Intellectuels ivoiriens face à la crise , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2005

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845866704

Langue

Français

Intellectuels ivoiriens face à la crise
^
Idriss Diabaté Ousmane Dembélé et Francis Akindès (éds)
Préface de Jean-Pierre Dozon
INTELLECTUELS IVOIRIENS
FACE À LA CRISE
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com
Couverture : « Le chant dans la nuit », Tableau de Marcelin Minko Minzé,in Les peintres de l’estuaire, Nicolas Bissek et Karthala, Paris, 1999.
© Éditions KARTHALA, 2005 ISBN : 2-84586-670-4
Idriss Diabaté, Ousmane Dembélé et Francis Akindès (éds)
Intellectuels ivoiriens face à la crise
Préface de Jean-Pierre Dozon
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
A la mémoire de Ahmadou Kouronma qui figure parmi les contributeurs de cet ouvrage.
PRÉSENTATION
Pourquoi avons-nous réalisé ce livre ?
Ousmane DEMBÉLÉet Idriss DIABATÉ
Ce livre se veut un témoignage pour fixer la mémoire d’évè-nements survenus dans la construction de la nation ivoirienne et qui vont de la constitution de la Deuxième République à l’accord de Pretoria. En cette période de crise, les Ivoiriens attendent un éclairage de sagesse venant des maîtres de la pensée, les intellec-tuels. Pour ce faire, nous sommes allés à la rencontre de ces « sages » afin qu’ils éclairent l’opinion. Le choix des personnes interrogées a été raisonné. Nous n’avons pas donné la parole à des acteurs politiques de première ligne. Ce, dans le souci d’éviter que des fonctions contraignantes les obligent à dire ce qu’ils ne pensent pas ou les amènent à dire si fort ce qu’ils pensent au point d’absorber la liberté de jugement de ceux à qui ils s’adressent. Ceux qui parlent ici, sont des intellectuels, libres de leur opinion et ayant une expérience pratique des idées, des choses et des êtres. Ce sont : – Ahmadou Kourouma, écrivain ; – Barthélemy Kotchy, homme de Lettres à l’université ; – Charles Nokan, sociologue – écrivain, enseignant-chercheur à la retraite ; – Dedy Séry, sociologue, maître de recherche, Université de Cocody (Abidjan) – Diabate Lamine, banquier, ancien ministre ; – Harris Mémel Fotê, anthropologue, professeur honoraire, Université d’Abidjan, actuellement député FPI ;
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INTELLECTUELS IVOIRIENS FACE À LA CRISE
– Mgr Siméon Djoro Ahouana, évêque de Yamoussoukro ; – Degni Ségui, professeur de droit public. Université de Cocody (Abidjan), ancien représentant spécial de l’ONU au Rwanda ; – Souleymane Koly, homme de théâtre.
Nous n’avons pas la prétention de dire que ces personnes représentent, à elles seules, l’élite intellectuelle en Côte d’Ivoire. Ces personnalités ont livré leur diagnostic de la crise ivoirienne ainsi que leur vision de la nation en construction, à un tournant de la vie du pays, d’avril 2000 à septembre 2001. Le pays s’ap-prêtait à donner naissance à la Deuxième République, soulagé d’avoir opéré un grand saut dans l’invention de son futur mais en même temps très inquiet de son présent. En ces moments extrêmement troubles où les passions s’étaient considérablement déchaînées sur l’idée et la réalité d’un être ivoirien, il nous a paru important d’éclairer les inquiétudes du présent et les incer-titudes sur l’avenir du pays, de l’analyse de personnes garantes de l’éthique et dont la vue supposée la plus large possible de l’organisation du monde permet d’ouvrir des perspectives sûres. A tous nous avons posé des questions génériques. Pourquoi la crise ? Quelles étaient leurs perceptions de l’être, de l’étant et du devenir ivoirien, de la société ivoirienne, de la formation de la nation, de l’intégration géographique et culturelle des groupes, de l’ethnicité, du métissage, de la citoyenneté, du développe-ment, de la démocratie, du « ET » et du « OU » ? Cette initiative a donné des résultats livrés ici. Nous nous sommes efforcés d’intervenir très peu dans le flot du discours des interviewés. Nous avons délibérément pris le parti de laisser le soin au lec-teur d’interpréter les silences, les redites, les interjections voire certains écarts de style qui ont, dans leur contexte, plus de sens qu’un texte passé au vitriol d’une correction académique. Ce sont ces idées et tant d’autres apports subtils à la réflexion sur la crise ivoirienne que nous vous invitons à partager le long de ces interviews et des analyses qui les introduisent.
PRÉFACE
Pour une fâcheuse affaire de conjonction
Jean-Pierre DOZON
A l’heure où j’écris ces lignes, la dramatique crise ivoirienne qui sévit depuis plusieurs années s’est singulièrement infléchie en une grave crise franco-ivoirienne. Après que les troupes fran-çaises mandatées par l’ONU aient été funestement bombardées dans leur campement de Bouaké par des avions de l’armée ivoi-rienne et qu’aussitôt la France ait décidé de détruire les quel-ques forces aériennes de celle-ci, s’en est suivie en effet, quoi-que de façon brève, une quasi-guerre entre les deux parties On eut d’abord la scène affligeante de ressortissants Français et assimilés violemment pris à partie par les milices des « Jeunes Patriotes » ivoiriens de plus en plus mobilisés par le Pouvoir légal, et on eut ensuite le spectacle tout aussi navrant de soldats français, avec chars et automitrailleuses à l’appui, ayant pour tâche de rapatrier dans l’extrême urgence leurs compatriotes et devant, pour cette raison au moins, se confronter aux milices en question et faire de nombreuses victimes dans leurs rangs. Il s’est agi là en vérité d’une situation non seulement inédite en Afrique francophone postcoloniale (le précédent congolais de 1997 n’étant pas particulièrement dû à des manifestations d’hos-tilité contre les Français), mais également assez sidérante au regard de ce que semblèrent avoir été longtemps, du moins à partir de 1960, les relations franco-ivoiriennes. Pour avoir vécu moi-même en Côte d’Ivoire dans les années 1970 au titre de coopérant, c’est-à-dire à une époque où la com-
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munauté française comptait plus de 50 000 âmes (cinq fois plus qu’au moment de l’indépendance du pays), le souvenir que j’en ai et que je crois pouvoir partager avec beaucoup d’autres, c’est celui de relations dans l’ensemble cordiales et agréables même si une anamnèse plus soutenue indiquerait qu’elles pouvaient être parfois faites d’évitements ou de tensions plus ou moins affichées. En tout cas, la formule du « pays de l’hospitalité », telle que la proclame toujours l’hymne national ivoirien, corres-pondait assez bien à ce que j’avais pu vivre, à ce que de nom-breux Français et autres Européens avaient pu ressentir, comme du reste plus généralement les multiples populations et ressor-tissants étrangers ou d’origine étrangère (Libanais, Burkinabè, Maliens, Sénégalais, Guinéens, etc.) qui, mieux encore qu’un pays hospitalier, en faisaient un pays cosmopolite d’exception sur le continent africain. Encore dois-je préciser que cette époque, où l’on parlait également du « miracle ivoirien », où le revenu national ne cessait de croître et l’Etat de créer des emplois et de concevoir des plans de développement, était encore l’époque d’un monde bi-polaire, mais à l’intérieur duquel la France, sous la férule du général de Gaulle, s’était taillée une place de grande puissance indépendante des deux blocs, grâce en bonne partie à son ex-empire d’Afrique. Bien loin, en effet, de se distendre avec l’avènement des indépen-dances africaines, les liens de l’Etat français avec ses ex-colo-nies s’étaient dans l’ensemble resserrés et multipliés durant les années 1960-70 sur presque tous les plans : sur celui des échanges économiques, financiers, des accords bilatéraux de défense, comme sur celui plus inédits d’« échanges » démographiques (l’expatriation, en plus grand nombre qu’à l’époque coloniale, de Français en Afrique s’accompagnant bientôt du développe-ment autrement plus important de l’immigration africaine en France). Et cette multiplication des liens s’était faite spéciale-ment avec la Côte d’Ivoire qui, grâce à la croissance de son économie de plantation caféière et surtout cacaoyère, ainsi qu’à une aide publique au développement particulièrement soutenue, mais toujours liée à des contreparties d’achats de matériels et de produits français, concentrait le plus gros des échanges franco-africains ; autant de liens qui étaient largement confortés par la présence à la tête de l’ex-colonie, de Félix Houphouët-Boigny, c’est-à-dire de cet ancien grand leader panafricain qui tenait désormais fermement le pays avec son « parti unique » (le Parti
PRÉFACE
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démocratique de Côte d’Ivoire) et était étroitement associé avec Jacques Foccart au déploiement gaullien de la politique afri-caine de la France. Incontestablement donc, la situation d’aujourd’hui tranche d’une manière pour le moins brutale avec cette époque où la réussite ivoirienne faisait bon ménage, en y étant la composante centrale, avec une densification des relations franco-africaines. Sans doute est-il encore bien trop tôt pour comprendre vérita-blement ce qui s’est passé, sauf à considérer en tranchant égale-ment dans le vif que la liaison de la France avec son ex-colonie avait pris un tour trop excessif, trop démesuré pour ne pas se dérégler et se dégrader tout aussi exagérément. Ce que les funé-railles d’Houphouët-Boigny en la basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro en février 1994 avaient fort bien symbo-lisé, puisque la France y était représentée par rien moins que l’essentiel de sa classe politique (de droite comme de gauche), alors même qu’elle venait unilatéralement de dévaluer le franc CFA, qu’elle était en train de diminuer fortement son aide publique au développement et que les lois Pasqua entendaient stopper le cours de l’immigration vers l’hexagone, autrement dit que des tensions se faisaient de plus en plus jour au sein du monde franco-africain postcolonial. Mais, durant ces quelques années qui séparèrent ce somp-tuaire hommage au « père de la Nation » ivoirienne de la pré-sence de chars français dans les rues d’Abidjan, quantité d’évé-nements s’étaient enchaînés et précipités traduisant d’abord et avant tout une dégradation de la société ivoirienne elle-même : de cette société qui était issue de plusieurs décennies de prospé-rité économique et qui avait été façonnée d’une manière très cosmopolite, c’est-à-dire par l’apport continu de populations d’origines très diverses. Les plus connus de ces événements furent le putsch militaire de Noël 1999, provoquant l’exil d’Henri Konan Bédié, le successeur d’Houphouët-Boigny, et l’installation au pouvoir du général Robert Gueï, puis l’élection en octobre 2000, dans des conditions assez problématiques, à la Présidence de la République de Laurent Gbagbo, leader du Front populaire ivoirien, enfin la tentative, deux ans plus tard, de renversement de ce dernier par des forces rebelles bien organisées qui aboutit à la séparation du pays, entre Nord et Sud, et qui entraîna dura-blement l’implication militaire de la France (tout à la fois pour protéger ses ressortissants et pour empêcher des affrontements
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