Spiritualités missionnaires contemporaines Entre charismes et institutions , livre ebook
338
pages
Français
Ebooks
2007
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Ebook
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2007
Nombre de lectures
0
EAN13
9782845869110
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
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9782845869110
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Marc Spindler et Annie Lenoble-Bart (dir.) Spiritualités missionnaires contemporaines
Entre charismes et institutions
mémoire d’Églises KARTHALA
SPIRITUALITÉS MISSIONNAIRES CONTEMPORAINES
Depuis trente ans, nous avons été les spectateurs et les acteurs d’une e formidable mutation du panorama religieux mondial. Au milieu duXX siècle, un peu plus d’un catholique sur deux dans le monde vivait en Europe et en Amérique du Nord ; le nouveau millénaire n’en comptera bientôt plus qu’un sur trois et le temps est proche où l’Afrique aura presque autant de chrétiens que l’Europe occidentale. Cette situation est le fruit de l’histoire : l’histoire missionnaire des e e XIX etXX siècles. Des colonisations aux indépendances, non sans douleurs, des communautés chrétiennes – catholiques, protestantes, orthodoxes – sont nées en dehors de l’Occident, puis de véritables Églises, qui se sont affirmées et témoignent autrement de l’Évangile du Christ. Elles se penchent aujourd’hui sur leurs origines et veulent en connaître les sources. La collectionMémoire d’Églisesse situer dans cette pers- entend pective en recourant à une approche historique. Il faut multiplier les histoires particulières pour que deviennent enfin possibles les synthèses informées qui manquent sur les Églises du Sud. Cette collection est dirigée par Paul Coulon, directeur honoraire de l’Institut de science et de théologie des religions (Institut Catholique de Paris), Membre titulaire de l’Académie des sciences d’Outre-Mer.
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
« Pentecôte », Sawai Chinnawong (Thaïlande).
¤Éditions KARTHALA, 2007 ISBN : 978-2-84586-911-0
SOUS LA DIRECTION DE Marc Spindler et Annie Lenoble-Bart
Spiritualités missionnaires contemporaines
Entre charismes et institutions
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Le Centre de Recherches et d’Échanges sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (CRÉDIC)
Fondé en 1979, afin de : promouvoir l’étude scientifique de l’inculturation du christianisme en dehors de l’Europe ; collecter la mémoire missionnaire ; confronter par le dialogue les positions des communautés chrétiennes de diverses cultures ; associer des universitaires, des acteurs de la mission et des personnes qui réfléchissent à l’inculturation du christianisme.
Secrétariat : 31, place Bellecour – 69002 Lyon – France
L’Association Francophone Œcuménique de Missiologie (AFOM)
Fondée en 1994, son action vise à promouvoir : la recherche théologique sur la mission en lien avec l’expérience ; la formation missiologique au plan universitaire et ecclésial, pastoral et laïc ; la production de travaux allant dans ce sens et leur diffusion ; une contribution spécifique du monde francophone à la missiologie chrétienne dans une démarche œcuménique.
Secrétariat : 9, rue du 18 août – 74240 Gaillard – France
À la recherche de spiritualités missionnaires
Marc SPINDLER Annie LENOBLE-BART
Cet ouvrage se situe dans la continuité des travaux réalisés sous l’égide du Centre de recherches et d’échanges sur la diffusion et l’inculturation du christianisme (CREDIC), fondé à Lyon en 1979 dans un cadre inter-universitaire souple et d’emblée international. Il se veut un apport original à la recherche historique sur les missions chrétiennes. Cette spécialisation scientifique connaît actuellement un essor remarquable, comme le démontre le lancement d’une revue française nouvelle cette 1 année 2007,Histoire et missions chrétiennes, sans parler du contexte 2 international .
Dès l’origine, le projet scientifique du CREDIC impliquait le souci de donner leur place légitime aux chercheurs et acteurs du Sud, à côté de ceux du Nord, dans l’idée que les missions chrétiennes ne sont pas dissociables des mouvements sociaux et religieux qu’elles induisent et qui les relaient à la longue. Les spiritualités missionnaires dont il est ici question ne sont donc pas seulement les spiritualités des missionnaires, généralement étrangers, mais elles sont aussi vécues sur place sous des formes diverses, comme on pourra le lire dans les études de cas situés dans la République Démocratique du Congo, ou embrassant l’histoire d’un mouvement féminin international. La participation d’auteurs africains doit être particulièrement saluée ici, eu égard aux difficultés administratives et financières qui pèsent en France et généralement en Europe sur les échanges académiques avec le Sud.
Le CREDIC a voulu renouveler ses problématiques en choisissant un thème qui pourrait étonner : les “spiritualités missionnaires”, par définition semblent invisibles et insaisissables, alors que le mouvement missionnaire chrétien se rend visible davantage par ses institutions et ses constructions
1. Histoire et missions chrétiennes,Vol.1/1, mars 2007, avec un premier dossier sous le titre « Bilan et perspectives en histoire missionnaire » (France, Belgique, Pays-Bas, Italie). 2. Voir par exemple les considérations méthodologiques de Stanley H. SKERSLET, « Thinking Missiologically About the History of Mission »,International Bulletin of Missionary Research, Vol.31, N°2, April 2007, p. 59-65.
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LESSPIRITUALITÉS MISSIONNAIRES
de tous ordres. C’est précisément ce côté intérieur, inapparent, privé, ce dynamisme spirituel, qui a retenu l’attention, dans la logique d’une recherche longue déjà consacrée précédemment aux domaines traversés 3 par l’activité missionnaire . Mais le côté intime de l’esprit missionnaire n’avait jamais fait l’objet d’une étude spéciale : c’est toute l’ambition du présent recueil que d’être un apport à la connaissance historique des dynamiques spirituelles de la mission chrétienne.
Dans un document préparatoire inédit pour une rencontre à Bayonne (28 août-1er septembre 2006) nous formulions ainsi le problème de la “spiritualité missionnaire” : la question à éclaircir est de savoir comment et dans quel esprit – pas du tout dans quel but, ni avec quelle stratégie - mais plutôt avec quelle “énergie spirituelle” les missionnaires s’en vont et surtout restent en mission. On pense à l’exclamation biblique : “Le zèle de ta maison me dévore !” (Ps 69.10, Jn 2.17). Cette dynamique spirituelle n’est pas un phénomène strictement individuel ; elle est communautaire. Les agents missionnaires visibles ont des liens très forts avec une “base arrière” invisible, avec des groupes et cercles de prière et d’étude missionnaires, avec des sociétés et des congrégations missionnaires organisées, et le cas échéant avec des directeurs spirituels officiels ou des correspondants et amis parfois inattendus. La tension spirituelle ainsi recherchée et réalisée n’est pas forcément maintenue à ce haut niveau d’exaltation. Elle peut retomber ou se transporter dans une autre voie.
Les questions débattues à Bayonne ont amené une réflexion d’ensemble qui n’exclut nullement les positions personnelles particulières que nous avons voulu respecter : on notera l’enthousiasme de certains, leur engagement partisan mais des échanges nourris ont permis de rapprocher – sans uniformiser– les sensibilités. Pour ce faire, le regard critique de Jean-Luc Vellut a été un apport précieux dans la finalisation.
3. L’intérêt montré ici pour les spiritualités ne signifie nullement un désintérêt pour les différents contextes matériels, sociaux, politiques et anthropologiques dans lesquels les missions chrétiennes et les Églises nouvelles ont entamé et poursuivent leur action. Rappelons les recherches les plus récentes du CREDIC sur les relations Églises-État en situation post-coloniale, sur les conditions matérielles des missions, sur l'interface entre anthropologie sociale et culturelle et la missiologie. Voir :Les relations Églises-État en e e situation postcoloniale. Amérique, Afrique, Asie, Océanie, XIX -XX siècles, dir. Philippe DELISLE et Marc SPINDLER;, Paris, Karthala, 2003 Anthropologie et e e missiologie XIX -XX siècles : entre connivence et rivalité, dir. Olivier SERVAIS et Gerard van ‘t SPIJKER, Paris, Karthala, 2004 ;Les conditions matérielles de la mission : e e contraintes, dépassements et imaginaires XVII -XX siècles, dir. Jean PIROTTE, Paris, Karthala, 2005 ;Identités autochtones et missions chrétiennes : brisures et émergences, dir. Philippe CHANSONet Olivier SERVAIS, Paris, Karthala, 2006.
INTRODUCTION
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Les contributions ci-après suivent les deux grands axes indiqués : l’axe individuel, avec une mise en valeur de personnalités motrices, maîtres spirituels reconnus et guides plus discrets, d’une part, et d’autre part, l’axe communautaire, plus accessible à la recherche historique attentive aux effets sociaux des initiatives privées et solitaires à l’origine. Un des auteurs, Salvador Eyezo’o, remarque avec pertinence : « Étudier la vie spirituelle d’un missionnaire est un terrain quelque peu accidenté pour l’historien. » C’est pourquoi la priorité a été donnée aux analyses historiques portant sur les évolutions et les inflexions des spiritualités missionnaires organisées, institutionnalisées et ritualisées. Cinq contributions balisent ces développements historiques, dans le respect des spécificités confessionnelles qui ont marqué et marquent encore la mise en œuvre des dynamiques missionnaires : catholicisme, protestantisme, orthodoxie sont successivement étudiés sous l’aspect de la spiritualité missionnaire organisée.
Trois chapitres sont consacrés au catholicisme, sous les signatures de Jacques Gadille, Marc Agostino et Juan Robles Diosdado. Jacques Gadille dépeint à grands traits l’évolution des spiritualités missionnaires catholiques en France de la Révolution à nos jours. Il marque une césure entre deux périodes. Dans la première, on ressent une ambiance spirituelle portée et nourrie par les instituts ou les congrégations e missionnaires, nouvellement créés ou recréés au cours du XIX siècle, avec toute la vigueur et la fraîcheur des commencements. À partir des années 1880, l’atmosphère spirituelle semble s’alourdir et s’assombrir au milieu de rumeurs de déclin de l’Occident et surtout dans le trouble causé par les guerres coloniales et/ou mondiales ; les spiritualités sont de plus en plus éclatées et individualisées, en osmose avec l’individualisme croissant des sociétés occidentales. Les modèles de spiritualité sont personnalisés et se fixent notamment sur les figures exceptionnelles de Charles de Foucauld, de Madeleine Hutin et de Jules Monchanin, riches d’une postérité toujours dynamique. Marc Agostino expose les efforts de régulation des spiritualités missionnaires catholiques dans la continuité assumée du magistère pontifical. Ce discours a un caractère prescriptif, mais il s’appuie non seulement sur des principes théologiques mais aussi sur des expériences vécues. Le parcours débouche sur une véritable doctrine de la spiritualité missionnaire catholique, élaborée spécialement dans un chapitre entier de l’encycliqueRedemptoris missioII. Nous endu pape Jean-Paul (1990) donnons le texte. Curieusement, cette imposante synthèse, bourrée de citations, ne mentionne que pour mémoire l’encycliqueSlavorum apostoli (1985) si frappante pour son ouverture sur la spiritualité missionnaire
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LESSPIRITUALITÉS MISSIONNAIRES
4 orthodoxe respectueuse des cultures locales . Le document riche d’expériences œcuméniques,Témoignage commun (1982), établi en commun par l’Église catholique et le Conseil œcuménique des Églises, n’est pas non plus pris en compte. Juan Robles Diosdado, lui, explore les racines historiques de la spiritualité missionnaire à partir de son contexte espagnol. L’apport e exceptionnel du P. Juan Esquerda Bifet au XX siècle est mis en lumière, dévoilant son influence probable sur la doctrine papale exposée dans l’encycliqueRedemptoris missio.
Les deux chapitres suivants traitent des autres grandes traditions de spiritualité missionnaire, le protestantisme et l’orthodoxie. Jean-François Zorn insiste sur le cadre institutionnel dans lequel les spiritualités missionnaires protestantes prennent leur essor et se coordonnent avec la création de la Société des missions évangéliques de Paris, un tableau qui nuance fortement l’image persistante d’un protestantisme individualiste et vagabond. Jean-François Zorn conclut son exposé en évoquant la force des influences œcuméniques, sensibles dès l’origine sur les champs de mission partagés si possible à l’amiable entre des acteurs institutionnels de nationalité et de dénomination différentes, renforcées par la création du Conseil International des missions en 1921 et celle du Conseil œcuménique des Églises en 1948. Dans ce cadre œcuménique, la préoccupation pour la spiritualité en général et la spiritualité missionnaire en particulier n’a jamais été absente, portée souvent par des dirigeants des Églises du Sud, entre autres le Ghanéen anglican John Pobee, et l’Indien M.M. Thomas, membre de l’Église syrienne Mar Thoma de Malabar, qui inventa l’idée d’une spiritualité combattante (spirituality for combat) au cours de son mandat de modérateur du comité central du Conseil œcuménique des Églises (1968-5 1975) . Jacqueline de Proyart dresse un tableau de la spiritualité missionnaire orthodoxe à partir de l’expérience historique des missions en Sibérie, région peu à peu conquise et intégrée à l’empire russe. Ce sont les faits missionnaires qui expriment la spiritualité, tant il est difficile d’entrer dans l’intimité des personnes engagées dans le dialogue religieux et parfois les
4. Mgr Armand Razafindratandra, futur cardinal archevêque d'Antananarivo, nous a dit avoir immédiatement distribué cette encyclique à son clergé. 5. Idée reprise par Konrad RAISER, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises de 1993 à 2003, sous le nom de «spirituality of resistance», tout en rendant son dû à M.M. Thomas, dans une conférence donnée sous ce titre en septembre 2003. Texte complet accessible à l'adresse http://www.oikoumene.org/index.php?id=2531. Cf. Gwen CASHMOREJoan P & ULS, « Spirituality in the Ecumenical Movement » in Nicholas LOSSKY e.a. (eds.),Dictionary of the Ecumenical Movement,Rapids, Grand MI: Eerdmans/ Genève, World Council of Churches, 1991, p. 948-952.
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