Louis Massignon et le Comité Chrétien d’Entente France-Islam (1947-1962) , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 décembre 2014

Nombre de lectures

0

EAN13

9782811111151

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

André de Peretti Maurice Borrmans Louis Massignon et le Comité Chrétien d’Entente FranceIslam (19471962) Préface de Monseigneur Henri Teissier
mémoirRTHeALAd’Églises KA
LOUIS MASSIGNON ET LE COMITÉ CHRÉTIEN D’ENTENTE FRANCE-ISLAM
Depuis trente ans, nous avons été les spectateurs et les acteurs d’une formidable mutation du panorama religieux mondial. Au milieu e duXXsiècle, un peu plus d’un catholique sur deux dans le monde vivait en Europe et en Amérique du Nord ; le nouveau millénairen’en comptera bientôt plus qu’un sur trois et le temps est proche où l’Afrique aura presque autant de chrétiens que l’Europe occidentale. Cette situation est le fruit de l’histoire des siècles passés, en e e particulierdelhistoiremissionnairedesXIX etXX siècles. Des colonisationsauxindépendances,nonsansdouleurs,descommu-nautés chrétiennes – catholiques, protestantes – sont nées en dehors de l’Occident, puis de véritables Églises, qui se sont afrmées et témoignent autrement de l’Évangile du Christ. Elles se penchent aujourd’hui sur leurs origines et veulent en connaître les sources. La collectionMémoire d’Églisesentend se situer dans cette per-spective en recourant à une approche historiqueen lien avec les autres sciences sociales (anthropologie, sociologie…).Il faut multiplierles histoires particulières pour que deviennent enn possibles les synthèsesinforméesquimanquentsurlesÉglisesduSud. Cette collection est dirigée par Paul Coulon, directeur honoraire de l’Institut de science et de théologie des religions à l’Institut Catholique de Paris, rédacteur en chef (2007-2012) de la revue Histoire & Missions Chrétienneséditée par les éditions Karthala, membre titulaire de l’Académie des sciences d’outre-mer.
KARTHALAsur internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :À gauche, Louis Massignon (1883-1962), ici en 1957 à Toumliline (Maroc).À droite, en haut, André de Perreti, né à Rabat au Maroc en 1916, ici en 1975.À droite, en bas, Jean Scelles-Millie (1904-1996), sans date.(DR.)
© ÉDITIONSKARTHALA, 2014 ISBN : 978-2-8111-1115-1
André de Peretti et Maurice Borrmans
Louis Massignon et le Comité Chrétien d’Entente France-Islam (1947-1962)
Préface de Monseigneur Henri Teissier
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
Préface
Tous ceux qui se sont impliqués dans le dialogue islamo-chrétien, depuis un siècle, ont éclairé leur recherche et stimulé leur engagement en se référant à la vie et à l’œuvre de Louis Massignon. Ils ont lule récit de son éblouissement spirituel en Irak, en 1908, suivi de sa conversion au Dieu de Jésus Christ, notamment grâce aux qualités d’accueil de la famille musulmane des Âlûsî à Bagdad. Ils ont admiré sa découverte du message mystique de Husayn Ibn Mansûr al-Hallâj. Ils l’ont accompagné aussi dans sa méditation sur les trois prières d’Abraham et ont gravi, après lui, les autres sommets de son itinéraire spirituel. Soixante ans avant le décret de Vatican II sur « Les relations de l’Église avec les religions non chrétiennes » (Nostra Aetate), ils ont appris, à son exemple, à vivre une rencontre spirituelle avec les musulmans et, en étudiant la grande tradition musulmane, à marcher sur des chemins qui conduisent à une communion des valeurs entre chrétiens et musulmans. Ceux qui l’ont suivi sur les voies secrètes de la « badaliyya » ont même appris à marcher, derrière le Maître, sur les sentiers de sa mystérieuse substitution chrétienne offerte au partenaire musulman. Tous ont admiré la prodigieuse érudition de Massignon et sa passion pour le recours aux symboles susceptibles de conduire à la communion, celle des deux cultures chrétienne et musulmane, et même au-delà, avec la culture juive et celle des religions d’Extrême Orient (Gandhi, le bouddhisme, le Japon). Mais beaucoup ignorent qu’il y a, dans la vie de Massignon,un autre versant à gravir avec lui, celui des engagements du Maître – courageux, concrets et multiformes – pour rejoindre le monde de l’islam dans ses épreuves et ses combats, sur le terrain où des groupes s’affrontent et notamment, en ces années-là, en Palestine, en Syrie, au Maghreb et en d’autres régions du monde. Ces engagements
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LOUIS MASSIGNON ET LE COMITÉ CHRÉTIEN D’ENTENTE
furent d’ailleurs particulièrement nombreux et périlleux, pendantla dernière étape de sa vie, lors de son implication dans tous les processusquiontconduitlestroispaysduMaghreblaTunisie,le Maroc et l’Algérie – à recouvrer leur indépendance et à entrer de nouveau dans l’histoire, en maîtres de leur destinée. C’est le mérite de cette publication, proposée par André de Peretti et par le P. Maurice Borrmans, de nous permettre de découvrircet ultime engagement de Louis Massignon, grâce à la publication des travaux du Comité Chrétien d’Entente France-Islam (CCEFI) (1947-1962). Ceux qui connaissaient mal Massignon y découvriront que le Maître n’était pas seulement un érudit et un spécialiste de la tradition musulmane et de sa mystique. En plus de son engagement pour la Palestine et les Palestiniens, il s’est aussi impliqué, person-nellement et de multiples façons, dans les actions mises en place par les Maghrébins et leurs amis, en ces années-là, les années 1947-1962. Il a ainsi rejoint, de multiples façons, et avec son génie propre, tous ceux qui, en France ou au Maghreb, luttaient avec les Tunisiens, les Marocains, puis les Algériens, pour qu’ils soient respectés dans leur identité musulmane et leur culture arabe, et retrouvent toute leur place dans le concert des nations. Grâce à la publication des documents qui retracent l’action dece Comité (CCEFI)de 1947 à 1962, Borrmans et de Peretti nousfont donc découvrir que le Massignon de cette période-là, c’est aussi le militant qui se préoccupe d’organiser des cours d’alphabé-tisation pour les travailleurs émigrés venant du Maghreb, c’estcelui qui rend visite aux prisonniers algériens dans leurs lieux de détention, c’est celui qui cherche à faire mettre en place des struc-tures de Santé qui les prennent en charge avant leur départ du Maghreb et les assistent à leur arrivée en France. C’est aussi celui qui s’inté-resse à la salubrité de leurs logements dans les quartiers où on lesa relégués. Mieux encore, Massignon, le savant passionné des correspon-dances symboliques entre les religions chrétienne et musulmane,c’est aussi celui qui multiplie les démarches politiques, les lettres aux autorités françaises, les pétitions, les sit-in, les conférences militantes, les participations aux manifestations, pour que l’on respecte les efforts de ceux qui luttent pour obtenir le respect de leurs droits, comme personnes et comme nations. Il est avec les Tunisiens quand on assassine Ferhat Hached, le secrétaire de l’Union Générale des Travailleurs tunisiens. Il est avec les Marocains quand on condamne
PRÉFACE
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Mohamed V à l’exil, si bien qu’Allal el-Fassi qui le rencontreraà Paris écrira : « Je rends hommage à l’éminent professeur Massignon qui a l’estime de tous les Marocains… » C’est aussi celui qui, entre 1954 et 1962, prend la défense des droits humains des Algériens, incarcérés ou soumis aux exactions de la répression, ou parqués dans des Centres de regroupement, même lorsqu’il n’approuve pas toujours les formes qu’ils choisissent pour mener leur combat. C’est encore le militant qui sera conduit une nuit en prison par la police et qui se fera injurier et même agresser par ceux qui n’approuvent pas ses prises de position pour réclamer le respect des droits humains des Algériens. Ainsi les années d’engagement de Massignon, avec André de Peretti et Jean Scelles-Millie, sont celles où le professeur au Collège de France est en même temps celui qui prend sa place aux côtés des musulmans et des chrétiens qui, dans les années soixante, ont coura-geusement soutenu ces trois pays dans leurs combats pour récupérer leur pleine souveraineté dans la gestion des affaires de leurs nations. Et, dans les premières déclarations de son Comité, il pourra rassem-bler pendant un temps, autour de lui, quelques-unes des personnalités majeures de son époque en France : Mounier, Mauriac, Marrou, Monteil, l’abbé Pierre, Mandouze, Folliet, Dermenghem, Blachère, Gaudefroy-Demombynes, Denise Masson, etc. Je ne reviendrai pas, dans cette préface, sur les engagements de Massignon aux côtés des Tunisiens ou des Marocains, car ils sont largement évoqués dans cet ouvrage. D’ailleurs, je n’ai pas vécu, personnellement, cet aspect de l’action de Massignon et je seraisdonc mal placé pour y ajouter des informations de seconde main… Ce récit est, ici, largement présenté et balisé, d’année en année, notamment quand Massignon a su se joindre à tous ceux qui pro-testèrent contre l’exil imposé au roi Mohamed V, souverain qu’il put saluer à Paris avant son retour au Maroc. Mais je pense que mon expérience personnelle de « Chrétien dAlgérie»minviteplutôtàsoulignerplusparticulièrementlimpor-tance des initiatives prises par Massignon et ses amis pour défendre les droits des Algériens à partir de la France. Elles s’ajoutent, bien sûr, à celles qui étaient prises, au même moment, en Algérie, par les amis des Algériens ou les militants des droits de l’homme. Certains de ces chrétiens d’Algérie, d’ailleurs, signent aussi les premières déclarations duCCefi, comme par exemple, Alexandre Chaulet,Pierre Popie, l’abbé Delacommune, le P. Jules Declerc, etc.
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LOUIS MASSIGNON ET LE COMITÉ CHRÉTIEN D’ENTENTE
Les actions menées par Massignon et ses amis, au côté des Algériens, n’étaient d’ailleurs pas situées au plan proprement poli-tique, comme le feront d’autres initiatives prises en France (par exemple le réseau Jeanson, etc.). Massignon n’entend pas apporter un soutien à ceux qui orientent la Révolution algérienne. Il veut d’abord sauver l’avenir de la relation entre la France et le mondede l’islam. Il intervient donc, et surtout, sur le terrain de la défense des droits de l’homme et de l’action à mener pour préserver la relation entre chrétiens et musulmans et entre Français et Algériens. Mais telles qu’elles étaient, ses initiatives ont apporté une contri-bution particulièrement nécessaire, et spécique, à tous les efforts faits pour dénoncer les pratiques contraires au respect des droits de l’homme dans l’Algérie en guerre. Ainsi, à beaucoup de pointsde vue, les actions de Massignon et de ses compagnons les ont conduits à rejoindre, à partir de la France, l’engagement des Français libéraux qui assumaient, en Algérie, le même combat pour le respect des droits des Algériens pendant la guerre d’indépendance. Pour rejoindre cet engagement de Massignon et lui donner sa place propre, nous aurons une grande référence et un vis-à-vis suggestif, dans ses prises de position, c‘est celui d’un autre chrétien de cette époque-là, engagé comme lui, mais à partir de l’Algérie. Je veux parler de Mgr Duval et de ceux qui, comme lui, défendaient les droits de l’homme et les droits des Algériens, pendant la guerre d’Algérie. Je me permets donc de mettre en parallèle cette action de Massignon et de ses compagnons, à partir de la France, avec celle de Mgr Duval, alors archevêque d’Alger, à partir de l’Algérie. On sait que Léon Étienne Duval fut d’abord nommé en Algérie comme évêque de Constantine (1947-1954), avant d’être transféré à Alger comme archevêque (1954-1988). Cette comparaison éclairera la manière propre de Massignon par rapport à celle de l’archevêque d’Alger. Massignon est déjà engagé, en 1947, quand se cherche et se pré-pare le statut de l’Algérie de 1947. Mgr Duval vient d’arriver en Algérie venant de sa Savoie natale. Il n’a pas encore eu le temps, par conséquent, de se situer dans ce débat. Massignon a donc sur lui une avance notable. Il connaît, d’ailleurs, l’Algérie depuis le début du siècle, puisque c’est là qu’il a fait ses premiers pas dans un pays arabe, en 1901, avant même d’aller au Maroc, en 1904. Les espérances que Massignon avait mises dans ce projet de Statut de 1947 se heurteront vite aux déceptions que t naître, l’année suivante, le trucage des élections en Algérie par le Gouverneur Général de l’époque, Naegelen.
PRÉFACE
V
La « paix sereine » qu’avait évoquée le Comité Chrétien d’Entente France-Islam, se heurtait à la dure réalité, celle-là même que Mgr Duval allait découvrir en visitant ses communautés dans le diocèsedeConstantineetquilallaitfairedécouvrir,peuaprès,aufutur Pape JeanXXiii, en visite dans son diocèse. er Quand la Guerre d’Algérie sera déclenchée (1 novembre 1954), Duval sera, dès la n du mois de janvier 1955 – soit deux mois après ce déclenchement – l’une des premières consciences chrétiennes à protester contre la torture dont furent très tôt victimes les combattants algériens, et bientôt toute la société algérienne. Très tôt, aussi, le Comité de Massignon reprendra les mêmes appels, par exemple dans sa déclaration de 1956 :
« Le moment est venu de rompre avec les méthodes et les habitudes du colonialisme, périmées et contraires à l’honneur de notre pays : torturesen Afrique du Nord, représailles collectives, arrestation des responsables dufLN… »
Mgr Duval multipliera les déclarations dans le même sens, tout au long de la guerre d’Algérie, par exemple dans sa lettre au Commandant des Forces armées en Algérie, le 15 septembre 1956 :
« Des témoignages divers et que je ne peux mettre en doute font état d’actes qui sont gravement répréhensibles : traitements odieux inigés aux sus-pects ; exécutions sommaires de prisonniers ; usage de la torture durant les 1 interrogatoires ; répressions collectives . »
Dans le même sens, le Comité de Massignon appellera les deux adversaires, dans sa déclaration du 7 avril 1957, à respecter les droits humains des personnes du camp adverse :
« Depuis plus de trente mois de lutte fratricide qui laissent l’Algérie dans l’impasse, et la France dans une crise morale aiguë, leCCEFIadjure le gouvernementdelaRépubliqueetlesresponsablesdelarébelliondegarantirlobservationeffectivedelaconventioninternationaledeGenève
1. DenisGonzalez,Cardinal Léon Étienne Duval, la voix d’un juste, Alger, ENAG, 2008, p. 20.
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