Vie et correspondance de Théophane Venard , livre ebook

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Le Père Théophane Venard, prêtre des Missions Étrangères de Paris, fut l’un des saints les plus vénérés de la fin de 19ème siècle en France. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus se sentait très proche de lui, après avoir lu le récit de sa vie.Le livre, composé par son frère sous les encouragements de Mgr Pie, évêque de Poitiers, recueille l’abondante correspondance de Théophane Venard avec sa famille, depuis ses années de collège et de lycée, les temps de séminaire aux Missions Étrangères de Paris, et son départ pour le Tonkin. Une fois arrêté, il continuera sa correspondance.L’ensemble forme un livre exceptionnel, tant d’un point de vue historique que spirituel.
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Date de parution

01 janvier 2022

Nombre de lectures

3

EAN13

9782368782507

Langue

Français

Vie et correspondance de Théophane Vénard

 prêtre de la Société des Missions Étrangères
décapité pour la foi au Tong-King le 2 février 1861

© Les Éditions Blanche de Peuterey. Visitez notre site www.peuterey-editions.com etabonnez-vous à notre newsletter pour être informé des nouveautés.
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ISBN : 978-2-36878-250-7
Nous avons conservé l’orthographe de Tong-King telle qu’elleapparaissait dans le livre d’origine. Certainement, de nos jours, on écriraitTonkin.
Les auteurs de cette biographie sont Eusèbe Vénard, frère desaint Théophane Vénard, et Mgr Pie, évêque de Poitiers.
1. Enfance de Théophane
Saint-Loup-au-Thouet est une petite ville du département desDeux-Sèvres au diocèse de Poitiers, sise à quelques lieues au nord deParthenay, dans une vallée riche et profonde. Là commence cette belle vallée d’orqui a donné son nom à la ville d’Airvault (Aurea-Vallis), petite ville très commerçante,belle église gothique, ruines d’un vieux château ; les environs en sont trèsagréables) bâtie en amphithéâtre, à cinq kilomètres seulement de sa sœur plusmodeste. Celle-ci, entourée de ses nombreuses collines, se découvredifficilement même à une faible distance ; mais le voyageur, qui n’arrivequ’après un long circuit dans l’enceinte de ses murailles, semble devineraujourd’hui, pour cette humble cité, des titres de gloire inconnus aux hommes.Malgré l’assertion malveillante d’un auteur moderne, sa population est tropreligieuse pour qu’on puisse lui soupçonner même un reste d’esprit voltairien.Supposé qu’il soit vrai que le père de l’auteur de la Henriade ait prisnaissance en ces lieux, ce qui n’est pas absolument prouvé, du moins leurspaisibles habitants auront-ils désormais le droit d’être fiers d’une gloiremeilleure et plus pure. Saint-Loup, en effet, est une ville sainte ; saterre, une terre choisie. Il y a trente-cinq ans, elle donnait le jour à unenfant qui devait être apôtre de la foi en de lointains climats, et cet enfantaujourd’hui est un illustre Martyr.
Jean-Théophane Vénard naquit à Saint-Loup, le vingt-et-unnovembre 1829, jour de la Présentation de la sainte Vierge : ce fut commeun heureux présage de sa tendre dévotion pour Marie, dévotion qui ne fit que grandirjusqu’à l’époque de son immolation. Il eut le bonheur d’appartenir à l’une deces familles chrétiennes et patriarcales, si rares aujourd’hui, dans l’espritdesquelles la religion et l’honneur occupent la première place. Son père, M.Jean Vénard, issu d’une famille originaire de l’Anjou, remplissait avec autantd’intelligence que de dévouement ses modestes fonctions d’instituteur libreauprès des nombreux enfants de la paroisse. Ce n’est qu’après trente années dece labeur fatigant, que M. Vénard résigna ses fonctions pour remplir l’officede greffier à la justice de paix du canton, dont Saint-Loup est le chef-lieu ;là, de nouveau, son expérience des affaires et son excellent jugement luidonnèrent l’occasion de rendre à tous les plus signalés services, jusqu’au jouroù le Seigneur mit un terme à sa laborieuse carrière.
L’épouse de M. Vénard, Mme Marie Guéret, était une femmedouce et pieuse, simple et aimante, qui se renfermait tout entière dans le soinde sa maison. Elle donna le jour à six enfants : les deux derniers,Joséphine et Antonin, se hâtèrent de monter avec les anges, huit jours à peineaprès leur naissance ; pour les quatre autres, Mélanie, Théophane, Henriet Eusèbe, ce récit, que nous commençons, ramènera bien souvent leurs noms sousnotre plume. Sous la direction de parents si privilégiés, le jeune Théophane sedéveloppa avec rapidité et fit concevoir de bonne heure les plus bellesespérances. En même temps, sa piété se révéla par des signes qui montraient enlui l’action déjà sensible de la grâce, aidée par un riche fonds de qualitésnaturelles. Bientôt l’on put observer dans sa personne l’heureuse alliance de l’humeurdouce et aimable de sa mère avec le caractère ferme et résolu de son père.
De bonne heure Théophane parut à l’école au milieu desautres enfants ; mais lorsque son père le montra pour la première fois surles bancs de la classe, il pouvait déjà le donner comme un modèle. Ceux quialors recevaient, chez M. Vénard, le bienfait de l’instruction primaire, serappellent avec bonheur le charmant contraste qui existait entre la petitetaille de leur jeune camarade et son maintien toujours grave et sérieux, À cespremières vertus, Théophane joignait encore des goûts simples et modestes, l’amourde la solitude, de la réflexion et de la lecture. Aussi, comme son père alorsexploitait lui-même quelques terres, il était vraiment heureux, quand l’obéissancelui faisait un devoir de conduire au pré ou de garder au coteau sa vache ou sachèvre ; là, en effet, son cœur pouvait en même temps satisfaire tous sesdésirs. Ce pré et ce coteau ont une place importante parmi les causes quiinfluèrent sur la vocation de notre martyr ; il y a là des souvenirstouchants qui ne s’effaceront jamais de la mémoire.
La campagne de Saint-Loup possède des beautés dignes d’attirerl’attention ; mais sa principale richesse lui est donnée par ses deuxrivières, le Thouet et le Cébron, qui la coupent agréablement ici et là en uneinfinité de collines et de vallées. Entre les deux lits du Cébron et du Thouet,mais plus rapproché de ce dernier, se trouve un coteau, appelé le coteau deBel-Air, à cause du charme de son point de vue. Aux jours du printemps surtout,c’est un aspect des plus riants et des plus poétiques. C’est là que Théophane,petit pâtre de neuf ans, venait de temps en temps avec sa sœur bien-aimée,chantant, lisant avec complaisance et piété, émiettant parfois, dans sa naïvetéenfantine, le pain de sa collation aux petites fourmis du chemin. Puis ildirigeait ses pas sur le sommet du coteau, vers le petit bois y attenant, oudans la vaste prairie située au-dessous. Assez ordinairement une humble fillepaissait aussi sa chèvre dans un champ voisin, et en même temps elle veillaitsur le jeune Théophane, en l’absence de sa sœur. Avide de s’édifier et de s’instruire,elle allait parfois demander à M. le Curé quelques bons livres, qui pussentsatisfaire ses pieux désirs. Théophane de son côté trouvait son bonheur à faireà haute voix la lecture qui, en édifiant sa compagne, jetait aussi dans sonpropre cœur des semences de vertus.
Parmi tant de livres divers, celui des Annales de laPropagation de la Foi avait dans son esprit toujours la préférence. Son cœur s’enflammaità ces récits émouvants, et parfois alors cet enfant se surprenait lui-même àrêver d’autres collines plus escarpées à gravir, un autre troupeau à dirigeraux extrémités du monde. Un jour il lisait la vie du Vénérable Charles Cornay,dont le martyre était alors tout récent ; cette narration des souffranceset de la mort du soldat de Jésus-Christ l’émut profondément ; il sentitbientôt son cœur rempli de l’enthousiasme apostolique, puis soudain un cri s’échappade sa poitrine : « Et moi aussi je veux aller au Tong-King, et moiaussi je veux être martyr ! » Quelque temps après, un jour queThéophane était avec son père dans la prairie sise au bas du coteau de Bel-Air,causant avec une gravité bien au-dessus de son âge, il fit tout à coup cetteréflexion :
— Mon père, combien peut valoir ce pré ?
— Mais je ne sais pas au juste, dit le père : pourquoicela ?
— Ah ! si vous pouviez me le donner, ce serait ma part,et moi je le vendrais pour faire mes études...
Surpris d’une question aussi sérieuse et en même temps aussisignificative, le bon père ajourna sa réponse, fit des réflexions ; et,bien que plus tard il ne vendît point le pré, qui lui fut dès lors au contraireplus précieux, il n’est pas moins réel que ce fut là comme un trait de lumièreilluminant son esprit au sujet de l’avenir du petit Théophane.
Après tous ces détails, il est facile de voir comment lecoteau de Bel-Air, le petit bois et la prairie ne sont pas sans importance dansla vocation de notre martyr, puisque ce fut là le moyen providentiel dont Dieuvoulu bien se servir pour arriver à ses fins. Mgr de Poitiers devait lecomprendre, et dans un discours fort remarquable, ce souvenir lui donna matièreà ce mouvement de la plus suave éloquence : O coteaux bienheureux quidominez la vallée du Thouet ; ô sentiers bénis de la montagne, le longdesquels cheminait le petit pâtre de neuf ans, portant déjà devant Dieu l’auréoledu martyr, parce que son cœur en contenait le vœu et que l’avenir lui endestinait la réalisation ; ah ! désormais vos fleurs seront plusbelles, votre verdure plus douce, vos eaux plus limpides, votre aspect plusriant ! À vos brises du printemps se mêleront des senteurs plus exquises,je veux dire les parfums des bons désirs, les émanations de la sainteté, lescélestes odeurs de la grâce divine. »
Le jeune Théophane se mit bientôt à l’étude des éléments dela langue latine, de compagnie avec d’autres enfants de la paroisse, qui déjàvenaient au presbytère s’initier aux mêmes principes. Après ces premiersessais, il fut décidé qu’il irait au collège continuer ses études commencées.
À cette époque, un prêtre du diocèse de Poitiers, d’unescience et d’une capacité à la hauteur de son dévouement, dirigeait un collègeassez florissant dans la petite ville de Doué, au diocèse d’Angers. De plus, M.le principal était frère du prêtre vénérable qui, depuis trente-neuf ans,dépense ses sueurs pour la paroisse de Saint-Loup ; ce fut vers cettemaison que le jeune Vénard dirigea ses pas, au mois d’octobre 1841, encompagnie d’un autre enfant qui lui était attaché déjà par les liens de l’amitié,liens étroits qui depuis ce jour se resserrèrent de plus en plus, au point defaire de leurs deux cœurs un seul et même cœur.
Les deux amis plus tard, malgré l’éloignement, n’oublièrentjamais cette intimité qui datait de l’enfance : après dix ans, Théophane,arrivé à Paris, se plaît à compter tous les anneaux de cette chaîne ; sonâme, ainsi qu’il le déclare, se dilate eu ces doux souvenirs :
« Jusqu’à mon départ pour le Séminaire des MissionsÉtrangères, j’ai eu un

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