Mission et politique après 1945 , livre ebook
235
pages
Français
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2010
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Publié par
Date de parution
01 juin 2010
EAN13
9782811104023
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
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01 juin 2010
EAN13
9782811104023
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Dossier dirigé par Caroline Sappia Olivier Servais
Trimestriel Juin 2010
N°14
hrétiennes C Mission et politique issions Maprès 1945 &sur Matteo Riceci Varia Recherches en Chine au cours duXXsiècle Visiteur apostolique ou inquisiteur ? iern Afrieque (1945-1946) Le père Henri Prouvost, envoyé par Rome to
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Histoire&Missions Chrétiennes
La revueHistoire& Missions Chrétiennesest publiée par l’Association des chercheurs de la revue«Histoire et Missions ChréPrtiennes ». ésident : Claude PRUDHOMME; Vice-président : Jean-François ZORN; secrétaire général : Paul COULON; trésorier : Philippe DELISLE. L’association est domiciliée 18 rue Chevreul 69362 LYONCedex 07, dans le cadre de l’équipe RESEA du LARHA (UMR 5190) de l’Universitéde Lyon. Rédaction :Paul COULON(ré; Philippe Ddacteur en chef) ELISLE(rédacteur en chef adjoint) ; Catherine MARIN(chargée des recensions). Histoire& Missions Chrétiennesest une revueàcomitéde lecture. Tous les articles sont soumisà évaluation auprès de deux spécialistes en plus de la rédaction. Les manuscrits doivent parvenir de préférence en français. Des recommandations aux auteurs figurent dans chaque numéro. Comitéde lecture : A. BART(Bordeaux 3) ; C. BAZIN(Archives FMM, Roma, Italia) ; R. BONFILS (Archives S.J., France) ; P. BRASSEUR(Paris, EHESS) ; N. BUONASORTE(Modena e Reggio d’Emilia, Italia) ; G. BUTTURINI; C. de C(Padova, Italia) ASTELNAU L’ESTOILE(Paris X-Nanterre) ; J.-C. CEILLIER(Centre d’Histoire MAfr/PB, Lyon) ; P. CHANSON(Universitéde Genève ; UCL/Louvain-La-Neuve) ; L. CODIGNOLA (Genova, Italia) ; J. COMBY(FacultéCs catholiques, Lyon) ; M. HEZA(UCL, Louvain-La-Neuve, Belgique) ; S. CURTIS(San Francisco State University, USA) ; D. DESLANDRES(Universitéde Montréal, Canada) ;É. DUFOURCQ(Institut catholique de Paris) ; P.ÈVE(Universitéde La Réunion) ; S. EYEZOO(YaoundéI/ ENS, Cameroun) ; J. GADILLED. G(Lyon 3) ; ARDINIER(Marquette University, USA) ; B. HOURS(Lyon 3) ; Y. KRUMENACKER(Lyon 3) ; P. LABURTHE-TOLRA (Sorbonne/Paris 5) ; C. LAUX(Bordeaux 3) ; O. LOLOM(Archives OPM, Lyon) ; C. MARIN(Institut catholique de Paris/GRIEM) ; P. M. MARTIN(Indiana University, USA) ; A. MELLONI(Istituto per le Scienze religiose, Bologna, Italia) ; G. MOUSSAY(Archives MEP, Paris) ; I. NDAYWEL(Universitéde Kinshasa, R. D. Congo) ; J.-M. NDI-OKALLA(Bonn, Allemagne ; Yaoundé, Cameroun) ; F. NOLAN (Centre d’P; J. Histoire MAfr/PB, Grande-Bretagne) IROTTE(UCL/Louvain-La-Neuve, Belgique) ; G. PIZZORUSSO(Roma/Chieti, Italia) ; C. PRUDHOMME (Lyon 2) ; C.-R. RATONGAVAO(Institut catholique d’;Ambatoraka, Madagascar) B. RIGAL-CELLARD(Bordeaux 3) ; O. SAAÏDIA(IUFM/Strasbourg) ; O. SERVAIS (UCL, Louvain-La-Neuve, Belgique) ; A. SHORTER(Centre d’Histoire MAfr/PB, London, Grande-Bretagne) ; R. SIMONATO(Summaga di Portogruaro, Venezia, Italia) ; M. SOMÉ(Universitéde Ouagadougou, Burkina Faso) ; M. SPINDLER (Universités de Leyde et d’; Bordeaux) Utrecht, Pays-Bas ; A. TRANVANTOAN (Lille) ; P. TRICHET(Archives de la Sociétédes Missions Africaines, Roma, Italia) ; A. VANDENBERGHE(KADOCV; M.-C. , Leuven, Belgique) ARACHAUD (CNRS, Paris) ; G. VIEIRAZ(Archives spiritaines, Chevilly-Larue) ; L. ERBINI (Lyon 2) ; J.-F. ZORN(Institut Protestant de Théologie, Montpellier). Coordonnées de la rédaction : Adresse postale:Éditions Karthala, 22-24 boulevard Arago, 75013 PARIS Tél.-Répondeur/Fax: 01.41.80.92.44 ;E-mail :<revue.hmc@dbmail.com> Maquette de couverture : Grafy’Création. Maquette intérieure et mise en pages : Bärbel Mullbacher. ISSN : 1957-5246 le numéro : 18e
PaulCOULON
CarolineSAPPIA OlivierSERVAIS
Jean-François ZORN
Julie HERMESSE
Jean-Marie BOURON
Sandra DUARTE
OlivierSERVAIS
Caroline SAPPIA
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«Tout est politique»… Même la mission?
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Politique et christianisme après 1945: engagement des acteurs de la mission en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe L’insurrection malgache de 1947 Implications et interprétations protestantes Diffusion et polarisation du protestantisme au Guatemala au lendemain du tremblement de terre de 1976 Les Pères Blancs, acteurs du jeu colonial. Mission catholique et enjeux politiques en Haute-Volta au lendemain de la seconde guerre mondiale Entre évangélisation et lutte politique: Les missionnaires comboniens au Portugal et au Mozambique dans le panorama historique de l’État nouveau (1947-1974) Dimension politique de la revue belge Vivant Universdes Pères Blancs, de 1969 à 2000 Un Institut des hautes études doctrinales pour l’Amérique latine à Louvain? Reflet des conflits idéologiques latino-américains à l’Université catholique de Louvain (1964-1970)
Résumés /Summariesdu dossier
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ZHANGXIPING
Guy PANNIER
Bernadette TRUCHET
Salvador EYEZO’O Jean-François ZORN
Philippe BÜTTGEN Alain de LIBERA et alii (dir.) Bernard PATARY
Valerio PETRARCA
Jean-Claude CEILLIER
Émile JACQUOT
Paul-Gordon CHANDLER
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Recherches en Chine sur Matteo Ricci e au cours duXXsiècle Visiteur apostolique ou inquisiteur? Le père Henri Prouvost, des Missions Étrangères de Paris, envoyé par Rome en Afrique après la seconde guerre mondiale
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L’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe au temps de Matteo Ricci (1552-1610). Colloque international de sinologie à l’Unesco les 27 et 28 mai 2010 Concurrences en mission: propagandes, conflits e e coexistences (XVI-XXsiècles). Argumentaire du prochain colloque duCREDICà Brive-la-Gaillarde (Corrèze, France) (30 août-3 septembre 2010)
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Les Grecs, les Arabes et nous Enquête sur l’islamophobie savante Ouvrage lu par Philippe Bourmaud Homo Apostolicus. La formation du clergé indigène au Collège général des Missions Étrangères de Paris, à Penang (Malaisie), 1808-1968: institution et représentation Thèse lue par Claude Prudhomme Un prophète noir en Côte d’Ivoire. Sorcellerie, christianisme et religions africaines Ouvrage lu par Véronique Duchesne Histoire des Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). De la fondation par Mgr Lavigerie à la mort du fondateur (1868-1892) Ouvrage lu par Philippe Delisle Les Spiritains en Haïti (1843-2003). D’Eugène Tisserant (1814-1845) à Antoine Adrien (1922-2003) Ouvrage lu par Philippe Delisle Pilgrims of Christ on the Muslim Road: Exploring a New Path Between Two Faiths Ouvrage lu par Fatiha Kaouès
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ANS LES TÊTES DE MAI1968– et sur les murs, de façon plus poétique –, régnait le slogan «Tout est politique!», que l’on sopDhique au baccalauréat avec corrigé sur de nombreux sites de la retrouve maintenant donné comme sujet de dissertation philo-toile… Nous ne prenons donc pas beaucoup de risques en consacrant undossier à «Mission et politique». En s’insérant dans un contexte étranger avec le bagage de son pays d’origine, le missionnaire emporte avec lui un mode de vie en société et une conception du monde. Les rencontres missionnaires affectent donc la vie de la «cité»; elles sont dans ce sens éminemment «politiques». Par ce qu’ils ont dit ou par ce qu’ils ont tu, par ce qu’ils ont fait ou par ce qu’ils ont omis de faire, les acteurs de la mission, comme individus ou comme sociétés missionnaires, ont joué un rôle ayant eu des incidences sur la vie politique des populations locales. En se limitant à la période d’après la seconde guerre mondiale, Caroline Sappia et Olivier Servais qui ont construit ce dossier à partir 1 des travaux du colloque duCREDIC, présententde Bruxelles en 2009 quelques études de cas pris en Afrique, en Amérique latine et en Europe montrant l’omniprésence, la diversité et la complexité de l’engagement politique des acteurs de la mission. En plus de la diversité géographique prise en compte, on remarquera dans ce numéro la diversité des acteurs de la mission ici étudiés: sociétés missionnaires protestantes, Pères Blancs (Missionnaires d’Afrique),
1. Les actes complets de la session du Centre de Recherches Européen sur la Diffusion et l’Inculturation du Christianisme (CREDIC) à Bruxelles en 2009 paraîtront aux éditions Karthala durant l’été 2010.
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Comboniens, prêtresFidei Donum, auxquels il faut ajouter, si l’on tient compte des deux contributions desVaria, les Jésuites, les Spiritains et les Missions Étrangères de Paris… Une fois de plus, nous participons à l’année Matteo Ricci, et de façon notable. Pour la première fois nous publions dans nos colonnes une contribution due à un auteur chinois de renom: Zhang Xiping, Directeur du Centre de recherches sino-étrangères et Doyen de l’Institut Afro-asiatique à l’Université des langues étrangères de Beijing. Et cela, nous le devons au père Michel Masson sj, directeur du Centre Ricci de Paris, qui nous a proposé cet article et en a assuré lui-même la traduction. Dans le même temps, Bernadette Truchet nous donne un bref aperçu du colloque de sinologie qui s’est tenu à l’Unesco en mai dernier sur «l’échange des savoirs entre la Chine et l’Europe au temps de Matteo Ricci (1552-1610)». Même si c’est un peu tard, nous donnons également dans la partie Chroniques, l’argumentaire du colloque duCREDICd’août prochain. La réflexion déployée autour du sujet d’un colloque vaut pour elle-même et s’avère souvent plus riche que ce qui sera ensuite mis concrètement en œuvre par le colloque lui-même… Un effort particulier a été consenti pour lesLectures. Avec Philippe Bourmaud, nous inaugurons une lecture-débat longue sur un sujet qui a suscité la polémique depuis quelques mois. Claude Prudhomme attire notre attention sur une thèse importante, qui sera bientôt publiée. Vient ensuite la lecture d’une série d’ouvrages, qui épuise tout ce que nous avions dans notre grenier… Nous lançons donc un appel, tout à fait dans le style d’une revue consacrée à la mission chrétienne: «La moisson d’ouvrages est abondante, mais les ouvriers recenseurs sont peu nombreux…»
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A MISSION CHRÉTIENNE A POUR DESSEINde propager la religion soLn pays d’origine, le missionnaire n’emporte-t-il pas avec lui un mode chrétienne aux populations non-croyantes et hors de ses frontières. Mais en s’insérant dans un contexte étranger avec le bagage de de vie en société et une conception du monde de type occidental? Inté-grée dans une société étrangère dans un but d’évangélisation, la mission est alors porteuse d’une dimension éminemment politique: politique au sens de vie dans la «cité», et non pas seulement au sens de politique partisane, bien que certains missionnaires se soient engagés dans de telles voies. Comme l’explicite l’historien Jean Pirotte, les périples missionnaires
«ne sont ni anodins, ni indolores; ils s’accompagnent de déplacements symboliques dans les paysages mentaux, voire de séismes pouvant déstabiliser les autorités tradition-nelles, déstructurer les sociétés et les faire basculer dans un long chaos ou dans une reconstruction nouvelle. Vu la charge civilisationnelle dont les religions sont porteuses, 1 ces déplacements ont évidemment des implications géopolitiques ».
1. JeanPIROTTE, «Action romaine et dynamiques de l’expansion chrétienne. Lecture historico-anthropologique de quinze siècle de tensions centre-périphérie», dansLa papauté contemporaine e e (XIX–XXsiècles). Hommage au chanoine Roger Aubert, s. dir. J.-P.DELVILLEet MarkoJACOV, coll. L. Courtois, F. Rosart et G. Zélis, Leuven – Citta del Vaticano – Louvain-la-Neuve, 2009, p. 45.
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Dans ce contexte, comment, en tant que missionnaire, faire dialo-guer les sphères ecclésiastiques, pastorales et spirituelles avec la sphère de l’engagement dans la cité des hommes? Comment les missionnaires, avant tout en tant qu’acteurs d’évangélisation et acteurs pastoraux, mais aussi dans la diversité de leurs fonctions, ont-ils joué dans leur pays de mission un rôle ayant des incidences sur la vie politique des populations locales?
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De par la décentration et la prise de recul que vivent les missionnaires par rapport à leur pays d’origine, certains d’entre eux ont participé au surgissement d’une dénonciation – et/ou d’une prise de conscience à la base – de situations d’oppression (cf. le travail de «conscientisation» des communautés ecclésiales de base en Amérique latine) ou de certaines identités ethniques (cf. la prise de conscience ethnique de certaines popu-lations congolaises). Ils agissent alors, consciemment ou non, en tant que levier de mouvements qui dépassent largement leur mission pastorale et évangélisatrice. À l’inverse, certains silences face à des situations de discrimination ou d’oppressions explicites sont révélateurs d’une prise de position de missionnaires, voire de congrégations missionnaires dans leur ensemble, face aux situations politiques ou sociales des pays de mission: «Qui ne dit mot, consent».
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Comment ces engagements ont-ils pu se développer au cours de l’histoire récente? Le message des premiers chrétiens, les premiers mis-sionnaires, étaient-ils perçus comme «engagés» politiquement car faisant vaciller les pouvoirs en place? La collusion entre colonisation et évangélisation de l’Amérique latine via les patronages espagnols et portugais n’a-t-elle pas participé à une certaine perception des mis-sionnaires en tant qu’agents des États coloniaux? Et plus récemment, pendant la période de colonisation africaine, certaines congrégations religieuses ont-elles joué un rôle sur la prise de conscience de la situa-tion de discrimination que vivaient les populations africaines, et ainsi ont-elles été un appui pour les mouvements d’indépendance? Ces questions, bien que fondamentales et à la base de notre réflexion, ne seront posées qu’indirectement ici, le cadre chronologique débutant en 1945.
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N d ? ] d ] . F : D ` G + d + / . F D9 C ! S Y X d C A ` , ` , G [ C ` + : D: d
En effet, il nous semble crucial de nous interroger sur l’évolution des rapports entre missions et politique depuis la deuxième moitié du e XXsiècle, et ce, alors que le contexte est aux luttes d’indépendance, à la décolonisation, à la chute des vocations et à la «déchristianisation» de la société. D’un point de vue géopolitique, les bouleversements mondiaux ne font que commencer. Le centre de gravité du monde opère un glissement: avancées communistes, décolonisation, prise de conscience du poids politique du tiers-monde, émergence de la réflexion sur le sous-développement. Tant de paramètres qui annoncent les changements de perspectives des rapports entre l’Occident et les autres nations. Dés février 1945, les communistes gagnent du terrain. La conférence de Yalta confère une large zone d’influence à l’Union Soviétique en Europe et annonce la création de l’Organisation des Nations Unies. Quant à la Chine, elle réalise sa révolution maoïste en expulsant tous les missionnaires étrangers de son territoire. Dans ce contexte de guerre froide, l’Europe, puis le monde, se divise en deux blocs. C’est aussi à ce moment que la phase d’indépendance des anciennes colonies s’accélère: l’Inde en 1947, début de la guerre d’Algérie en 1954, l’indépendance du Congo en 1960, pour ne citer que quelques événements significatifs. Parallèlement, la conférence de Bandung confirme le poids géopoli-tique des anciennes colonies: vingt-deux pays non-alignés s’y engagent contre le colonialisme et contre toute forme de discrimination raciale. C’est dans ce contexte qu’émergent le tiers-mondisme, la réflexion sur le «développement», et son corollaire le «sous-développement» considéré comme un simple retard qu’il était possible de rattraper par un processus de croissance linéaire et continu, comme ce fut le cas pour le plan Marshall qui visait à la reconstruction de l’Europe après le conflit mondial. C’est dans cette même perspective qu’a lieu la prise de conscience de la problématique de la faim dans le monde grâce, entre autres, à l’action de laFAO, à la publication d’une série d’ouvrages, dont celui de Josué de Castro intitulé Géopolitique de la faim(Paris, 1952) ainsi que la création des Centres «Économie et Humanisme» du père Lebret qui 2 avait entamé une réflexion sur le développement .
2. À ce propos, voirPELLETIERD.,«Économie et Humanisme». De l’utopie communautaire au combat pour le Tiers-monde (1941-1966), Paris, Cerf, 1996.
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Suite à ces bouleversements géopolitiques, les modèles et l’action des missionnaires évoluent aussi. On passe en quelques décennies de l’image du missionnaire charitable et porteur de civilisation, à celle du missionnaire imposant un modèle de société et de religion, et enfin, à une nouvelle figure: celle du prêtreFidei Donum, du nom de l’encyclique 3 promulguée par Pie XII en 1957 . Prêté par un évêque des «vieilles chrétientés» aux évêques des nouvelles chrétientés ou des chrétientés plus anciennes dans le besoin, le prêtreFidei Donumn’est pas à pro-prement parler un missionnaire. Il est placé sous l’autorité de l’évêque 4 du lieu pour venir en aide au diocèse dans le besoin . C’est dans le contexte de décolonisation des années soixante qu’ap-paraissent alors les questions polémiques des missionnaires et prêtres Fidei Donum:«Faut-il partir?» et «Faut-il rester?». Et progressivement, e e il y aura un retour de balancier au tournant desXXetXXIsiècles, le clergé de ces «nouvelles chrétientés» arrivant en Europe pour parer aux manques de vocations occidentales. Cette mutation va de pair avec une diversification religieuse en Europe: l’arrivée de populations musulmanes, l’attrait grandissant pour d’autres religions et spiritualités, et plus récem-ment la montée en puissance d’un religieux transnational. C’est dans ce cadre notamment que l’on peut inscrire les nouvelles missions du pente-côtisme ou des Églises évangéliques.
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Parallèlement depuis les années soixante, la propagande et la formation missionnaires évoluent entre autres vers les formations au développement (ITECOet le Collège pour l’Amérique latine pour la Belgique) où les réseaux d’associations et d’ONGd’origine chrétienne (Entraide et Fraternité, Oxfam…) remplacent progressivement la mobilisation envers les missions. Il y a dans cette optique un «Développementisme» qui se focalise moins sur la religion que sur la situation socio-économique et politique des pays dits de mission: indépendances africaines et asiatiques, dictatures latino-américaines, contexte de guerre froide, de lutte anti-communiste,
3.Encyclique «Fidei donum» de Sa Sainteté le Pape Pie XII sur la situation des missions catholiques notamment en Afrique (21 avril 1957): Acta Apostolicæ Sedis, vol., 18 mai1957 ,p. 225-248 XXXXIX (texte latin);Documentation Catholiquen° 1251, 12 mai 1957, col. 581-596 (texte français);Le Siège apostolique et les missions, Textes et documents pontificaux, t. III, Paris et Lyon, Union Missionnaire du Clergé, 1959, p. 293-312. 4. Sur ce sujet, la revueHMCa publié: OlivierLANDRON, «Les prêtresFidei Donum:l’exemple français»,Histoire et Missions Chrétiennes, n° 5, mars 2008, p. 153-171.
