Autoritarisme, presse et violence au Cameroun , livre ebook

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Date de parution

01 janvier 2014

Nombre de lectures

1

EAN13

9782811111700

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Alexie Tcheuyap
Autoritarisme, presse et violence au Cameroun
Préface de Fabien Éboussi Boulaga
KARTHALA
AUTORITARISME, PRESSE ET VIOLENCE AU CAMEROUN
Cet ouvrage est le résultat partiel d’une recherche financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada. Sa publication a été rendue possible grâce au concours de l’Université de Toronto, à travers le Département d’Études françaises.
Couverture :
Visitez notre site : www.karthala.com Paiement sécurisé
« Vers le sommet des âmes », tableau de Félix Benoît Arenaut, inLes peintres de l’EstuaireNicolas Bissek et Karthala, Paris, 1999.
Éditions KARTHALA, 2014 ISBN : 978-2-8111-1170-0
Alexie Tcheuyap
Autoritarisme, presse et violence au Cameroun
Préface de Fabien Éboussi Boulaga
Éditions KARTHALA 22-24, bd Arago 75013 Paris
Alexie Tcheuyap
... est l’auteur de :
Esthétique et folie dans l’œuvre romanesque de Pius Ngandu Nkashama, Paris, L’Harmattan, 1998. De l’écrit à l’écran. Les réécritures textuelles du roman africain francophone, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2005. Postnationalist African Cinemas, Manchester, Manchester University Press, 2011.
... a dirigé les collectifs suivants :
Pius Ngandu Nkashama. Trajectoires d’un discours, Paris, L’Harmattan, 2007. Cinema and Social Discourse in Camerooon, Bayreuth, Bayreuth African Studies, 2005. Calixthe Beyala. Romancière iconoclaste. Présence Francophone75, 2010 (avec Nathalie Etoke). MonctonCinémas africains en transition, La Revue de l’Université de 40-1, 2009. Ahmadou Kourouma ou l’écriture comme mémoire du temps présent. Études françaises, vol. 42. 3, 2006 (avec Josias Semujanga). Du texte au(x) texte(s). Dynamiques littéraires et filmiques au Maghreb. Présence Francophone65, 2005. Afrique en guerre. Études Littéraires35, vol. 1, 2003. Fuite des cerveaux et (Dé)Construction nationale en Afrique. Mots Pluriels 20, 2002. Littérature et Cinéma en Afrique francophone. Présence Francophone57, 2001 (avec Sada Niang).
Pour Émilienne Sans qui rien de tout ceci – et de tout cela – n’aurait pu se réaliser Peut-être seul le silence peut mieux l’exprimer
À Elsa-Chloé, Yves-Michel et Alain-Noé Véritables forces derrière ces lignes – et toutes les autres – Lumières de notre quotidien
Préface
Alexie Tcheuyap enseigne la littérature et le cinéma au Département d’Études françaises de l’Université de Toronto. Il nous gratifie d’un ouvrage qui est le résultat d’un travail mené dans le cadre d’un projet financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, avec le libellé suivant : « Violences postcoloniales en partage. Représentations littéraires et discours médiatiques ». Dans le cas du Cameroun qui connaît des crises ou des secousses sociopolitiques plus ou moins fortes, elles semblent, pour l’observateur extérieur, le conduire au bord du chaos et de la guerre civile, et l’y maintenir le plus souvent avec le concours d’une presse foisonnante et anarchique, d’une outrance verbale, qui pousse aux extrêmes. Il devient important de décrire et d’analyser comment, dans la forme, les journaux incitent à la violence ou s’en abreuvent. L’enseignant de littérature et de cinéma a vite fait de voir qu’il y avait là un gisement prodigieux. Dans ce site se bousculent et se mêlent inextricable-ment la fiction et la réalité, l’une pouvant se renverser subitement en l’autre. Tous les genres sont des éphémères qui y éclosent et s’y fanent instanta-nément, la comédie, la tragédie, sur le fond permanent d’une liturgie de l’obscène orchestrée par un pouvoir mensonger et violent. Le règne en vigueur ici est celui de phrases stéréotypées, de vocabulaire, de concepts et de types d’explications qui ne peuvent ni ne doivent varier. Il vient à la mémoire ce qu’a dit Pasternak d’une tyrannie qui n’était pas celle d’un homme (Lénine), mais, celle bien pire du « pouvoir magique de la lettre morte », ajouterions-nous en commentaire, de constitutions, d’institutions et de lois demeurées lettre morte et se muant en fictions meurtrières ou simplement déroutantes. En effet, les adjuvants efficaces de cette tyrannie pseudonymique ou mieux encore les ingrédients et les effets de son exercice effectif sont « la désorientation de la raison, la privation des repères, l’aplomb de l’assertion idéologique, l’écart absolu entre ce qu’elle dit et ce qui est... ». Le professeur de littérature et de cinéma comprend aussitôt que cet univers d’enchantement
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AUTORITARISME, PRESSE ET VIOLENCE AUCAMEROUN
maléfique, d’obscénité carnavalesque n’est pas radicalement différent de ceux dont s’occupe son métier. Il peut donc lui appliquer certains de ses outils habituels, qu’il partage au demeurant, avec les sciences sociales, pour l’appré-hender correctement, avec une liberté et une tonalité qui maintiennent un rapport plus étroit avec le sens du vécu des acteurs, comme l’art sait le faire. Ses recours familiers suffisent ici. Ce sont l’analyse des contenus et des procédés rhétoriques, les approches sémiologiques, la mise au clair des tropes et de la grammaire des divers genres littéraires qui peuplent ce monde… Il sait qu’il lui reste encore bon nombre de moyens pour aller encore plus loin, comme nous y reviendrons. La littérature n’a cessé d’entretenir un dialogue significatif avec la philo-sophie et les sciences sociales. Il convient de reconnaître que ceux des Africains qui ont prêté le plus d’attention et un intérêt actif à ces interactions appartiennent au même système universitaire qui est aujourd’hui le sien, plus souple, moins enclin à des compartimentages hermétiques, au marquage de territoires exclusifs que défendent avec hargne des garde-frontières. Une vue cavalière de ces échanges ne peut que donner à penser et favoriser le recul critique, en y discernant des modulations de valeur différente, au lieu de les alléguer de manière opaque, « en bloc et en masse ». Des moments distincts, même jugés caricaturaux et provocateurs, seront toujours plus stimulants pour la réflexion que cette bouillie-là. Ils seront utiles pour situerle moment et le sens de l’interventiondu travail d’Alexie Tcheuyap et sapositiondans l’histoire ou la carte de ces relations. La première phase se situe au début de la colonisation, où l’on fait écrire des récits et des descriptions de mœurs par les indigènes pour leur faire reconnaître les bienfaits de la civilisation qu’on leur apporte en contraste avec la malheureuse condition dont on les délivre. Même en ce cas de domination initiale triomphante, il s’échappe des éléments d’une autre version des faits et de l’expérience vécue des « heureux » destinataires des bienfaits. Le Chaka de Thomas Mofolo ne parut pas avoir brûlé ce qu’il avait jadis adoré, et certaines des synthèses ethnographiques commanditées sont à la fois des mines d’information, des hymnes de piété filiale à l’endroit des Ancêtres nobles et « insurpassables ». La deuxième phase est celle des illustres pionniers des combats pour la reconnaissance des cultures africaines et pour l’indépendance des peuples de notre continent. Inutile de souligner l’absence des sciences sociales, voire de la philosophie à ces deux étapes. Les universités et les instituts qui pourraient les cultiver n’existent pas ou bien sont dans leur enfance. Dans la troisième phase, elles sont présentes, mais la littérature garde son avance en matière de lucidité de dénonciation, de diagnostic et d’anticipation. On peut
PRÉFACE
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souscrire à ce jugement de Paul Tiyambe Zeleza chercheur éminent et néanmoins écrivain de grand talent :
Bien avant que les praticiens des sciences sociales ne découvrissent dans les années 1980 l’existence des mouvements sociaux, les écrivains, presque à l’aube des indépendances, savaient que les masses étaient insatisfaites et avaient faim d’un changement significatif. La rhétorique de la construction nationale ne pouvait mystifier les travailleurs récalcitrants de Ousmane Sembène (1960) ni les militants paysans de Ngugi wa Thiongo... (« Rewriting Independence », dans Paul Tiyambe Zeleza (dir)Manufacturing African Studies and Crises, Dakar, Codesria Books, 1997, 427. Notre traduction)
Il poursuit en énumérant d’autres groupes d’opprimés et les auteurs qui les décrivent, d’autres expériences décevantes, telle la modernisation écono-mique et culturelle creuse que peint Ayi Kwei Armah dès 1968, sans parler des écrivains antiapartheid. En bref, cette phase de l’engagement de l’écrivain et de son talent dans la lutte pour les grandes causes de l’émancipation a rempli sa mission historique. Face au racisme, au colonialisme et à l’impé-rialisme, puis au « développementalisme » et à l’économisme, ces écrivains ont imposé la dimension anthropologique morale et culturelle comme incontournable comme cause et remède de la crise africaine. La quatrième phase est celle de l’avènement, puis de la « trivialisation » rapide des sciences sociales (en même temps que celle du déclin du rôle de l’écrivain et de la littérature). Les universités se multiplient ; leurs départe-ments des sciences humaines ont besoin de professeurs qui, pour leurs thèses, ont dû investir les différents domaines de la culture et de la société, de son passé et de son présent. Leurs étudiants sont mobilisés de plus en plus nombreux à ces tâches de productions d’articles, de livres, de contributions à des colloques, à des ouvrages collectifs. Les Africanistes sont encore là et donnent le temps, dans certaines disciplines clés, tandis que les Africains orchestrent les thèmes de la construction nationale et de ses fondements d’hier et d’aujourd’hui, de la tradition et de la modernité. Ils s’enlisent dans l’apologétique, la défense et l’illustration de l’État et des traditions, l’exal-tation de leurs ethnies comme pionnières de la résistance contre l’envahisseur ancien et premières dans l’entreprise de modernisation. Nous sommes dans des régimes autoritaires et de partis uniques. Sont mis au pas ceux qui tentent de ne pas s’en tenir à ces productions somnifères : des instituts et des départe-ments sont considérés comme des lieux de subversion et sont supprimés. Jointe à la répression que conduisent les dictatures civiles et militaires, il y a une paupérisation débilitante. Des chercheurs accomplis ou émergents en nombre significatif migrent vers des climats plus favorables. Le temps de la
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