-1965 et 1970-1977 1971
1977-1988 1983-1987
1987-1990
1988-1993 1994-2000
essor du royaume de Kotte dans l’ouest et du commerce maritime domination portugaise des régions côtières, essor du royaume de Kandy dans le centre apogée du royaume de Kandy domination de la Compagnie hollandaise des Indes, apogée du commerce de la cannelle mainmise britannique sur les possessions hol-landaises mainmise britannique sur le royaume de Kandy essor de l’économie de plantations (café), immigration de travailleurs tamouls, développe-ment des transports essor des plantations de thé, d’hévéas et de cocotiers mouvement de renaissance bouddhique, essor du nationalisme cinghalais statut d’autonomie et régime parlementaire indépendance gouvernement de Don Stephen Senanayake gouvernement de Solomon W.R.D. Bandaranaike me gouvernements de M Sirimavo Bandaranaike première révolte du JVP (Janata Vimukthi Peramuna, Front de libération du peuple) gouvernement de J.R. Jayawardene montée du conflit séparatiste tamoul et essor des LTTE (Liberation Tigers of Tamil Eelam) intervention militaire indienne dans le nord-est et seconde insurrection des JVP dans le sud gouvernement de R. Premadasa me gouvernement de M Chandrika Kumaratunga
D’après Eric Meyer,Sri Lanka. Entre particularismes et mondialisation, Collection Asie Plurielle, La Documentation francaise, Paris, 2001, pp. 29-30 (complété par l’éditeur).
Introduction
« Le corps ne peut échapper au fait qu’il est un véhicule de l’histoire, une métaphore et un témoignagede l’air 1 du temps » .
Le corps colonisé est merveilleusement représenté par la photographie que j’ai empruntée au livreTwentieth Century Impressions of Ceylon (1907) pour la couverture de mon livre : un vieux forgeron brûlé par le soleil, son corps nu accablé par la chaleur, recouvert seulement d’une étoffe sale drapée autour de la taille, les pieds nus, travaillant dur. Sur sa tête, un chapeau melon. Les essais qui composentL’invention du vêtement national au Sri Lankaexplorent les significations populaires, politiques et économiques assignées à l’habillement et aux vêtements dans des contextes coloniaux. Bien que la plupart des exemples viennent du Sri Lanka, j’ai tenté de pui-ser dans d’autres sources asiatiques et africaines. J’essaie d’évoquer quelques-unes des dimensions historiques du corps en société car c’est en effet à travers le corps vêtu ou dévêtu que des problèmes politiques et personnels majeurs sont souvent exprimés. Récemment, ainsi que l’a bien montré Emma Tarlo, l’auteur d’une étude faisant autorité sur les tendances vestimentaires en Inde, on a constaté un élargissement dans l’orientation des recherches sur la surface corporelle en tant que site principal d’action sociale et politique de la part 2 de féministes et de chercheurs en études culturelles . Elle démontre que, dans leurs travaux, l’habillement, considéré comme signe et objet, est
1. J.L. Comaroff et J. Comaroff, « Bodily Reform as Historical Practice », in J.L. Comaroff et J. Comaroff (éd.),Ethnography and the Historical Imagination, Boulder, Westview, 1992, p. 79. 2. Emma Tarlo,Clothing matters. Dress and Identity in India, New Delhi, Viking Penguin Books India, 1996.
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L’INVENTION DU VÊTEMENT NATIONAL AU SRI LANKA
tissé dans une trame de significations et de valeurs multiples. Elle propo-se de nouveaux aperçus sur le vêtement/habillement/corps issus des 3 domaines de plus en plus liés de l’anthropologie et de l’histoire . Quant à moi, je me suis intéressée au vêtement par une rencontre de hasard avec un livre subtil et plein d’imagination, écrit en cinghalais en 1935 par le romancier sri lankais bien connu, Martin Wickramasinghe, qui analyse l’habillement des temps anciens. Cette rencontre m’a menée à ma premiè-re recherche à propos de l’histoire du vêtement chez les Cinghalais ; publiée 1992, elle constitue le cadre de cet ouvrage et en soulève déjà les 4 interrogations . Plus tard, j’ai développé ces idées en m’appuyant principa-lement sur les écrits toujours d’actualité de Bernard S. Cohn qui s’interro-5 ge sur la relation entre le vêtement, l’authenticité et l’État colonial . La tenue et le vêtement sont non seulement d’importants témoignages sur le présent, ils transmettent aussi diverses significations culturelles. Le vêtement concerne un certain nombre de domaines d’études : matériau brut, procédé de fabrication, coûts de fabrication, stabilité culturelle, mode, hiérarchie sociale. Les habits ne sont jamais innocents ou simple-ment fonctionnels, « ils signifient », comme aurait dit Ferdinand de Saussure. L’habillement est en vérité un produit social. Dans la plupart des cul-tures non occidentales, hommes et femmes montrent une immense créati-vité à parer leur corps de vêtements, de peintures et de bijoux. Le corps devient ainsi le porteur de signes culturels. Ainsi la parure est un mode de communication non verbale, sinon un langage, au moins un système de significations. Braudel ainsi aime considérer la mode comme une indica-tion de l’énergie, des possibilités, des demandes et de la joie de vivre d’une société, d’une économie et d’une civilisation donnée. Pour les principaux historiens du Sri Lanka, l’étude de l’habillement peut paraître manquer des éléments de sérieux généralement associés à leur domaine de recherche. L’habillement présente un caractère ludique. Celui ou celle qui en est vêtu(e) est un joueur qui peut, à volonté, modi-fier ou cadrer son identité. Ce qui est intéressant, c’est la raison qui prési-de au choix du vêtement. S’habiller est autant un acte créatif qu’un acte politique. Les vêtements sont souvent considérés comme le prolongement
3. Voiridem, pp. 1-21, pour une analyse des écrits sur le vêtement. 4. Martin Wickramasinghe,Dress and Ornament in Ancient Ceylon, Lake House, Saman Press Mount Lavinia, 1935 ; Nira Wickramasinghe, « Some Comments on Dress in Sri Lanka »,The Thatched Patio, vol. 5, n° 1, janvier-février 1992, pp. 1-22. Cet essai publié dans le journal du Centre international pour les études ethniques de Colombo n’est pas encore connu des chercheurs autres que ceux du Sri Lanka ; ceci révèle l’inégalité des échanges entre les chercheurs du Sud et ceux du Nord. 5. Bernard S. Cohn,An Anthropologist Among the Historians and Other Essays, Colombo, Ceylan Government Press, 1990.
INTRODUCTION
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des personnes qui les portent. Le tissu est aujourd’hui considéré comme ayant une valeur sémiotique dans l’expression à la fois de la fragilité et de la puissance des statuts sociaux et des relations sociopolitiques. Il joue un rôle décisif dans la représentation et la reproduction de la société, et éta-blit un lien fondamental entre les différents groupes sociaux à travers l’espace et le temps. La période de l’histoire du Sri Lanka sur laquelle je concentre mon attention dans ce livre a été le sujet de nombreux livres et essais. Des sujets tels que le début du mouvement nationaliste, les plantations, la colonisation des terres dans la zone aride à la fin du XIXe siècle et au e début du XX siècle ont inspiré de nombreux historiens qui ont proposé des interprétations diverses et variées. Plus récemment, des études d’évé-nements particuliers, ayant eu lieu au cours de cette période, que les historiens conventionnels considéraient comme sans importance, ont renouvelé l’écriture quelque peu statique sur l’histoire du Sri Lanka. A partir des sources coloniales mais en les relisant dans une nouvelle optique, Roberts a tenté à plusieurs reprises, avec un succès inégal, de suivre l’exemple de l’exégèse faite par les historiens de l’école « études 6 subalternes ». Son étude du « bruit » mérite toutefois d’être mentionnée . Des études d’anthropologues qui s’intéressent au « genre » ont cherché de nouveaux sujets de recherche comme la domesticité ou vie de famille, mais leur dépendance vis-à-vis de sources tels les écrits de missionnaires chrétiens met en évidence la difficulté que rencontre l’historien qui tente de recréer ce que les objets de l’enquête, ceux qui font l’objet de l’écriture 7 pensent réellement . Le premier essai deL’invention du vêtement national au Sri Lankauti-lise le vêtement pour pénétrer les mentalités des personnes auxquelles le pouvoir fut transféré en 1948. Le second retrace les changements qui se sont produits dans la production et la consommation des tissus et des tex-e tiles et l’avènement de la machine à coudre au début du XX siècle, chan-gements qui, dans de nombreux cas, résultent de la rencontre du Sri Lanka avec la modernité. Le troisième essai a saisi la façon dont les esprits coloniaux ont construit l’authenticité et les différentes réponses élaborées par les corps colonisés. Le dernier chapitre, peut-être le plus ambitieux, tente de recréer la vie d’un homme à travers l’étude de son vêtement tel qu’on l’observe dans trois photographies. Étudier les caprices du vêtement durant cette période de nationalisme est une manière de sentir et de ressentir plus que d’acquérir une compré-
6. Michael Roberts, « The Imperialism of Silence under the British Raj : Arresting the Drum », in M. Roberts (éd.),Exploring Confrontation. Sri Lanka : Politics, Culture and History, Harwood Academic Publishers, Chur, Suisse, 1994, pp. 149-181. 7.Ibidem.
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