Thérèse de Lisieux et les missions , livre ebook

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Date de parution

01 septembre 2010

EAN13

9782811104238

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Dossier dirigé par Claude Langlois
Trimestriel Septembre 2010
15
1(,#/"--"% $ Thérèse de Lisieux /%%/+-% .et les missions &au Liban : exemple de l’Église "#$!# Le protestantisme évangélique Tent of Praise La traite négrière, l’Europe et l’Église catholique dans "«!Juifs%et chrétiens à travers l’histoire, la bande dessinée « franco-belge » des années 1940 aux années 1980 entre conflits et filiations » &# Université d’étéCHR, Lyon, juillet 2010
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Histoire&Missions Chrétiennes
La revueHistoire& Missions Chrétiennesest publiée par l’Association des chercheurs de la revue « Histoire et Missions Chrétiennes ». Président : Claude PRUDHOMME; Vice-président : Jean-François ZORN; secrétaire général : Paul COULON; trésorier : Philippe DELISLE. L’association est domiciliée 18 rue Chevreul 69362 LYONCedex 07, dans le cadre de l’équipe RESEA du LARHA (UMR 5190) de l’Université de Lyon. Rédaction :Paul COULON(rédacteur en chef) ; Philippe DELISLE(rédacteur en chef adjoint) ; Catherine MARIN(chargée des recensions). Histoire& Missions Chrétiennesest une revue à comité de lecture. Tous les articles sont soumis à évaluation auprès de deux spécialistes en plus de la rédaction. Les manuscrits doivent parvenir de préférence en français. Des recommandations aux auteurs figurent dans chaque numéro. Comité de lecture : A. BART(Bordeaux 3) ; C. BAZINB; R. (Archives FMM, Roma, Italia) ONFILS (Archives S.J., France) ; P. BRASSEUR(Paris, EHESS) ; N. BUONASORTE(Modena e Reggio d’Emilia, Italia) ; G. BUTTURINI; C. de C(Padova, Italia) ASTELNAU L’ESTOILE(Paris X-Nanterre) ; J.-C. CEILLIER(Centre d’Histoire MAfr/PB, Lyon) ; P. CHANSONC(Université de Genève ; UCL/Louvain-La-Neuve) ; L. ODIGNOLA (Genova, Italia) ; J. COMBY(Facultés catholiques, Lyon) ; M. CHEZA(UCL, Louvain-La-Neuve, Belgique) ; S. CURTIS(San Francisco State University, USA) ; D. DESLANDRESD; É. (Université de Montréal, Canada) UFOURCQ(Institut catholique de Paris) ; P. ÈVE(Université de La Réunion) ; S. EYEZOO(Yaoundé I/ ENS, Cameroun) ; J. GADILLED. G(Lyon 3) ; ARDINIER(Marquette University, USA) ; B. HOURSY. K(Lyon 3) ; RUMENACKER(Lyon 3) ; P. LABURTHE-TOLRA (Sorbonne/Paris 5) ; C. LAUX(Bordeaux 3) ; O. LOLOM(Archives OPM, Lyon) ; C. MARIN(Institut catholique de Paris/GRIEM) ; P. M. MARTIN(Indiana University, USA) ; A. MELLONI(Istituto per le Scienze religiose, Bologna, Italia) ; G. MOUSSAY(Archives MEP, Paris) ; I. NDAYWEL(Université de Kinshasa, R. D. Congo) ; J.-M. NDI-OKALLA(Bonn, Allemagne ; Yaoundé, Cameroun) ; F. NOLAN (Centre d’Histoire MAfr/PB, Grande-Bretagne) ; J. PIROTTE(UCL/Louvain-La-Neuve, Belgique) ; G. PIZZORUSSO(Roma/Chieti, Italia) ; C. PRUDHOMME (Lyon 2) ; C.-R. RATONGAVAO;(Institut catholique d’Ambatoraka, Madagascar) B. RIGAL-CELLARDO. S(Bordeaux 3) ; AAÏDIA(IUFM/Strasbourg) ; O. SERVAIS (UCL, Louvain-La-Neuve, Belgique) ; A. SHORTER(Centre d’Histoire MAfr/PB, London, Grande-Bretagne) ; R. SIMONATO(Summaga di Portogruaro, Venezia, Italia) ; M. SOMÉ(Université de Ouagadougou, Burkina Faso) ; M. SPINDLER (Universités de Leyde et d’Utrecht, Pays-Bas ; Bordeaux) ; A. TRANVANTOAN (Lille) ; P. TRICHET(Archives de la Société des Missions Africaines, Roma, Italia) ; A. VANDENBERGHE(KADOCV; M.-C. , Leuven, Belgique) ARACHAUD (CNRS, Paris) ; G. VIEIRAZ(Archives spiritaines, Chevilly-Larue) ; L. ERBINI (Lyon 2) ; J.-F. ZORN(Institut Protestant de Théologie, Montpellier). Coordonnées de la rédaction : Adresse postale: Éditions Karthala, 22-24 boulevard Arago, 75013 PARIS Tél.-Répondeur/Fax: 01.41.80.92.44 ;E-mail :<revue.hmc@dbmail.com> Maquette de couverture : Grafy’ Création. Maquette intérieure et mise en pages : Bärbel Mullbacher. ISSN : 1957-5246 le numéro : 18e
PaulCOULON
ClaudeLANGLOIS
AntoinetteGUISE-CASTELNUOVO Annexe 1 ClaudeLANGLOIS Annexe 2 Annexe 3
CatherineMARIN
Annexe 4 Annexe 5 PaulCOULON Annexe 6 AntoinetteGUISE-CASTELNUOVO ClaudeLANGLOIS
ClaudePRUDHOMME
Annexe 7 Annexe 8
TangiCAVALIN NathalieVIET-DEPAULE Annexe 9
Annexe 10
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Au bout du monde, au fond du cloître
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Introduction au dossier Thérèse de Lisieux, Carmel et mission Sigles thérésiens Les fondations missionnaires des carmélites françaises e e auXIXetXXsiècles Le diocèse de Bayeux et les missions au temps de Thérèse Thérèse de Lisieux: la carmélite et les missions Thérèse en quête d’un frère Publication de la correspondance de Thérèse avec ses frères missionnaires L’union apostolique de Thérèse de l’Enfant-Jésus et d’Adolphe Roulland, missionnaire en Chine (1896-1897) Roulland présente la Chine à Thérèse (1896-1897) Maurice Bellière, l’autre missionnaire de Thérèse Thérèse et les Spiritains Thérèse et Théophane Vénard Traduire Thérèse: de l’Extrême-Orient japonais au Proche-Orient arabe Thérèse, patronne des missions, au service de l’indigénisation Pluie de roses sur les missionnaires Thérèse, patronne de l’Œuvre de Saint-Pierre-Apôtre (1925) La Mission de France et le carmel de Lisieux
«Contemplation et apostolat»: André Combes, historien de Thérèse, et la Mission de France (1945-1950) Madeleine Delbrêl, Thérèse de Lisieux et les fondements de la mission(Gilles FRANÇOIS)
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SœurMONIQUE-MARIE
Annexe 11
FatihaKAOUÈS
PhilippeDELISLE
BrunoBÉTHOUART
Jaap vanSLAGEREN
Armand BriceIBOMBO
AnicetN’TEBA
MichelaFONTANA
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Une mission d’évangélisation hors-norme: les reliques de sainte Thérèse de Lisieux parcourent le monde… Thérèse et les missions: chronologie Résumés/Summariesdu dossier
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Le développement du protestantisme évangélique au Liban: exemple de l’ÉgliseTent of Praise La traite négrière, l’Europe et l’Église catholique dans la bande dessinée «franco-belge» des années 1940 aux années 1980
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«Juifs et chrétiens à travers l’histoire, entre conflits e et filiations»: 19 Université d’été du Carrefour d’histoire religieuse, Lyon, 10-13 juillet 2010
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Influences juives en Afrique. Repères historiques et discours idéologiques Ouvrage lu par Marie-Hélène Robert L’implantation du christianisme au Congo-Brazzaville et son impact sur la société traditionnelle: de la «Plantatio Ecclesiae» à la nouvelle évangélisation (1883-1955) Thèse présentée par Catherine Bazin Mission de la Compagnie de Jésus au Kwilu. Contribution à la transformation d’une région congolaise (1901-1954) Thèse présentée par Catherine Bazin Matteo Ricci. Un Jésuite à la cour des Ming Ouvrage lu par Bernadette Truchet
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ON CONTENT DAVOIR BÉATIFIÉTHÉRÈSE DELISIEUX, le 29 avril 1923, unNdécret proclamant Thérèse «Patronne toute spéciale des missionnaires, puis de l’avoir canonisée, le 17 mai 1925, le pape Pie XI fait prendre par la Congrégation des Rites, le 14 décembre 1927, hommes et femmes, existant dans le monde […] à l’égal de saint François Xavier». Cette égalité proclamée entre François Xavier, ce formidable voyageur de Dieu représentant la dimension kilométrique de l’annonce de l’évangile jusqu’au bout du monde, et Thérèse de Lisieux, moniale au fond de son cloître, n’ayant jamais quitté les murs étroits de son carmel provincial sinon de façon épistolaire, mérite à coup sûr que notre revue y consacre un dossier éclairant les tenants et les aboutissants du rayonnement mondial «missionnaire» de la sainte normande. Pour ce faire, nous bénéficions d’un très bon guide en la personne de Claude Langlois, dont les travaux sur Thérèse de Lisieux depuis plus 1 de dix ans ont considérablement renouvelé «l’intérêt de tous ceux, toutes disciplines confondues, que le sort de cette sainte et de ses écrits 2 interrogent ». Dans la première contribution de ce numéro, Claude Langlois lui-même introduit excellemment au dossier qu’il a organisé et pour lequel il s’est entouré d’une série d’historiens spécialistes de Thérèse
1.Le Poème de septembre. Lecture du Manuscrit B de Thérèse de Lisieux, Paris, Cerf, 2002, 256 p.; Lettres à ma Mère bien-aimée. Juin 1897. Lecture du Manuscrit C,Paris, Cerf, 2007, 416 p.; L’autobiographie de Thérèse de Lisieux. Édition critique du Manuscrit A (1895), édition, notes et commentaires de Claude Langlois, Paris, Cerf, 2009, 592 p.;Thérèse de Lisieux. Lectures vagabondes, Paris, Cerf, 2010, 429 p. 2. PatrickGOUJON, «Les éditions critiques des manuscrits de Thérèse de Lisieux par Claude Langlois: essai de“poétique spirituelle”»,Recherches de Science Religieuse, t. 97, 2009, n° 3, p. 439-445, citation p. 439.
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et de l’histoire de la mission. Donnons simplement ici quelques éléments de son parcours intellectuels et de ses travaux. Il revient à Claude Langlois d’avoir inauguré en 1993 la première chaire d’histoire et de sociologie du catholicisme contemporain à l’École pratique des hautes études, où il a présidé la section des sciences religieuses. Il fonde avec Régis Debray l’Institut européen en en sciences des religions. Considéré au départ comme un spécialiste du «Catholi-3 cisme au féminin» – titre de sa thèse publiée au Cerf –, il s’est ensuite tourné vers l’histoire de la production des textes catholiques, dans le domaine de la théologie morale et de la spiritualité. Dans le domaine du catholicisme au féminin, il lui était difficile de ne pas rencontrer un jour les écrits thérésiens. Dans les premières pages de son édition du Manuscrit C de Thérèse, il rappelle comment l’histoire religieuse en France en est arrivé à un «retour à l’histoire de la théologie et de la spiritualité à partir de l’intérêt porté aux intellectuels et de la réappropriation des catégories longtemps délaissées comme “sainteté”, 4 “conversion” ou “mystique” .» Il s’agit bien d’une approche historienne, et non pas d’analyses psychologiques ou théologiques, même si cette histoire-là donne beaucoup à penser aux pratiquants de ces dernières disciplines. Reconnaissons que la longueur du Dossier – due à son caractère très complet qui lui fait juxtaposer des articles longs et toute une série d’annexes très utiles pour le sujet – nous a obligés à diminuer la part accordée aux autres rubriques. Toutefois, dans lesVaria, pour équilibrer le côté très «catholique romain» du dossier, on trouvera un article original et très intéressant de Fatiha Kaouès sur «le développement du protestantisme évangélique au Liban» à travers «l’exemple de l’Église Tent of Praise». Et, enfin, pour notre plus grand plaisir, Philippe Delisle nous donne la suite des études – «historiennes», elles aussi – qu’il consacre à la bande dessinée des années 1940-1980, sur – sujet on ne peut plus sérieux – «la traite négrière, l’Europe et l’Église catholique», tant il est vrai que la bande dessinée nous en apprend beaucoup sur notre époque… b / ? [ 4 G ? [ G Y %U/51?Z>C ZK 1TZX
3. ClaudeL,Le catholicisme au féminin. Les congrégations françaises à supérieure générale ANGLOIS e au siècle, Paris, Cerf, 1984, 776 p. XIX 4. Cité par PatrickGOUJON, art. cit., p. 440.
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A RENCONTRE ENTRE UNETHÉRÈSE, évidemment missionnaire, L et une revue consacrée à l’histoire des missions chrétiennes peut sembler aller de soi. Il convient, toutefois, avant de présenter le dossier ici réuni, d’indiquer quelques difficultés rencontrées, pour mieux comprendre la démarche suivie.
L’ambiguïté du vocabulaire
Une première difficulté provient de l’ambiguïté du vocabulaire, et à travers celui-ci, de la différence entre approche théologique et approche historique. On en a un exemple dans l’ouvrage tout récemment traduit 1 de Mgr Claudio Maria Celli ,Le secret de la vocation missionnaire de 2 3 sainte Thérèse de Lisieux,: son auteur a été un élève de l’abbé Combes lorsque celui-ci a trouvé une nouvelle jeunesse thérésienne, après sa retraite duCNRS, en enseignant à l’Université romaine du Latran. Claudio 4 Maria Celli a fait alors une thèse, publiée en 1969 sous ce même titre . Elle vient d’être traduite en français, dans une version concentrée et actualisée; cet ouvrage, riche d’aperçus intéressants, ne nous concerne pas directement dans la mesure où son auteur prend la vie de Thérèse dans ses étapes essentielles pour en dévoiler la perspective spirituelle, qualifiée par lui demissionnaire. Nous concentrerons, pour notre part,
1. Mgr Celli a été nommé, en 2007, président du conseil pontifical des communications sociales. 2. Salvator, 2010, 234 p. 3. Le grand spécialiste de Thérèse au lendemain de la seconde guerre mondiale. 4.La vocazione missionaria di S. Teresa di Lisieux, Rome, Un. Pontificale du Latran, 1969. 379 p.
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notre réflexion sur «les missions» et sur la manière dont Thérèse, de son 5 vivant et après sa mort, s’y implique ou y est impliquée .
Difficulté de méthode
Seconde difficulté, cette fois de méthode, l’historien travaille le plus souvent sur un objet qu’il tient à distance, soit parce que ce qu’il étudie est éloigné dans le temps, soit parce qu’il peut en prendre la mesure en lui assignant un début et une fin, comme l’activité missionnaire à l’époque contemporaine, entre la Révolution et Vatican II. Il en va différemment dans le cas qui nous occupe. La canonisation de Thérèse de Lisieux s’est effectuée, certes, voilà plus de quatre-vingts ans, mais sa modélisation n’a pas cessé de produire des effets, soit par des décisions officielles ultérieures (patronage des missions en 1927, doctorat en 1997), soit par des relances institutionnelles (multiplication des instituts thé-résiens, déplacement mondial de ses reliques), soit enfin par une ferveur individuelle multiforme, qui s’appuie sur la prière, la dévotion, les pèlerinages et qui se nourrit de la lecture de ses écrits, eux-mêmes traduits dans des langues multiples. Comment identifier, dans ce flux ininter-rompu, ce qui revient à une Thérèse missionnaire? Comment, plus encore, prendre suffisamment de distance pour que l’histoire que l’on tente d’écrire ne se résume pas à une mise en perspective du présent non plus qu’à un étayage d’une mémoire sans cesse revivifiée?
Deux Thérèse
Troisième difficulté: la présence simultanée, à partir de 1897, année de la mort d’une jeune carmélite inconnue de son vivant, de deuxThérèse qui, tantôt se complètent et tantôt s’opposent. Pour faire bref, celle du carmel de Lisieux qui, à travers la rapide publication de l’Histoire d’une âme, diffuse un message spirituel spécifique; et celle de fidèles de plus en plus nombreux qui cherchent – et trouvent – dans la jeune «sainte», e un nouveau modèle thaumaturgique adapté, en ce début duXXsiècle, 6 à la guérison des corps et à l’apaisement des âmes . Or, cette Thérèse aux
5. On trouverait la même confusion s’agissant du rapport de Thérèse au sacerdoce. DansLe Désir de sacerdoce chez Thérèse de Lisieux, Salvator, 2002, j’avais montré comment Thérèse partageait ce désir impossible d’être prêtrepour dire la messequ’on trouvait chez plusieurs femmes dans les années 1860-1920. Une thèse de théologie a récemment montré que son rapport au sacerdocerelevait du sacerdoce des fidèles, selon Vatican II. 6. AntoinetteGUISE,Thérèse de Lisieux et ses miracles. Recomposition du surnaturel (1898-1928), à paraître, Cerf, 2011.
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deux visages renvoie, en amont, à une vie brève, pour l’essentiel racontée par l’intéressée elle-même et, en aval, à un modèle de sainteté conforme à une norme traditionnelle et susceptible de s’insérer dans le nouveau cours de la politique pastorale de Pie XI. Dans cette perspective complexe, comment – et à quel moment –, s’est mise en place la figure d’une Thérèse missionnaire? Et plus encore, quelle généalogie légitime peut-on donner à la proclamation de 1927 de Thérèse comme patronne des missions? Autrement dit, ce patronage résulte-t-il, par priorité, des nouveaux rapports qui s’établissent aux lendemains de la première guerre mondiale, au sein du catholicisme, entre le national et l’international, 7 entre le centre romain et une périphérie réaménagée ? Ou, au contraire, celui-ci trouve-t-il sa source dans l’équilibre fragile, toujours à réévaluer, entre la contemplation et l’action, entre la prière de la carmélite et l’activisme du missionnaire?
Le poids du modèle hagiographique
Nous nous heurtons enfin à une ultime difficulté, résultant des précédentes: le poids du modèle hagiographique. L’auréole fige la per-sonne étudiée: pour Thérèse, les inévitables roses devenues son attribut privilégié, font de la moniale une distributrice des grâces célestes. Des stéréotypes, plus ou moins rapidement mis en place, imposent des figures obligées comme Thérèse et ses missionnaires. Le Père Roulland, des Missions étrangères, et le Père Bellière, des Missions africaines. Thérèse, la carmélite de Lisieux entre la Chine qui s’éveille au catholicisme et l’Afrique, pleine de promesses. Belle image, digne duSoulier de Satin, qui ne doit faire oublier ni le contexte colonial – les traités inégaux en Chine et le partage de l’Afrique noire au lendemain du congrès de Berlin (1885) – ni la singularité du contexte et la spécificité des personnes. Deux futurs missionnaires se tournent, presque en même temps, vers le carmel de leur diocèse pour tisser, avec les sœurs qui prient par vocation, un lien de compagnonnage spirituel. Quoi de plus normal! Deux hommes, différents, par leurs caractères et par les moments de leur parcours, entrent ainsi en contact avec Thérèse: un jeune prêtre décou-vrant la Chine avec sa naïveté et ses préjugés, un séminariste fragile en mal d’accompagnement spirituel. Et Thérèse traverse, pour quelques mois, leur vie, en quête d’unfrèreprêtre – il lui est donné de surcroît
7. Double réaménagement, par l’importance grandissante prise par l’Amérique du Nord au détriment de l’Europe et par l’émergence des chrétientés, notamment asiatiques, à défaut d’une conversion de la Russie qui n’a pas eu lieu.
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unpetit frère–, se saisit de ces présences fortuites pour transformer en profondeur sa vie spirituelle.
Le choix d’une pluralité de perspectives
Pour surmonter ces difficultés, nous avons opté pour une pluralité des perspectives. D’abord, le contexte: Thérèse, une carmélite parmi des milliers d’autres; Lisieux, un carmel parmi une grande centaine d’autres: Antoinette Guise-Castelnuovo, restitue, dans une présentation très neuve, e e le rapport du nouveau carmel français, celui desXIXetXXsiècles, à la mission. Car si le carmel de Lisieux a été pionnier, en 1861, en créant un carmel à Saigon, qu’en est-il et du temps de Thérèse et de celui de l’après Thérèse? Elle cartographie une entreprise foisonnante et féconde. Thérèse ensuite. Un article deClaude Langlois, revient, à partir d’une lecture plus rigoureuse de ses textes, aux contradictions et aux paradoxes de la moniale et oblige à un décentrement qui tienne compte et de sa réflexion théologique aiguë et de son rapport essentiel au martyre. Catherine Marin, dans le même sens, porte toute son attention chaleu-reuse au rapport de Thérèse avec son missionnaire, Roulland, qu’elle suit, au gré de correspondances espacées, lui, tout à la découverte de son diocèse immense, elle tout à celle de ses intuitions ultimes. ÀClaude Prudhommerevient de dire le contexte romain – donc ecclésial – qui a conduit à déclarer, en 1927, Thérèse patronne des missions, dans un mixte de realpolitik (le contrôle direct des instruments de la mission par Rome) et de volonté de renouveler les modèles de sainteté: le curé d’Ars, 8 pour les curés , Thérèse, pour les missionnaires, avec la volonté, à travers ce choix paradoxal, de faire passer deux messages complémentaires: 9 la primauté de la prière et le primat du clergé indigène.
Des points de vue complémentaires
En complément de ces principaux articles, nous avons souhaité apporter des points de vue complémentaires. Tout ce qui a été envisagé n’a pas été réalisable. Ainsi, a-t-il été plus aisé, grâce àPaul Coulon, de montrer la proximité de Thérèse avec les Spiritains qu’avec les mep et surtout a-t-on dû renoncer à prendre la mesure d’un phénomène aussi important que mal identifié, l’essor des congrégations religieuses
8. Patronage établi en 1929. 9. À rapprocher de laPrimauté du spirituel(1927) de J. Maritain, soutenant la position de Pie XI dans sa condamnation de l’Action française.
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