196
pages
Français
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2012
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Publié par
Date de parution
30 mars 2012
Nombre de lectures
0
EAN13
9782748381115
Langue
Français
Sur la planète Méta, la vie semble idyllique, admirablement bien ordonnée. Mais tous les Métaliens ne se satisfont pas de cette existence en troupeau, totalement dénuée d’initiatives et de liberté de penser. Jacinthe et son fils Reptune rêvent de rencontrer des Extramétaliens, et d’échapper grâce à eux à une existence étouffante et morne. Il suffira pourtant d’un humain, animal de compagnie de ses amis, pour que la vie de Jacinthe prenne un tour exaltant...
Publié par
Date de parution
30 mars 2012
Nombre de lectures
0
EAN13
9782748381115
Langue
Français
La Métalienne
Agop Karakaya
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I
La densité de la circulation empêchait ce soir d’aller plus vite qu’au rythme d’un agile escargot. Comme la plupart des citoyens d’Arkénapole, les Moutonneau rentraient à la maison après une longue journée de dur labeur. C’était le jeudi, dernier jour de travail de la semaine. A ces heures d’affluence, se déplacer devenait insupportable, plus particulièrement au centre-ville. On aurait dit que, devant cette lenteur fatigante, rebutante, le temps s’enfuyait, laissant la place à un vide abyssal.
La ville avait été construite avec la subtilité et la finesse de l’art cosmique. On avait appliqué les règles et la technologie de la construction spatiale, les formes architecturales les plus ultimes. Elle était renommée dans toute la galaxie Narexe et au-delà tant pour sa modernité que pour son peuple bien ordonné, troupial et suiviste.
Les formes ingénieuses et créatrices des immeubles étaient inspirées de l’univers extramétalien. Ces édifices gigantesques ornaient merveilleusement la ville. Arkénapole était comme un puzzle composé de pièces régulières à hauteur variable.
Ce deuxième siècle du troisième millénaire s’imposait comme l’ère des Extramétaliens. Depuis quelques dizaines d’années cosmiques déjà, des relations fondamentales et réciproques avaient été établies entre les habitants de la planète Méta et des Extramétaliens d’origines diverses. Chaque fois que l’occasion se présentait, Jacinthe Moutonneau se souvenait de ce moment inouï où elle les avait vus pour la première fois à la télé, il y a environ quinze années cosmiques. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, cela avait été le tournant de sa vie.
Dans cette ville-cité de progrès et de modernité avancée, les voitures à sustentation magnétique circulaient sur un système de rail unique. Toutes les rues et les routes étaient équipées de ce système linéaire. Les grandes artères et les avenues possédaient deux rails dans chaque sens de circulation. Pour la commodité du trafic, on les avait conçues suffisamment larges et espacées, alignées selon une linéarité parfaite, géométriquement parallèles et perpendiculaires.
Tous les engins utilisés pour transporter les individus ou les marchandises circulaient sur ces voies à rail unique. Grâce à un champ magnétique, le déplacement s’effectuait sans frottement. Le monorail utilisé par l’immense majorité des individus comme véhicule particulier en était un exemple significatif. Les Métaliens allaient partout en voiture à sustentation magnétique. C’était un des produits hérités du progrès et du modernisme. Ce système de transport avait d’abord été conçu à Arkénapole puis développé sur toute la planète pour éviter le désordre et les accidents sur les routes, et surtout pour rentabiliser les individus en faisant coïncider de manière plus automatique leur représentation mentale et leur comportement physique avec le concept du suivisme, fondement de leur existence.
Quant aux moyens de transport public de courte ou de longue distance, il existait des TTGV, « Trains à Très Grande Vitesse », et des TVS, « Trains à Vitesse Supersonique ». Ils se déplaçaient selon les mêmes principes de sustentation magnétique sur voies à rail unique et sans frottement. Lorsqu’un train s’arrêtait, il se posait sur le rail fixé au sol. Pour le mettre en mouvement, il suffisait d’augmenter l’intensité du courant afin de créer un champ magnétique entre le fond du train et le rail, ce qui lui permettait de s’élever légèrement et de se déplacer à la vitesse demandée.
Par ailleurs, quel qu’en soit le motif, les voitures n’avaient pas le droit de s’arrêter à leur aise sur une voie monorail. Elles devaient entrer dans un parking ou dans un refuge, spécialement aménagés à cet effet. De toute façon, chaque citoyen d’Arkénapole était habitué dès son enfance à ce quotidien automatisé, rythmé par des règles et des obligations strictes.
Il existait dans la cité un autre moyen de déplacement mis en pratique ces dernières décennies : les voitures aériennes à propulsion nucléaire. En ville, leur utilisation était encore réservée aux services publics gérés par l’Administration, tels que les transports en commun, le taxi public, l’ambulance, les pompiers ou la police urbaine, ainsi qu’à l’armée et plus particulièrement aux forces nationales contre les éventuelles agressions des Extramétaliens. En revanche, à l’extérieur de la ville, hors des zones d’habitation concentrées, ce moyen de déplacement n’était pas tout à fait interdit aux citoyens. D’ailleurs, ces derniers temps cosmiques, dans le ciel d’Arkénapole on apercevait de plus en plus souvent des modèles privés de voitures aériennes, aux prix encore très élevés.
Un nouveau modèle, construit tout récemment, se déplaçait à la fois sur rail et dans les airs. Malgré son prix exorbitant, cette innovation de rêve avait provoqué un intérêt grandissant auprès de la nouvelle génération qui vivait déjà le futur. Voler dans sa propre voiture : c’était une des passions tant attendues de la jeunesse, qui espérait aller un jour dans son vaisseau individuel vers les stations orbitales, vers d’autres planètes, dans les profondeurs de l’espace, pour explorer de nouveaux univers. Ce fantasme des jeunes Métaliens s’assimilait à leur désir d’échapper à la vie sur Méta, de moins en moins libre et créative, de plus en plus monotone, transformant chaque jour le Métalien en robot et lui faisant perdre ses valeurs d’origine. Mais, compte tenu de la réalité du trafic aérien, les autorités n’envisageaient absolument pas l’utilisation de ces voitures privées dans le ciel d’Arkénapole, ni pour l’instant ni pour les années cosmiques à venir, du moins pas avant le siècle prochain. En revanche, leur vol était partiellement permis en dehors de la ville, où leur apparition se faisait de plus en plus fréquente, surtout les derniers modèles ultra-sophistiqués, très en vogue parmi les jeunes élites.
En plein centre, sur la grande avenue, la circulation était encore plus dense et l’embouteillage régnait sans pitié. Sur les trottoirs, des Métaliens en train de regarder les vitrines étudiaient avec attention les prix affichés. C’était la période des soldes. Depuis quelques jours, les magasins étaient violemment assaillis par des habitants de la ville et de la campagne, qui voulaient en profiter au maximum. Les mouvements aux entrées et aux sorties étaient considérables. A travers les vitrines éclairées de diverses couleurs, qui couvraient toute la façade de ces grands magasins, les Moutonneau remarquèrent la foule remuante, empressée, nerveuse et calme à la fois, comme des fourmis dans une fourmilière.
L’éclairage de la ville dépendait de la clarté du jour. Les lumières automatiques aux rayons laser changeaient progressivement d’amplitude, en fonction de la luminosité ambiante. A présent, en ce déclin du jour, elles étaient allumées d’une douce intensité, et semblaient chatouiller les reliefs de la ville.
Le rez-de-chaussée des immeubles gigantesques était réservé aux parkings. On ne trouvait les magasins et les habitations qu’à partir du premier étage. A lui seul, chaque immeuble constituait un quartier. Ces quartiers, qui offraient leur cœur à des milliers de Métaliens comme une mère à ses enfants, M. Moutonneau les appelait des « montagnes magiques ». Ces constructions immenses faisaient plusieurs centaines de mètres de haut et comportaient de très nombreux étages, jusqu’à trois cent cinquante ou quatre cents. Leurs hauteurs vertigineuses, leurs différentes formes architecturales, souvent composées de figures spatiales, les rendaient imposantes et majestueuses. Leurs structures volumineuses d’une originalité rare évoquaient les merveilles de l’architecture extragalactique. Chacun de ces immeubles était un petit village, comme une ville dans la ville, pour certains Extramétaliens un « microcosme » à part entière, une source émettrice de lumière et d’intelligence. Incommensurables, s’étirant jusqu’à l’infini, ils donnaient l’impression d’avoir été sculptés en quatre dimensions dans un bloc de granit. La beauté enivrante des formes structurales de base aux variations non linéaires, s’imposait, irréaliste, énigmatique et engageante. L’influence de l’art extramétalien y était significative. Même s’il ne dominait pas encore totalement la planète, sa présence dans beaucoup de domaines donnait un sens futuriste à la vie des Métaliens.
Jacinthe Moutonneau avait toujours adoré les figures spatiales imprenables et iconoclastes. A chacun de ses passages, elle contemplait ces immeubles insolites avec enthousiasme et éblouissement, car chaque forme lui rappelait son enfance. « Ah ! Mon immeuble préféré ! », s’écria-t-elle, brisant le silence. Légèrement inclinée vers la vitre avant de la voiture, elle regardait l’immeuble à la soucoupe volante. Situé juste en face, à l’angle de l’Avenue principale, c’était le plus original, le plus cosmocentrique et le plus futuriste de la ville-cité d’Arkénapole. Elle était transportée par la vision de cet immeuble de merveille. Elle crut un instant qu’il s’avançait vers elle à pas de géant, tel un mastodonte échappé de la préhistoire.
Avec ses trois cent cinquante étages et sa soucoupe volante d’origine spatiale posée à la cime, c’était un immeuble hétérogène de par sa composition architecturale. Le premier élément, composé d’un tronc de pyramide régulière à base carrée, partait du sol pour atteindre un peu plus de la mi-hauteur de l’édifice. Cet élément imposant, dont