Histoire des femmes en situation coloniale Afrique et Asie, XXe siècle , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2004

Nombre de lectures

1

EAN13

9782845865532

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Anne Hugon
Histoire des femmes en situation coloniale e Afrique et Asie,XXsiècle
KARTHALA
HISTOIRE DES FEMMES EN SITUATION COLONIALE
Couverture : Groupe de sages-femmes et leur supérieure hiérarchique britannique vers 1960 (photo : Mrs Ayikpo).
© Éditions KARTHALA2004 ISBN : 2-84586-553-8
SOUS LA DIRECTION DE Anne Hugon
Histoire des femmes en situation coloniale
e Afrique et Asie,XXsiècle
Préface de Françoise Thébaud et Michelle Zancarini-Fournel
Éditions Karthala 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Préface
Le comité de rédaction de la revue francophone d’histoire des femmes et du genre,Clio, Histoire, femmes et sociétés,par l’intermédiaire de ses deux codirectrices Françoise Thébaud et Michelle Zancarini-Fournel, a proposé aux organisatrices du troisième colloque de la recherche féministe francophone, tenu à Toulouse en septembre 2002, d’organiser une table ronde et des ateliers sur des sujets peu abordés dans la recherche histo-rique française : colonisation, décolonisation, postcolonialisme et genre. En effet, si ces thématiques sont largement explorées dans l’aire anglophone, elles restent singulièrement cloisonnées et isolées dans l’espace de la francophonie. Des études existent sur les femmes d’Afrique ou les femmes du Maghreb – sur lesquelles la revueClio HFSa d’ailleurs 1 publié deux numéros – mais elles se ne se croisent pas avec l’histoire française des femmes et du genre. Des spécialistes échangent avec leurs collègues africanistes, etc., mais les axes de recherche sur le postcolonia-lisme sont encore à construire. Comme si la République française n’était pas guérie – ou consolée – de la perte de son empire colonial et que les historien/ne/s de l’histoire des femmes et du genre n’avaient pas dépassé cette aporie. A leur décharge, il faut souligner que dans l’histoire généra-liste, les études sur la colonisation et la décolonisation sont également des études spécifiques, plus ou moins indépendantes de l’histoire poli-tique, économique, sociale ou culturelle de la France. L’absence de réelle légitimation de l’histoire des femmes et du genre dans la discipline aca-démique n’aide pas à combler le fossé existant. Fidèle à ses principes de fonctionnement depuis sa création en 1995, la revueClio Histoire, femmes et sociétés,a souhaité arpenter des che-mins non encore tracés ou faire connaître des recherches en cours. C’est
1. Catherine Coquery-Vidrovitch et Françoise Thébaud (dir.), « Femmes d’Afrique », Clio, Histoire, femmes et sociétés, n° 6, 1997 (consultable intégralement sur le site www.clio.revues.org) et Agnès Fine et Claudine Leduc (dir.), « Femmes du Maghreb », Clio, Histoire, femmes et sociétés, n° 9, 1999.
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HISTOIRE DES FEMMES EN SITUATION COLONIALE
la raison pour laquelle, le comité de rédaction a proposé à une historienne « africaniste », Anne Hugon, de collaborer à l’élaboration d’une table ronde et d’ateliers pour rendre visibles recherches et problématiques et peut-être susciter des vocations, avec la ferme intention qu’histoire 2 « coloniale » et histoire de France ne soient plus séparées . Il nous a semblé évident de lui laisser la barre pour faire connaître le résultat de nos confrontations et de nos discussions. Les réflexions épistémologiques sur le concept de genre ou encore sur la déconstruction de la catégorie « femmes » permettent de transformer le regard et le point de vue et de s’intéresser aussi bien à une histoire politique et socioculturelle des individus, femmes ou hommes, qu’à une histoire des représentations et de la déconstruction du genre masculin ou féminin des et dans les colonies. Les rapports de genre dans les sociétés coloniales sont plus complexes qu’il n’y paraît et les indépendances ont rarement fait table rase des rapports de genre préexistants. Les nombreuses réponses à l’appel à communication nous ont réjouies et nous ont permis de connaître certaines thématiques et pistes de recherche restées dans l’ombre. Ce livre est le produit des réponses apportées par des femmes de différents pays et continents. Il constitue une première étape historiographique à laquelle la revueClio HFSse réjouit d’avoir contribué.
Françoise Thébaud et Michelle Zancarini-Fournel
2. Table ronde « Colonisation, décolonisation, postcolonialisme et genre : état des lieux de la production scientifique ». Ateliers : « La construction sociale des genres en contexte colonial et postcolonial » ; « Genre des politiques, mobilisations féminines et féministes en contexte colonial et postcolonial ».
Introduction
Anne HUGON
Malgré les progrès enregistrés ces dernières années en histoire des femmes et du genre, les historien-ne-s francophones négligent encore lar-gement ces perspectives appliquées à l’histoire non européenne, en parti-1 culier à tous les anciens territoires colonisés . Qu’il s’agisse des périodes 2 précoloniale, coloniale ou postcoloniale , les ouvrages en français restent rares qui s’attachent soit aux femmes comme objets spécifiques d’étude, soit aux rapports sociaux de sexe, soit encore à la construction sociale du genre. On est notamment frappé de constater que la production sur ces thématiques reste très parcellaire, ponctuelle, avec de-ci de-là un ouvrage dont on se félicite qu’il existe (cf.infra), mais qui ne semble pas pour autant ouvrir réellement un champ de recherches. L’histoire des anciens empires coloniaux n’a pas (encore ?) été croisée de façon régulière avec l’histoire des femmes et du genre, et moins encore été remise en cause par cette approche. En témoigne, en 2002, la publication d’un ouvrage inti-3 tuléDécolonisation, décolonisations, constitué de vingt-deux contributions,
1. Dans cet ouvrage, la colonisation est entendue au sens de « deuxième période colo-e niale », classiquement datée de la fin duXIXsiècle, avec un regain de l’impérialisme européen, portant essentiellement sur l’Asie et l’Afrique. 2. La division en trois périodes (précoloniale, coloniale, postcoloniale) ne comporte pas qu’un inconvénient en termes de déséquilibre, avec une première période immense, une seconde s’étendant souvent sur moins d’un siècle et une troisième appelée à durer un temps indéfini. Elle repose aussi sur un postulat idéologiquement suspect, faisant tourner l’histoire d’immenses régions d’Asie ou d’Afrique autour de la seule domination euro-péenne. Cependant, toute fâcheuse qu’elle soit, nous retenons – très provisoirement – cette tripartition, pour les besoins de la démonstration. 3. Christine Lévisse-Touzé et Romain H. Rainero, éd.,Décolonisation, décolonisa-tions,Actes des journées internationales d’histoire, 19-21 octobre 2000, organisées par le Mémorial de Caen, 2002.
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HISTOIRE DES FEMMES EN SITUATION COLONIALE
dont pas une seule n’aborde l’expérience des femmes, ni n’interroge les relations hommes/femmes, ou encore la construction de la féminité et de la masculinité dans les processus d’indépendance. 4 Les raisons de cette omission sont d’autant plus complexes qu’elles ne sont sans doute pas toutes équivalentes pour les différents continents colonisés. Néanmoins, certaines des analyses d’Odile Goerg et Sophie Dulucq sur l’Afrique (voirinfra) sont probablement applicables à l’Asie, par exemple. Ainsi, le fait que la colonisation ait été largement une entre-prise masculine explique en partie une persistante cécité à l’égard des femmes. Rappelons par ailleurs que l’histoire des empires a d’abord été écrite par des hommes, de surcroît partisans de la colonisation, associée dans leur esprit à une conquérante masculinité. Enfin, si l’histoire des femmes et du genre tarde à être adoptée par les spécialistes d’histoire 5 coloniale alors qu’elle est en plein essor pour la métropole, c’est juste-ment parce que l’histoire des pays colonisés est encore souvent perçue comme une histoire « à part », comme un ensemble de processus si spéci-fiques – quasi exotiques – qu’on ne pourrait leur appliquer les grilles de 6 lecture qui valent pour l’Occident . Pourtant, on compte un certain nombre de travaux qui rendent justice à l’approche genrée du passé, qu’elle soit principale ou secondaire. Il y a 7 près de vingt ans, l’ouvrageLa Femme au temps des coloniesouvrait la 8 voie, sans éviter tout à fait l’écueil, repérable dans le singulier du titre , 9 d’une réification de l’objet « femme » – propension générale à l’époque et qui n’a pas entièrement disparu.
4. Odile Goerg, « Femmes africaines et pratique historique en France »,Politique afri-caine, n° 72, 1998, pp. 130-144. 5. L’expression doit être prise ici dans son sens le plus large, incluant non seulement les spécialistes de la colonisation en tant que politique métropolitaine, mais aussi les spé-cialistes des diverses régions colonisées. 6. Cette tendance est encore nette pour l’histoire de l’Afrique, rejetée vers « l’africanisme », discipline hybride et aux contours flous mais dont le lourd héritage ethnographique se fait encore sentir. Plus généralement, l’appel d’Edward Said (Culture and Imperialism, Londres, Chatto et Windus, 1993) à briser la dichotomie stérile métropole/colonies n’a pas encore été systématiquement suivi d’effets dans les écrits en langue française. 7. Yvonne Knibiehler et Régine Goutalier,La Femme au temps des colonies, Paris, Stock, 1985. 8. Précisons d’ailleurs que le titre n’a probablement pas été le choix des auteures, puisqu’il s’agit d’une collection de l’éditeur Stock intitulée « La femme au temps de... ». 9. Ainsi, Thérèse N’Dri Assié-Lumumba utilise-t-elle presque toujours le singulier dans son ouvrage publié en 1996 mais tiré d’une recherche effectuée vingt ans plus tôt : Les Africaines dans la politique : femmes baoulé de Côte d’Ivoire, L’Harmattan, 1996. Cette remarque vaut aussi pour un titre tel queLa Femme malgache avant la colonisation, textes présentés par Suzy Ramamonjisoa, Tananarive, Département des sciences humaines, 1976 (volume de type ethnographique, constitué des traductions de traditions e orales malgaches du début duXXsiècle).
INTRODUCTION
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En dépit du caractère épars de la production plus récente, on peut dégager deux principales orientations bibliographiques. – Un premier type de publications prend clairement pour objet d’étude les femmes et leurs trajectoires autour d’un événement particulier ou à une époque et dans un pays donnés. L’exemple le plus abouti de cette ten-dance est sans doute constitué par les recherches sur les femmes dans (et autour de) la guerre d’Algérie. De qualité inégale, ces travaux ont cepen-dant pour mérite de rendre visible le vécu de femmes de tous horizons 10 dans le contexte très spécifique de la guerre d’indépendance . Plus nova-trice, dans la même veine, est l’approche consistant à prendre effective-ment en compte les expériences féminines en contexte colonial ou durant la guerre de libération, sans pour autant limiter le propos à ce seul objet. C’est la démarche de Christelle Taraud dansLa Prostitution coloniale, où l’auteure scrute aussi bien l’histoire de la réglementation coloniale et 11 celle de la sexualité vénale que le quotidien des prostituées elles-mêmes . 12 C’est aussi celle de Raphaëlle Branche , qui consacre un chapitre aux femmes victimes de tortures (notamment au viol), mais sans négliger le thème de la construction de la masculinité en guerre. Peut-être l’avenir prouvera-t-il que ces ouvrages ont eu, à leur sortie, suffisamment de retentissement pour impulser une dynamique de recherches ? Pour l’heure, en tous cas, ces travaux sont restés plutôt exceptionnels. – Une autre tendance repérable dans la bibliographie est celle des syn-thèses, exercice qui oblige d’ailleurs à l’utilisation extensive de la biblio-graphie en anglais. On pense ainsi à la gageure que représentait le cha-pitre intitulé « Femmes et colonialisme », dans l’ouvrage récemment 13 coordonné par Marc Ferro . Le défi a été relevé par Arlette Gautier, qui a dégagé les grandes lignes des différentes colonisations dans le temps et dans l’espace, et leurs conséquences sur les femmes colonisées. Qu’un tel tableau, couvrant plusieurs siècles et plusieurs continents, ne fasse guère de place aux exceptions et aux nuances, était inévitable dans un projet aussi ambitieux. Du moins dispose-t-on de la première synthèse en fran-çais, soulignant les effets (souvent néfastes) de la colonisation sur le statut,
10. Citons, par exemple, et par ordre chronologique : Caroline Brac de La Perrière, Derrière les héros. Les employées de maison musulmanes au service des Européens pen-dant la guerre d’Algérie, 1954-1962, Paris, L’Harmattan, 1987 ; Djamila Amrane,Les Femmes algériennes dans la guerre, Paris, Plon, 1991 ; Andrée Dore-Audibert,Des Françaises d’Algérie dans la guerre de libération, Paris, Karthala, 1995. 11. Christelle Taraud,La Prostitution coloniale : Algérie, Tunisie, Maroc, 1830-1962, Paris, Payot, 2003. 12. Raphaëlle Branche,La Torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie, 1954-1962, Paris, Gallimard, 2001. Cf. notamment les pages 290 à 310. e e 13. Marc Ferro, éd.,Le Livre noir du colonialisme,XVI-XIXsiècle : de l’extermination à la repentance, Paris, Robert Laffont, 2003.
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