Des Guadeloupéens en Ile-de-France Identité, sexualité, santé , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2006

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845867735

Langue

Français

Dolorès Pourette
Des Guadeloupéens
en Ile-de-France
Identité, sexualité, santé
MÉDECINES DU MONDE
KARTHALA
DES GUADELOUPÉENS EN ILE-DE-FRANCE
Cet ouvrage est publié avec le concours de l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS)
KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
© Éditions KARTHALA, 2006 ISBN : 2-84586-773-5
Dolorès Pourette
Des Guadeloupéens
en Ile-de-France
Identité, sexualité, santé
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
REMERCIEMENTS
Ma plus profonde gratitude va aux personnes qui ont participé à cette recherche, qui ont bien voulu partager avec moi de leur temps, de leurs mots et certains de leurs instants de vie. Ma reconnaissance va ensuite à Marie-Élisabeth Handman, qui a dirigé mon travail de thèse et qui, au delà de ses conseils scientifiques éclairés, a toujours été d’une écoute bienveillante et d’une disponibilité à toute épreuve. Pour leur soutien, leurs encouragements et leur affec-tion, je remercie chaleureusement Danielle et Lucien Pourette, mes parents, Nadia Pourette, Jean-Claude Combis, Monique et Michel Blin, Caroline Darcel, Anne-Gaëlle Blin, Frédérique Camus, Xavier Darcel, Youssef Sarhdaoui, François Coutard, Isabelle Delpech, Delphine Cervoni, Joëlle Guillou. Je remercie tout particulièrement mes collègues et amies Maryse Jaspard et Isabelle Widmer, pour leur confiance et nos collaborations si stimulantes. Pour nos échanges qu’elle alimente toujours généreu-sement, merci à Stéphanie Mulot. Mes remerciements vont aussi à l’Agence nationale de recherches sur le sida qui a financé cette recherche, ainsi qu’au Centre national du livre, qui m’a accordé une aide à l’écriture. Un grand merci à Philippe, soutien de tous les instants et relecteur attentif de ce texte.
Introduction
Les aléas de l’histoire ont fait de l’archipel guadelou-péen un département français, situé à quelques 7 500 kilo-mètres de l’Hexagone dans la mer des Caraïbes, au cœur des petites Antilles. Plusieurs îles constituent l’archipel de la Guadeloupe : l’île principale du même nom (composée de la Grande-Terre et de la Basse-Terre), Marie-Galante, les 1 Saintes, la Désirade . Initialement peuplée d’Amérindiens, la Guadeloupe a été découverte par Christophe Colomb en 1493. e Elle devient française en 1635. Dès le milieu du XVII siècle, la culture de la canne à sucre nécessite une main-d’œuvre importante. C’est le début de l’économie de plantation repo-sant sur le travail d’une main-d’œuvre servile, originaire d’Afrique. Entre 1650 et 1848, on estime à 290 000 le nombre 2 d’esclaves africains transbordés en Guadeloupe . Le système de la plantation ne prendra fin qu’avec l’abolition de la traite, en 1848, mais la disparition des habitations au profit des grandes usines sucrières nécessite un apport de main-e d’œuvre. Dès la deuxième moitié du XIX siècle, on fera appel à des travailleurs venus d’Europe, d’Asie, d’Afrique, et sur-tout à plus de 40 000 Indiens sous contrat, originaires de e l’Inde du sud. Entre le milieu du XIX siècle et le milieu du siècle suivant, des lois et décrets alignent le régime de la Guadeloupe sur celui de la France, préfigurant la loi de départementalisation de 1946. Depuis, la population guade-
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L’archipel guadeloupéen comprenait jusque récemment Saint-Martin et Saint-Barthélémy, mais l’Article 74 de la Constitution française en fait de nouvelles Collectivités d’outre-mer (COM) depuis 2004. Curtin, 1969.
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Des Guadeloupéens en Ile-de-France
loupéenne n’a cessé de recevoir des flux migratoires internes à la région caraïbe (de Haïti et de la Dominique notamment) et en provenance du Proche-Orient (Syrie, Liban) et surtout de la France, contribuant à la pluriethnicité de l’île. A l’inverse, la Guadeloupe connaît une forte émigration de sa population en direction de la métropole depuis les années soixante. L’Ile-de-France constitue un espace migratoire de pre-mière importance pour les Guadeloupéens. L’évolution des migrations entre la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane française et la métropole montre que l’immigration initiale de travail, inaugurée au début des années soixante, s’est rapidement muée en une migration à long terme. L’installa-tion durable des populations d’outre-mer et leur reproduction dans l’Hexagone a donné naissance à une nouvelle popula-tion : les « originaires des départements d’outre-mer ». Cette dénomination de l’INSEE regroupe les natifs des DOM et leurs enfants, nés en métropole ou dans les départements de départ. Le recensement de mars 1999 a dénombré 584 700 3 personnes « originaires des DOM-TOM » en métropole . A titre comparatif, la population de la Guadeloupe compte 422 000 individus à la même date. Malgré l’importance de cette population ultramarine installée en France métropoli-taine, et plus particulièrement en région parisienne, elle demeure peu et mal connue. D’une part, les recherches por-tant sur les faits migratoires la laissent le plus souvent à l’écart de leurs analyses. D’autre part, l’anthropologie de la Caraïbe s’intéresse peu aux migrants caribéens. Cet ouvrage présente les résultats d’une recherche anthropologique menée au sein d’une population de migrants guadeloupéens résidant en Ile-de-France. A la suite d’une première étude menée en Guadeloupe au début des années 4 quatre-vingt-dix sur les thérapeutiques traditionnelles , je me suis interrogée sur la continuité des pratiques et des représentations liées à la santé dans le cadre de la migra-tion. Dans le même temps, les données concernant l’épidémie de sida montraient qu’elle prenait une ampleur particulière
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Marie, Rallu, 2004. Pourette, 1994.
Introduction
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5 dans les Départements français d’Amérique et qu’elle pré-sentait certaines spécificités épidémiologiques et sociales par rapport à la métropole (transmission majoritairement hété-rosexuelle, forte discrimination des personnes atteintes). Nous ne disposions alors d’aucune donnée quantitative et qualitative relative à l’épidémie de sida, aux perceptions du risque de contamination et aux attitudes face à ce risque dans la population originaire de la Guadeloupe résidant en métropole. Si les Antillais vivant dans l’Hexagone sont invi-sibles en tant que migrants, de par leur nationalité française, les dynamiques de l’épidémie de sida au sein de cette popula-tion le sont également. Ces éléments (incidence et spécificités du VIH dans la région d’origine et invisibilité de l’épidémie dans une région à forte immigration guadeloupéenne) m’ont 6 conduite à mener une recherche doctorale visant à mettre au jour les mécanismes qui sous-tendent la perception et la gestion des risques de contamination par le VIH, à partir de l’analyse approfondie de plusieurs thématiques : les repré-sentations et pratiques relatives au corps, la construction sociale de la féminité et de la masculinité, les normes de la sexualité, les perceptions de l’identité et de l’altérité. La question identitaire – dans ses différentes dimensions : eth-nique, sociale, sexuelle – traverse l’ensemble des champs thématiques explorés. La question de l’identité ethnique se pose avec une acuité particulière dans les populations issues de sociétés pluriethniques ayant pris naissance dans le contexte de l’esclavage et de la domination coloniale, et dans des populations en situation de migration, qui se découvrent « étrangères » sous le regard de l’autre. Ainsi, les pratiques attachées au corps dans la migration sont intimement liées à la volonté de préservation ou de maintien d’une certaine identité, et l’appréhension d’un risque sexuel est bien sou-vent liée à la perception d’une différence, ethnique, sexuelle ou comportementale, chez le ou la partenaire. Par ailleurs, l’analyse des conduites sexuelles, des relations affectives et des arrangements matrimoniaux souligne l’empreinte des
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Les Départements français d’Amérique (DFA) désignent la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane française. Financée par l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida.
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Des Guadeloupéens en Ile-de-France
normes sexuelles et de l’assignation sociale des identités de genre, mais elle témoigne également des stratégies mises en œuvre pour contourner ces normes et avoir une sexualité en adéquation avec ses désirs tout en endossant une identité non stigmatisée. A travers l’analyse de thèmes chers à l’anthropologie (les pratiques et représentations attachées au corps, l’identité et l’altérité, les relations entre les sexes), cet ouvrage contri-bue à mieux faire connaître la population guadeloupéenne d’Ile-de-France, population dont l’étude anthropologique est quasiment inexistante. Il vise aussi à déconstruire un cer-tain nombre de stéréotypes sur « la » sexualité des Antillais et des Antillaises et sur la féminité et la masculinité « noire », stéréotypes issus de l’esclavage et de la période coloniale mais qui restent prégnants dans les représentations occiden-tales contemporaines. Ce livre propose également une réflexion sur la matrifocalité antillaise et sur l’opérationnalité de cette notion dans la migration. Enfin, s’il est le fruit d’une recherche menée dans l’Hexagone, cet ouvrage n’en fournit pas moins des données inédites sur des expériences vécues dans la société d’origine, comme celle de l’homosexualité ou celle du sida, où elles sont habituellement tenues secrètes par crainte de la stigmatisation. Les analyses présentées reposent sur une enquête eth-nographique de terrain, comprenant des observations dans des espaces privés et dans des lieux de sociabilité antillaise, des entretiens menés avec des acteurs de la vie antillaise en région parisienne (responsables d’associations, représentants religieux, personnel de la radio « Média Tropical ») et des entretiens biographiques semi-directifs avec trente-deux 7 femmes et vingt-huit hommes originaires de la Guadeloupe . Parmi eux, neuf hommes et trois femmes sont séropositifs. Ces derniers ont été recrutés dans des services hospitaliers de la région parisienne. Les autres ont été recrutés à partir de plusieurs réseaux de connaissances et par effet « boule de neige ». Ce mode de recrutement m’a permis de rencontrer
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Ils ont entre 19 ans et 57 ans. La plupart d’entre eux sont nés en Guadeloupe mais onze personnes dont les parents sont guadeloupéens sont nées en métropole.
Introduction
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des personnes aux profils socio-économiques et migratoires diversifiés. A v a n t d ’ e n t r e r a u c œ u r d u s u j e t , u n e d e r n i è r e remarque portera sur le choix de la population d’étude. Pourquoi avoir consacré cette recherche à la population gua-deloupéenne et non à la populationantillaiseouantillo-guyanaise? Premièrement, comme je l’ai déjà souligné, mes premières recherches ethnographiques portaient sur la Guadeloupe. La connaissance que j’ai acquise sur le contexte historique, social et culturel guadeloupéen et les relations q u e j ’ a i n o u é e s a v e c d e s G u a d e l o u p é e n s e t d e s Guadeloupéennes légitimaient une démarche scientifique auprès de cette population et favorisaient les prises de contact. Deuxièmement, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane française présentent des disparités sociales et 8 historiques , qui exercent une influence sur les relations sociales à l’œuvre dans les départements d’origine ainsi que dans la migration. En outre, si l’épidémie de sida offre un visa-ge similaire dans les trois départements considérés, des singulari-9 tés relatives à chacun d’eux peuvent être relevées . Afin de prendre en compte ces disparités épidémiologiques et socio-historiques, il aurait fallu mener une étude ethnographique
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La Guyane française se distingue radicalement des deux îles qui consti-tuent les Antilles françaises de par sa situation géographique (elle se situe sur le continent sud-américain, entre le Surinam et le Brésil), de par son histoire (l’esclavage y a joué un rôle moindre dans l’établisse-ment de la structure socio-économique) et de par sa configuration sociale (caractérisée par la coexistence d’Amérindiens, de descendants d’esclaves, de communautés marrones et de nombreuses populations migrantes en provenance d’Amérique du sud, des Caraïbes, d’Asie et de France métropolitaine). Par ailleurs, si la Martinique et la Guadeloupe sont parfois qualifées « d’îles sœurs », il n’en demeure pas moins que certaines disparités, trop rarement considérées, marquent leurs his-toires sociales. Ces disparités tiennent leur origine dans la manière dont la « plantocratie blanche créole » a maintenu son hégémonie bien après l’abolition de l’esclavage en Martinique alors que les Blancs Créoles de la Guadeloupe ont perdu leur pouvoir économique et social e dès la fin du XVIII siècle (Giraud, 1997a). A la différence de la Guadeloupe, la Martinique est toujours caractérisée par la prééminence économique et sociale des grands Blancs. Cf. : Giraud, 1997a.
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