137
pages
Français
Ebooks
2021
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Publié par
Date de parution
01 mars 2021
Nombre de lectures
0
EAN13
9782304049046
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
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01 mars 2021
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EAN13
9782304049046
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Français
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Monia O’BRIEN CASTRO & Alexis CHOMMELOUX
Américanis/zation 1
Auctoritas
é ditions Le Manuscrit Paris
1 Pour illustrer d’emblée le phénomène d’américanisation, les éditeurs ont ici remplacé le « s » par le « z », comme c’est le cas en anglais américain par rapport à l’anglais britannique .
Dans la même collection
Comte et l’Europe Juliette Grange, 2020
L’Union européenne face à la montée des nationalismes et des populismes Carine Berbéri, 2019
UK and France: Friends or Foes Geraldine Gadbin-George et Elizabeth Gibson-Morgan, 2019
L’Europe en pièces Carine Berbéri et Alexis Chommeloux, 2017
Dire et faire en révolution Jean-Jacques Tatin-Gourier et Lhoussain Bouddouh, 2016
Federalismo, autonomía y secesión en el debate territorial espanol Jorge Cagiao y Conde et Vianney Martin (dir.), 2015
La notion d’autorité en droit Jorge Cagiao y Conde (dir.), 2014
Ouvrage publié avec le soutien de l’unité de recherche ICD (Interactions culturelles et discursives, EA 6297)
ISBN 978-2-304-04903-9
© Mars 2021
Comité scientifique
Xavier Arbós Marín - Université de Barcelone
Alexis Chommeloux - Université de Tours
Gennaro Ferraiuolo - Université Federico II de Naples
Alain-G. Gagnon - Université du Québec à Montréal
Dimitrios Karmis - Université d’Ottawa
Eric Millard - Université de Paris Ouest Nanterre
Christophe Parent - Université de Lille
Javier Pérez Royo - Université de Séville
Collection Auctoritas Dirigée par Jorge Cagiao y Conde
Auctoritas non veritas facit legem. C’est par cette célèbre sentence que Thomas Hobbes, dans son Léviathan, définit le droit. Transparaît ici une conception réaliste du droit : une manière de signifier que droit et politique ont une dimension commune et constituent deux sphères qu’il convient de saisir conjointement.
La collection Auctoritas se propose d’ouvrir un espace de réflexion et de recherche sur les grandes questions juridiques et politiques qui traversent nos sociétés, à la lumière de leur histoire, de leurs fondements philosophiques et des formations discursives et culturelles dans lesquelles elles s’insèrent.
La collection a pour objectif de publier les recherches et travaux, en français et en langues étrangères, des juristes, des politistes, des historiens, des philosophes ou des sociologues concernés. Seront particulièrement appréciés les efforts réalisés par les auteurs afin d’éclairer notre compréhension des problèmes et des enjeux propres aux démocraties contemporaines au vu des profondes transformations qui ont marqué en ce début de xxi e siècle tant le droit et le politique que les sciences qui les prennent pour objet.
Introduction
Monia O’Brien Castro & Alexis Chommeloux Maîtres de conférences Université de Tours/ICD
Nombre de phénomènes récents ont suscité des réactions d’observateurs qui, selon les cas, entrevoyaient, soupçonnaient, supposaient, constataient ou dénonçaient une forme d’américanisation. Ces réactions, comme tant d’autres avant elles sur ce thème, sont susceptibles d’interroger la réalité et/ou d’enrichir la définition d’un concept protéiforme, attrape-tout, copieusement employé mais assez peu étudié même si une étude historique récente traite de cette question dans le temps long, insistant sur ce caractère multiforme et mettant en lumière une réalité faite d’américanisations multiples et idiosyncratiques 1 , et même si, précisément, les réactions à ce phénomène l’ont été, l’américanisation étant souvent difficile à traiter indépendamment du rejet qu’elle suscite et d’innombrables formes d’anti-américanisme plus ou moins primaires. L’américanisation entretient des liens étroits avec une mondialisation dont l’appellation même souffre de la concurrence – symptomatique ? – du terme « globalisation », mondialisation qui provoque actuellement un bannissement semblable, avec des mouvements antimondialistes ou altermondialistes qui s’opposent aux avatars plus ou moins masqués d’un impérialisme américain qui tend à une uniformisation culturelle dont les ressorts ont été mis en évidence, entre autres, par Tomlinson 2 .
Du « fake news » (ou « alternative news ») déjà bien établi et dont, preuve ou non d’une forme d’américanisation, la traduction française, pour astucieuse et concise qu’elle soit (infox), n’a pas pris, au mouvement Me Too , à celui dont le slogan Black Lives Matter n’a pas donné lieu à une tentative sérieuse de traduction, non plus que, plus récemment, la « cancel culture », l’américanisation est souvent convoquée. Même la renonciation de Benjamin Griveaux à participer à l’élection municipale de 2020 à Paris a constitué, pour certains, un exemple supplémentaire de l’américanisation de la vie politique. Cette américanisation est repérée dans bien d’autres pays mais est particulièrement documentée par les politistes et constitutionnalistes d’un pays où, il est vrai, rares sont ceux qui, même aujourd’hui, ne se revendiquent pas au moins pour partie du gaullisme ou de leur positionnement par rapport au gaullisme. Le concept d’américanisation est commode et il est utilisé le plus souvent comme un repoussoir employé dans les débats économiques où il est plus encore associé à la mondialisation et à un libéralisme effréné, mais aussi dans les débats institutionnels, politiques, sociaux, religieux et plus généralement culturels. Si l’influence culturelle de ce géant de la soft power qu’est « l’Amérique » (au sens de l’Amérique du Nord et, le plus souvent, des seuls États-Unis d’Amérique) est constamment présente, tout comme l’idée selon laquelle les tendances américaines, parfois synonymes de modernité ou de liberté mais de plus en plus souvent associées à l’acculturation, à la « malbouffe » ou à l’abrutissante télé-réalité, sont quasiment inéluctables, certains phénomènes et événements donnent plus ou moins de pertinence à l’utilisation de ce concept qui, pour être reconnu comme un terminus technicus valable dans le domaine des sciences sociales ( cf . Susanne Hilger 3 ), n’a pas pour autant fait l’objet de suffisamment d’études universitaires.
Ces phénomènes et événements sont multiples : les élections présidentielles ou générales en Europe, à plus forte raison depuis que les primaires et les campagnes « à l’américaine » se sont imposées en France ou que les pratiques politiques ont présidentialisé le Premier ministre britannique ; les conséquences du 11 septembre 2001 et l’attitude guerrière adoptée par nombre de gouvernants européens dans le sillage de la politique américaine de George W. Bush ; le retour du « fait religieux » et parfois d’un activisme religieux bien connu outre-Atlantique dans des pays qui n’envisageaient guère une résurgence de l’influence des cultes dans le débat public ( cf. la « Manif’ pour tous »), par exemple, et une évangélisation d’influence étatsunienne (présentée dans le chapitre de Mokhtar Ben Barka intitulé « Les évangéliques américains à la conquête de la France ? ») ; les controverses relatives aux statistiques ethniques et la remise en cause de certains modèles intégrationnistes en faveur d’un communautarisme assumé ou imposé ; l’américanisation supposée des droits nationaux et européens (tant sur le plan substantiel que sur le plan procédural) et les craintes plus ou moins rationnelles que celle-ci suscite régulièrement ( cf. le TTIP, acronyme dont on peut juger qu’il n’est pas anodin qu’il soit connu quasi-exclusivement dans sa version américaine)… Cette liste, loin d’être exhaustive, montre l’ampleur des transferts transatlantiques et explique un anti-américanisme bien ancré dans certains pays d’Europe, dont la France, ou, a contrario, une fascination pour un pays qui semble pouvoir servir de modèle et qui parvient toujours à exporter, au moins par moment et pour certains, son « rêve américain ».
Ces réactions donnent lieu chez beaucoup d’Européens à un sentiment souvent ambigu, une ambiguïté que l’on retrouv