L’EFFERVESCENCE RELIGIEUSE EN AFRIQUE , livre ebook

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Publié par

Date de parution

01 janvier 2004

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845865747

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Gilles Séraphin (dir.) Yvan Droz, Hervé Maupeu Jean-François Médard, Éric de Rosny
L’EFFERVESCENCE
RELIGIEUSE
La diversité locale des implantations religieuses chrétiennes au Cameroun et au Kenya
EN AFRIQUE
KARTHALA
L’EFFERVESCENCE RELIGIEUSE EN AFRIQUE
KARTHALA sur Internet : http://www.karthala.com
Couverture : Tableau de Mambengui Tondo, in Les Peintres du fleuve, Karthala et Nicolas Bissek, 2001.
© Éditions KARTHALA, 2004 ISBN : 2-84586-574-0
Gilles Séraphin (dir.) Yvan Droz, Hervé Maupeu, Jean-François Médard, Éric de Rosny
L’effervescence religieuse en Afrique
La diversité locale des implantations religieuses chrétiennes au Cameroun et au Kenya
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS
En hommage à René Bureau qui savait écrire et parler de l’Afrique, et en particulier de ses religions, avec art et passion
Introduction
Douala, Église baptiste, 1998
Gilles SÉRAPHIN
Le temple, une vieille bâtisse de béton recouverte de tôles, est plein à craquer. Les invités, installés dans le chœur autour du baptistère, ont revêtu leurs plus beaux atours. La diversité des étoffes et la profusion des couleurs offrent un spectacle cha-toyant dont on ne se lasse pas d’admirer le moindre détail. Dans la nef, les fidèles de chaque chorale, regroupés par sexe et portant le même costume, qui en blanc, qui en bleu, qui en gris, forment dans la foule dense des sous-groupes distincts. Toutefois, comme chacun a pris soin d’apporter sa petite touche personnelle dans les arrangements, dans la manière de nouer son foulard sur la tête, ou dans le maintien, cette communauté compacte forme une vaste mer frissonnante dont le reflet est bien plus que la simple addition de quelques couleurs primaires. Le pasteur est un Blanc arrivé d’Allemagne. Ses paroles, prononcées dans un français maladroit, sont immédiatement tra-duites en douala. Le premier chant, une douce mélopée ryth-mée, prend possession des lieux. Tout le monde, sans exception, se joint à cette vénération sacrée. Le spectacle, très harmonieux, est l’image d’une digne retenue, comme il sied à l’expression de la foi.
8
L’EFFERVESCENCE RELIGIEUSE EN AFRIQUE
Soudain, à côté de moi, une vieille « maman » commence à frapper dans ses mains. Elle est tout de suite imitée par ses « sœurs en Christ ». Des « papas » d’une autre chorale enchaî-nent. Les hanches amorcent subrepticement une légère ondula-tion ; les épaules dessinent un mouvement de flux et de reflux ; les battements de mains deviennent de plus en plus frénétiques. Par l’expression de vibrations corporelles, les esprits et les cœurs s’affranchissent. La sensualité part à la conquête du sacré. La foule de fidèles explose et exprime dans un rythme endiablé sa joie et sa reconnaissance en l’Unique. Il n’y a plus de jeunes ou de vieux, de femmes ou d’hommes, de Noirs ou de Blancs, de petits ou de grands, mais seulement une communauté de « frères en Christ » communiant dans une extase divine. Alors, le pasteur, jusque-là charmé par le spectacle, se res-saisit. Il fait un léger signe de la main pour que le raisonnable esprit reconquière ses droits sur cette expression collective. Le rythme perd de sa cadence, les voix redeviennent plus sereines, les corps se rigidifient. Seuls les regards amusés reflètent le pro-fond sentiment d’avoir remporté la vraie victoire : avoir été, ensemble, en contact avec le Créateur. À la sortie, Judith, une « maman » de ma connaissance, se dirige vers nous et lance fièrement : « Tu as vu, mon frère, on a 1 “zingué ” en Christ ! » Elle m’explique dans un éclat de rire qu’avec ses sœurs elles avaient décidé de tester le pasteur fraî-chement débarqué, afin de savoir jusqu’où elles pourraient, la prochaine fois, se lancer. Et elle n’est pas peu fière, la première bataille est quasiment une victoire !
Nairobi, Église catholique de l’aumônerie, 2001
Allan, jeune étudiant en médecine, fils de l’un des juges de la Cour suprême, a été assassiné sans aucune raison apparente, en février par un agent de police face à son domicile. Alors qu’il
1. Danse congolaise à la mode.
INTRODUCTION
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était encore très jeune, et n’avait pas fondé de famille, une foule très nombreuse assiste à la cérémonie funéraire catholique. Lorsque le prêtre prononce son sermon, il s’engage directe-ment sur le terrain politique :
« Pourquoi Allan est-il mort ? Pourquoi lui ? Pourquoi ? Pourquoi ? Peut-être n’avons-nous pas de réponse. Je suis sûr d’une chose, ce n’est pas la volonté de Dieu. C’est l’œuvre du Diable. Sa mort est la vitrine de la société kenyane. Ce n’est pas la responsabilité de Dieu. C’est le Kenya qui a tué Allan. (...) Qu’est-ce qui est faux dans notre société ? On doit accepter notre responsabilité. C’est la mort de notre culture, de notre société qui abaisse la dignité de la vie. »
Le discours s’adresse ensuite directement au gouvernement :
« Le rôle du gouvernement est de protéger la vie de ses concitoyens. Autrement, le gouvernement perd immédiatement sa légitimité. (...) Je suis en colère, triste. Pouvons-nous espérer vivre dans un royaume de liberté où personne n’est tué ? »
L’Église vibre à l’unisson avec le tribun. Chaque fidèle, cho-qué et révolté, réclame justice. Le prêtre focalise une volonté commune de réformer les rouages des rapports sociaux et poli-tiques kenyans.
Nairobi, Jeevangee Garden, 2003
Le parc fondé par un Indien occupe le centre de la ville. Tous les jours, se retrouvent en petits groupes les badauds et, durant leur pause, les employés de bureau occupant les grandes tours voisines. Chaque groupe occupe un espace bien délimité, à l’écart des allées principales pour créer une atmosphère communautaire, mais assez proche tout de même pour que le spectacle attire les passants. Debout, parfois sur une scène formée par une camion-
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