La famille aujourd’hui , livre ebook

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– Qu’est-ce qui fonde et fait vivre une famille ? A contrario, qu’est ce qui peut l’abîmer, la faire mourir ?
– Quel regard portons-nous sur la vie familiale pour en découvrir la beauté et la singularité, ce qu’il y a de commun entre les familles, mais aussi ce qui distingue chacune ?
– Quelles sont, dans une lumière d’espérance, les attentes, les besoins exprimés (ou pas) des familles aujourd’hui ?
– Quels sont les freins, les obstacles, les pièges à l’édification de la vie familiale ?

C’est à partir de ces questions que, durant trois ans, dans le cadre d’un séminaire tenu au Collège des Bernardins en partenariat avec la Fondation Apprentis d’Auteuil, des personnalités d’horizons très divers (professionnels de l’éducation, universitaires, psychologues, artistes, philosophes) se sont mises à l’écoute de la réalité familiale d’aujourd’hui, avec le souci constant de la rencontre authentique et de la sollicitude.

À travers la diversité de ses approches et de ses objets d’analyse, cet ouvrage entend partager les fruits multiples de cette expérience de recherche originale, tout en répondant à la complexité de bien des situations familiales. Il délivre également de nombreux conseils pratiques qui seront utiles aussi bien aux familles qu’aux professionnels de l’éducation.


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Publié par

Date de parution

28 décembre 2021

Nombre de lectures

5

EAN13

9782728930791

Langue

Français

SOUS LA DIRECTION DE PIERRE DURRANDE, AUGUSTIN MUTUALE & MARIE-PIERRE FRANCIS
La famille aujourd’hui
À l’écoute des cris du terrain
Exorde
De la communauté d’étude du mystère familial
Écouter et partager « les cris du terrain »
Emmanuel Levinas écrivait : « L’humanité débute par l’accueil de l’Autre, dans son étrangéité d’être unique, dans son altérité. L’humanité commence avec “bonjour”. »
Nous vous accueillons pour partager ensemble l’expérience vécue pendant pratiquement trois années dans le cadre d’un séminaire intitulé « Mystère familial ». Ce livre ne veut pas se résumer à constituer un témoignage ou bien une synthèse mais bien plutôt prendre la forme d’un fruit ; c’est-à-dire le fruit des rencontres faites chemin faisant.
Pendant presque trois années, des personnes ayant des personnalités différentes, avec des profils divers, et venant d’horizons variés, se sont rencontrées pour échanger, avec enthousiasme. Heureuses de se retrouver, joyeuses de prévoir la prochaine rencontre.
Qu’est-ce qui a fait qu’une telle communauté d’étude et d’échanges a pu se créer ?
Posons en premier deux pierres représentant ce qui se vivait entre elles : respect et sollicitude. Chaque parole avait une valeur et devait être écoutée. Il n’y avait pas une parole plus forte au motif qu’elle était énoncée par une personne plutôt que par une autre. La force d’une parole réside en ce qu’elle porte en elle et en la place que nous lui accordons. Ainsi, chacun avait une place, une parole possible.
Comme l’a écrit Leo Strauss dans son ouvrage Qu’est-ce que la philosophie politique ? : « Respecter les opinions est tout autre chose que les accepter pour vraies. » Nous nous permettions de mettre en discussion, d’interroger. Ce respect n’était pas rigide car il se couplait avec ce que nous nommons « la sollicitude » entre ces parents, universitaires, professionnels de l’éducation spécialisée, psychologues, artistes, bénévoles, etc.
Chacun s’est mis dans un état de disponibilité pour entendre la parole de l’autre. Il a sollicité cette parole. Nous nous approchions au plus près de chaque personne pour l’écouter car il s’agit bien de cela : chacun, à sa manière, nous ramenait au terrain.
Comme exprimé dans le titre du colloque organisé dans le cadre de ce séminaire, qui s’est tenu au Collège des Bernardins le 20 mars 2019 : « La famille : un défi, un mystère ? Qu’est-ce qui fait vivre et grandir la famille aujourd’hui ? » Ressaisissons-nous de ces mots.
Dans le cadre du séminaire, les participants, ainsi que les partenaires du séminaire de recherche, sont allés rencontrer des familles afin d’être à l’écoute de la parole du terrain dans ce que le quotidien comporte pour ces familles de joies, d’espérances, de difficultés, de doutes, d’échecs, de réussites.
À partir des interrogations suivantes :
– qu’est-ce qui fonde et fait vivre une famille ? A contrario , qu’est-ce qui peut l’abîmer, la faire mourir ?
– quel regard portons-nous sur la vie familiale pour en découvrir la beauté et la singularité, ce qu’il y a de commun entre les familles, mais aussi ce qui distingue chacune ?
– quelles sont, dans une lumière d’espérance, les attentes, les besoins exprimés (ou pas) des familles aujourd’hui ?
– quels sont les freins, les obstacles, les pièges à l’édification de la vie familiale ?
les uns et les autres se sont mis dans l’état de disponibilité, nécessaire et indispensable, pour entendre ce qui remontait.
Au-delà des propos convenus sur la « crise de la famille », ils ont saisi que les communautés familiales sont soumises à de fortes pressions et, notamment, à la progression de l’individualisme, à l’absence de repères, à la fragilité des liens, aux difficultés de transmission et de communication, à l’évolution du rapport à l’enfant, à l’immersion dans l’environnement numérique…
Ils ont relevé que toutes les familles sont bancales. Elles se construisent, au milieu de chemins plus ou moins tortueux, dans la fragilité humaine. Rien ne serait plus inquiétant que de vouloir édifier des communautés parfaites avec des membres imparfaits.
Ils ont compris que « le défi » que représente la famille peut aussi bien être vécu comme un lieu de fracture et de souffrance et/ou un lieu de présence et de sollicitude.
Ils ont pointé ce qui, dans une famille, peut constituer des obstacles qui entravent la rencontre, ainsi que ce qui peut favoriser celle-ci, et ce au milieu des bouleversements de la vie.
Ils ont enfin mis en exergue en quoi le regard, l’écoute et la parole sont les conditions de la vie et de la croissance de la famille et de chacun de ses membres, ce en quoi trouve son origine, d’une manière anthropologique, l’énergie créatrice et résiliente qui fait que la famille s’affirme comme un lieu d’hospitalité et d’accomplissement de la vie humaine.
Présentation de la méthodologie du séminaire
Par ces textes, nous vous invitons à partager les fruits d’une expérience vécue par la réunion de personnes en recherche. Mais de quelle recherche s’agit-il ici ?
Dans une situation de recherche, il y a toujours le risque de se comporter comme l’ivrogne – selon l’épistémologue Abraham Kaplan – qui, ayant perdu ses clés en cours de route, s’obstina à les chercher sous un réverbère parce que… c’était là qu’il y avait de la lumière. Bourdieu, Passeron et Chamboredon ont pointé les risques liés tant à un excès de rigorisme qu’à une forme exacerbée d’exhibitionnisme de l’arsenal méthodologique qui permettent à un chercheur d’être capable de répondre à une question avant même que celle-ci ne lui ait été posée.
Certes, il est important d’avoir une méthodologie sérieuse. Toutefois, il peut n’y avoir aucun rapport entre une méthodologie sérieuse et l’objet même de la recherche que le chercheur peut avoir perdu en cours de route. Je peux ainsi être très rigoureux sur le plan de la méthodologie et disposer d’une lumière parfaite sans que cela me soit d’aucune utilité si ce n’est pas là que j’ai perdu mes clés ; c’est-à-dire si ce n’est pas là que l’objet se trouve. Écoutons ainsi, dans l’ Éthique à Nicomaque , l’avertissement d’Aristote : « Il n’y a pas une méthode unique pour étudier les choses. »
Dans l’ouvrage S’engager dans la recherche en sciences humaines et sociales , Guy Berger et moi-même avons insisté sur le fait qu’il n’existe pas de recherche sans questionnement et sans orientation théorique. Cette orientation demeurerait purement incantatoire et répétitive si celle-ci n’était pas capable de provoquer, de rendre possible et finalement d’exiger en même temps un recueil organisé de situations et de données empiriques correspondant à ces situations. Ces données doivent avoir les caractéristiques suivantes : appropriées, pertinentes, significatives, discriminantes, valides.
Le chercheur doit apprendre à confronter des techniques, des approches, des perspectives (y compris théoriques) pour appréhender son objet et l’identifier. Le chercheur n’est pas un technicien spécialisé dans une technologie particulière ou dans l’usage d’un instrument. Il est plutôt un artisan « ingénieux » (au sens que Vico, puis quelques siècles plus tard Jean-Louis Lemoigne, donneront à l’ ingenium ) qui déploie sa boîte à outils et choisit l’instrument le plus pertinent et le plus économique : on ne traverse pas un désert avec un bateau ! Nous n’utilisons pas les mêmes outils pour explorer une forêt à cheval ou bien un fleuve en barque !
En prenant le sens étymologique du mot « méthode », il s’agit d’être sur la voie. En ce sens, la méthode me fait me déplacer. Or, la plupart des règles de méthodologie reposent sur l’idée inverse. J’ai « ma » question et j’exploite, de façon systématique, quelque chose sans jamais interroger « ma » question en changeant de place.
Mais qu’en est-il lorsque cet objet est lui-même un sujet, tout aussi capable que moi d’élaborer un projet, sur lequel il ne saurait être question de prendre le pouvoir – « d’obliger la nature à répondre à nos questions, de la conduire à la laisse », comme dirait Emmanuel Kant –, puisque la relation qui me lie à lui prend la forme essentielle du respect et qu’il ne s’agit pas seulement de le connaître mais d’écouter ce qu’il a à me dire, de le saisir comme une parole et comme un être raisonnable ?
Comme la science s’est construite sur l’idée d’un « sujet » en face d’un « objet », la science a complètement oublié que cet « objet » est un « sujet ».
Dans ce séminaire, nous avons opté pour ce que nous nommons une démarche s’inscrivant plus dans l’épistémologie de l’écoute que dans celle du regard.
Il ne s’agit pas seulement d’une différence d’ordre sensoriel mais bien de deux démarches distinctes. Nous sommes passés d’une épistémologie « positive et positiviste » à une épistémologie « clinique » caractérisée par le fait qu’elle prend toujours la forme d’un colloque singulier.
L’épistémologie du regard s’inscrit dans une méthodologie résolument volontariste de l’observation d’un « sujet-objet » alors qu’avec l’épistémologie de l’écoute, c’est un « sujet-sujet ». En effet, c’est l’autre qui parle et moi qui l’écoute. Je suis pris, tout à la fois, dans le rythme, le contenu et les intérêts de celui qui parle.
Attention : le regard se met en disponibilité comme le vitrail avec la lumière. Ce regard est à mettre dans l’épistémologie de l’écoute. L’écoute, c’est un regard qui se rend disponible à ce qui se passe. Ce regard ne fige pas, ne réduit la réalité à ce qu’il veut prouver. Il prend le risque de l’aventure.
C’est pourquoi nous avons opté pour une démarche implicative afin de pouvoir écouter « les cris du terrain ». Au départ, cette enquête ne constituait aucunement une technique de vérification mais bien plutôt une technique destinée à permettre de faire surgir de l’expérience. Il s’agissait de faire face au risque de ce que je ne sais pas, de rencontrer des situations, des événements, des expériences, des personnes.
Comment créer cette possibilité de généraliser ce que je trouve par l’intermédiaire d’u

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