490
pages
Français
Ebooks
2009
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
490
pages
Français
Ebooks
2009
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
01 juin 2009
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748373561
Langue
Français
Comment est née la langue créole ? En se penchant sur des textes datant de la colonisation, d’après l’abolition de l’esclavage, dans la seconde moitié du XIXe siècle ou encore tout au long du XXe siècle, cette étude entreprend de saisir et décrire les interactions qui permettent d’élaborer des hypothèses quant à la genèse des créoles dans un contexte historique complexe, tout en cherchant à établir la part des différentes langues en présence dans ces situations de plurilinguisme, et d’envisager toutes les questions linguistiques et sociolinguistiques qui en découlent.
Publié par
Date de parution
01 juin 2009
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748373561
Langue
Français
Textes anciens en créole français de la Caraïbe
Marie-Christine Hazaël-Massieux
Publibook
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Publibook
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Textes anciens en créole français de la Caraïbe
Remerciements
Je tiens à remercier ici tous ceux qui par leurs conseils, leurs connaissances des périodes historiques évoquées, et par les recherches qu’ils ont bien voulu me faire partager, ont contribué à l’élaboration de ce travail.
Je citerai tout particulièrement Bernard Camier, dont la belle thèse sur La musique européenne dans la société de Saint-Domingue dans la seconde moitié du XVIIIe siècle a été l’occasion de nombreux éclairages et qui, en premier lieu, m’a permis de découvrir le texte de Jeannot et Thérèse (que nous avons publié en Haïti après une fructueuse collaboration). Tout ce qui concerne Saint-Domingue au XVIIIe siècle, l’environnement historique et culturel des œuvres ici présentées doit beaucoup à son travail et à la collaboration qu’il m’a proposée pour rendre compte de Jeannot et Thérèse et en faire l’analyse linguistique.
Je tiens également à remercier très chaleureusement Laurent Dubois de l’Université de Michigan qui a de son côté découvert une version de Jeannot et Thérèse , dans le fonds Du Simitière, version antérieure à celle de 1783 dont il m’a fait parvenir une copie. Cette version, hélas incomplète, est publiée ici grâce à l’autorisation de Philip Lapsansky, l’archiviste de la Library Company of Philadelphia.
Hugues Plaideux, auteur d’un article sur Jean-Jacques Rousseau et le marquis de Flamanville (1997) contacté par moi, a bien voulu m’autoriser à reproduire la version musicale d’« Une chanson nègre », de fait Lisette quitté la plaine mise en musique par Jean-Jacques Rousseau (musique déjà publiée dans son article).
Monsieur Jacques Dion aux Centre National des Archives d’Outre-Mer à Aix-en-Provence, tout au long de la rédaction de cet ouvrage m’a permis, par sa connaissance des fonds du CAOM mais aussi par ses commentaires avisés, de compléter nombre de références qui me manquaient, d’effectuer la vérification de manuscrits ou d’anciennes éditions de plusieurs textes ici cités, édités, ou ré-édités. La proximité du CAOM et la compétence toute particulière de Jacques Dion pour les périodes des colonies qui m’intéressaient ont permis l’achèvement de ce travail dans des conditions favorables. Je lui ai une très grande reconnaissance.
Méritent aussi tous mes remerciements :
- Le Père Robert Bonfils, archiviste des Archives Jésuites de Vanves, ainsi que son assistante Isabelle Dumigron.
- Pierre Moracchini et Cécile de Cacqueray à la Bibliothèque Franciscaine des Capucins à Paris.
Toute ma reconnaissance aussi à Gabriel Audisio, qui m’a donné de judicieux conseils concernant l’interprétation de textes manuscrits du XVIIe-XVIIIe siècles et a bien voulu me faire profiter de sa science en ce qui concerne le manuscrit de La Passion de Notre Seigneur selon St Jean en langage nègre (XVIIIe siècle).
Mes collègues intéressés par ces questions et dont les discussions ont ponctué mon travail : je pense à A. Valdman, D. Fattier, Ph. Baker et tout le Groupe Européen de Recherches en Langues Créoles, et tout particulièrement bien sûr à Annegret Bollée qui a partagé depuis longtemps mon intérêt pour ces textes anciens : c’est elle qui, dès les années quatre-vingt, en lançant la collection de la « Kreolische Bibliothek », nous a pressés, Guy Hazaël-Massieux et moi-même de poursuivre cette collecte de textes anciens de la Caraïbe. Son amitié m’a soutenue tout au long du travail, tout particulièrement dans les cinq dernières années. Elle a relu une partie de mon travail en cours et m’a fait d’heureuses suggestions.
Je souhaite mentionner encore et très spécialement Sibylle Kriegel qui a bien voulu relire tout le manuscrit avant l’édition et m’a rendu par là un service incommensurable ; mais sa présence directe et sa compétence en matière de créolistique m’a permis aussi de passionnantes discussions sur un sujet qu’elle finit par connaître aussi bien que moi. Bien sûr je garde entièrement la responsabilité des fautes et imperfections qui demeurent certainement dans ce travail, malgré les relectures et vérifications multiples.
Enfin, en rappelant que mon projet ici, s’il a des ramifications historiques profondes, est d’abord un travail linguistique, je soulignerai tout ce que je dois à ces historiens remarquables, curieux et méthodiques qu’ont été notamment Bernard David, Marcel Chatillon, et bien sûr Gabriel Debien, dont j’ai lu avec passion les nombreux ouvrages. Je rappellerai en particulier que Gabriel Debien a réuni une documentation considérable, écrit de très nombreux ouvrages dont cette somme trop peu connue sur les Esclaves aux Antilles françaises , publiée en 1974, ses scrupules dans l’utilisation des archives, et ses connaissances exceptionnelles en la matière, rendaient inutiles un travail de première main pour les nombreux documents dépouillés dont il rend compte et dont il a fait l’analyse. C’est en toute confiance que j’ai pu me servir de ses travaux prodigieux, notamment publié par la Société d’Histoire de la Guadeloupe et/ou la Société d’Histoire de la Martinique. Son énorme bibliographie personnelle rend compte pour qui se plonge dans son œuvre d’une carrière menée dans l’ombre, car Gabriel Debien travaillait loin des lumières médiatiques, sur les fonds d’Archives et dans les bibliothèques.
Le dernier que je dois mentionner, mais parce qu’il est aussi le premier, c’est-à-dire celui sans qui rien n’aurait été possible, c’est bien sûr Guy Hazaël-Massieux, mon époux décédé en 1993. C’est avec lui que le projet a été conçu, c’est avec lui qu’il a été commencé (il avait réuni déjà un certain nombre des textes que je produis ici aujourd’hui, ou en avait mentionné l’existence – ce qui m’a encouragée à chercher), il avait déjà commencé à proposer un certain nombre d’analyses, et à discuter des questions posées par la diffusion du créole dans la Caraïbe. Les travaux qu’il avait publiés sur ces questions ont été regroupés dans un ouvrage que j’ai édité après sa mort 1 . De nombreuses notes manuscrites, lettres adressées à tel ou tel correspondant, retrouvées dans ses papiers, m’ont stimulée et guidée pour retrouver et parfois découvrir des textes encore inconnus. Il est bien évident que sans lui, sans le travail déjà accompli avec lui, sans cette passion pour les textes anciens que nous avons partagée pendant des années, cet ouvrage n’aurait pas vu le jour.
Introduction
Objet de ce livre
L’histoire de la colonisation, même s’il existe encore des zones d’ombres, est maintenant bien connue. Récemment, l’ouvrage d’Olivier Pétré-Grenouilleau (2004) a suscité discussions et polémiques. De fait, la colonisation et l’esclavage restent souvent des sujets tabous, car à côté de l’histoire véritable fondée sur des textes et des documents, une pseudo-histoire s’est plus ou moins construite par tradition, proche de la légende ; il n’est guère possible de toucher à ce qui correspond à des convictions profondes, aussi importantes parfois qu’un mythe d’origine. Pourtant, la consultation directe des journaux de plantations, des documents régissant l’esclavage obligent à porter des regards nouveaux sur une période qui certes a été marquée par des faits que nos mentalités modernes ne peuvent que dénoncer, mais pour la compréhension desquels la lecture de l’historien est toujours nécessaire. L’étude de la vie pendant la colonisation, l’analyse des rapports sociaux et économiques, bien au-delà des dénonciations – par ailleurs légitimes, mais qui se situent à un autre niveau d’intervention – impliquent l’accès à tous les documents. Pour nous linguistes, il s’agit de saisir et de décrire, le plus objectivement possible, les interactions, les contacts qui permettent d’élaborer des hypothèses quant à la genèse des créoles dans ce contexte historique complexe, si possible d’établir la part des différentes langues en présence dans ces situations de plurilinguisme, et d’envisager toutes les questions linguistiques et sociolinguistiques qui en découlent.
Notons toutefois dès maintenant que le linguiste est obligé à la prudence quand il s’agit d’estimer la place exacte tenue par une ou des langues dans l’évolution linguistique en raison de ce premier fait, régulièrement vérifié : la présence d’une population en un lieu n’implique pas la survie obligatoire de sa langue, ou même la survie de traits provenant de celle-ci, et nombreux sont les cas historiquement connus où en raison de conditions sociolinguistiques défavorables, une langue a pu l’emporter complètement sur une autre, même si la population qui parlait la langue devenue dominante était moins nombreuse. La domination linguistique est liée à des facteurs divers (suprématie sociale, économique, culturelle) qui peuvent l’emporter complètement et l’importance numérique d’une population peut, dans certains cas, être un facteur relativement secondaire. Ainsi, certaines populations s’adaptent beaucoup mieux que d’autres à une langue nouvelle, notamment dans des conditions où l’apprentissage de celle-ci est un facteur d’intégration, quand la population d’apprenants est plus jeune, quand il n’y a pas d’autres moyens pour elle de communiquer, quand l’apprentissage de la langue nouvelle pour cette population est occasion de promotion sociale, etc. De fait, les esclaves se sont retrouvés assez rapidement plus nombreux que les maîtres pendant la colonisation, m