Rétrospectives , livre ebook

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« On sortait... Première époque... Deuxième époque... On sortait... D'époques en époques... Il y avait des décors, des passages, des lieux de rêve. Des ambiances paisibles, émouvantes... Des styles rassurants, bazar, bohème, matières nobles, imprimés, palette infinie de couleurs... Des plantes, des fenêtres sur d'autres rêves encore... Des petits objets, des histoires personnelles, des souvenirs... Poésie des moments de retrouvailles, d'échanges, d'étreintes, bonheurs éternels... Mêler les époques, les styles... » Écriture déambulatoire, mais en même temps vacillante, voire glissante, que celle développée par Frédéric Delalot qui, avec cette œuvre labyrinthique, se promène entre les époques et les espaces, pour en extraire images, impressions et sensations. Composée d'éclats et de fragments appartenant aussi bien à un passé inaccessible qu'à un futur qui n'est pas encore advenu, cette œuvre au goût de cendres et de regrets, aux notes nostalgiques et empreintes de déterminisme, frappe tout autant par son audace formelle que par sa capacité à capturer en quelques mots l'air du temps.

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Publié par

Date de parution

29 août 2018

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342162738

Langue

Français

Rétrospectives
Frédéric Delalot
Publibook

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


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175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Rétrospectives
 
 
 
 
Le grand parc Shinjuku-Gyoen débordait peu à peu dans la ville, dans les rues du quartier de Shinjuku…
C’était au mois de mars 2053…
Noix de Coco , la toile que S. avait réalisée trente-cinq années plus tôt, en quelques heures, un jour pluvieux d’avril, 127 x 90 cm , huile sur toile , inspirée par l’art primitif, et dont j’avais observé les larges traits blancs, les transparences, et l’arrière-plan bleu-vert, fort longtemps, s’était échangée à New York contre l’équivalent de presque cent bitcoins …
C’était un dimanche après-midi…
Je me rendais à Kabukichō, dans l’arrondissement de Shinjuku…
Je souriais en me remémorant toute notre histoire, les bonheurs imbattables et les joies qui duraient éternellement…
Ah ! il y avait des mondes…
Des espaces, des jouissances…
Combien de mondes…
Au rez-de-chaussée d’un immeuble, je franchissais l’entrée du Cyborg Center , dont l’enseigne était décorée de tags à l’ancienne de toutes les couleurs…
 
 
 
 
Ah ! l’été, sans pareil, absorbait la trotteuse des grands bassins, les balcons rouges, les stades vides, entourés de croix, les herbes sauvages, dans le ciel à l’envers…
Nous nous quittions au bout de la nuit, parfumés, ébouriffés, encore chauds, imprégnés de volutes, de traversées.
L’avant-garde des bars, la musique des couleurs, cascades d’Oberkampf, unissaient la cité, précieuse, torride.
La forge du monde nous allait si bien, de continents en osmoses, durant ces mois tropicaux, et la locomotive de la vie, ailée, détournée, s’égarait en cadence, hors du temps, des jours derniers.
Nous ne rentrions dans aucun rang.
Nous connaissions le désir, la fougue, l’inexplicable orage des sens.
Nous venions d’un pays extatique, courbe, d’un bonheur irréel, vorace.
Sa lumière intérieure, curieuse, inspirait mes gestes, et les espaces, illustres, les jardins des bibliothèques, sanctuaires de l’absence, imbibaient nos étreintes d’une huile de voyages.
Nous hésitions à gommer les rêves coriaces, les espoirs tapageurs…
Derrière les remparts, je caressais sa peau.
Je m’accrochais à des détails, à des papiers volants, solitaires, que d’autres, peut-être, auraient jugés sans importance…
 
 
 
 
À Tokyo, les zones éloignées des stations de trains étaient, petit à petit et de manière naturelle, abandonnées et reconverties en zone verte…
Et il y avait des chemins verdoyants entre les maisons des quartiers résidentiels…
Je me promenais dans un parc, autrefois voie rapide longeant les douves du palais impérial, dans le centre, autrefois le château d’Edo…
De superbes portes et d’anciennes tours de garde ponctuaient l’enceinte à intervalles réguliers…
Le Nijubashi, un élégant pont à deux arches, menait à l’entrée principale…
Le jardin de l’Est (Higashi Gyoen) abritait les vestiges de l’ancien château…
Et différentes variétés de fleurs agrémentaient le jardin à chaque saison…
Il y avait le parc Kitanomaru, avec son long sentier qui sillonnait un vaste jardin, et qui s’ouvrait sur la porte Kitahanebashi-mon…
Le chemin qui le traversait était bordé d’un côté par le Nippon Budokan Hall, le musée des Sciences et le musée national d’Art moderne, et de l’autre par un étang entouré d’arbres…
Et il y avait le parc Chidorigafuchi…
Les douves du palais impérial étaient bordées de cerisiers…
Il y avait des barques…
Je me promenais…
 
 
 
 
Hôtels et mezzanines, les tendances des murs de papier ou les piscines, au regard des lunettes exotiques, quoique détenus dans des miroirs énormes, surnageaient de cet océan, comme des vestiges, des pointes d’époques consomptibles…
Et tu m’emmenais aux bulles de Java , à cette affluence, plus aimables que la terrasse des bulbes, et quoi, du fond des âges excitants, nous prenions un muscat de Beaumes-de-Venise, une assiette esthétique, sous le plafond conservé lounge d’un ancien club, autour d’un bar de magma, de raffinements indéniables.
Tu portais, en ces voluptés, une robe d’un tissu indien, les cheveux lisses, amusés. Nous dressions une liste rétrospective des attitudes, des aventures…
Nous finissions là quelques soirées, le temps de palper les variations, d’étendre au monde nos intériorités, puis la rue, les galeries d’art, ponctuations floues, nous donnaient un air de fête, de surfeur japonais, avant de nous déshabiller, de céder, dominant une cour zen, aux pulsions longues et indomptables…
Les soirs d’exil, les aventures, caressés pour changer d’air, se terminaient en bohèmes, généraient des pages par associations de données, puis j’en ressortais à la limite d’une pluie fine de sauvegardes, par les mélanges terrestres.
Les phases d’extase, morcelées, se dissipaient, ainsi que les nuées, fragiles et bienfaisantes.
De voyages libres en retours, j’achevais les détails.
Je bondissais d’un rêve, soulevé par la poussière, et où des fous se préoccupaient du vent…
Peut-être était-ce la lumière grise, la définition de l’interface d’accès aux objets, où un rien d’anodin s’invitait avec le chuchotement des fontaines, qui me parlaient, chant primaire et signal…
C’était un souvenir, un avenir, jumeaux, en tout cas une réponse contenue dans une question.
Et les paysages dégagés, les dispersements, au large, m’apportaient la forme du récit…
1
Combien de nuits, combien de jours…
Oh ouais, je voulais jouer…
Je voyageais dans le temps, il y avait des nuits…
Je me remémorais une cuisine aux murs d’un orange vif, un transistor de l’époque qui balançait La Valise RTL ou Hit-Parade …
Ma mère qui avait préparé des crèmes au café, à la vanille, au chocolat…
Et sur SparkChess , en ligne, il y avait des joueurs…
Jusqu’à la nuit tombante, des chevaux se détachaient du paysage…
La défense indienne Dame visait à la domination des cases du centre e4 et e5 …
Aux échecs, une défense indienne était une ouverture qui débutait par le coup 1.d4 des Blancs (ouverture du pion dame) suivi par le coup asymétrique 1… Cf6 des Noirs, contrôlant le centre (notamment la case e4 ) à distance sans l’occuper immédiatement par le pion d5 …
La théorie des ouvertures était la plus étendue…
Il y avait des ouvertures et des rêves… des nouveaux goûts, des superpositions…
Nous voulions quelque chose plutôt que rien…
Et nous cherchions une façon de jouer…
Peut-être une transposition très heureuse…
Une façon de passer d’une ouverture à une autre, facile et gaie…
Fructueuse et enivrante.
Motivante et calme…
Le printemps revenait à Montréal, après la brume…
Il y avait longtemps, sur la promenade des Artistes, dans le quartier des Spectacles, la ville avait installé 21 balançoires, un instrument de musique collectif…
Lorsqu’elle était en mouvement, une balançoire déclenchait différentes notes. Puis, lorsqu’elles bougeaient toutes ensemble, les 21 balançoires du projet créaient une composition musicale dont les mélodies n’auraient pu exister sans la coopération instantanée de tous les participants…
Et plus tard, sur la place Émilie-Gamelin, à travers les potagers, il y aurait une multitude de nains de jardin, cette année-là… Des spectacles de musique électro et de musique du monde, et du cinéma en plein air…
Combien d’étangs dans combien de mondes…
Et combien de sapins dans combien de villes…
Combien de parcs dans combien d’espaces…
Ah ! je revenais…
Je revenais dans le monde essentiel, libéré et attiré par des forces nouvelles, renaissances de terroirs psychiques et surpuissants, tel un ancien et éternel moi-même, dans la jeunesse éternelle des espaces et du temps…
Nous nous étions baladés dans une époque antérieure, sans contraintes et sans projection dans d’autres espaces que ceux de l’instant immédiat.
C’était magnifique, comme une longue plage apaisante, une route à moto, lorsque le soleil réchauffait les âmes et les cœurs…
J’allais en volant de lieu en lieu, parfaits alentours, et nous étions encore nous-mêmes, des humains de l’époque des humains. Et nous avions bien du temps… Les ressources nous abreuvaient, électroniques, d’ailleurs, créatrices de libertés, improvisant des meilleurs décors et des joies, des perspectives. Des amours. Antiques souvenances. Et nos meilleurs moments ressurgissaient comme des élixirs. Des pouvoirs surnaturels.
Je chantais, sans m’en rendre compte de prime abord, le refrain d’un tube de Charlélie Couture…
Lorsque nous voyagions dans le temps, il y avait des images inoubliables…
Je me rappelais des costumes dans des coupes plus proches du corps…
Le gris, le marron, le beige et le bleu clair… Des boutonnières croisées et des épaules exagérément larges… Silhouettes de laine, de flanelle ou en lin… Des manteaux longs… Des pantalons à pinces avec un large ourlet au bas…
Et on apercevait la ville ou des cours intérieures, allongés, assouvis, inassouvis.
Ciel étoilé vers l’école de voile, l’étang de Pissevaches, la mer sombre et les flots invisibles…
Les volets roulants, un peu rouillés.
Jusqu’à la nuit tombante, des chevaux qui se détachaient du paysage immense…
 
«  Oh oui, je veux jouer…
Oh, il fait lourd, grande, grande nuit blanche,
Grande, grande nuit d’orage,
Le tonnerre gronde
Mais y’a pas d’éclair,
Écoute la voix du vent
Qui glisse, glisse sous la porte,
Écoute, on va changer de lit, changer d’amour,
Changer de vie, changer de jour…  »
 
En fin de semaine, surtout, je passais au Café Dépôt du Complexe Desjardins …
Et je m’arrêtais d’abord au A&W de la rue Saint-Alexandre…
On entendait en sourd

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