Mobilité religieuse Retours croisés des Afriques aux Amériques , livre ebook

254

pages

Français

Ebooks

2014

Écrit par
Philippe Chanson , Yonatan N. Gez , Edio Soares , Yvan Droz

Publié par
Karthala éditions

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2014

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Publié par

Karthala éditions

Date de parution

01 janvier 2014

Nombre de lectures

EAN13

9782811111885

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Publié par

Karthala éditions

Date de parution

01 janvier 2014

Nombre de lectures

EAN13

9782811111885

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

SOUS LA DIRECTION DE Philippe Chanson, Yvan Droz, Yonatan N. Gez, Edio Soares

Mobilité religieuse Retours croisés des Afriques aux Amériques

KARTHALA

MOBILITÉ RELIGIEUSE

http://www.karthala.com Paiement sécurisé

Couverture: Mural sur bois (auteur non mentionné) de la petite localité de Yübu, au centre de l’île hondurienne de Roatan située en mer Caraïbe. Une illustration très symbolique de la mobilité culturelle et religieuse croisée entre les Afriques et les Amériques. En l’occurrence, une danse exécutée par des Garifuna ditsBlack Caribs; une société inédite de e résistance générée au XVIII siècle entre Amérindiens caraïbes et Noirs esclaves marrons, principalement sur l’île de Saint-Vincent ; combattue et déportée par les colonisateurs anglais à Roatan en 1797, elle se répandra sur les côtes caribéennes du Honduras, du Nicaragua et du Guatemala jusqu’au Belize où se trouve aujourd’hui leNational Garifuna Council. Les costumes sont amérindiens et le tambour africain, alors que le style de danse relève d’un entrecroisement culturel et anthropologique entre les deux populations d’origine (photo de terrain, Philippe Chanson, juillet 2008, traitée par Jacques Erard).

Philippe Chanson, Yvan Droz, Yonatan Gez, Edio Soares (éds.)

Mobilité religieuse Retours croisés des Afriques aux Amériques

Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris

À la mémoire d’Éric de Rosny

Présentation

Philippe CHANSON, Yvan DROZ, Yonatan GEZet Edio SOARES

La circulation transatlantique des croyances et des pratiques reli-gieuses date de la « découverte » de l’Amérique. Cela fait plus de cinq siècles que le commerce des idées et des pratiques s’effectue des deux côtés de l’Atlantique. L’immigration européenne et africaine sur le nouveau continent fut longtemps le lot de mouvements religieux consi-dérés comme hérétiques ou païens par les tenants des Églises instituées. Ils ont conduit à l’éclosion de nouvelles pratiques et croyances intégrées dans un imaginaire religieux rapidement qualifié de « syncrétique » : vaudou haïtien, rastafari, candomblé, etc. Depuis quelques dizaines d’années, un nouveau phénomène apparaît : la vague du pentecôtisme. L’on observe ainsi une transformation profonde du paysage religieux, tant en Amérique latine qu’en Afrique subsaharienne : pentecôtisation du catholicisme latino-américain et africain, diabolisation des mouvements religieux syncrétiques, missions brésiliennes en Afrique orientale et luso-phone, télévangélistes américains omniprésents grâce aux croisades et aux médias. Bref, la vigueur de ce renouveau du religieux transatlantique contraste avec sa curieuse méconnaissance parmi les populations euro-péennes, alors que l’Europe joue pourtant de plus en plus un rôle de passage pour les missionnaires africains et latino-américains. Cet ouvrage se propose d’examiner ces nouvelles donnes au moyen d’un regard comparatif sur les mouvements et les pratiques religieuses des Afriques aux Amériques passant parfois par l’entre-deux européen ou étasunien. Il convient en effet d’interroger le supposé syncrétisme reli-gieux afro-américain en tenant compte de la vague de « conversions » au pentecôtisme polymorphe, comme d’ailleurs aux autres types de change-ments ou de combinaisons religieuses que l’on peut également observer en Amérique latine, dans les Caraïbes et en Afrique subsaharienne. Ces pratiques du religieux ont déjà fait couler beaucoup d’encre dans la litté-

MOBILITÉ RELIGIEUSE

rature spécialisée et l’abondance de notions qui en découlent témoigne de leur complexité. Des « syncrétismes » de Roger Bastide au « bris-collage » d’André Mary, en passant par les notions d’« hybridisme » de Nestor Garcia Canclini, de « bricolage » lévi-straussien de Danielle Hervieu-Léger, de « transit religieux » de Jean-Pierre Bastian ou encore de « butinage religieux » qui est proposé ici par Yvan Droz, Ari Pedro Oro et Edio Soares, les chercheurs tentent de cerner tout à la fois ce renouveau et ce métissage du religieux qui tendent à déborder des concepts classiques. Un ensemble de phénomènes qui s’inscrivent donc dans le cadre plus vaste de véritables retourscroisésdu religieux, parfois du reste si imprévisibles et inédits que l’on peine encore à appréhender toutes les problématiques que soulèvent leurs intrications. Pour étudier cela plus objectivement, ce volume propose un dialogue interdisciplinaire – socioanthropologie, géographie, histoire, sciences politiques, etc. – entre des spécialistes du religieux, au sens large, qui restent trop souvent centrés sur leurs terrains respectifs en Amérique, aux Caraïbes, en Afrique ou en Europe. Ces éclairages transcontinentaux permettent d’illustrer les phénomènes de mobilités et les combinaisons religieuses que l’on observe aujourd’hui. On signalera qu’à l’origine de ce livre se trouve le fruit d’une recherche comparative – conduite par certains d’entre nous au Kenya et au Brésil et qui se poursuit aujourd’hui sur le terrain suisse – afin de décrypter les pratiques et les univers de sens que déploient les croyants sur ces trois continents. Nous avons ainsi l’ambition de contribuer à développer une perspective anthropologique qui mette au jour les structures des pratiques religieuses actuelles, sans les enfermer dans des approches « théologiques » qui considèrent le reli-gieux à partir de la vision qu’en ont les spécialistes du sacré. Dans ce cadre, nous avons réuni des chercheurs de différentes disci-plines et origines géographiques pour débattre librement lors de deux 1 colloques : l’un tenu à Nairobi en 2012 et l’autre à Genève en 2013 . Les contributions que nous éditons ici constituent une sélection des exposés qui y furent présentés. Les auteurs les ont profondément retravaillées en décrivant – à partir de recherches originales – les multiples facettes de cette mobilité religieuse « triangulaire » qui affecte tant les Afriques que les Amériques, voire l’Europe. Nous tenons ici à les remercier d’avoir supporté avec une amicale équanimité nos commentaires parfois poin-tilleux.

1. Le colloque de Nairobi, d’avril 2012, était consacré au thème « Mobilité religieuse en Afrique de l’Est », et celui de Genève, tenu en avril 2013, traitait de cette question sous le titre : « Nouveaux mouvements religieux : Retours croisés des Afriques aux Amériques ».

PRÉSENTATION

Signalons encore que les douze textes de cette publication sont ici disposés selon le choix d’une logique interne. Alors que le premier (Yvan Droz, Ari Pedro Oro et Edio Soares) fait office d’introduction et d’expli-citation du thème abordé, le dernier (Philippe Chanson) tient lieu de synthèse et d’ouverture. Entre-deux s’échelonnent deux réflexions conceptuelles de portées générales (Jean-François Bayart et Yonatan Gez), puis des études de cas traitant de ces regards croisés sur les aires transatlantiques et transnationales que nous avons évoquées : le cas kenyan du Mungiki (Hervé Maupeu), celui des nouvelles configurations brésiliano-africaines de la « religion desorisha» (Stefania Capone), celui de la société secrète afrocubaine abakuá (Géraldine Morel), de la situa-tion singulière du catholicisme créole à la Martinique (Raymond Massé), du retour des rastafaris jamaïcains en Éthiopie (Giulia Bonacci), des esprits voyageurs et guérisseurs au Cap-Vert (Charlotte Plaideau), du pentecôtisme afro-brésilien en mission au Mozambique (Linda Van de Kamp) et de la trajectoire herméneutique des pratiques rituelles de l’onction dans le néo-pentecôtisme entre l’Amérique, l’Afrique et l’Europe (Jeanne Rey). On trouvera par ailleurs, dans les courtes notices biographiques qui suivent, une présentation de chacun des auteurs. Enfin, nous ne saurions clore ces quelques lignes de présentation sans mentionner que cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans les généreuses contributions de nombreuses institutions : le Fonds National Suisse pour 2 la recherche scientifique , l’Académie suisse des sciences humaines et sociales, la Société suisse d’études africaines, la Société suisse des améri-canistes, l’Institut de hautes études internationales et du développement, l’Université de Genève et son département de Formation continue, l’Institut français de recherches en Afrique (IFRA) et l’Université catho-lique d’Afrique Orientale, tous deux à Nairobi. Nous leur exprimons notre profonde reconnaissance pour leur précieux soutien, de même qu’aux Éditions Karthala qui ont accepté de publier ce livre, poursuivant ainsi leur importante contribution au développement des sciences sociales francophones.

2. Projets FNS Division I 100013-130340, 10CO13-147402 et 100013-146301.

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