LE CATHOLICISME EN HAÏTI AU XIX e SIÈCLE , livre ebook
194
pages
Français
Ebooks
2003
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Ebook
2003
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2003
Nombre de lectures
0
EAN13
9782845863972
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
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01 janvier 2003
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EAN13
9782845863972
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Français
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e LE CATHOLICISME EN HAÏTI AUXIXSIÈCLE
Depuis trente ans, nous avons été les spectateurs et les acteurs d’une formidable mutation du panorama religieux mondial. Au milieu du e XXsiècle, un peu plus d’un catholique sur deux dans le monde vivait en Europe et en Amérique du Nord ; le nouveau millénaire n’en comptera bientôt plus qu’un sur trois et le temps est proche où l’Afrique aura presque autant de chrétiens que l’Europe occidentale. e Cette situation est le fruit de l’histoire : l’histoire missionnaire desXIX e etXXsiècles. Des colonisations aux indépendances, non sans douleurs, des communautés chrétiennes ± catholiques, protestantes ± sont nées en dehors de l’Occident, puis de véritables Églises, qui se sont affirmées et témoignent autrement de l’Évangile du Christ. Elles se penchent aujourd’hui sur leurs origines et veulent en connaître les sources. La collectionMémoire d£Églisesentend se situer dans cette perspective en recourant à une approche historique. Il faut multiplier les histoires particulières pour que deviennent enfin possibles les synthèses informées qui manquent sur les Églises du Sud. Cette collection est dirigée par Paul Coulon, directeur de l’Institut de science et de théologie des religions à l’Institut catholique de Paris.
KARTHALAsur Internet : http://www.karthala.com Paiement sécurisé
Couverture :
La naissance de Jésus, du peintre haïtien Jacques Chery. Calendrier « Haïti 1987 », édité parMissio, D-5100-Aachen.
Éditions KARTHALA, 2003 ISBN : 2-84586-397-7
Philippe Delisle
Le catholicisme e en Haïti auXIXsiècle
Le rêve dune « Bretagne noire » (1860-1915)
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
CollectionMémoires d£Églises
A la rencontre des Kapsiki du Nord-Cameroun. Regard d’un missionnaire d’après Vatican II,Duriez Christian e e Altérité religieuse, un défi pour la mission chrétienne,XVIII-XXsiècle (L’), Jacquin F. et Zorn J.-F. (éds) Anne-Marie Javouhey, fondatrice de la congrégation des surs de Saint-Joseph de Cluny (1779-1851),Lecuir-Nemo Geneviève Aventuriers de la mission. Les spiritains en Acadie et en Amérique du Nord, 1732-1839 (à paraître),Koren H. J. Catholicisme au Burundi, 1922-1962 (Le). Approche historique des conversions,Mvuyekure A. e Catholicisme en Haïti auXIXsiècle (Le),Delisle Philippe Chrétiens d’outre-mer en Europe. Un autre visage de l’immigration, Spindler M. et Lenoble-Bart A. (éds) Église de Pointe-Noire (Congo-Brazzaville) (L’). Évolution des communautés chrétiennes, de 1947 à 1975,Pannier Guy Espace missionnaire (L’). Lieu d’innovations et de rencontres interculturelles, Routhier G. et Laugrand F. Histoire du christianisme en Afrique. Les sept premiers siècles, Arnauld Dominique Histoire religieuse des Antilles et de la Guyane françaises. Des chrétientés sous les tropiques ? 1815-1911,Delisle Philippe Jean Zoa, prêtre, archevêque de Yaoundé, 1922-1998,Messina Jean-Paul Kalouka et Zoungoula. Les deux premières religieuses de Brazzaville, au Congo, 1892-1909,Banville Ghislain de Mémoires d’un pasteur camerounais (1920-1996),Ekollo Thomas Mission catholique en République du Bénin (La). Des origines à 1945, Bonfils Jean Ácuménisme et pratiques missionnaires,Cheza M., Costermans M. et Pirotte J. Pierre Ratsimba (1846-1919), le fondateur oublié de l’Église de Fianarantsoa (Madagascar),Noiret François Relations Églises-État en situation postcoloniale (Les),Delisle Philippe et Spindler Marc (éds)
Introduction
Le nom dHaïti est invariablement associé aux phénomènes de contacts interculturels. Les métissages semblent particulièrement nets dans le domaine religieux. Lîle a connu avec la colonisation un long processus de christianisation, mais elle est surtout célèbre pour son culte vaudou. Étroitement imbriquée avec le catholicisme et présentée tantôt comme une survivance africaine, tantôt comme une création tout à fait originale, cette religion a fait couler beaucoup dencre. Des voyageurs, des écrivains et des cinéastes ont exploité à des fins sensationnalistes limage de pratiques sanguinaires et cannibales. Des ethnologues se sont rapidement attelés à décrypter le fonctionnement du vaudou haïtien. En 1958, Alfred Métraux a publié un ouvrage de référence sur les compor-1 tements religieux observés dans la région de Port-au-Prince . Dans une synthèse devenue fameuse, Roger Bastide a, quant à lui, opposé « religions en conserve » et « religions vivantes ». Il a souligné que les cultes africains du Brésil manifestaient une grande fidélité aux usages du continent noir, tandis que le vaudou haïtien avait évolué sur place pour 2 devenir une pratique « nationale ». Par la suite, dautres chercheurs, comme Laënnec Hurbon ou Gérard Barthélemy, ont présenté des analyses affinées, tout en manifestant des divergences dinterprétation. Les résonances du vaudou haïtien sont telles quune collection de très 3 grande diffusion a récemment consacré un de ses titres au phénomène . Les études sur lhistoire de lévangélisation en Haïti sont beaucoup plus rares et pour la plupart déjà anciennes. Les plus éclairantes sont sans conteste celles publiées par le Père Cabon dans les années 1920-1930. Lauteur manifeste une réelle volonté de rigueur et sappuie sur une
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Alfred Métraux,Le vaudou haïtien, réédition : Paris, Gallimard, 1977, 357 p. Roger Bastide,Les Amériques noires. Les civilisations africaines dans le Nouveau-e Mondeédition, Paris, LHarmattan, 1996, p. 133-155., 3 Laënnec Hurbon,Les mystères du vaudou, Gallimard, collection « Découvertes », 1993, 176 p.
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e LE CATHOLICISME ENHAÏTI AUXIXSIÈCLE
documentation assez fournie. Pour retracer le parcours de Monseigneur Guilloux, il utilise par exemple les lettres pastorales, la presse locale, les archives diocésaines et enfin les archives parisiennes de la congrégation 4 du Saint-Esprit . Ses travaux ont dailleurs été largement repris dans des ouvrages postérieurs, comme celui de Monseigneur Robert, qui présente 5 lavantage dembrasser de manière synthétique une période plus large . Cependant, malgré leur valeur, les travaux dAdolphe Cabon ne répondent plus aux exigences dune histoire religieuse largement renouvelée. Ils sinscrivent dans une perspective ecclésiastique, qui frôle parfois lhagiographie. Labsence ou la rareté des notes infra-paginales interdisent par ailleurs de revenir aux sources. Lévêque du Cap-Haïtien, Monseigneur Jan, a publié plusieurs recueils de documents au cours des années 1950. Ces ouvrages contiennent de précieux renseignements, mais ils ne constituent pas à proprement parler des études historiques. Il est dailleurs assez surprenant de constater que Monseigneur Jan a fait détruire une partie des archives de lévêché du Cap, sous prétexte quelles 6 étaient en très mauvais état . Bien plus récemment, labbé Nérestant a tenté de dresser un tableau général de lévangélisation en Haïti. Ses travaux sont faciles daccès et agréables à lire. Toutefois, lauteur mène une réflexion au confluent de lhistoire, de la sociologie et de la théologie, et entend avant tout fournir quelques pistes pour la pastorale. De manière tout à fait significative, dans son second ouvrage, le chapitre consacré à lévolution de lÉglise locale se termine comme les autres sur une 7 proposition de prière . Lhistoire de la diffusion et de la réception du christianisme en Haïti reste donc très largement à écrire. Nous avons choisi de revenir sur la période 1860-1915, qui constitue un temps fort dans le processus daccul-turation. La première date correspond à la signature dun concordat avec Rome, événement qui ouvre la porte à une réorganisation de lÉglise. Dans les décennies qui suivent, un clergé recruté en France tente dinvestir tous les aspects de la vie sociale. Lannée 1915 marque avec linvasion américaine laboutissement dun long processus de décom-
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Adolphe Cabon,Mgr Alexis-Jean-Marie Guilloux, deuxième archevêque de Port-au-Prince (Haïti), Lampaul Guimiliau-Port-au-Prince, grand séminaire Saint-Jacques-archevêché, 1929, p. 589-593. Paul Robert,L´Église et la première République noire, Rennes, imprimerie Simon, 1964, 251 p. J.-M. Jan,Collecta pour l´histoire du diocèse du Cap-Haïtien, Port-au-Prince, Deschamps, 1955, t. I, p. 139. Des lettres de Monseigneur Guilloux datant des années 1870 ont ainsi disparu. Lévêque explique quaprès avoir résumé ce quil jugeait le plus intéressant, il a décidé en 1950 de réduire à néant les originaux. Micial M. Nérestant,L´Église d´Haïti à láube du troisième millénaire. Essai de théologie pratique et de sociologie religieuse, Paris, Karthala, 1999, p. 141.
INTRODUCTION
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position politique et économique. Les ambitions du clergé paraissent alors devoir être révisées à la baisse. Lhistoire religieuse dHaïti offre certains points communs avec celle des Antilles françaises. Les mêmes congrégations se retrouvent dans les divers territoires et elles sont partout 8 confrontées à des populations transplantées dAfrique . Mais le contexte haïtien présente bien des spécificités. Alors quen Guadeloupe ou en Martinique, les prêtres agissent au nom de leur propre gouvernement, ils doivent ici composer avec un État indépendant, né dune lutte farouche contre la France. De même, tandis quaux Petites Antilles ils bénéficient dun véritable monopole, ils doivent affronter en Haïti la concurrence des missions protestantes et la très large emprise du vaudou. Quelques questions fondamentales se dégagent finalement. Pourquoi la « République noire » fait-elle appel à un clergé catholique et étranger ? Comment concilier une structure concordataire avec une réalité largement missionnaire ? Enfin, pourquoi le rêve dune île exclusivement catholique a-t-il en grande partie échoué ? Il conviendra pour répondre à cette dernière interrogation de revenir sur le poids des idées libérales et sur le statut du vaudou. Lanalyse sappuiera sur de nombreux documents inédits. En effet, certains dépôts darchives, comme celui des spiritains à 9 Paris, se sont enrichis de transferts récents . En outre, des fonds romains particulièrement riches, comme ceux des Pères montfortains ou des Frères de lInstruction Chrétienne, navaient jamais été dépouillés.
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Au sujet des Antilles françaises, voir Philippe Delisle,Histoire religieuse des Antilles et de la Guyane françaises. Des chrétientés sous les tropiques ? 1815-1911, Paris, Karthala, 2000, 347 p. Ainsi, le dossier 817 A, auparavant conservé à Fribourg, et qui contient une corres-pondance suivie des Pères du Saint-Esprit affectés en Haïti, est venu sajouter aux fonds parisiens en 1984.
Abréviations utilisées dans les notes
A.C.S.Sp. A.Dio. P.P. A.F.I.C.
A.F.S. A.O.P.F. A.P.S.J. A.S.J.C.
A.S.M.M.
archives de la congrégation des Pères du Saint-Esprit archives diocésaines de Port-au-Prince archives de la congrégation des Frères de lInstruction Chrétienne archives de la congrégation des Filles de la Sagesse archives de lÇuvre de la Propagation de la Foi archives de la société des prêtres de Saint-Jacques archives de la congrégation des S¯urs de Saint-Joseph de Cluny archives de la congrégation des Pères montfortains
PREMIÈRE PARTIE
UN PROJET DE RÉPUBLIQUE CATHOLIQUE
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