160
pages
Français
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2012
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Publié par
Date de parution
30 mars 2012
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748380965
Langue
Français
En 1941, lorsque l’Italie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne, Charles a 17 ans. Trop jeune pour s’engager volontairement dans l’armée du roi, il dissimule son âge et contrefait la signature de son père pour parvenir tout de même à ses fins. Un acte inconscient qui le conduit d’abord en Croatie à la poursuite de Tito et de ses partisans, puis sur le front russe, où il effectue les missions les plus périlleuses avant de retourner en Italie. Deux ans plus tard, le Duce est renversé et l’Allemagne envahit le pays pour y établir un régime fantoche. Révolté à l’idée d’être fait prisonnier par les Allemands, Charles s'évade...
Publié par
Date de parution
30 mars 2012
Nombre de lectures
1
EAN13
9782748380965
Langue
Français
La Signature
Charles Della Valle
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Préface
Vraisemblablement mon père est né avec une incontestable tendance à n’en faire qu’à sa tête. Pour être sa fille, je suis certaine qu’il confirmera volontiers cette caractéristique, et me pardonnera cette entrée en matière un peu brutale.
Dès notre plus tendre enfance, ma sœur, mon frère et moi-même n’écoutions que d’une oreille davantage courtoise qu’intéressée les anecdotes guerrières de notre père, qui somme toute se voulaient tout aussi fastidieuses que celles vécues par d’autres inconnus. Plus tard, notre jeunesse n’accorda guère plus de temps à l’écoute de ces histoires passées, dont la mémoire pour lui semblait résolument d’une valeur notable.
Ce n’est que bien des années plus tard que j’ai fini par comprendre que si tant de vigueur et d’émotion se dégageaient encore de ses souvenirs, c’est qu’ils émanaient d’événements encore plus forts. J’ai réalisé alors qu’il ne s’agissait pas de quelconques récits de guerre ennuyeux, mais bien évidemment d’un épisode poignant de la vie de mon père. C’est ainsi que j’ai compris l’importance pour lui de fixer par écrit cette période de son existence de dix-sept à vingt ans.
Tout était prêt dans sa tête. Je pense qu’il ne lui manquait plus qu’un peu d’élan pour s’attaquer à son récit. C’est avec une grande fierté que je me suis efforcée de créer cette impulsion et de l’aider dans son entreprise. Sans doute motivé, souvent harcelé par mes questions durant des mois et des mois, il a fini par écrire cette histoire. Vécue avec les tripes, écrite avec le cœur, elle n’appartient qu’à lui. Avec le recul, certains souvenirs pénibles auraient pu prendre des allures de tragédie. Mais il n’en est rien. Tout y est décrit comme si le jeune homme de dix sept ans, quoique grave parfois, avait tout conservé de sa simplicité.
Au fil des pages, nous avons découvert avec mes frère et sœur qu’il ne s’agissait pas seulement de récits de guerre, mais d’une belle et triste histoire entre un homme et une femme.
Pour cela nous te remercions, papa, d’avoir eu la force de l’écrire après toutes ces années passées, et c’est un sentiment de respect infini que nous t’adressons.
Françoise
« On rencontre sa destinée
Souvent par des chemins qu’on prend pour l’éviter »
J. de la Fontaine
Première partie. 1930-1940. La Signature
1
S’il fallait que je me souvienne, aussi loin que je puisse remonter le temps, d’un souvenir marquant de mon enfance, ce serait certainement celui d’un long voyage en train. Le nez collé à la vitre, du haut de mes six ans, je vivais passionnément cette grande aventure. Je me préparais sans doute déjà, sans le savoir, à la jeunesse mouvementée que j’allais connaître, lorsque les trains pour moi n’auraient plus aucun secret, perdant tout de leur magie. Mais ce jour-là je ne voulais rien manquer de cette nouvelle expérience, car elle ne se contentait pas de me fasciner grâce à ce moyen de transport que je n’avais encore jamais utilisé. Elle m’ouvrait également à une nouvelle vie, celle dont mes parents avaient fait le choix désormais pour nous trois.
Dans les années trente, un parcours ferroviaire du sud-est de la France vers le nord de l’Italie représentait déjà toute une aventure, pour moi qui n’avais jamais voyagé. Nous allions traverser de nombreux paysages, mais surtout franchir une frontière qui nous mènerait dans un nouveau pays dont j’ignorais tout. Mes parents, tous deux nés en Italie, y passèrent toute leur enfance et leur jeunesse, jusqu’à ce qu’éclate le premier conflit mondial. Mon père, comme la plupart des soldats rescapés de l’hécatombe de 1914-18, en était revenu définitivement marqué par de terribles images qu’il ne voulait plus jamais connaître. Il avait cependant eu la chance de survivre, et de rentrer chez lui sans mutilations ou blessures importantes. La vie avait repris son cours et ma mère était alors devenue son épouse. Mais mon père, encore imprégné des souvenirs de la dernière guerre, ne voyait pas d’un bon œil la naissance du fascisme, qui progressivement envahissait son pays. Il préféra, en bon socialiste, rejoindre son frère qui lui était déjà installé en France. C’est ainsi que les idées politiques de mon père le menèrent, accompagné de son épouse, dans un petit village de Meurthe-et-Moselle, à Pont-à-Mousson. C’est ici qu’ils me mirent au monde, en novembre 1924.
Aujourd’hui, nous partions tous les trois vers l’Italie, pour des raisons de santé touchant mon père. Mes parents laissaient derrière eux leurs premières années de jeunes mariés, et moi l’insouciance de la petite enfance. L’état de santé de mon père s’améliora dans le temps, et il resta parmi nous durant les vingt années qui suivirent, jusqu’en 1950. Mais un mal s’éteint, un autre s’enflamme. Le fascisme, lui, avait continué sa progression, lentement et sûrement.
Nous étions alors installés à Varèse, en Lombardie, une petite ville proche de la frontière suisse, dans la région du Lac Majeur. C’est ici que mes parents donnèrent naissance à mon frère quelques temps plus tard, en 1932. J’avais alors huit ans. Les années passèrent pour nous comme dans n’importe quelle famille modeste du nord de l’Italie. Enfant turbulent, je grandissais, sans jamais laisser derrière moi ma détermination à n’en faire qu’à ma tête. Je poursuivais ma scolarité jusqu’à mes quatorze ans, pour obtenir mon certificat d’études.
Les jeunes nés après 1900, qui avaient grandi pendant la guerre 1914-18, entendaient les plus anciens parler de communisme, de socialisme, sans savoir ce que cela signifiait réellement. Le mot communisme faisait penser à la révolution russe de 1917, sans que personne ne connaisse ce qu’il s’y était vraiment passé, et les tragiques conséquences que tout cela apporterait à l’histoire.
En 1938, en Italie, il n’existait pas de partis politiques, excepté le fascisme, qui pour nous faisait partie de la vie quotidienne. Après les années de peur et de misère qui avaient fait suite au conflit de 1914-18, la naissance du fascisme, qui à l’origine signifiait « Union – Tous ensemble » avait apporté en Italie, il faut bien le reconnaître, un certain bien-être. C’est à cette époque que furent instaurés les systèmes de protection sociale et de mutuelle ; l’école devenait gratuite pour tous ; nous allions connaître maintenant la semaine de travail de 40 heures, le samedi après-midi chômé, ainsi que 200 heures de prime à la fin de l’année, qui équivalait à un treizième mois. Peu de pays au monde pouvaient alors se prévaloir de telles évolutions sociales. Nous inaugurions même, cette année-là, la première autoroute au monde Milan-Varese, dont les Italiens n’étaient pas peu fiers. Jusque-là, tout n’était donc pas mauvais, et même plutôt bon.
Le samedi après-midi, tous les écoliers et étudiants, dont je faisais encore partie, se rendaient à un cours de gymnastique obligatoire, qui les endoctrinait déjà dans un esprit cultivé par le Duce. Jusqu’à l’âge de six ans, on les appelait les « fils de la louve » ; de six ans à douze ans, ils se nommaient les « Balilla », puis les « avant-gardistes » jusqu’à seize ans ; enfin, les jeunes de 16 à 18 ans se considéraient alors fiers d’être devenus de « jeunes fascistes ».
La propagande pour le parti portait donc aisément ses fruits. Ainsi, baignant dans cette atmosphère depuis la plus tendre enfance, nous étions et faisions partie du fascisme. Nous vivions tous les événements de l’intérieur, dans une forme de huit-clos qui nous mettait à l’écart d’éventuelles comparaisons avec l’extérieur. Bien sûr, les nations qui comptaient différents partis politiques voyaient cela comme une dictature. Mais pour nous, tout cela n’était qu’un mode de vie, un rythme, quelque chose de normal qui semblait avoir toujours existé. C’était dans ce pays l’état d’esprit de l’époque.
Nous vivions dans un monde où seuls les jeunes gens issus de familles plutôt favorisées avaient l’opportunité de continuer leurs études après quatorze ans. Nous savions qui plus est que dans certaines zones de l’Italie du sud, cette limite d’âge était encore bien plus précoce. Cela ne faisait pas l’ombre d’un doute ni pour mes parents, ni pour moi : j’irai travailler après mon Certificat d’Etudes.
Je commençais donc, en 1938, à m’exercer comme apprenti-ajusteur dans une fabrique d’avions de chasse. Tout se passait pour le mieux. Je m’intéressais à mon travail, et donnais satisfaction à mon employeur. C’est ainsi que peu de temps après cette période d’apprentissage, je fus transféré dans une petite base d’hydravions, sur la rive du lac, à peu de distance de Varèse. Un bus nous transportait sur le lieu de travail le matin, et nous ramenait en ville le soir. Je partageais la plupart de mon temps avec mon collègue de travail Sergio ; nous avions le même âge et la même admiration pour ces incroyables machines qu’étaient les hydravions. Nous faisions tous les deux une sacrée paire de copains, toujours en phase pour les meilleurs coups, et jamais en manque d’idées. A vrai dire, s’il arrivait que l’un soit à cours de bons plans, l’autre débordait alors d’imagination.
A l’intérieur d’un des hangars de la base était entreposé un célèbre engin : l’hydravion qui, en 1934, avait remporté le championnat du monde de vitesse en circuit fermé, à la vitesse de 709 kilomètres à l’heure. C’était le MC 72. Sa rapidité était alors impensable da