L’État entre idolâtrie et iconoclasme Étude comparative de l’État en Europe, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

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0

EAN13

978284586647X

Langue

Français

L’État entre idolâtrie et iconoclasme
Étude comparative de l’État en Europe, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient
^
Asma Béatrix
L’ÉTAT ENTRE IDOLÂTRIE ET ICONOCLASME
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
e Batik javanais, seconde moitié duXIXsiècle, collection privée.
¤Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-647-X
Asma Béatrix
L’État entre idolâtrie et iconoclasme
Étude comparative de l’État en Europe, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
À la mémoire de mon père
À Marc, pour son indéfectible soutien
Avant-propos
A l’origine de cette étude comparative, il y a mon séjour en Asie du Sud-Est, spécialement en Malaisie, « troisième œil » pour remettre en cause certaines idées acquises sur les bases de l’État en Orient et en Occident, les origines de la démocratie et aussi les différences entre les cultures. J’ai été, en premier lieu, frappée par l’idéologie royale, la volonté mani-feste, aussi bien dans les anciens textes que dans le décorum moderne, de rattacher la royauté au monde des dieux. Il n’est jusqu’aux rites d’intronisation des rois malais de nos jours qui ne rappellent encore la fonction de lien que joue le pouvoir entre le ciel et la terre. Ceci m’a fait naturellement penser à l’idéologie royale en Occident ainsi qu’aux ouvrages classiques sur cette question (Kantorowicz, Bloch, Dumézil, Eliade, Duby). L’idée d’une étude comparative entre la construction du politique dans ces deux aires culturelles a commencé à prendre corps lorsque je fus convaincue qu’il y avait plus de facteurs communs entre le monde malais musulman et l’Europe chré-tienne qu’entre le monde malais et le monde arabo-musulman. La différence est apparue étroitement liée à l’héritage indien. Et la différence entre la
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L’ÉTAT ENTRE IDOLÂTRIE ET ICONOCLASME
culture iconoclaste et la culture idolâtre m’est apparue sous un nouvel éclairage. La force évocatrice des imageries religieuses m’a incitée : 1) à prendre au sérieux la similarité des idéologies et des théologies des pouvoirs politiques produites par le monde malais et le monde occidental après leur adoption respective de l’islam et du chris-tianisme ; 2) à étendre la comparaison au Moyen-Orient pour y scruter sa construction théologique et politique. Comparer, c’est creuser profond, passer des idéo-logies aux structures sociales, aux modes de gouver-nement et de gestion des conflits, etc. Mais comment poursuivre l’étude comparatiste ? L’information anthropologique est dominée par l’image de Bali, de Java, de « l’État théâtre » de Geertz : belles des-criptions d’une altérité aussi fascinante qu’exotique. Il a fallu se distancier de cette littérature, la trans-gresser même, tout en cherchant à comprendre pourquoi le monde malais a donné cette impression d’être si radicalement autre à des anthropologues occidentaux qui, normalement, auraient dû, auraient pu, y lire au moins une partie de leur propre histoire politique. La réponse est apparue, du côté historique, liée à la pompe, au faste et à l’art de la mise en scène qui a longtemps servi à compenser des moyens militaires très limités. Mais il n’y a pas que le faste (érigé en essence du pouvoir par les anthropologues) qui a empêché de voir les points de jonction entre le monde malais et le monde occidental. Le comparatisme binaire, lui-même, exagère les différences et, souvent, limitant la perspective, fausse la vue. Le troisième angle de la comparaison, le Moyen-Orient, fut dans cette étude à la fois le révélateur et le révélé.
AVANT-PROPOS
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Si le pouvoir politique en Europe et en Asie du Sud-Est a historiquement récupéré les symboles religieux pour fonder sa légitimité de médiateur entre le monde terrestre et le monde céleste, rien de tel ne s’est produit dans la version sunnite de l’islam moyen-oriental. Très tôt, la conscience musulmane, iconoclaste et farouchement égalitaire, a suspecté dans l’État une structure idolâtre et très tôt elle a cherché à lui dénier toute prétention à jouer le rôle de médiateur, ou à prétendre refléter un ordre autre que l’ordre mondain. Comment cette entreprise a-t-elle été menée jusqu’à son terme et par quels moyens ? Avec quelles conséquences ? C’est en croisant les trois histoires de l’État, dans les trois aires culturelles ainsi que les théologies politiques qui les ont accompagnées, que la réponse est venue en même temps que la certitude qu’aucun État ne peut se constituer dans un vide religieux total, entendu un iconoclasme total. A mon sens, la surenchère actuelle sur « l’État musulman » est la pièce maîtresse où se joue le drame obscur de la conscience arabo-musulmane dans sa quête impos-sible de fixer l’État sur un socle religieux inexistant parce que très tôt sapé par l’iconoclasme. Dans les aires occidentale et malaise, ancien-nement travaillées par l’idéologie indo-européenne et indo-bouddhiste, le lien religieux, nonobstant ses métamorphoses, a été maintenu. Et c’est en cela que réside leur capacité, réelle, quoique encore inégale, d’organiser aussi bien l’exercice du pouvoir que celui de la liberté. Au Moyen-Orient, la rupture du lien religieux a rendu la liberté fatale au pouvoir et le pouvoir fatal à la liberté.
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